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dimanche 11 août 2019

Yamaguchi : La chapelle commémorative Saint François-Xavier et son musée


Splendide réalisation moderne. Cette église va me combler !



Le parc



Les deux tours se remarquent de loin, pratique pour localiser l'église. Pour la rejoindre, c'est simple : il n'y a plus qu'à grimper !


Sur le chemin qui monte à l'assaut de la colline, voilà une Vierge à l'enfant aux yeux bridés. J'ai vu des églises partout en Asie, et on adapte toujours les caractéristiques physiques à celles des habitants. Nos artistes ont fait de même pour transformer des gens du Moyen-Orient en blondinets !


Les hortensias poussent spontanément au Japon, je le rappelle !



L'église



Voici donc l'édifice. Très épuré, en fait un mélange entre les traits japonais et les nôtres. Il fut construit en 1952 pour commémorer les quatre cents ans de la mort de François-Xavier, mais un incendie le ravagea en 1991 ; l'histoire se répète !

On reconstruisit l'église à l'identique et la nouvelle Xavier Memorial Church fut ouverte en 1998. Je n'ai pu trouver le nom de l'architecte, et je le regrette bien. L'extérieur me plaît déjà beaucoup.


Le musée



On pénètre au rez-de-chaussée dans le musée, qui présente l'ensemble attendu d'objets de culte et de peintures (assez médiocres), mais qui vaut surtout pour l'histoire qu'il raconte.


François-Xavier, le jésuite de Navarre, était proche d'Ignace de Loyola, le fondateur de la Compagnie de Jésus. Il étudia à la Sorbonne, devint nonce apostolique (un ambassadeur du pape) et se lança dans des voyages considérés comme des missions : il devint donc missionnaire.


Il ne voyageait pas pour le plaisir, mais pour évangéliser les populations, les "convertir à la vraie foi pour leur bien" comme l'écrivirent les Jésuites. Je ne peux m'empêcher, avec cette phrase, de songer à un épisode fameux de Candide.


Il se rendit d'abord aux Comores, à Ceylan, en Inde, puis à Malacca où il rencontra des Japonais.


En 1549, le 15 août, il débarqua à Kagoshima (j'y avais vu sa statue) où ses relations avec les moines bouddhistes se compliquèrent ensuite. Il poursuivit à Nagasaki et demeura à Yamaguchi où il baptisa plus de mille personnes.


Il mourut malade, en Chine, en 1552 donc.




La Bible en japonais rappelle que de tout le Japon, c'est à Yamaguchi qu'il fut le mieux accueilli, grâce à l'ouverture d'esprit du daimyo Ouchi Yoshitaka. Non seulement celui-ci le reçut à sa cour, mais il vit d'un bon œil les débats religieux entre le catholique et les moines bouddhistes.


Les connaissances générales de cet universitaire lui valurent de gros succès dans ces débats d'idée, et comptèrent sans doute dans les baptêmes en série que François-Xavier put organiser durant les trois ans passés à Yamaguchi.



 La situation de ces Chrétiens japonais ne fut pas toujours vue avec autant de bienveillance. Ils subirent, des siècles suivants, des persécutions religieuses et durent pratiquer des cultes secrets. Nous connaissons bien les rapports conflictuels entre la Rome antique et les Chrétiens, cela donne une bonne idée.



C'est toujours intéressant de voir comment une culture s'adapte au contact avec une autre. Le Fumi-e, plaque d'allégeance manifestant sa foi, porte ici l'image du crucifix. Un objet de 1669.


Au contraire, cette pancarte de 1711 bannit le culte chrétien.



Ce paravent raconte en image le séjour du Jésuite au Japon.


On reconnaît clairement les Jésuites européens, tout de noir vêtus.



Selon le cartel, ces lanternes funéraires porteraient des signes chrétiens. J'ai eu beau scruter, je n'ai rien trouvé.


En revanche, ces photos de stèles me paraissent plus éloquentes. La Trinité apparaît clairement  ici.


La Vierge, Jésus et Jean-Baptiste, c'est aussi un trio bien connu chez nous.

L'intérieur de l'église



Si l'extérieur m'avait séduit, l'intérieur m'enthousiasme. Sobriété des lignes toujours, exploitation maximale des vitraux contrastant avec la blancheur immaculée, utilisation de symboles chrétiens sans débordement...


Belle série de plaques de la Passion en bronze, avec un crucifix expressif. Et encore une fois, j'ignore l'auteur.


Je pense soudain aux vitraux de Matisse et à ceux de Picasso. Les couleurs intenses éblouissent le visiteur.




Même sobriété et créativité dans le buffet d'orgue. Les tuyaux de bombarde semblent une sculpture supplémentaire.


Magnifique chaire également.





Je ressors absolument enthousiasmé. Je considère cette église comme une des plus réussies de l'architecture du XXe siècle, carrément.



Quelle belle idée ! Comme si François-Xavier prêchait à la montagne.


Les clochers sont vraiment très élevés ! Chaque cloche porte un message différent, adressé à une communauté différente.


J'étais un peu surpris de ne pas voir de fonts baptismaux, mais je comprends soudain. En fait, on ondoie complètement les futurs Chrétiens, comme cela se pratique en d'autres endroits du monde. Et, en même temps, on rejoint la mare dans le jardin des temples.

Formidable !

2 commentaires:

  1. Dans un site magnifique, avec au loin deux immenses tours, dans le cadre somptueux d’un jardin planté d’hortensias, le musée expose des objets liturgiques très variés et de grande qualité comme il se doit, ainsi que quelques tableaux, notamment un portrait du Saint en extase.
    Les vitraux colorés et lumineux répandent leur douce lumière propice au recueillement.
    Cette église très moderne est une réussite totale de beauté et de sobriété.
    Je suis ravie que tu m’ais incité à lire cet article en particulier, qui m’a fait découvrir cette église et comme toujours son histoire.
    Bises. Mam.

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    Réponses
    1. C'est effectivement une grande surprise que cette église inattendue au Japon ! Quant à son histoire, j'aurais aimé en apprendre davantage, mais j'ai livré tout ce que je savais.
      Merci pour ce commentaire affectueux.
      Gros bisous.

      Supprimer

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