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jeudi 8 août 2019

Naoshima : Le quartier de Honmura



La présence de l'hôtel de ville, assez vaste pour cette petite municipalité, me signale l'arrivée dans le quartier de Honmura.

La première chose à faire, ai-je lu, est de se précipiter au Honmura Lounge & Archive pour acheter son pass pour les six maisons, à 1030 yens. Ensuite, il faut se précipiter à la Minamidera pour obtenir un ticket horodaté ; la capacité est très limitée, seize personnes tous les quarts d'heure, et il paraît qu'ils délivrent, à moment donné, des billets pour 16:15 qui compliquent le retour en ferry. Donc j'y cours de ce pas.




Seconde opération, chercher à déjeuner. Les adresses que j'ai repérées sont fermées, étrange vu le nombre de touristes partout. N'accordez pas de crédit à mes photos inhabitées, j'attends souvent que les gens soient passés !


En tout cas, la promenade dans cette partie de l'île me plaît beaucoup ; les maisons traditionnelles sont entretenues avec amour, on aperçoit encore de délicieux jardins, l'art se manifeste par petites touches ; c'est vraiment très agréable.


Déjeuner : seto.UCHI



Je trouve une adresse ouverte, un restaurant niché dans une maison minuscule, et je vais pouvoir déjeuner. J'ai à peu près énoncé là tous les avantages de l'endroit.


L'accueil est assez antipathique, la patronne obligeant les clients à attendre dehors, sous le soleil saharien, alors que les places ne manquent pas. C'est qu'il faut avancer quand l'ordre a été donné, choisir à la caisse et régler. La dame disparaît alors pour préparer le plateau, et il faut attendre son retour. J'opte pour le riz aux tentacules de poulpe, espérant me régaler. 1200 yens, le prix est correct.

 

Les tentacules sont minuscules et le riz insipide, les tsukemono étranges ; un morceau de tofu fade, un filet de sardine sur des légumes, quelques prunes au vinaigre. Même la soupe miso a un goût indéfinissable, pas celui des trois fruits de mer qui y baignent.


Il faut ensuite rapporter son plateau, ce qui est courant ici, mais aussi le trier, vider les plats si besoin est, jeter les plats en carton, empiler les bols, les assiettes et les verres, en carton aussi. Et la patronne surveille !


Je suscite apparemment beaucoup de questions avec mon histoire du yakisugi. Donc, je n'oublie pas les lecteurs, je fais une photo de près pour montrer cet aspect de "peau d'éléphant".










Art et humour. L'artiste (non indiqué, hélas) a décoré les façades de cette demeure avec des motifs en perles.


Le Goraku-ji, le temple principal, n'est pas ridicule, et il possède une cloche de bonne taille.



Le Musée Tadao Ando



L'architecte Tadao Ando a pris possession d'une demeure centenaire pour transformer son espace intérieur. Je vais voir ce qu'il en est pour 510 yens.


L'architecte a créé un étonnant espace intérieur, complètement épuré, apaisant et propre à la méditation. Les photos étant interdites, je vous en propose deux, dénichées sur la toile.



Kadoya



En 1998, Tatsuo Miyajima a pris possession de cette demeure du début du XIXe siècle pour y rendre tangible le fil du temps. Un compteur défile à la fenêtre et, à l'intérieur, cent vingt-cinq chiffres-leds s'éclairent par intermittence. La fréquence de chacun a été réglée par un habitant de l'île différent.







Je descends vers le port pour découvrir une autre œuvre sur ma carte. Le paysage est absolument magnifique, et au moins le soleil écrasant nous offre une belle palette de bleus.



Kazuyo Seshima et Ryue Nishizawa ont créé cette étrange volume, qui m'a un peu rappelé une structure moléculaire. L'espace intérieur est fréquenté, aujourd'hui.



Pour mon étape suivante, il me faut grimper dans la forêt.


Go'o Shrine


Cette fois, ce n'est pas une maison mais un lieu religieux qui a été métamorphosé. Hirosho Sugimoto a restauré ce minuscule sanctuaire de l'époque Edo, en y ajoutant un escalier de verre. Curieusement, cela pourrait choquer mais je trouve que cela convient à merveille ; on ressent une indéniable spiritualité, et la mer de cailloux polis devant apporte beaucoup de solennité.





On voit que l'escalier creuse le sol.


Et effectivement, on le retrouve dans une crypte étroite qui rappelle les chambres funéraires anciennes.

Je trouve ce symbole fructueux et l'idée de ce sanctuaire qui déverse la lumière dans le sous-sol me plaît beaucoup.


Quand on se retourne pour retrouver la lumière, c'est magique.



Cette fois, la décoration est faite avec des morceaux de ficelle collés.

Gokaisho



Le nom de cette maison provient de son ancienne activité, un établissement pour joueurs de go. En 2006, Yoshihiro Suda l'a aménagée en créant un fort contraste intérieur / extérieur sur le thème du jardin. Un seul arbre et une sculpture dehors, mais les fleurs sont entrées à l'intérieur. Le jardin s'infiltre dans la maison. Pour les raisons habituelles, la photo suivante n'est pas de moi.






Ishibashi



La famille Ishibashi fit fortune avec le commerce du sel et s'était fait construire une vaste résidence.


Toujours en 2006, la maison fut soigneusement restaurée et Hiroshi Senju y incorpora des éléments de son cru. J'ai déjà vu dans des temples de Kyoto des peintures contemporaines ainsi insérées et j'apprécie toujours ce dialogue entre les époques. Ici aussi, je pense que ça fonctionne bien.



Les peintures d'origine n'étaient pas très loin de l'abstraction non plus..




La salle suivante donne une sensation de flottement, d'irréalité, avec ses formes indécises. On y perd ses repères.





Je reviens vers la rue principale sans trop traîner, le temps m'est compté,  entre ma réservation et le dernier ferry à ne pas rater !



The Naoshima Plan 2019



Cette installation ne fait pas partie du Art House Project mais de la Triennale de Setouchi, je pense qu'elle est donc éphémère.


Hiroshi Sambuichi a imaginé un bassin paysagé dans la cour de cette belle résidence, qui me semble reproduire la forme de Naoshima. Les visiteurs l'ont adopté comme ashiyu, le bain de pieds. L'eau est chaude, et on s'offre ainsi un peu de relaxation.






J'ai déjà vu ce travail sur les portes dans plusieurs temples de Kyoto ;  je pense qu'il s'agit de pyrogravure, avec un fer brûlant.


Haisha



Autrefois un cabinet de dentiste, Haisha est sans doute la maison qui a le plus été transformée durant ce projet. Shinro Ohtake a tout réinventé, façades, sols et plafond, en conservant cependant la structure.





 Le sol est devenu  espace d'exposition ; il me semble que le thème commun est la spatialisation et le rapport à l'espace.




La Statue de la  Liberté qui émerge du plancher, au second étage, me paraît ici, non pour évoquer les USA, mais pour poser un problème d'échelle.





Naoshima Hall



Hiroshi Sambuichi,  l'auteur du Naoshima Plan, vient de moderniser le plan des maisons de rassemblement traditionnelles pour créer ce splendide pavillon.


Extraordinaire : de loin, on ne remarque rien, j'ai cru à un bâtiment ancien restauré. En fait, c'est une construction sans mur, enfoncée dans le sol, et la lumière vient des étroites ouvertures sur les côtés.


Je suis ébloui par cet espace intérieur ! J'espère que cette réalisation pour la Triennale va rester en place. Sans compter qu'elle peut parfaitement être utile aux habitants.



Minamidera



C'est enfin l'heure de mon entrée au Minamidera, nom du temple (-dera) qui existait autrefois sur le site. Tadao Ando a créé un bâtiment austère, aussi sobre que sombre, où se déroule une "expérience", je ne trouve pas d'autre mot, proposée par l'Américain James Turrell.


Tous les quarts d'heure, un groupe de personnes y entre et est plongé dans l'obscurité totale. La lumière revient très lentement et n'est complète (et encore !) qu'au bout de la séance.


Ce n'est pas désagréable mais je n'ai pas été vraiment convaincu.


Tiens, d'autres dessins en perles !


Mon idée de départ était de parcourir l'île entièrement à pied, mais il me faut réviser mes plans si je veux arriver à voir tout ce que j'ai prévu. J'attende cinq minutes le bus pour gagner un bon quart d'heure, ce n'est pas si mal.

2 commentaires:

  1. Fascinating tour. Alliance of traditional Japan and modern art, in a paradise island. Simply amazing.
    Thanks for this great post!
    Annie

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