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mercredi 14 août 2019

Fukuoka : le château


Le château de Fukuoka a marqué l'histoire : un des plus vastes de tout l'archipel, avec une histoire peu banale. Voyons donc ce qu'il en est.



Le centre des visiteurs


Dès que j'arrive au centre des visiteurs, je suis pris en main par la très souriante et efficace Yuko, qui converse avec moi dans un anglais qu'elle maîtrise bien.

Elle me lance la projection du film avec des sous-titres en anglais et je vais en apprendre beaucoup.


L'histoire de la création du château est sans surprise : après la bataille de Sekigahara, toujours en 1600, Tokugawa Ieyasu récompense les valeureux guerriers qui ont prêté main-forte en leur offrant des territoires. Les Kuroda père et fils reçoivent de multiples terres et choisissent Fukuzaki pour construire leur château, un des plus vastes de toute l'histoire du Japon. L'endroit est parfait pour contrôler la mer et la riche cité voisine de Hakata.


En 1601, le fils, Nakamasa, entame l'édification de cette gigantesque forteresse : 7 km d'est en ouest, 3 km du nord au sud !


La division en degrés est courante dans les châteaux japonais : San-no-maru (san =3), Ni-no-maru (ni=2), Hon-no-maru (...) et le Tenshudai tout en haut.


Ce n'est donc pas là que réside sa particularité. Contrairement au château de Takamatsu, celui-ci n'est pas placé directement en front de mer.

L'idée est que sa hauteur permettait de surveiller les arrivées des bateaux, mais en même temps d'avoir le temps de se protéger. Entre les douves et la mer, les résidences de samouraï constituaient un obstacle suffisant, à défaut d'arrêter réellement l'ennemi.


La seconde originalité n'est pas que le château ait disparu. Je répète qu'il n'en reste que douze de la période Edo sur les trois cents construits, donc celui-ci fait partie de la majorité.


Mais le château, réputé splendide, a été détruit quelques années seulement après la construction !


Visiblement les Kuroda n'étaient pas nés de la dernière pluie. Même s'ils vivaient dans la grande île la plus éloignée du pouvoir, ils possédaient déjà la plus grande forteresse. Y ajouter un château mirifique était courir le risque de déplaire au Shogun.

La destruction fut donc une affaire diplomatique.


Et, de fait, la méga-structure de l'ensemble lui garantit de ne jamais être pris.





La grande maquette est très claire, et le sol sur lequel je marche montre le plan de la ville actuelle. L'immensité de l'ensemble saute aux yeux, même dans une ville aussi étendue que celle-ci. La forme générale a fait surnommer le château maizuru, la grue en vol.

J'ai pris trois photos correspondant aux trois maru, qu'on peut comparer avec le plan précédent.






Dans la famille Kuroda, le fiston. Pas très heureux dirait-on.


Le papa, un vrai seigneur.


Les vingt-quatre vassaux, une armée d'élite, assurait la défense du clan. Leurs exploits firent l'objet de nombreux récits.

Le Korokan



Le Korokan était du VIIe au IXe siècles un palais utilisé pour les échanges diplomatiques avec Chinois et Coréens, et ultérieurement comme bourse de commerce. On en avait perdu la trace mais un homme passa sa vie à le traquer. Les fouilles suivirent ses recherches pour le faire sortir du sol, après sa mort.




Au cours des fouilles, on a retrouvé des tablettes gravées qui attestent des relations diplomatiques.





 Certes,  il y avait beaucoup de tessons parmi les pièces exhumées, mais on a dégagé un certain nombre de spécimens dans un état de conservation remarquable.



Un exemplaire des navires qui rejoignait la Chine des Tang.







Les vestiges

Maintenant que j'ai bien localisé tout cela il ne me reste plus qu'à aller me rendre compte par moi-même de ce que l'histoire a bien voulu préserver.

 La porte Nagaya-mon



Une petite porte, étonnamment bien conservée.

La résidence de Kuroda Josui



Après avoir laissé les rênes du pouvoir à son fils, Josui se retira dans une résidence qu'il avait fait construire ; elle est devenue aujourd'hui un jardin de pivoines, dont la beauté éclate à la floraison, paraît-il. Elles ont un feuillage abondant, c'est tout ce que je peux assurer en ce mois d'août.



La citadelle



Une forteresse avec des tours de 25 mètres garantissait cette partie comme inexpugnable.


La partie nommée Bugu Yagura servait au  stockage des armes.



Il ne reste quasiment rien du Honmaru ; l'endroit présente cependant une vue appréciable sur les vastes plateaux devenus des terrains de sport.


Trois puits assuraient l'alimentation en eau à l'intérieur du château ; dans l'un d'eux, un sismographe a été installé et il est, paraît-il, très efficace.





C'est l'emplacement du pont qui menait au Tenshudai.




La visibilité reste très satisfaisante sur cette immense agglomération.











Shiomi Yagura





Hélas, alors que, jusqu'à présent, il pleuvait gentiment, l'eau céleste se déverse avec force !

Shimono-hashi Gomon



Cette porte donnait l'accès direct au palais où vivait le Seigneur du château ; sa femme y habitait lorsqu'il partait en voyage. Je présume que cette présence intermittente signifie que l'épouse était alors en charge du pouvoir.


Cette tourelle à deux étages et avec un gâble particulièrement travaillé date de la forteresse d'origine ; l'intérieur serait également bien préservé.


Lorsqu'elle fut construite, cette porte comprenait deux étages, mais elle en perdit un lors de l'ère Meïji. Peut-être le prix pour ne pas disparaître totalement.







Le jardin de glycines signale le lieu de l'aire d'entraînement. 

Jonai-bijutsukan-higashi-guchi



Cette longue série de murailles est devenu un parc et jardin municipal extrêmement agréable ; ce serait le cas aujourd'hui s'il ne pleuvait pas autant !





Le troisième puits ; j'ai vu les trois mais je pense que deux photos suffisent.

Tamon Yagura



Cette construction de 72 m de long se termine par une tourelle à deux étages de chaque côté ; tout d'abord, chacune d'elles était utilisée uniquement pour la protection mais ensuite elle fut divisée en pièces plus petites et on s'en servit comme entrepôt.
Il s'agit également de vestiges originaux.




De ce côté-ci, la douve est également devenue la coutumière mare à lotus.

2 commentaires:

  1. Très intéressante visite ! L'article le plus complet trouvé sur ce château.
    Laurence

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