Fukuoka Art Museum

Sous la pluie, je me précipite vers le musée d'art de Fukuoka dont j'espérais la visite. Et, chic,  ce sera en outre un refuge bienvenu.

Barry Flanagan, Lièvre courant sur un croissant et une cloche. On jurerait une sculpture surréaliste !

La dame qui me vend le billet à 200 yens m'explique que je vais pouvoir visiter trois sections du musée, divisées en plusieurs salles, et une des deux expositions temporaires ; la seconde, avec supplément (1400 yens !) est consacrée à un auteur de dessin animé et cela me tente nettement moins !

Le Bouddhisme

Une seule salle présente des œuvres liées au bouddhisme, mais elles sont réellement d'une qualité exceptionnelle. Je vous laisse juge.

Les deux Vajradara du XVe siècle sont formidablement expressifs.
Ces farouches protecteurs sont reconnus comme l'image d'Héraklès (le Hercule grec), qui aurait voyagé en Asie via les échanges des routes de la Soie.

Le grand Yakushi-nyorai (Bhaistajyaguru) date du XIIe siècle. Quelle merveille !

Les douze généraux qui assurent sa protection datent du XIVe siècle, et c'est rarissime de voir un ensemble complet.

Les Juni Jinsho ou Taisho constituent la garde rapprochée, et sont supposés éloigner, par leur expression féroce, les ennemis du bouddhisme. Leur nombre est associé aux signes du zodiaque, et donc aux mois, pour signifier l'universalité de leur puissance.

Le musée a, pour une fois, reconstitué un ensemble pertinent puisqu'ils sont disposés en cercle pour regarder dans toutes les directions.

Toutes ces statues sont bien sûr en en bois.

La collection d'un magnat

On ne dirait jamais que ce monsieur fut un des principaux dirigeants de compagnie d'électricité ; à tel point qu'on l'appelait Mister Power !Il a amassé une collection remarquable d'oeuvres japonaises et coréennes tout au long de sa vie.

Les pièces présentées dans cette salle datent essentiellement du XVIIe siècle.

Je n'ai jamais vu une chose semblable : il s'agit d'un bol à thé, nommé jirobo, qui date du XVIe siècle ;  ce que je découvre est qu'il est recouvert selon le principe du raku mais qu'ici, c'est du raku noir. Il faut que je me renseigne !

 Cette grande boîte en nacre date du XVIe siècle ; la forme n'est pas banale.

Paravents et peintures

 Cette salle contient des peintures absolument remarquables. Ce paravent est éblouissant de style, de vivacité du pinceau, d'économie.

Les pigments utilisés à l'époque comprenaient, comme chez nous, la malachite. Le bleu ne semble pas provenir du lapis-lazuli.

Ce paravent-ci est très réjouissant par le sens du récit, la minutie du détail mais aussi le style personnel.

Acrobaties à cheval !

La représentation de la montagne dénote une vraie personnalité artistique.

Délicate peinture du XIIIe siècle.

 La collection moderne

Deux œuvres de Yayoi Kusama nous accueillent dans cette partie. Hélas, il est interdit de photographier de nombreuses peintures.

Un Chagall puis un Miro, trop facile !

Foujita aussi, j'avais trouvé. C'est une des plus belles peintures que j'aie vues de lui.

Quelques peintres de Kyushu, tous élèves du Français Collin.

Voilà justement une grande toile de Collin. Une danse de jeunes filles avant Matisse.

Mizukami Taisei est né à Hakata et il s'est passionné pour le kacho-ga, la peinture des fleurs et des oiseaux, complétée par la représentation des poissons.

Il moderniserait cet art millénaire, nous dit-on. Autrement dit, on conserve le cadre obligé, on travaille avec des styles plus modernes à l'intérieur.

Je ne peux rien montrer de la partie dévolue à l'art contemporain, totalement interdite à la photo, où Américains (Warhol, Lichtenstein, Morris) côtoient Européens (Polke, Kapoor), dont beaucoup de Français (Fautrier, Dubuffet, Klein, Viallat). Les Japonais sont présents avec des œuvres sensibles, mais aucun nom ne me parle. Je tâcherai de trouver des photos de retour !

A l'extérieur

Quand il ne pleut pas, c'est sans doute mieux, mais je ne choisis pas. Une patineuse d'Emilio Greco pour commencer, très dynamique.

Dédié à la Mer Egée, de Kinouchi Yoshi. Le titre renvoie aux sculptures grecques antiques et explique quelques détails inhabituels.

Horiuchi Mazakazu, Trois parallélépipèdes. Tout est dans le titre !

Presque la même citrouille qu'à Naoshima ! Toujours Yayoi Kusama, bien sûr. J'ai essayé de cadrer avec le parc derrière, mais le cadre de l'île fait défaut ici. On voit ce que la mer en arrière-plan offrait en plus.

Un Lee Ufan, parfaitement mis en valeur, me console de n'avoir pu visiter le musée à Naoshima.

Un petit souvenir pas cher du musée ? 2500 €, à la louche !