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mardi 20 août 2019

Kyoto : temples et jardins à Arashiyama


Ciel plombé ce matin. Je me munis du parapluie et de veste de pluie, et en route. Mon programme du jour est centré sur les montagnes d'Arashiyama, quartier à environ 8 km. Le train JR m'y conduit avec le Pass sans que j'aie besoin de débourser davantage. C'est parti pour de superbes découvertes...





La gare présente fièrement une locomotive des temps glorieux et une sculpture plus rare.



Tous les touristes se rendent du même côté, avec la Montagne des Singes, la bambouseraie et éventuellement le Tenryu-ji à leur programme. Les singes ne me tentent nullement et j'ai déjà visité le reste.
Mais j'ai une liste ambitieuse de temples de l'autre côté !


La pluie nocturne a laissé des traces et de petits échassiers fouillent le sol.



N'importe quel espace peut devenir jardin. Un passionné d'orchidées cultive sa collection sous l'escalier.





Je serais curieux de voir une carte avec tous les cours d'eau de la ville ; ce doit être impressionnant.


Première visite pour le Daikaku-ji, une ancienne villa impériale devenue un temple fabuleux, un des plus beaux dans une cité où la concurrence est rude...



Un temple-mystère ? Je résiste à la tentation. La pluie s'est invitée et j'aimerais bien déjeuner à l'abri. Malheureusement, c'est du côté touristique que les restaurants sont tous massés.



Je finis par trouver un restaurant traditionnel où une mamie centenaire est ravie de me voir.


Au menu, udon ou soba, avec tempura ou tofu frit. Ou encore du natto ! Très peu pour moi.


J'aurais volontiers mangé autre chose qu'une nouvelle friture mais ce n'est pas le moment de faire le difficile. Avec le tempura, on est certain de manger des légumes.

Courge japonaise, gombo, aubergine, patate douce, feuille de shiso et grosse crevette. Et les udon sont excellentes ! 1080 yens le tout.



La plus fine et régulière n'a pas encore entamé mon ardeur. Je repars vers le Seiryo-ji.





Le Seiryo-ji, un temple important par sa taille, son rôle et son histoire, est ouvert, contrairement à ma précédente visite où je n'avais pu me balader que dans les jardins.

Pendant que j'admire ses peintures, la pluie change de catégorie avec un violent orage qui éclate. Tonnerre, éclairs, et un petit étang à la place du jardin. Les trombes d'eau qui s'abattent m'exilent sur le refuge du large parvis.

J'attends presque une heure la fin de l'orage. En vain. La force de la pluie diminue finalement un peu.

Je vois mon programme s'effilocher au fur et à mesure. Avec les horaires de fermeture des temples, mes prévisions (Gyo-ji, Jojakko-ji, Nison-in) se réduisent de minute en minute.

Tant pis. Je m'élance au milieu de l'orage. Je ne vais pas passer mon après-midi à regarder la gouttière du Seiryo-ji !


Je suis totalement trempé, avec les chaussures pleines d'eau, quand j'atteins la zone du Gyo-ji, non sans m'être trompé de route.


Avec les bourrasques, la pluie virevolte. C'est hors de question que j'extirpe le plan du sac et tremper le téléphone n'est pas plus judicieux. Donc je me fie à ma mémoire pour l'itinéraire, et elle est un peu imprécise !



J'accueille l'entrée du temple avec soulagement.

Le Gyo-ji



Ce site dans la forêt porte le nom d'une danseuse !


Au XIIe siècle, cette shirayoshi, artiste de danse traditionnelle, prénommée Gyo, déclara sa flamme à un beau militaire, le commandant Taira no Kiyamori. Celui-ci la rejeta et le chagrin la conduisit au temple Ojo-in qui venait d'être créé.


Pour des raisons qui ne me sont pas fournies, le temple disparut presque totalement.

Le nom de l'éplorée est resté à ce site, un jardin d'érables sur la mousse et un minuscule ermitage de dix mètres carrés.


La visite sous la pluie, sans autre bruit que celui des gouttes d'eau, est magique.


Le vert des mousses illumine le sol pendant que des écharpes de brouillard s'accrochent aux branches.



Je retrouve cette ambiance surnaturelle qui m'avait frappé dans la forêt de Nikko.




L'ermitage se résume à une petite salle avec quelques sobres statues, où les touristes se sont précipitamment réfugiés. Un quatuor de Français joue aux cartes. Un autre compatriote, expatrié à Singapour, raconte ses malheurs avec la nounou philippine de ses enfants ; "C'est une paresseuse, assure-t-il, même pas capable de laver le poisson correctement", ce qui me plonge dans la stupéfaction, soit quant à l'élargissement des fonctions de la dame, soit quant à la nature de la progéniture du monsieur.



De mon côté, alors que la pluie s'intensifie, je discute visites avec un sympathique couple du Wisconsin, qui voyage au Japon pour ses soixante ans de mariage.




La pluie me semble moins forte et je peux remettre le nez dehors.



Je redescends par une petite bambouseraie, moins réputée que celle qui aimante tous les touristes, mais aussi beaucoup plus calme.


Pendant que je poursuis ma descente vers le Nison-in, le prochain sur ma liste, un nouveau panneau "temple" m'arrête. Danrin-ji, cela ne me dit rien. Mais il est plus de 16:00 et celui-ci tient encore porte béante, alors, que le Nison-in risque d'être déjà fermé.

Je me décide à y entrer.

Le Danrin-ji


400 yens pour l'entrée de ce temple. On me remet un feuillet avec un bref résumé en anglais.


Comme le précédent, c'est un grand temple largement détruit, puisque le Tenryu-ji, tout de même bien éloigné, est construit sur ses terres. Le bâtiment fut détruit pour des raisons non communiquées et je propose "incendie !" pour changer un peu.


Dans cette histoire, ce temple est présenté comme le plus ancien temple zen du Japon.


Cela déclenche immédiatement un signal d'alerte dans mon esprit.

Comment ça ? On m'a déjà affirmé, il y a deux jours, que le Tofuku-ji était le temple zen le plus ancien du Japon.


Il faudrait qu'ils s'entendent !


Le religieux attend au pied de l'escalier pour me montrer le petit hall avec quelques statues. Il a appris par cœur un texte en anglais qui énumère statues et peintures mais ne comprend aucune de mes questions.

Photos interdites, je n'ai rien à montrer. Un très beau Bouddha pourtant, dommage !



Le musée se réduit à une salle poussiéreuse qui me fait irrésistiblement penser à une grande boutique d'antiquités dans le Kerala, où j'avais acheté une sculpture de char !


C'est un bric-à-brac hétéroclite, avec des étiquettes en kanjis, mais qui comporte de belles pièces.


Que viennent faire là ces miroirs chinois ?


Style inconnu !


Un personnage peu accommodant, à mon avis.


Un daimyo statufié ? Je ne suis pas assez expert en costumes japonais, mais ça ne me fait pas l'effet d'un prêtre.





Sans trop m'avancer, je propose "Statuette, terre cuite, période Jo-mon", l'Antiquité japonaise .




Plusieurs peintures d'assez bonne qualité, dans l'assortiment de couleurs traditionnel pour ce thème.



Vraiment, quelques excellentes statues dans tout ce fatras.


Il me semble reconnaître la boîte à déjeuner de voyage, ancêtre du bento.



Encore une mare lilliputienne et c'est tout.

Je trouve que c'est vraiment une entrée chère pour le peu à voir.



La pluie s'est un peu calmée. Je prends à tout hasard le chemin de mes temples prévus.



Au Nison-in, on presse les derniers visiteurs. La billetterie est fermée, hélas.




Il ne me reste plus qu'à rentrer. Je continue à descendre vers la bambouseraie.



C'est toujours un plaisir de marcher sous cette voûte verte, même avec ce temps-là.



Je retrouve, sans préméditation, un étang de lotus longé lors de mon premier voyage.


Il continue à pleuvoir dru ! 




 Ce n'est pas mignon, ces villas de poupée au milieu de la forêt ?

Galères



L'humidité continue à stagner. Après une pause et de faux espoirs, la pluie reprend de plus belle. Je marche un bon moment, je traverse maintenant un quartier que je ne connaissais pas.


Mais voilà un restaurant.

Pause salutaire. J'ai un creux et je ressens le besoin de me sécher enfin !

Set avec soupe aux gombos (pas vraiment mon légume de prédilection mais je ne fais plus le difficile), salade de chou, agrémenté de maïs (même remarque), une soucoupe remplie de daikon, incroyablement amer, et du porc au gingembre et sésame, délicieux. 840 yens pour tout cela.

A partir de là les choses se compliquent. Il fait nuit noire, et Kyoto est une ville très sombre le soir. Je repère à la torche un panneau "eki", gare, auquel j'accorde aveuglement confiance. La gare en question n'est pas toute proche. Lorsque je l'atteins et que je montre mon pass, la préposée me fait remarquer qu'il n'est pas valable car ce n'est pas une gare du réseau national.

Qu'est-ce que cette histoire ? Je vérifie sur le GPS, le téléphone acceptant de m'accorder cette faveur avec les 8% de batterie restants. Diantre ! Effectivement ce n'est pas du tout la bonne gare ! Il me faut repartir trouver l'autre.

Je me perds, je tourne en rond, je manque la bonne rue. J'ai mis le téléphone en charge avec la batterie de secours mais le GPS semble très perturbé par les conditions climatiques. Le point bleu supposé indiquer mon emplacement saute d'une rue à l'autre sans me préciser ma position exacte. Bref, une effroyable galère dans la nuit pluvieuse.

Je finis par arriver à la gare d'Arashiyama, et je bénis ces trains qui circulent encore. De ces heures-ci, plus un touriste à l'intérieur mais encore des chemises blanches-pantalons noirs qui ont fini journée.


Il est plus de neuf heures quand j'arrive à la gare de Kyoto avec un soulagement indicible. Comme je suis très sage, enfin aujourd'hui, je parviens encore à résister à l'odeur de croissants frais jaillissant de cette fameuse enseigne française.


Je papote avec Kahori sur cette journée pleine de rebondissements, les projets de voyage. Elle compte venir à Marseille dans l'année et avance des arguments convaincants pour que je revienne l'année prochaine ! 

3 commentaires:

  1. De très belles photos malgré cette pluie omniprésente qui n’en finit pas de s’abattre sur ces magnifiques paysages. Heureusement que de temps à autres un temple offre son abri au visiteur aquatique. Pour couronner le tout une galère pour trouver la bonne gare… Malgré tout un bilan très positif de cette journée qui pour des raisons très diverses laissera un souvenir particulier.
    Bisous. Mam.

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  2. Visiteur aquatique, c'est bien cela. Trempé jusqu'au bout des orteils ! Mais quel souvenir !
    Merci mille fois.
    Gros bisous.

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