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lundi 21 août 2017

Japon, Kyoto : Tenryu-ji, bambous, et mon préféré, le Ninna-ji



Quand je pointe le nez dehors, ce matin, la chaleur est déjà accablante. C'est tout réfléchi ; puisque mon programme est prévu à l'autre bout de la ville, j'achète au conbini voisin un pass de bus, 500 yens la journée.



Un peu d'incertitude concernant l'arrêt (et les différentes compagnies de bus) mais finalement je monte dans le 11, qui met une grosse heure et demie pour rejoindre Arashiyama. L'an dernier, un parcours pédestre très étendu m'avait seulement permis de passer dans la bambouseraie, le Tenryu-ji était fermé.

Je descends à l'arrêt au bord de la rivière, bien basse actuellement.




 Il est clair que c'est un quartier éminemment touristique ; parkings géants (à 700 yens de l'heure), centres commerciaux pour touristes, restaurants pratiquant le double des prix habituels. Et beaucoup, beaucoup de monde. Pour la première fois, une large majorité de Chinois, descendant de bus les uns derrière les autres.

Le Tenryu-ji


 Ce grand temple est au centre d'un vaste ensemble de petits, maison-mère et vassaux, où je passe par plaisir.



La déesse Kannon veille !



 Le torii, indice coutumier de l'entrée d'un sanctuaire.

Me voici devant l'entrée du temple lui-même. 800 yens à débourser.


 Le Tenryu-ji est un des points religieux de la ville, le siège d'un ordre important, branche du Zen Rinzai à nouveau. Créé par un shogun au XIVe siècle, c'était auparavant, comme d'habitude, une villa impériale avec ses jardins. C'est normal qu'il n'y ait pas eu de différence entre l'architecture profane et la version religieuse, c'étaient les mêmes bâtiments.

La grande affaire, c'est l'envoi d'une mission commerciale par l'abbé Muso Soseki, entreprise financière qui permit de poursuivre les travaux. Il ne perdait pas le Nord !


 Les édifices actuels furent reconstruits durant l'ère Meiji mais les jardins sont originaux, parmi les plus vieux du Japon. Ils n'ont pas été modifiés depuis le dessin original de Soseki.


 Voilà pour la petite histoire !

Alors, au bout du compte ? Pas mal de grandes salles vides, peu ornées. Elles permettent d'envisager un grand nombre de moines mais ne passionnent pas plus que ça le visiteur.



Le premier jardin zen, à  gauche de l'entrée, offre une vue apaisante depuis le pavillon.



 Un film est diffusé sur cette peinture, Dragon et nuages, de Soga Shokaku. C'est une peinture immense à l'encre de Chine sur papier washi (papier traditionnel artisanal à base de feuilles de mûrier), mais il s'agit d'une reproduction, l'original étant au musée de Boston. Ce fac-simile résulte d'un partenariat avec Canon, qui a construit pour l'occasion une imprimante d'un format nouveau. Confondant.



 Aucune information sur cette peinture assez cocasse, apparemment fort célèbre et reproduite sous tous les formats et supports à la boutique du temple.





Le jardin avec sa pièce d'eau s'avère  esthétique, c'est indéniable.


Une petite galerie permet de rejoindre un pavillon dans les bois.




Quelques peintures, ici, mais qu'on ne peut voir que de loin.






Type de fenêtre en bouton de rose.



Quelques fleurs de spirée japonaise.


Comestible ? Mortel ?

... Enorme !







 Bégonia assez volumineux, qui pousse presque les pieds dans le ruisseau.


Voici le darham, qui rappelle le Nanzen-ji. Evidemment on ne peut y pénétrer !


La chaleur est étouffante. Je regarde le thermomètre : 45, 2 °C tout de même !

Bilan de la visite : un temple pas inintéressant, plus par son importance historique que par ce qu'il montre. Un peu cher pour le peu à voir. Il ne me paraît pas si indispensable que ce que les guides racontent.

Et le nombre de touristes dans le pavillon principal rend la visite harassante !



 En revanche, plus personne dès que je vagabonde dans les temples satellites, pourtant pleins de charme.




Premiers cycas, et éclatants !



Heure du déjeuner


Une pause s'impose. Chaleur, bruit, foule, je n'en peux plus. Je reviens vers les centres à touristes. Des pâtisseries les unes à la suite des autres.


Tiens, en voilà une qui fabrique les mochi elle-même. Je crois que ce n'est pas très difficile, de la farine de riz gluant mélangée à de l'eau et aux arômes divers, et l'on fait cuire tout cela.


Je finis par trouver un mini-stand, qui sert des croquettes de tofu (super-bonne, celle-ci !) et des pâtes.


En fait, je peux changer de l'ordinaire. Je peux avoir des shirataki (pâtes à base de konjac) froides, avec l'inévitable rôti de porc, mais des algues, des légumes, bouillon froid au wasabi. Et aussi quelque chose qui évoque le fromage râpé, jaune. Un vague goût de jaune d’œuf.
Extrêmement rafraîchissant.
Rien de ruineux. 150 ¥ la boulette, 680 ¥ le saladier de pâtes.

A l'origine, je pensais repartir directement. Pendant le repas, je me dis que c'est trop bête de passer à côté de la bambouseraie sans y mettre les pieds.


En fait, erreur d'orientation. Je traverse la rivière pour rien. De l'autre côté, c'est la montagne des singes, THE BIG SPOT du coin, que je n'ai aucune envie de visiter. Des singes, j'en ai vu gratis dans plein de pays du monde, et ils ont souvent tenté de me dérober divers objets. En plus, ceux-ci sont des macaques, l'espèce qui m'a causé le plus de souci.

Je ne suis pas venu pour rien : je m'offre une glace à la mangue (mmmm.....) et je prends en photo le pont de bateaux.

La bambouseraie


 C'était bien la peine, en fait la bambouseraie pousse juste à côté du temple. C'est noir de monde, on fait presque la queue pour y entrer ! On ne peut y marcher dedans, on ne fait que suivre la foule qui déambule à pas de sénateur (les Japonais ne courent pas dans la rue, c'est sûr).

Cela se calme un peu à partir de la bifurcation, la populace se divisant mathématiquement. J'emprunte la voie la plus paisible.





J'accède au temple tout riquiqui dans la bambouseraie, mais qui a un succès fou. Queue, bien sûr.


Bouddha va veiller sur moi.

Les bus sont incompréhensibles. Le trajet ne correspond pas au plan, ni aux  horaires…

Je veux prendre le 11, qui vient de passer. J'ai couru pour le rattraper, en pure perte (avec la chaleur, je ne cherche pas non plus à me qualifier pour les JO). GoogleMaps donne un arrêt à 14:27. L'application Kyoto machin, à 14:48. L'horaire sur le panneau a une autre version : 14:56.
Qu'est-ce que je vois arriver, à 14:35, juste après mon arrivée ? Un nouveau 11.
Arigato gozaimasu, Bouddha !


 Expérience innovante : soudain, des policiers apparaissent sur la route, agitant des bâtons lumineux. Ils font garer le bus en catastrophe et enjoignent aux passagers de descendre. On nous conduit vers une pièce surchauffée où on nous presse comme des olives entre les scourtins. Je pense: " Séisme ! Tsunami ! Missile coréen !"

On nous fait finalement ressortir comme si de rien était. Les explications données par un policier me sont totalement étrangères. Je ne reconnais que les pronoms et quelques verbes, c'est vraiment peu pour créer du sens.

J'en profite pour changer de bus incognito, il y a justement un 10 stationné là,  que je devais prendre plus tard. Tutto va bene !


Selfie involontaire, c'était l'information du bus qui était mon objectif. D'ailleurs, il indique un Youth Hostel un peu loin de tout, mais en pleine campagne, dans une zone idyllique de la ville. Si quelqu'un est intéressé par un logement champêtre...

Le Ninna-ji


J'avais tellement été séduit par ce temple que je m'étais promis d'y remettre les pieds s'ils me portaient jusqu'à Kyoto, et je me le réservais pour la fin.

C'était mon temple préféré, c'est toujours mon favori.

Le plus bel échantillonnage de jardins, dont un sublime jardin d'eau, des édifices d'une exquise sobriété avec une large gamme de peintures (splendides), et des pagodes, un verger, de grands bâtiments…

Un personnel non seulement courtois comme il se doit, mais vraiment gentil, qui invite à prendre des photos.

C'est le temple où on n'entend quasiment rien, les visiteurs baissent automatiquement la voix. On reste de longues minutes à contempler les jardins (ou  méditer, je ne sais pas).

Un endroit magique. 500 yens seulement l'entrée, et on en a largement pour son argent.

Je peux réécrire que j'y ai passé deux heures enchanteresses. Jusqu'à ce qu'on me mette dehors, en fait. La dernière fois, j'y avais essuyé une de ces pluies tropicales qui inondent jusqu'aux sous-vêtements, que j'avais regardé assis sur la galerie.

Cette fois, rien de tel. Mon regard flottait sur les ombres qui s'allongeaient et les couleurs qui changeaient.

Et, je ne sais pas trop, c'est comme à Koyasan, une espèce d'expérience mystique. On sort comme revigoré.

Peut-être que je délire complètement, que c'est simplement le fait de s'arrêter et de se poser !

Historiquement, en bref : un temple Shingon (non, pas chewing-gum), fondé par un empereur, Koko, à l'ère Heian, et terminé en 888. Depuis cette époque, il y a toujours un membre de la famille impériale qui a été moine (ou, plus vraisemblablement, abbé). Classé Patrimoine UNESCO en 1994. Je présume que les pavillons ont été reconstruits comme d'habitude, mais rien n'est indiqué.
Bon. Voilà donc une foule de photos pour vous laisser juge.


La massive porte Nio-mon. La lumière joue contre moi, je referai la photo en sortant.



 Grande allée jusqu'à la porte Chu-mon.


Il faut bifurquer à gauche pour accéder à la partie impériale.





 Le pin est traité comme une vague, ce seul arbre donne l'impression de s'écouler. Le seul exemplaire que je connaisse de ce type.


 Luxe, calme, et volupté.






On voit ici trois principaux types de peinture sur fond d'or pâle, assez faciles à distinguer. Toute la première série a des oiseaux en vol, dans des positions toujours variées, comme fil conducteur.



Une vague, qui vient frapper le rocher. L'effet est d'une puissance incroyable.






 Même les portes sont traitées avec raffinement.





Deuxième série, avec un style chinois traditionnel. Les haut des fusuma est délicatement sculpté.







Quelle variété pour  éviter la lassitude tout en conservant l'unité avec un seul bois ! 


 Dernière série, avec un style calligraphique "pinceau libre". Peut-être ma préférée.


 La pagode du jardin est, je trouve, le point faible. Encore qu'elle soit moins encombrée que d'habitude.


Mais jusqu'où a-t-on poussé le raffinement ?

























 Après avoir amplement profité de ces jardins vraiment complets (végétal, minéral, aquatique, ensemble ou séparément), je suis tiré de ma béatitude par un moine qui s'excuse de devoir me prier de bien vouloir sortir.

Oui, mais je peux encore me balader dans le grand parc, le long de la grande allée.


Un regard vers la porte, la lumière s'étant améliorée.



 Verger de cerisiers, une même variété qui ne pousse qu'ici, depuis mille ans.


La grande pagode a une particularité : comme les chinoises, chaque toiture diminue de largeur au fur et à mesure qu'on monte.



 A gauche se dresse un immense temple, le Kannon-ji, encore en travaux. Il me faudra revenir !











Je pars sur mon petit nuage.

Ceux qui liraient cet article et prépareraient un voyage au Japon l'auront compris : pour moi, c'est le temple essentiel à voir à Kyoto, avec sans doute le Fushimi-Inari Taisha, le sanctuaire d'Inari avec les milliers de torii rouges dans la montagne.

Et il n'est vraiment pas loin du Ryoan-ji, c'est très facile de faire les deux. Par contre, privilégier l'après-midi pour avoir la lumière du bon côté.


Je reprends le 10 qui me porte jusqu'au Shijodori où je descends pour boire un café et préparer mes photos.

Je poursuis jusqu'au Yodobashi proche de la tour de Kyoto. C'était le quartier où je logeais et j'ai plaisir à l'arpenter à nouveau. Je prends le passage souterrain, en fait qui ouvre sur un village d'allées d'où on peut prendre directement le métro. Propre, chic, comme il se doit.


 Je remonte directement au sixième étage de Yodobashi, où j'avais testé plusieurs restaurants l'an dernier. Toujours pas de brochettes mais un restaurant de viande.





 Petite salade, bouillon de poulet, et je prends le teppan bœuf-poulet qui achève de me caler.


Le rayon des fauteuils de massage a toujours du succès.


De même que le spectacle nocturne de la gare, une animation de jets d'eau en couleurs qui interprètent des tubes de musique classique. Vraiment très au point !

Re-bus. Je descends à Gion et je croise mes premières maïkos, les jeunes geishas ! Tentative de photo, nulle, immontrable. Mais je suis tout content.
Quelle journée !



8 commentaires:

  1. Nous sommes rassurés d'apprendre que Bouddha veille sur toi en ce jour plein de surprises pas toujours agréables. Nous le prions de bien vouloir te protéger pour la suite des découvertes.
    Beautés raffinées, érudition, humour, quelle belle balade. Mercis.

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    1. Encore merci pour cet affectueux commentaire. Avec tous les lieux saints où je me suis rendu, Bouddha peut bien jeter un oeil sur moi !

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  2. Quel magnifique article, avec des photos superbissimes et des commentaires justement dosés : ce qu'il faut, pas davantage. Je vous suis très reconnaissante de ce beau partage, et admirative du travail qu'il vous demande sans doute pour publier ainsi chaque jour. Et je suis de votre avis : le Nina-ji, quelle merveille !

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    1. Merci, chère Anonyme, pour ce commentaire vraiment élogieux, qui me touche sincèrement. Si on publie, c'est pour être lu, et si on sait qu'on a fait plaisir, c'est encore plus gratifiant. Je suis touché de tous ces compliments, vraiment.

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  3. I agree with you : a magnificent temple of peace and just simple beauty. Thank you for these gorgeous pics !
    Annie

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  4. These temples sound like great places to visit. Your lovely pictures inspire me.
    Kylie

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