Translate

vendredi 2 août 2019

Kobe : Kawasaki, Good Times



Le Musée Maritime est visiblement sponsorisé par l'entreprise Kawasaki, qui s'est réservée une aile pour sa propre promotion.

Je ne le regrette pas, car j'y ai appris beaucoup et cela m'a finalement davantage intéressé que le Musée Maritime lui-même. J'ignorais même que l'entreprise était implantée à Kobe !



Au Japon, l'industrie est extrêmement décentralisée et les entreprises mondialement réputées sont associées à des villes de province : Toyota à Nagoya, Mazda à Hiroshima, Mitsubishi à Nagasaki, Kyocera à Osaka...

Avant la visite, je récapitule à quoi j'associe Kawasaki : la moto, le Jet-ski, le tunnel sous la Manche. C'est tout. Je vais découvrir beaucoup !


Un nez d'avion en relief sur une photo accueille le visiteur. Déjà, Kawasaki et l'aviation, c'est un rapport que j'ignore.

Les origines



Kawasaki Shozo

Kawasaki Shozo naquit à Kagoshima sur l'île de Kyushu, fils d'un marchand, et devint courtier à dix-sept ans, à Nagasaki. Il monta une affaire de transport maritime à Osaka mais son cargo fut coulé par une tempête. Cela l'amena à s'intéresser aux bateaux occidentaux et en 1878, il fonda une entreprise à Tsukiji, à Tokyo donc, utilisant ces navires exotiques. Trois ans plus tard, il ouvrit une seconde entreprise à Kobe, dont le lieu reste celui de la marque : Kawasaki Dockyard Co.

Matsukata Kojiro

Il nomma le fils d'un de ses actionnaires, Matsukata Kojiro, à la tête de cette société, pendant qu'il se tournait vers la banque (Kobe Kawasaki Bank) et la presse (en fondant le Kobe Shimbun).


Matsukata Kojiro se montra un directeur avisé, réforma le système portuaire, développa les activités, et fut élu président ou administrateur de vingt-deux autres sociétés.

Les locaux originaux de la compagnie

Plan de Tokyo avec le quartier de Tsukiji

En 1886, le chantier naval fut rebaptisé Kawasaki.

 N'ayant pas confiance dans le système traditionnel, Matsukata commanda en Allemagne des grues de construction qui donnèrent un élan nouveau au chantier naval. Cela permit de terminer la construction du bateau de croisière Haruna Maru, une célébrité à venir.

Par ailleurs, Matsukata respecta le vœu de Kawasaki de construire un port à sec, brillante idée qui développa toute l'activité des chantiers.

Une partie de la frise chronologique


Matsukata souhaitait éviter de concentrer la production dans un seul secteur, pour éviter la faillite en cas de conjoncture défavorable, augurant ainsi de la diversité actuelle de l'entreprise. Le secteur retenu fut la fabrication de locomotives. Le premier train complet sortit des usines en 1907.

En 1918 débuta la fabrication de plaques d'acier.
 L'importation permanente d'acier européen et américain était un problème à résoudre d'urgence, et il construisit une aciérie en 1916, opérationnelle deux ans après.

En 1919, la section des transports maritimes devint Kawasaki Kisen Kaisha.

 L'aviation fut la voie suivante  ; Matsukata avait noté le rôle de ces nouveaux engins pendant la Première Guerre Mondiale. Dès 1918, il ouvrit une usine qui produisit deux avions l'année suivante. Mais à cause de l'inexpérience du personnel, il fallut attendre 1922 pour que la production soit efficace.

En 1923, débute l'exportation de locomotives à vapeur.

Immédiatement après, l'exportation commença. Enorme victoire d'un pays resté longtemps à la traîne de l'industrialisation occidentale (à cause de l'autarcie, je 'y reviens pas), mais qui parvenait à rattraper son retard et même à vendre à ceux dont il avait tout importé auparavant.

Un nouvel élan 



En 1925, Hyogo Works, la nouvelle entreprise Kawasaki, produit les premières voitures japonaises entièrement en acier.


Ponts de Kiyosubashi et d'Eitaibashi

La construction métallique a débuté depuis plusieurs années. Kawasaki est présente pour la reconstruction de Tokyo après le tremblement de terre du Kanto.


En 1928, Hyogo Works crée une entreprise dérivée, Kawasaki Rolling Stocks Manufacturing.

En 1937, la division de l'aviation devient Kawasaki Aircraft.

Dans les années 1940, après les années agitées qui suivirent la défaite japonaise, Kawasaki participa à la reconstruction du pays.
 La reconstruction du pays ravagé est paradoxalement une aubaine pour les industriels, qui profitent de ces nouveaux marchés.

Matériel de cuisine produit peu après la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

En 1950, création d'une société dérivée pour la fabrication d'acier, Kawasaki Steel Corporation.

 L'aciérie est depuis plusieurs années le vrai fer de lance de la corporation, bien plus que le transport d'origine, et elle ne cesse de se développer.

Lancement du sous-marin Oyashio.

 Donc les avions, les bateaux, les trains, la construction sont déjà des domaines conquis, dans quel autre peut-on se lancer ?

Elargissement de la production de motos.

 La moto : enfin quelque chose que je connaissais sur l'entreprise !

Dans les années 1960, Kawasaki chercha à consolider sa force de corporation et se développa dans les opérations terrestres, maritimes et aériennes.

Avions et hélicoptères sont à présent proposés.

Dans l'aviation, de nouvelles possibilités sont présentes.


Sa technologie reconnue contribua à la rapide croissance économique du Japon.
 Et ainsi de suite, en recherche permanente de nouveaux secteurs. Tiens, je vois le m ! Je me rappelle que dans les années 1970, c'était vraiment le gadget technologique tendance, on le voyait dans toutes les séries américaines. Magnum, par exemple...

En 1978, on adopta un double siège de l'entreprise, un à Tokyo et un à Kobe.

Construction du portique principal du pont Onarutokyo

La plus grande pelleteuse au monde, à l'époque.

Construction d'une usine d'éthylène en Bulgarie.

La plus grande foreuse pour mine de diamants.

Le premier terrain de football utilisant un système de flottaison pneumatique.

Le premier procédé automatisé de traitement des cellules-souches.

Trains pour le métro de Washington.

Centrale de transformation des déchets à Kobe.

Publicité pour la "voie de l'hydrogène"

Affiche montrant le logo d'origine de la marque.

Maquettes et objets


Les premiers chantiers navals avec les grues allemandes.


Le ventilateur fut inventé par Philip Diehl en 1886, mais ce fut une production florissante pour Kawasaki. En 1928, 3000 sortaient par an des usines, ce qui serait un chiffre considérable pour l'époque. Les ventilateurs étaient utiles aux particuliers mais très largement à l'industrie.

Le porte-avions Zuikaku, sorti en 1941.

Le Kawasaki-Unimate, sorti en 1969 : un robot largement utilisé dans l'industrie mondiale.

La branche des machines-outils prit une expansion considérable avec l'invention de robots industriels.

Usine de ciment.

Aujourd'hui, Kawasaki est leader dans la conception d'usines de ciment. Les pays arabes sont parmi les premiers clients.

Le Jet-Ski !




Moteur diesel de navire, 1970.

Maquette des excavatrices de l'Euro-Tunnel.

Comme je l'ai signalé, une des rares choses que je me rappelais concernant Kawasaki.

Shinkansen, 1985.

Pour une surprise ! Déjà, j'ignorais tout de la construction ferroviaire Kawasaki, mais je n'avais jamais remarqué que c'était à cette entreprise qu'on devait le Shinkansen, le train ultra-rapide japonais, que j'emprunte souvent dans ce pays.

Terminal pour réservoirs de gaz liquide, 1983.
 Encore un domaine où l'activité fut un succès...

Avion d'essai T-4, 1996
 Avion utilisé par les armées, notamment pour l'acrobatie aérienne.



Le Doctor-Heli

Comme son nom l'indique, cet hélicoptère fut conçu spécialement pour le sauvetage médical. A la réflexion, je me rappelle que Kawasaki avait été mentionné lorsque j'avais visité Airbus Hélicoptères, il y a quelques années.



On poursuit avec une projection multi-écrans.

Grandeur nature



Sans doute la partie qui a le plus de succès ! Les motos sont l'objet de convoitise des connaisseurs, qui prennent des selfies devant à la chaîne. Je dois attendre mon tour pour faire la photo.






Le Shinkansen, au moins la partie avant. On peut même entrer dans la cabine des conducteurs (je vois deux sièges).



C'est conforme !


Le bogie du Shinkansen.





Présentation d'un robot dans une séquence animée assez impressionnante, je dois le reconnaître !





On pénètre ensuite dans un petit avion.




On peut également se faire photographier sur le Jet-Ski. Je préfère immortaliser cet enfant qui se régale.


Présentation de la zone occupée par l'entreprise sur le port dans une maquette, en fait un circuit de train électrique !



Evidemment, comme toujours dans ces musées d'entreprise, il s'agit avant de faire une publicité effrénée pour la marque, de mettre en avant le progrès technologique et la réussite, en ne parlant d'aucun échec et en évitant tout sujet qui fâcherait. L'angle humain est rarement abordé, les seules personnes citées sont les créateurs de l'entreprise et pas les inventeurs.

Ce sont des réserves de taille. Malgré tout, on apprend toujours beaucoup sur le peu qu'on nous montre et je ne boude pas le plaisir de ces découvertes.

2 commentaires:

  1. A well-known brand, but I ignored they built bridges and produces plants!
    I learned a lot with your post.
    Annie

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. It was unexpectedly a great tour, and I learned a lot too!

      Supprimer

Un grand merci de prendre le temps de laisser un commentaire. Je promets de le lire aussi vite que possible.
N'hésitez pas à signer votre message, ce sera encore mieux : je n'ai AUCUN moyen de connaître votre nom, votre e-mail, ou votre blog.
Si vous préférez que vos coordonnées n'apparaissent pas, mais que je vous réponde en privé, utilisez le formulaire de contact, accessible sur la version web du blog.