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lundi 30 août 2021

Rhodes : Notre-Dame du château (Panagia tou Kastrou)


 La lumineuse cathédrale gothique accueille une petite série d'icônes.

Un destin mouvementé

 

Les Byzantins construisirent une église orthodoxe au XIe et XIIe siècle. Mais l'arrivée des Chevaliers de Saint Jean, chassés de Jérusalem, bouleversa l'histoire et celle-ci devint une cathédrale catholique. Voisine du Palais des Grands Maîtres et de l'Hôpital des Chevaliers, elle en était le nécessaire complément ; le Palais pour l'activité militaire, l'Hôpital pour les soins (car le titre complet de l'ordre est Chevaliers HOSPITALIERS de l'ordre de Saint Jean) et la cathédrale pour la dimension religieuse, l'ordre étant donc placé sous la bannière de Saint Jean.

L'édifice byzantin fut largement remanié et on retrouve l'inspiration gothique présente dans les deux autres que j'ai cités. L'architecture évoque davantage le gothique provençal que le flamboiement du gothique du Nord et privilégie le pilier à la colonne.

La voûte d'ogives est bien présente et autorise des ouvertures qui emplissent la cathédrale de lumière.


Dans ces pays de soleil, les ouvertures étroites suffisent largement. Les chapiteaux sont bien marqués de la croix, mais je me demande si les colonnettes qui les supportent ne seraient pas un réemploi de l'antique. Le temple d'Athéna était tout à côté.

L'alternance de couleurs des pierres reprend celle du Palais des Grands Maîtres.

L'histoire agitée de la cathédrale ne s'arrête pas là. Elle devint ensuite une mosquée ; les fresques furent recouvertes de badigeon et on ménagea un mihrab. Apparemment les Italiens retrouvèrent les fresques mais il n'en reste quasiment rien.

Sur le pilier, à gauche, un souvenir de fresque, évanescent.

Icônes

La collection d'icônes n'est ni celle du musée byzantin d'Athènes ni celle du  musée de Paros mais les quelques pièces exposées, pour la plupart du XVIIe siècle, apportent aujourd'hui une touche de couleur. Il s'agit ici de Saint Basile, père de l'église né à Césarée (Kayseri), auteur d'une règle qui inspira les monastères dès le IVe siècle. Un des saints honorés dans le culte catholique comme dans les églises orthodoxes.

Un Saint Georges bien jeunot vise juste dans la gueule du dragon, sous l'œil vigilant de têtes couronnées.

Assemblée d'anges autour d'une image de Jésus. Cette réunion est une synaxe, terme formé sur le préfixe grec syn- qu'on retrouve dans synagogue et synthèse, qui signifie "ensemble".

L'image christique présentée revient souvent, et c'est parfois la Vierge qui l'exhibe. Ce n'est pas toujours facile à différencier, il faut bien repérer le cercle et ne pas le confondre avec un nimbe. L'icône suivante permet de bien distinguer les deux ; pas de cercle, donc elle tient un "vrai" Jésus sur ses genoux. 

Le cartel m'indique qu'il s'agit du Buisson Ardent. Cela me semble d'abord improbable car l'iconographie de la scène me ramène des images de Moïse devant le buisson enflammé, épisode biblique essentiel car il signale la révélation du monothéisme.

Puis je retrouve mes esprits et me rappelle qu'on reliait cet épisode à la Vierge, qui contenait "le feu divin" en son corps. Et, effectivement, on voit ici autour de Marie un peu de végétation et des rubans rouges qui peuvent indiquer des flammes.

J'ai ressorti le texte biblique pour vérifier la scène du bas, que je trouvais un peu énigmatique, et cela m'a permis de constater que l'icône suivait le texte au plus près. En effet, Moïse fait d'abord paître le troupeau de Jéthro, son beau-père, décrit tout en bas : des brebis noires et blanches ainsi que deux béliers. 

L'ange (donc ici Marie) apparaît ensuite au milieu du buisson. 

Puis Yahvé conseille à Moïse : " Ôte tes sandales de tes pieds car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte", ce que l'on voit sur la petite porte à gauche. Je ne comprenais pas ce que tenait Moïse dans ses mains, mais c'est sa jambe, qu'il est en train de déchausser !

 Saint Jean le Théologien, celui de Patmos. L'icône est sans doute votive puisqu'on aperçoit un voilier sur la partie basse. Il était courant d'offrir des panneaux peints pour implorer la bénédiction sur la traversée.

 Saint Michel dans sa version traditionnelle, en armure et muni de sa paire d'ailes, avec la chevelure bouclée.

Portes tardives, du XIXe siècle, mais qui évoquent la peinture médiévale italienne. Ces bleus intenses sont magnifiques !

On y retrouve le thème obligé de l'Annonciation, divisée en deux au milieu.

A l'extérieur

 

La cour à l'arrière est devenue un musée lapidaire peu spectaculaire mais les mosaïques ont conservé leur faste.



2 commentaires:

  1. Splendide église avec de superbes icônes. Textes très intéressants.
    Ignace

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    Réponses
    1. Merci beaucoup, Ignace, pour ce commentaire enthousiaste et chaleureux !

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