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samedi 7 août 2021

Athènes : la demeure de Schliemann

 

Cela ne semble pas très connu mais la maison que Schliemann fit construire et où il habita peut se visiter, et ça vaut le déplacement !

J'ai donc fait un premier article sur la seule demeure.

Qui était Schliemann ?

Fils d'un modeste pasteur protestant, le petit Schliemann dévorait passionnément la mythologie antique quand il était enfant. Mais la Grèce était un rêve inaccessible et il devint sagement employé de banque et agent de commerce.

Cependant, la passion ne l'avait pas quitté et il lui fallut attendre l'âge de 44 ans pour débuter, à Paris, des études d'archéologie et ce n'est que deux ans après qu'il fit son premier voyage en Grèce, visitant l'Ithaque et le Péloponnèse.

L'année suivante, il revenait à Athènes plein de projets : il épousa promptement Sophia Engastromenou, fille d'un banquier prospère. Elle lui apportera d'un côté le financement pour ses campagnes de recherche, de l'autre deux enfants, Agamemnon et Andromaque. A une époque où la recherche d'originalité n'était pas la norme pour les prénoms, les deux petits durent affronter pas mal de quolibets dans leur enfance....

De 1871 à 1890, il mena à Canakkale quatre campagnes pour fouiller ce qu'il pensait le site de Troieet en 1876 celui de Mycènes, suivi par Orchomenos et Tyrinthe.

Les trésors qu'il avait révélés le  rendirent riche et célèbre et il mena des tournées de conférences.C'est d'ailleurs au cours de l'une d'elles qu'il mourut, à Naples en 1890, malade et sourd.

Malgré ses découvertes et ses publications, Schliemann suscita une certaine réserve chez les universitaires ; après tout, malgré ses brèves études à l'université, il n'était pas vraiment un des leurs. Il n'était pas professeur, il ne tenait pas une chaire.

Sans doute cette reconnaissance du cercle des savants était ce qu'il recherchait le plus, davantage encore que le succès des trésors mis au jour ou que la fortune conquise. C'est peut-être ce qui explique une certaine arrogance bien perceptible dans ses Mémoires (que j'ai lus, il y a quelques années).

Une demeure à l'italienne


Peu de temps après son installation à Athènes, Schliemann commanda à Ernst Ziller, un architecte compatriote qui s'était fixé dans la capitale grecque, la construction d'une vaste demeure.

Celui-ci établit les plans d''une demeure d'inspiration italienne, avec une loggia ouvrant sur le boulevard Panepistimiou. Les villas de la Renaissance, modèle assez évident, comportaient parfois une décoration à l'antique, comme la Farnesina à Rome ou la villa d'Este à Tivoli.

Le peintre slovène Yuri Subic fut chargé d'intégrer une décoration à l'antique, qui mettrait en valeur les découvertes du maître de maison. Pour le sol, on opta pour des tesselles qui représenteraient les objets dégagés à Troie, et on fit venir des mosaïstes italiens en ce but.


Le mobilier est un mélange complexe d'époques diverses, où la marqueterie évoque davantage les périodes récentes (à l'époque de la maison) que l'Antiquité. Après tout, la découverte de l'Egypte antique avait bien suscité un nouveau style dans l'ameublement et le fauteuil à la pompéienne avait obtenu un grand succès en ce même XIXe siècle.

La collection personnelle de Schliemann, dont faisaient partie les pièces ci-dessus, pouvait donc être exposée dignement dans une demeure qui semble avant tout destinée à mettre l’œuvre de son auteur en valeur.


Si le mobilier n'échappe pas à une certaine lourdeur, la décoration s'avère souvent élégante, sans la surcharge qu'on pourrait redouter. L'ensemble a dû être minutieusement restauré et c'est vraiment splendide.




Il s'agissait vraisemblablement de la principale pièce de réception, une salle allongée où les arcades de la loggia se redoublaient du côté opposé.


Même si Athènes n'était guère connue pour ses frimas rigoureux, le confort n'est pas oublié, avec une cheminée dans chaque salle.

Je suis frappé par plusieurs des choix iconographiques. Alors que les salles à l'antique des villas précédemment citées se basent sur des scènes peintes, j'ai l'impression ici que c'est la sculpture qui a surtout inspiré le programme.

Les plafonds sont presque toujours clairs, avec une décoration géométrique, généralement en tapis, qui s'accorde à celle des murs.


Les expressions ne me semblent guère compatibles avec le style pictural de l'époque. Je présume qu'il s'agit de peintures ultérieures exposées ici.

J'ai apprécié cette salle bleu sombre, à laquelle j'ai trouvé beaucoup de classe.


La cage d'escalier est particulièrement réussie, grâce aux teintes ivoire et à l'élégant motif répété. Sophistiqué mais pas chichiteux.



Une petite salle insère des vedute, comme c'était la mode à la Renaissance (et après !), qui montraient de manière récurrente les alentours de Rome ou la Campanie.

Ici c'est évidemment la Grèce qui  est mise à l'honneur. On reconnaît, à gauche, le Trésor des Atrides, à Mycènes.


Certaines scènes me paraissent avoir adopté l'esthétique des chromos. Ou peut-être était-ce le style favori du peintre. Ici Orphée charme les animaux de sa lyre.

Certains médaillons paraissent des reprises de tableaux célèbres. L'Antiquité s'était instillée continuellement dans la peinture depuis le XVIe siècle, et le XIXe n'en avait pas encore totalement terminé avec cette tendance. Voir le Jupiter d'Ingres par exemple !

Le rouge pompéien est identifiable entre mille !


En jouant sur l'harmonie des couleurs, les décorateurs ont vraiment créé un ensemble admirable, qui en fait sans doute une des plus belles maisons historiques qu'on puisse visiter à Athènes.






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