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lundi 2 août 2021

Athènes, le Musée Archéologique : Cyclades et Mycènes


 Le Musée Archéologique est le plus visité d'Athènes, et c'est une collection d'éblouissants chefs-d'oeuvre et de nombreuses célébrités qu'on est heureux de voir 'en vrai".

Début de la visite avec la section des objets les plus anciens, provenant des Cyclades et de Mycènes.



Grande fierté nationale, ce musée serait le plus visité du pays. Il héberge des collections vraiment prodigieuses, avec un grand nombre d’œuvres ultra-célèbres. Il n'est pas immense (12 000 pièces exposées tout de même) mais la visite complète prend bien la journée.

Les Cyclades 

Une fois passé les contrôles, je commence par la série sur les Cyclades, une des plus riches du monde.

Dans les îles proches du continent, et particulièrement autour de Naxos et de Paros, s'est épanouie il y a plus de cinq millénaires une civilisation originale et créative. Ce "penseur", daté d'environ 4500 ans avant notre ère, est un modèle unique dont on ne connaît aucun équivalent. On suppose qu'il était associé au culte de la fertilité agraire.

Les figures les plus célèbres de cet art sont des statues stylisées, où les traits sont à peine esquissés ou carrément absents, qui montrent parfois des similitudes avec la sculpture préhistorique.

Ces statuettes, simplifiées au maximum, sont dotées d'un grand pouvoir évocateur et on mesure combien la sculpture du XXe siècle s'en est emparée pour revivifier un art que le XIXe avait franchement orienté vers l'hyper-réalisme.


Si certaines marquent des éléments du visage tels que la bouche et les yeux, c'est souvent le nez qui est le seul à être représenté.

La position des bras croisés autour de la taille est la plus fréquente.

Presque toutes les statues de musiciens retrouvées représentent des harpistes. Celui-ci est assis sur un trône élégant. Beaucoup de ces statuettes raffinées datent d'environ 3000 avant notre ère et proviennent de l'île de Keros. 

Les figurines de marbre provenant d'autres îles prouvent les échanges et les restes d'huile dans la jarre attestent de la production d'huile d'olive. Déjà !

Autre statue unique, appelée L'Ours, ce qui ferait référence à un animal sans doute inconnu dans cette contrée. Création vraiment originale en tout cas.

Les poêles sont une autre spécificité de l'art cycladique, nettement moins connue. Leur fonction est mystérieuse ; on a envisagé plats pour le culte, astrolabe, tambour, miroir et même instrument de mesure.

La créativité des motifs ne laisse aucun doute. Elles furent surtout retrouvées sur l'île de Syros, mais les matériaux provenaient de beaucoup plus loin. La chlorite qui a servi à fabriquer celle ci-dessus venait d'Allemagne !

On sait combien Miro et Picasso fiurent influencés par l'art préhistorique et antique et je trouve à la pureté de ligne de ce vase original plus qu'une parenté !

 Mycènes

 

Apartir de 1600 avant notre ère, la patrie des Atrides régna sur l'Argolide, dans le Péloponnèse. Homère raconte le retour victorieux d'Agamemnon dans sa citadelle, une ville luxueuse garnie d'or. On pensait ces récits légendaires et il fallut l'opiniâtreté de l'Allemand Heinrich Schliemann, un archéologue amateur (mais convaincu, et avec une haute opinion de lui-même, j'ai lu ses mémoires) pour mener des fouilles minutieuses et aboutir à de fameuses découvertes. Si la ville de Troie, en Asie Mineure, est peu révélatrice, la citadelle de Mycènes demeure plus éloquente par les vestiges dégagés.

 La famille des Atrides, avec les célèbres Agamemnon, Clytemnestre et Oreste, noms qui sonnent aux oreilles des amateurs de tragédie et d'opéra, n'est peut-être bien que légendaire mais la puissance de cette civilisation ne laisse aucun doute.

Les fouilles de Schliemann permirent de découvrir des sépultures remarquables, avec un véritable trésor archéologique dont une bonne partie est exposée ici.

Je suis toujours frappé par la similitude des thèmes dans l'Antiquité ; chevaux, guerriers, scènes de chasse et animaux sauvages sont de grands classiques.

L'or repoussé était travaillé avec maestria et a laissé ces œuvres délicates et particulièrement célèbres.

Agamemnon ou pas, c'est une superbe création magnifiée par les grands yeux en amande. Une star incontestée du musée.

L'équipement de prestige avec les épées et leur fourreau fut l'occasion d'un remarquable travail d'incrustation. J'aime bien la symbolisation du paysage.

Mycènes vit surgir, vers le XVIe siècle avant notre ère, une civilisation de guerriers, dont la domination s'étendit en Crète et dans une large partie de la Grèce continentale.

Étonnants personnages sur lesquels se posent des oiseaux. Des Papageno de l'Antiquité.



Quel raffinement ! J'ai vu des poignards semblables dans l'art wisigothique, je crois, mais surtout dans la Perse antique. Je pense que les thématiques artistiques devaient circuler au gré des échanges d'objets.


Les vases rituels sont des offrandes courantes dans les tombes mycéniennes. Même le fameux taureau, en haut à gauche, est un rhyton, un vase à boire. Le cerf en argent est un don hittite, et rappelle les merveilles qu'on peut admirer au musée d'Ankara.


Impressionnant trésor : de la vaisselle en or, toujours repoussé. Cette civilisation ne pratique pas encore la fonte des métaux.

Les fouilles de l’Acropole de Mycènes offrirent un regard moderne des fresques délicates. Je suis ébahi par la sophistication vestimentaire retenue pour ce portrait d'une déesse. Les couleurs naturelles, notamment à base d'oxydes métalliques, étaient appliquées sur le revêtement humide, selon le procédé toujours utilisé pour la fresque.

Les têtes sculptées sont rares et, pour celle-ci, on a pensé à une sphynx ou à une déesse. Datée du XIIIe siècle, elle reste aussi originale qu'expressive.


La civilisation mycénienne développa une véritable écriture, qui me semble s'apparenter à des hiéroglyphes : le caractère désigne un mot, une notion, et non une lettre.


La représentation des chevaux ressemble beaucoup à celle qu'on trouve sur les vases de la période géométrique. Le style n'est pas réservé à une seule technique.

La diversité des provenances de ces objets, y compris une statuette égyptienne, atteste de la prospérité commerciale.


Proche de la fritte utilisée pour tant d'amulettes égyptiennes, la faïence permet également de réaliser des pièces décoratives qu'on peut monter en collier ou en bracelet.

La technique du métal repoussé, qu'on creuse avec de petits outils en bois ou en os, permet de délicates sculptures, comme ces tasses avec d'inévitables animaux tels que les lions, taureaux et antilopes.

Je ne sais jamais quand il s'agit de poignard ou d'épée courte, et j'ignore même si la distinction vaut pour ces pièces. En tout cas, cette arme blanche est en état impeccable, et la partie dorée est merveilleusement conservée.

 
La poterie n'est pas en reste et affiche, il y a trois mille ans, un style bien particulier. Art of stripes, bien avant la tendance américaine. On explore toutes les possibilités, avec des lignes ou des courbes, tout en variant les postures. Une vraie tendance artistique, qui crée une école représentée par des statues naïves ou symboliques, selon le regard qu'on porte.

Dignitaires, prêtres, orants ? Couple, sur l'étagère du milieu ?

2 commentaires:

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