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vendredi 13 août 2021

Le Théâtre d'Epidaure


Le plus parfait des théâtres grecs, dit-on. Un magnifique monument dans un cadre splendide, en tout cas.


Construit au IVe siècle avant Jésus-Christ, ce théâtre extrêmement bien conçu servit de modèle à beaucoup d'autres. Ce n'était pas le premier, cet honneur revenant à celui du sanctuaire de Dionysos, sur les pentes de l'Acropole. On n'y voit pas davantage de mur de scène comme dans l'odéon d'Hérode Atticus. Mais son acoustique exceptionnelle et son remarquable état de préservation lui valent une célébrité méritée.

Édifié conjointement au sanctuaire d'Asclépios, un des plus célèbres centres médicaux de l'Antiquité, il devait accueillir les jeux asclépiens. N'oublions pas que dans l'Antiquité, théâtre et sport étaient étroitement connectés à la religion, et tout sanctuaire organisait épreuves sportives et représentations culturelles (théâtre, poésie, lectures), le tout intimement lié.

L'architecte est finalment inconnu. Pausanias assurait qu'il s'agissait de Polyclète le Jeune mais apparemment sa version est mise en doute.

Les portes massives qui permettaient d'accéder ont été remontées, mais il n'en reste pas moins que le théâtre a eu besoin de peu de restaurations tant son état était impeccable. C'est d'autant plus exceptionnel que l'histoire grecque n'a pas été tendre avec les monuments du passé. Séismes, conflits, prélèvements sauvages semblent avoir mieux épargné le théâtre que bien d'autres, alors que le sanctuaire est réduit à l'état de vestiges. Lors de ma visite, on redoute que les incendies qui ravagent la région ne s'approchent dangereusement des lieux. 

 

A ce propos, le Festival d'Epidaure qui se tient annuellement devait donner ce soir Hélène, une pièce antique dont on aperçoit la scénographie sur mes photos, la suivante en particulier. Je vais rencontrer plus tard, au petit-déjeuner de mon hôtel à Nauplie, une Allemande venue exprès et qui m'indiquera que la représentation a été annulée pour cette raison. Heureusement le feu a été maîtrisé.

L'image célèbre du koilon, la cavea des Romains, c'est à dire le demi-cercle de gradins, est inchangée depuis l'Antiquité.

 


Les couloirs (des escaliers, en fait) sont ceux de l'époque.


Furent ajoutés, au IIe siècle après Jésus-Christ, les gradins de la partie supérieure, dont on voit nettement la séparation.

La partie inférieure recevait 6 000 spectateurs sur les 34 rangées de gradins, divisées en 12 parties par les escaliers. Avec la partie supérieure, on pouvait accueillir 6000 de plus grâce aux 21 rangées supplémentaires. Or le rapport 34/21 donne 1,61, le fameux nombre d'or. On peut raisonnablement penser que les volées ajoutées ne l'ont pas été au hasard !

La rangée des dignitaires et membres officiels était évidemment la première, comme dans les stades. On y avait placé des sortes de fauteuils en pierre, avec dossier et accoudoirs, qui sont la meilleure image des trônes antiques.

L'acoustique du lieu est exceptionnelle et particulièrement réputée. J'ai une double chance. D'abord, malgré le mois d'août, le site accueille peu de visiteurs aujourd'hui et c'est très calme. Un groupe Athena visite avec une excellente guide grecque (j'ai tendu l'oreille), qui a prié son petit monde de grimper en haut des gradins pour faire la fameuse expérience de la pièce de monnaie. Juste au milieu de l'orchestra, elle fait tomber une pièce par terre, et effectivement le son parvient avec une étonnante clarté, comme si cela s'était produit à côté de moi. Je sais bien que l'acoustique obéit à des lois physiques claires, mais ce genre de manifestation semble toujours un peu magique...


En tout cas, ce qui est vraiment magique, c'est ce fond d'Argolide qui est offert en guise de mur de scène. Beaucoup de théâtres sont localisés dans des villes, ou proches d'elles, et cette campagne sauvage constitue un magnifique décor. Ca ne compte pas pour rien dans le sentiment d'exception de ce site.

Une visite remarquable, qui me semble effectivement essentiel en terre hellénique. Et, j'insiste bien, des monuments aussi bien conservés sont bien rares en Grèce.

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