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mercredi 18 août 2021

Mystra : églises médiévales (2)

 

La Métropole, l'Evangelistria, les Saints Théodores et l'Hodeghetria sont au programme de la suite de ma visite de Mystra. 






Je poursuis doucement la descente. Je m'éloigne progressivement de la citadelle et même du Palais des Despotes. 


On voit que, si les églises ont été bien préservées, les habitations ont été abandonnées depuis fort longtemps. Ce qui suppose que, si la population avait déserté l place, les lieux de culte devaient être l' objet de pèlerinages. Ou peut-être venait-on ici de toute la vallée, depuis Sparte ou ailleurs. 


Je repère au passage une église en haut sur ma gauche que j'ai manquée. C'est la Pantanassa, particulièrement réputée. Je la garde en réserve pour ma remontée ! 

La Métropole


Belle église particulièrement bien conservée, la Métropole était la cathédrale du métropolitain. Pas le métro, l'archevêque ! Elle présente toute une série de particularités. 


Elle s'abrite derrière une enceinte, que je suppose monastique, même si je n'ai rien vu à ce sujet. Il faut partir à la pêche aux informations, et celle-là est loin d'être miraculeuse ! 


Bien qu'exposée à tous les vents, la petite fresque reste vivement colorée. Une sainte y est victime de soldats qui la transpercer, scène de martyre qui peut s'appliquer à toute une série. 


C'est en 1262 qu'on acheva cette Métropole, mais la décoration intérieure s'échelonna jusqu'au XIVe siècle. 


L'église est munie d'un double accès, sur deux cours différentes, ce qui me conforte dans l'hypothèse du monastère. 


La fontaine ancienne offre toujours son eau fraîche, ô félicité ! Même si le ciel marbré de nuages évite la cuisson solaire, il fait bien chaud. 

Une fontaine dans un monastère, ça tient toujours. Mais ça se justifie aussi avec un lieu de pèlerinage, où les pouvoirs miraculeux des sources prennent souvent leur origine dans de lointaines croyances païennes. Et, toujours dû au même fonds légendaire, le pouvoir purificateur de l'eau à été repris dans de nombreuses religions. Les mosquées et les temples bouddhistes l'exploitent toujours. 


La répartition orthodoxe saute aux yeux, ici, avec l'iconostase qui vient isoler le chœur. La ponctuation de colonnes (de réemploi, j'ai l'impression) nous est également familière pour diviser l'espace en trois nefs. 


Malgré quelques lacunes, cette fois le décor mural restitué bien l'idée d'un ensemble de fresques. Un peu abîmées, mais encore splendides. 


En haut à gauche, ce pourrait être un évangéliste. Le lutrin est très travaillé, avec le piètement en forme de dauphin. 


C'est un thème byzantin particulier : la religion n'est pas représentée par le Christ en trône mais par une croix à sa place. Les anges (des chérubins, avec ces ailes ?) l'entourent avec ferveur. 


Je pense à des saints chevaliers, avec arme et écu. Pas Saint Georges, le dragon serait là obligatoirement. 


Programme chargé à la voûte. Ma photo ne gagnera pas le prix de netteté mais l'église est très sombre et c'est tout ce que l'appareil a consenti à produire. 




Un Christ Pantocrator entouré de Saints anonymes est centré dans la coupole. 



En bas à gauche, un groupe de soldats arrête le saint auréolé. Je repère une trace d'inscription sans la déchiffrer. A droite, il semblerait que le saint ouvre un sarcophage. 

Mystère et boule de gomme. Scène de résurrection, mais il y en a tant ! En outre, le saint me semble ressembler au soldat précédent. Je sèche. 


Les trois nefs sont en berceau. Les deux latérales se terminent sur un mur plane, ce qui n'est pas le cas de la nef centrale. 


Enfin une valeur sûre, une Vierge à l'enfant. Et c'est bien le cas pour ce dernier, un jeune damoiseau bien sage sur les genoux de sa mère imperturbable. 


A droite, le Christ Pantocrator est surmonté d'une scène où des anges, à nouveau, entourent la croix. Le carré grisâtre me laisse perplexe. 


On dirait une scène d'exorcisme. Deux personnages font sortir un serpent (représentation courante du démon) de la bouche d'un malheureux. Pierre et Paul, c'est un duo célèbre, mais cette scène ne me dit rien. Je proposerai bien Cosme et Damien, les soigneurs patentés, mais ont-ils droit de cité dans une église byzantine ? 


Bon. Enfin la Vierge, je suis sauvé. Un berceau, trois maigrichons, j'écarte les Rois Mages, ce doit être l'Adoration des Bergers. 


Un tout jeune homme, un livre, une construction à colonnes... Jésus et les docteurs, ou quelque chose de ce genre. La controverse confuse habituelle est absente de la scène. 


Difficile à identifier dans ces conditions. 


L'iconostase, maintenant. Déjà une surprise, elle est bien ouverte sur le chœur. 


A gauche encore une scène d'arrestation. 


Au sommet, une croix-crucifix dorée et peinte. Le Christ est entouré de trois Saints sur les branches. 


Au centre, une icône de la Vierge à l'enfant. Ce dernier regarde à droite un roi qui présente sans doute la Bible. Un prince du lieu a sans doute été sanctifié. 


Autre grande rareté, l'église comporte une galerie ; sans prise de risque, je la croix réservée aux dames. Elle donne accès à un balcon semi-circulaire et peint, surmonté d'une colombe ! 



La porte latérale de l'église donne sur une cour à colonnes, un peu comme nos cloîtres. La galerie double celle de l'intérieur. 


Le petit musée expose des pièces bien étonnantes. Alexandre le Grand est ici conduit au ciel dans un char tiré par des griffons. Ca fait tilt. J'ai montré la même scène, dans une iconographie très similaire, à la cathédrale Saint Dimitri de Vladimir
Ce qui montre la circulation des thématiques dans l'art orthodoxe aussi bien que dans le catholique. 


Mystra, centre intellectuel et artistique, produisit quantité de manuscrits. Cet évangéliaire était destiné à la métropole de Monemvasia (Malvoisie). 


Ce manuscrit de 1652 prouve que la production de livres enluminés survécut largement à la fin de la période byzantine. 



Ce prie-dieu du XIVe siècle comporterait une fleur de lys qui indiquerait l'influence occidentale. Cherchée, pas trouvée ! 




Une vue sur l'ensemble précédent pendant que je reprends de la hauteur. 

L'Evangelistria 


Cette petite et charmante église toute simple reprend le plan à trois nefs. 


Et sans surprise, on retrouve les indispensables colonnes qui assurent également la division. 


Les fresques du XIVe siècle ne sont pas toutes conservées mais laissent de beaux vestiges. Le Christ Pantocrator à la coupole semble une constante. 




L'église des Saints Théodores (Aghios Theodoros


L'une des deux plus grandes églises de Mystra. Construite vers 1290, elle a son originalité. En général, la coupole s'appuie sur quatre arches mais ici le dôme est octogonal. C'est un modèle venu de Constantinople et qui se répandit brièvement en Grèce,et dont ce serait le dernier exemple. 
La façade orientale ci-dessus est divisée en cinq larges bandes horizontales, ce qui accroît visuellement la largeur de l'édifice et compense le volume du dôme. Ce serait le seul bâtiment à proposer ce principe. 
 


 
Je ne peux parler de l'intérieur inaccessible. Voilà tout ce que j'ai vu par un carreau ! L'ange aérien était bien alléchant en tout cas. Il paraît aussi que les chapelles devinrent funéraires et donc diffèrent de beaucoup.
 
Et, concernant ce point, c'est autour de cette église que le plus grand nombre de tombes fut découvert, ce qui révèle un grand prestige religieux. 



L'Hodeghetria


L'Hodeghetria fut consacrée peu après la précédente, et elle est la deuxième des plus grandes. 

Les deux faisaient partie d'un énorme monastère, le Brontochion, célèbre pour son activité religieuse et intellectuelle. 


On pénètre par un narthex qui conduit à la nef, sur le plan basilical (celui des basiliques romaines de l'Antiquité, bien connu chez nous). 


En haut à gauche, on identifie assez bien la guérison du Paralytique et au milieu celle de l'Aveugle. Je pencherai bien, à droite, pour un Lazare momifié. 



Un peu sévère mais très sereine. Les colonnes et l'étroitesse accentuent à nouveau la sensation d'espace vertical. 


Les saints marchent deux par deux, toujours privés d'attributs distinctifs. 


Petites coupoles et arcatures sont également un catalogue de Saints. En général, la coupole est une place d'honneur ! 




La fresque de la voûte m'intrigue... 


On dirait bien un Christ en gloire, mais la mandorle est devenue une figure géométrique anguleuse, un peu semblable à une lettrine. 


La coupole a-t-elle perdu son décor ? 


Curieux fragments sur un support en relief. Si le reste s'est détaché, c'est vraiment bizarre que des parties aussi nettement découpées soient demeurées en place. 




Les colonnettes confèrent au clocher à plusieurs niveaux une grande élégance.

Remarquable église et superbe témoignage de l'art médiéval, en tout cas. Elle m'a beaucoup plu ! 

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