Translate

jeudi 26 août 2021

Corinthe : le site antique


 Corinthe fut une des villes les plus riches de la Grèce et le site antique laisse entrevoir ce riche passé, particulièrement marqué par les transformations à l'époque romaine.

 La légende prétend que le premier roi de Corinthe fut Sisyphe. Il aurait voulu construire un palais fabuleux dans l'ancienne Acrocorinthe, au-dessus de la ville, et aurait été puni de cette outrecuidance avec le fameux châtiment : pousser un rocher qui, amené au sommet, dégringolait de l'autre côté. Une tâche sans fin.

 Les origines légendaires sont un grand classique des cités grecques. Historiquement, on sait que la ville était occupée à l'époque mycénienne et les archéologues ont retrouvé quelques traces de cet habitat.

Elle fut, à la période classique, une ville de première importance grâce à sa situation géographique : le double port, de chaque côté de l'isthme, lui assurait une importante activité de négoce et ce fut une ville particulièrement prospère, qui organisait ses propres Jeux (comme les Jeux Olympiques). Elle rivalisait avec Athènes qu'elle défia à plusieurs reprises ; elle conclut même des traités avec Sparte pour s'opposer à la puissante cité.

L'histoire n'a pas été tendre avec la puissante ville. A leur victoire en -146, les Romains pillèrent la ville qui fut délaissée pendant un siècle avant d'être relevée. Les Avars, les Slaves, les Francs, les Normands multiplièrent leurs attaques quand ce n'étaient pas les séismes qui détruisaient les constructions.

C'est bien une ville qui a vécu les péripéties de l'histoire et pas une Pompéi protégée dans la terre. La reconstitution est bien utile pour s'imaginer la splendeur des constructions antiques.

Bref, à Corinthe, le site n'est pas simple et les vestiges romains y sont plus marqués qu'ailleurs.

Le Temple d'Apollon

  Le temple d'Apollon témoigne encore de la cité grecque, même s'il n'en demeure qu'une colonnade dorique. Construit vers -550, ce fut un des premiers temples doriques de Grèce.

 Grâce à l'infatigable Pausanias et les indispensables renseignements qu'il apporte, on sait que le temple était donc dédié à Apollon, fait corroboré par la découverte d'une plaque sur le site. Il comportait six colonnes de large sur quinze de long, et cet allongement reste une caractéristique des temples archaïques, comme on l'a vu avec le temple d'Apollon Epikourios à Bassae.

Les Romains le transformèrent et utilisèrent plusieurs de ses colonnes intérieures pour édifier une rangée supplémentaire à la Stoa méridionale, où certaines se trouvent toujours.

 

 

  Le forum romain s'enrichit de plusieurs édifices, dont quatre temples dont il reste peu d'éléments. On pense que l'un d'eux était dédié à Héraklès, et j'ignorais que le héros pouvait être honoré dans un temple. Je croyais que seuls les dieux y avaient droit.

 Les voûtes en place appartenaient à des boutiques, un principe proche des bazars du Moyen-Orient. Les marchés de Trajan à Rome en sont vraisemblablement une version voisine.



Le site montre bien la succession des périodes, et ces fenêtres à arcades ne doivent rien à l'Antiquité.

 La voie antique est cependant encore identifiable, avec ses quelques colonnes qui restent du propylée.


Il s'agit peut-être de celles qui proviennent du temple d'Apollon.

Les constructions ne sont pas toujours claires à identifier, et je vois que même les panonceaux restent prudents en se bornant à des hypothèses ; plusieurs temples sont simplement repérés par des lettres.

La reconstitution illustre les points communs entre la Source sacrée et le temple archaïque d'Apollon.

A la période romaine, Corinthe était une bruissante ville multiculturelle. Jules César l'avait peuplée d'affranchis, d'anciens esclaves à qui on avait rendu leur liberté. Comme dans tout port, s'y ajoutait une population internationale qui s'enrichissait rapidement.

L'ancienne ville grecque ne cessait donc de se transformer et de se reconvertir.


L'activité commerçante ne laisse pas de doute : voilà une nouvelle rangée de boutiques.

L'imposante basilique romaine était un bâtiment somptueux ; c'est là qu'on a retrouvé les deux exceptionnelles statues des Phrygiens captifs.


Le nom de Rostra renvoie à cet espace public où le Proconsul s'adressait aux citoyens. On pense qu'il s'agirait de la Bema citée par l'apôtre Paul. 

Effectivement, c'est ici que vint prêcher l'apôtre en 50, après une tentative peu fructueuse à Athènes. La ville multiculturelle était sans doute un bien meilleur terreau que la cité de philosophes et d'universitaires. A Corinthe, il rencontra plus de succès, et on sait qu'il voyagea au moins trois fois dans cette ville. Ses Lettres (ou Epîtres) aux Corinthiens font partie du Nouveau Testament.

La Fontaine de Pirène

La Fontaine de Pirène a droit à sa légende : les larmes d'une mère dont le fils avait été tué par Artémis auraient donné naissance à la source.

Les informations de Pausanias posaient divers problèmes, à cause des deux sites de Corinthe, l'acropole qui surplombe la ville, l'Acrocorinthe, et celle-ci. On a fini par déduire qu'il existait deux Fontaines de Pirène, celle supérieure alimentant l'inférieure.

La fontaine actuelle est un témoignage de la reconstruction romaine ; un réseau de conduites d'un kilomètre de long alimentait les six citernes.


Si le musée témoigne par ses multiples œuvres exposées de la richesse de la ville, les éléments sculptés sur le site sont rares.



Le Théâtre


Un grillage empêche de se rendre sur cette partie du site et la déclivité, guère visible sur la photo, est encore ce qui pour moi permet le mieux d'identifier le théâtre. Ce devait être un édifice fastueusement décoré, d'après les sculptures exposées au Musée.

Vu l'état actuel, c'est même incroyable qu'on ait pu trouver ici des sculptures !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Un grand merci de prendre le temps de laisser un commentaire. Je promets de le lire aussi vite que possible.
N'hésitez pas à signer votre message, ce sera encore mieux : je n'ai AUCUN moyen de connaître votre nom, votre e-mail, ou votre blog.
Si vous préférez que vos coordonnées n'apparaissent pas, mais que je vous réponde en privé, utilisez le formulaire de contact, accessible sur la version web du blog.