Promenade dans les trois quartiers de la ville médiévale, un peu à l'écart des flots de touristes.
Après les affres de la veille, me voilà en meilleure forme aujourd'hui. Pas encore prêt à courir un cent mètres, mais suffisamment pour tenir un programme correct dans la journée. Je file au Starbucks me repaître de mon jus de banane, et direction la vieille ville !
Les Musées
Un arrêt au temple d'Aphrodite, une construction du IIIe siècle avant notre ère. D'après la structure dégagée, il ne devait pas être immense.
Cela n'y ressemble guère mais il paraît que ces bâtiments, d'une belle unité, abritaient l'arsenal des Chevaliers.
On y a installé le Musée des Arts Décoratifs. Sa grande et unique salle est divisée en sections qui présentent des objets de la vie courante, un métier à tisser, de beaux plats turcs d'Iznik. Cependant, outre que les photos y sont interdites, il ne contient absolument aucune explication, même pas une étiquette pour indiquer l'époque et la provenance. J'y suis seul pendant la visite mais cela n'a rien d'étonnant. Même si on a peu de moyen, imprimer des informations est tout de même un minimum de muséographie.
Je compense heureusement cette déception avec les visites qui suivent.
L'Hôpital des Chevaliers est un superbe palais aux chapiteaux originaux.
Et le Musée Archéologique est formidable, avec quantité de pièces remarquables.
Dans la seconde partie, l'Aphrodite de Rhodes est la plus célèbre des œuvres, mais que de merveilles !
Comme j'ai peu de temps, j'enchaîne sans souffler avec la cathédrale Notre-Dame du château.
Le quartier des Chevaliers
Les voyages me créent toujours de curieux rapprochements. Les cours à escalier de Rhodes me rappellent immédiatement celles de Barcelone, dans le quartier du Musée Picasso.
Des deux côtés de la rue des Chevaliers s'alignaient les hôtels de chaque groupe linguistique.. Certaines contrées, pas encore unifiées comme aujourd'hui, étaient regroupées dans une seule hôtellerie, comme celles d'Allemagne ou d'Italie. Chacune jouissait d'une certaine autonomie et avait son propre budget, un peu comme une ambassade.
A la France actuelle, au contraire, correspondaient trois hôtels, ceux de France donc, d'Auvergne et de Provence. Le pays, ne l'oublions pas, donna une foule de grands maîtres à l'ordre.
Durant les deux cents ans de présence de l'ordre à Rhodes, dix-sept grands maîtres étaient français, du premier, Foulques de Villaret, au dernier, Philippe de Villiers de L'Isle-Adam ; parmi eux, les grands noms de Jean de Lastic, Pierre d'Aubusson ou Emery d'Amboise, qui modifièrent fortement la forteresse de Rhodes.
En comparaison, on ne compte que huit non-français. Je suis d'autant plus surpris que ce fait est bien rarement mis en avant.
L'Hôtel de France a une gargouille originale, qui représente un crocodile ! A mon avis, le sculpteur n'en avait jamais vu de sa vie.
J'ai un peu la même sensation qu'à Venise. Les touristes sont nombreux, certes, d'autant plus qu'un gros navire de croisière a déversé une cargaison germanique et on entend parler allemand partout. Mais le touriste est grégaire, et fonctionne comme une locomotive sur des rails sans tenter une sortie. Dès qu'on abandonne l'itinéraire obligé, on découvre de délicieuses ruelles.
Le porche est presque toujours la conséquence d'un manque d'espace. On ne peut pousser les murs de la ville, et construire à l'extérieur revient à s'exposer au danger. C'est bien plus prudent de bâtir au-dessus de la rue.
Le quartier ottoman
La longue occupation ottomane a laissé son empreinte dans la ville, délicieusement multi-culturelle. J'aimerais bien visiter une de ces alléchantes mosquées, hélas toutes sont bien closes. Celle de Soliman a été restaurée il y a une vingtaine d'années, particulièrement son minaret, paraît-il en piteux état.
La bibliothèque musulmane a un panneau en français ! Incroyable.
Depuis hier, je ne me nourris que de jus de fruits. J'hésite. Je scrute les menus et en voici un qui propose des spaghetti napolitaine. Recette innocente et peu grasse, je tente le coup. Je prends même un verre de raki, une de mes amies prétend que c'est souverain contre les indigestions.
Je ne me prononce nullement sur cette assertion mais le repas a été digéré sans souci !
La tour de l'horloge s'intègre sans trop de mal au quartier ; pourtant, c'est un édifice nettement plus récent, offert aux Ottomans de Rhodes par Tachti Pacha lorsqu'il passa à Rhodes en 1851. Elle assure une vue panoramique du haut de ses trente mètres.
Un petit coup d’œil aux fortifications au passage, toujours aussi impressionnantes, et je reviens vers le quartier turc.
Impression saisissante : ces constructions de bois en surplomb, version ottomane du bow-window anglais, me transportent immédiatement à Istanbul.
La rue était bondée mais il m'a suffi d'emprunter une venelle pour retrouver le calme.
Aucune chance de visiter cette chapelle, qui semble bien rustique.
L'art du détail : sans doute avant la construction de l'art de renfort, on avait décoré le bas de l'encorbellement d'une frise, avec le motif de corde tressée. Pour le seul plaisir du promeneur !
Le quartier juif
Au fait, la maison à droite, où s'est installé un arbre avec volupté, est à vendre. Travaux faramineux à prévoir.
En fait, si on veut acheter une ruine dans Rhodes, les opportunités ne manquent pas.
Après avoir tourné dans le quartier, et être bêtement passé devant, je trouve enfin la Synagogue Kahal Shalom, une heure avant sa fermeture. Il me reste encore le temps de la visiter tranquillement et c'est tant mieux.
Le conservateur du musée des arts décoratifs devrait prendre exemple. Ici, c'est bourré d'informations !
Et on recommence...
Je reviens vers les quartiers précédemment explorés car je n'ai exploré qu'un morceau du quartier ottoman.
Voilà, je retrouve le quartier ottoman. Cette vigie me rappelle aussi des souvenirs d'Istanbul.
Cette mosquée bénéficie de mesures préventives en attendant une hypothétique restauration.
Le revêtement stuqué de la base du minaret n'est qu'un souvenir. Mais on arrive encore à distinguer la frise de corde tressée ! C'est vrai que les édifices sacrés changeaient de culte en un tournemain, mais c'est moins fréquent de voir un motif stylistique circuler ainsi.
Devant la mosquée Recep Pacha, une charmante fontaine aux ablutions est protégée par un kiosque octogonal.
Murs pas tout à fait repeints, escaliers pas très entretenus. Mais de la patine et du charme.
Les bains turcs sont fermés, bien sûr. Je me demande même pourquoi je suis allé jusqu'à tenter de pousser la porte. Et par les fenêtres ouvertes, on ne voit rien du tout.
Je le regrette bien, ce sont souvent de très beaux et intéressants édifices. Et ceux-ci datent du XVIe siècle et fonctionnent toujours !
Avec de fortes réserves, je pense qu'il s'agit de la mosquée de Mustafa, qui date du XVIIIe siècle.
Quel que soit son nom, la fontaine se compose de panneaux de marbre sculptés avec maestria.
Je n'ai plus le temps de traîner. Je sors de la ville antique et rentre à l'hôtel où je récupère mes bagages.
C'est une plage à parasols et transats... Très peu pour moi.
Cette fois-ci, je dois prendre le ferry au second port, bien plus éloigné que le premier. Je suis crevé par ma journée de convalescent, j'appelle un taxi.
Je quitte Rhodes avec quelques regrets ; une journée supplémentaire n'aurait pas été superflue. Mais j'ai vraiment apprécié cette étape de mon voyage. Une destination riche, qui a beaucoup à offrir au visiteur.
En bateau !
Voilà le plus gros bateau que j'ai pris depuis le début du voyage ; un étage réservé aux camions, deux étages de cabines, une foule de restaurants...
Un aspect luxueux bien plus affiché que dans mon précédent, le Dodekanisos.
Je tente bravement le poulet grillé du restaurant, mais mon estomac n'est visiblement pas encore prêt à ces folies. Tant pis, je laisse faire la nature.
Lorsque j'ai réservé cette traversée nocturne, aucune couchette n'était disponible, hélas. J'ai dû me rabattre sur un fauteuil inclinable.
En principe, je dors partout et mon sommeil profond me garantit un repos réparateur. J'ai apporté masque, coussin, écharpe ; je suis équipé.
C'est sans compter entre le bébé qui pleure, ma terreur des trajets nocturnes, et encore pire, un oiseau chanteur dans sa cage qui régale le public de ses roucoulades incessantes.
Je résiste à l'envie de tordre le cou au volatile et réussis tout de même à fermer l’œil durant trois heures.
La suite (mouvementée !) de mes aventures se trouve dans cet article-là.
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