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lundi 23 août 2021

Corinthe : le Musée Archéologique

 

Le petit musée de Corinthe expose de magnifiques pièces avec une excellente muséographie.

La position stratégique sur l'isthme permit à Corinthe de détenir deux ports, un de chaque côté, et ainsi de commercer avec toute la Méditerranée. Ce fut une des cités les plus opulentes de Grèce, qui organisait ses propres jeux, les Jeux Isthmiques. Cette prospérité est bien perceptible dans la qualité des objets exposés. 


Ce curieux bas-relief présente Zeus Chtonios, Zeus dieu de la Terre, adoré pour favoriser les récoltes. Il est de style archaïstique, c'est à dire qu'on a reproduit le style archaïque. Bref, on a cherché à faire de l'ancien. 


Le barbu à la barbe fournie et bouclée (alors que Zeus à une barbe courte), c'est presque toujours Héraklès-Hercule, le héros favori des Grecs. 


Trio de têtes en terre cuite du IVe siècle avant notre ère. C'est toujours réussi et expressif. On peut toujours vérifier le succès de la hair fashion antique. 


Grande série d'ex-voto dans un sanctuaire d'Asclepios. Problèmes de mains, de bras, mais aussi quelques-uns spécifiques aux messieurs. 



Petite statue d'Asclepios, en marbre, très soignée. Je propose deux versions : sans reflet, mais pas en entier, ou le contraire (avec le Photographe Masqué dont on se serait volontiers dispensé) . A vous de voir. 


Les traces rougeâtres n'indiquent pas la couleur de la statue mais sont des restes de la couche inférieure d'une dorure. Il pourrait s'agir de la miniature d'une statue chryséléphantine (or et ivoire). 


Une tête d'Aphrodite, pas bien commode à identifier, mais séduisante. 

Jeunesse et innocence. 


Une série de travaux d'Héraklès-Hercule, pour changer un peu. Comme il manque parfois un morceau, c'est parfois un challenge de les reconnaître. 
J'insère les trois représentations les plus claires ; tout provient du théâtre, comme à Delphes. J'ai surtout vu des séries en métopes, sur les temples, mais finalement on le voit partout. 
C'est un héros qui avait tellement de succès ! Il surclasse largement Thésée (sans doute le second sur la liste grâce au Minotaure), Jason (carrément oublié) ou Ulysse, presque invisible.
C'est à se demander si cette histoire de célébrité de L'Odyssée n'est pas un conte bleu ! 


Héraklès-Hercule rapporte le sanglier d'Erymanthe sur ses épaules. A moins que le héros soit présent deux fois sur la même image, le barbu à droite ne serait donc pas lui, peut-être Eurysthée prêt à se terrer dans l'amphore.

La peur du roi fait partie de la représentation canonique. Soit on adorait montrer la couardise royale, soit elle servait de contraste à la bravoure du héros. 


Des volatiles aux serres menaçantes : les oiseaux du Lac Stymphale, fructueuse création de l'imaginaire antique. 


L'amazonomachie reste un grand classique. Malgré la disparition du visage, cela reste un bas-relief impressionnant par la vigueur, la justesse des attitudes, le réalisme des matières (quel beau drapé !). 


Encore un méfait des coupeurs de têtes. 


Élément funéraire vraiment bien conservé. Le Musée Archéologique d'Athènes expose toute une série de ces stèles qui imitent l'entrée d'un temple. 


Ces bases d'autel présentent souvent des têtes de taureau, animal réservé aux grands sacrifices (comme pour les Jeux Olympiques antiques). Sacrifiait-on aussi les chevaux ???
 

Dans le sanctuaire de Solygeia, autrefois siège d'une féroce bataille entre Corinthiens et Athéniens, on a découvert quantité d'offrandes du VIe siècle. 


Ces personnages sur le trône ont même conservé leurs couleurs. On peut presque retrouver les gestes de l'artiste qui a façonné ses petits boudins d'argile. 


Ces miroirs sont si fastueux que je me demande s'ils ne servaient que d'offrandes ou étaient utilisés au quotidien. 


Impeccables statues de Sphinx. 


Ces deux grands kouroï (un kouros est une statue archaïque de jeune homme) ont failli ne jamais être vus du grand public. Découverts lors de fouilles sauvages, ils furent interceptés par la police des œuvres d'art. 


Le site qui avait livré les kouroï fut ensuite méthodiquement fouillé et on découvrit une nécropole avec son inévitable lot de poteries. Celle de gauche montre une svastika, symbole de sagesse indien malheureusement dévoyé par le IIIe Reich. 

Les autres présentent la grande invention corinthienne (plus que le chapiteau qui, je le rappelle, fut étrenné à Bassae), les vases à figures noires. 



Exceptionnel marbre funéraire du VIe siècle. On voit peu de statues de Sphinx, fragilisées par les ailes obligées, aussi intactes. 


Le style géométrique avec ses frises et ses personnages symbolisés. 

Loin d'être inférieures aux vases classiques, je trouve que ces poteries explorent ingénieusement les problèmes de cadre et de décoration. 


L'importance du négoce corinthien réclamait de nombreux ateliers de potiers à une époque où le vase était l'emballage principal : amphores, aryballes (les miniatures pour contenir les parfums) surtout. La production était, sans surprise, largement sollicitée pour les offrandes funéraires. 


Présentation des techniques : le moulage pour ces statuettes d'argile. 


Et tout le nécessaire pour la peinture ! 


Voilà les aryballes, les flacons de parfum de l'époque donc. La production était si importante qu'on a retrouvé ces poteries corinthiennes partout en Europe. 


Et une belle série de Tanagra. Pour des statuettes moulées, quelle variété ! 


Stèle funéraire avec la scène de repas fréquente. On a droit en prime au cheval qui passe la tête depuis l'écurie. 


A Kokkynovrysi, on a fouillé un sanctuaire dédié à Pan et aux Nymphes, qui dansent ensemble au clair de lune. Ces rondes simplifiées sont chouettes comme tout ! 



Celles-ci proviennent d'un sanctuaire de Demeter. C'est mimi comme tout. 


J'aurai découvert lors de ce voyage ces mobiliers miniatures, que je connaissais surtout dans les périodes antiques de la Chine et de l'Égypte. Comme les objets antiques en bois ont presque toujours disparu en Grèce, cette chaise est un précieux témoignage. Encore un "objet" qui a peu évolué ! 


Saviez-vous que Corinthiens et Corinthiennes étaient réputées pour leurs coiffures savantes ? 


Très élégante statue, encore colorée. Le cartel m'informe qu'il s'agit ici d'un jeu, à rapprocher du saute-mouton ! Les demoiselles en robe rose n'ont pourtant pas l'air de s'amuser franchement. 


La tête de marbre de Serapis montre le succès de ce culte égyptien. 


Splendide tête de Dionysos à la chevelure encore teintée. 


Les Phrygiens étaient un peuple des Balkans à la culture très riche. On connaît bien leur roi légendaire, Midas, qui acquit le pouvoir de changer ce qu'il touchait en or en se lavant les mains dans le fleuve Pactole. 
Cette légende provient de la richesse des Phrygiens, fondée sur leurs rivières aurifères. 


Ces deux statues de Phrygiens captifs datent du IIe siècle. Il y avait sans doute beaucoup de fierté à montrer qu'on avait fait prisonniers ces prospères étrangers. 

Le sculpteur n'a pas cherché à les diminuer, au contraire ! Il a souligné la fierté du regard, la noblesse de la pose, la beauté des visages (et on voit qu'à Corinthe, on sait sculpter les coiffures, même celles des étrangers !). 


Je croyais qu'Orphée charmait ici les animaux, toutefois il n'est question que d'une "scène pastorale". 


Tête d'Aphrodite du IIe siècle, mais une copie d'une œuvre du Ve. 

Pas vraiment typique, mais très expressive. Les sculpteurs rendent toujours hommage à ces fameux coiffeurs corinthiens. 



Tête de Néron. Je crois que c'est, avec Hadrien, l'empereur qui appréciait le plus la Grèce, et que c'est une des raisons pour lesquelles ses biographes ont particulièrement noirci le portrait. 


Statue, je présume très idéalisée, de Gaius César, le petit-fils d'Auguste. 


Et justement voici son grand-père ! 


Un portrait de Jules César que je ne connaissais pas. J'ai bien en mémoire celui d'Arles, où il me semble que la tête est plus large.

Celui-ci n'en demeure pas moins un beau portrait sans concession, avec des signes de l'âge, et un regard déterminé très convaincant. 

4 commentaires:

  1. Superbe musée! Merci de ce riche article.
    Philémon

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  2. Très riche, très intéressant article qui donne envie de visiter ce musée.

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    Réponses
    1. Merci beaucoup pour ce chaleureux commentaire, cher Anonyme!

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