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lundi 30 août 2021

Rhodes : le Musée Archéologique (2)

 

Après la première partie de la visite du Musée Archéologique à Rhodes, voici la seconde, avec notamment la splendide statue de l'Aphrodite de Rhodes.

 Athéna était honorée dans trois sanctuaires sur l'île de Rhodes : à Lindos, à Kamiros... Tous recevaient des dépôts votifs, de petits objets offerts comme on peut en voir au musée d'Olympie provenant du sanctuaire de Zeus. Le troisième, sur l'Acropole d'Ialyssos, était incroyablement riche. Les archéologues italiens qui le fouillèrent à partir de 1923 mirent en évidence la longévité du lieu sacré, honoré pendant six cents ans.

On y découvrit plus de cinq mille objets variés, des aryballes, des statuettes, des bijoux... À ne savoir où donner de la tête. 

L'objet offert dépendait de multiples critères : le statut social du donateur, son âge, le type de vœu, l'occasion (mariage, naissance, contrat...).

Les deux têtes du milieu, à droite, sont fascinantes ! Les tresses offrent une coiffure incroyablement moderne, à la limite du rasta. D'ailleurs, je trouve ces têtes étonnamment proches de nous. Celle de trois-quarts notamment. 

Et également l'origine du donateur ; Rhodes, à la croisée des routes de Méditerranée, se voyait gratifiée de dons en provenance d'Urartu, de Thrace, de Phénicie, de Chypre, de Crète, d'Italie, et même d’Égypte comme on peut le voir ici. Aux numéros 11 et 12, voilà BES dont les amulettes atropopaïques ont un grand succès. 

Atropopaïques ? Je fais mon intéressant. Ça veut dire simplement qu'elles écartent le mauvais sort. Un gri-gri, quoi... 

 
Quelle foule ! Mais que de mutilés ! 

La fibule, l'ancêtre de l'épingle à nourrice, était un accessoire indispensable dans l'habillement, le seul moyen de faire tenir les vêtements avant que les boutons et fermetures éclair ne fussent inventées. L'objet se diffusa partout en Europe et dura pendant plus de deux millénaires. Du plus basique au plus sophistiqué, lui aussi était transformé par les courants de la mode. Voilà donc la fashion collection des accessoires de jadis. 






Plaques d'ivoire incisées. Les cerfs sont d'une grande délicatesse, et le trait absolument parfait. 

Le sanctuaire d'Athéna à Kamiros fut érigé peu après le violent séisme de -227 à la place du temple archaïque détruit. Il fut fouillé dès le début du XIXe siècle et une large partie des objets découverts figurent dans les collections du Louvre et du British Museum.

Ceux qui furent mis à jour lors des fouilles italiennes prouvent un dépôt bien antérieur au nouveau sanctuaire, remontant sans doute à l'ancien temple. Ils attestent de la même diversité que le dépôt d'Ialyssos.



 

Voilà un moment que je n'avais pas revu de stèle funéraire ! Celle de Peisistratos présente la classique scène d'adieu avec deux personnages se serrant la main.

 
Dans la tombe d'un enfant, décédé vers -550, on avait placé cet aryballe en forme de tête d'Acheloos, un dieu fleuve qui combattit Héraklès pour une histoire de jalousie amoureuse.
La statuette est impeccable. Visage joufflu, lèvres épaisses, nez épaté, expression goguenarde... On voit plus une personne qu'un dieu. 

De la même tombe, deux personnages dont un homme nu qui danse. Curieux choix pour la sépulture d'un enfant, non ? 

Comme des sœurs siamoises, Déméter et Perséphone sont réunies en une seule statue., un peu monstrueuse tout de même. La tombe, datée de -625, recueillait les restes " d'un adulte et d'une jeune fille ".

Autre tombe d'enfant, avec cette fois un joueur de flûte en faïence. Le matériau ressemble à la fritte si souvent employée dans les offrandes égyptiennes.

Lèvres larges à nouveau, yeux globuleux. Ce n'est pas une beauté mais on " voit " vraiment le flûtiste. 

De la même tombe, deux têtes féminines parées. La première ressemble beaucoup à celle que j'ai montrée dans l'article précédent, dans l'image de titre. Elle me plaît beaucoup, avec son léger strabisme divergent, son air de satisfaction. J'ai rencontré un personnage ! 


Ici, c'est différent. Une sorte de perfection sereine et intemporelle. 

Provenant d'Ionie, une superbe tête féminine qui dégage un sentiment de sérénité. Pas de pupille et pourtant un vrai regard. 

La danse d'un satyre poursuivant (harcelant, dirait-on aujourd'hui) une ménade est un sujet classique. Ici le mouvement est bien suggéré, on a vraiment l'impression qu'on se déhanche ! 

Une olpè, c'est un petit vase en céramique, une version réduite de l'oenochoé. Celle-ci raconte le combat d'Athéna avec un géant. L'artiste a expérimenté un débordement du cadre, ce qui me ravit toujours.

Colissimo antique. Je ne suis pas certain que les délais de livraison aient tellement progressé.

Scène musicale : lyre et castagnettes sont convoquées pour le concert, qui semble bien animé.

Un lécythe avec une Nikè, une Victoire ailée, et un vase avec une belle tête féminine., un peu mélancolique, tellement expressive. Vraiment on fait de belles rencontres dans ce musée. 

Adorable lécythe où un enfant surveille un couple de perdrix. La position légèrement penchée, la concentration, la grande couverture qui fait presque disparaître le sujet, tout est juste dans cette représentation de l'enfance. 

Le bestiaire continue avec ce lièvre du Ve siècle, peint avec une cocasse gaucherie sur un askos, l'ancêtre de la gourde.

Décoration typique des ateliers de Corinthe. On a reconnu dans ce magnifique oenochoé du VIe siècle la patte du "Peintre d'Amsterdam".

La décoration de cette amphore caractériserait le style de Fikellura, nommée d'après une nécropole de Kamiros. Les animaux isolés sur un fond neutre seraient l'indice pour l'identifier.

On ne voit pas si souvent l'orfèvrerie antique, car elle a souvent été fondue et réemployée. Ce plat aux oiseaux stylisés (je pense à des cygnes avec le long cou) est une rareté.

En haut, Héraklès-Hercule affronte le Lion de Némée, le premier des travaux et le plus représenté. Hermès et Athéna surveillent l'opération à distance.

Cependant on avait jugé que la description du chariot, la Ferrari antique, méritait la place d'honneur sur cette hydrie de -530.


Deuxième au Who's Who, Thésée et son emblématique combat contre le Minotaure. Stylisation curieuse avec des bras normaux mais des pieds minuscules ! 

Quelques scènes érotiques, pour mettre de la vie ans les tombes ? Un genre de Kamasutra à la grecque.

Le cartel parle de sexe avec des hétaïres, les prostituées de la Grèce antique. Je me demande bien à quoi on les reconnaît. Peau laiteuse ? Formes généreuses ? On voit une réelle différence entre ces deux séries de femmes en blanc, en tout cas. 


Plus classique, cette scène de lit avec un geste tendre. Le chien surveille les opérations !

Pas si éloignée, la danse bachique à laquelle se livrent des hommes nus.


Dionysos entre un satyre et une ménade, occupés comme toujours à danser.


Ce serait une scène d'adieux au moment du départ. Le cartel suggère un jeune homme qui quitte la maison familiale. Je trouve cette pose bien étudiée et artificielle, mais c'est du beau dessin. L'artiste s'est bien débrouillé avec la jambe et le pied vus frontalement ! Ça m'intéresse toujours, ces petites tentatives pour faire avancer l'histoire de l'art.

Moi qui croyais à un métope, j'avais tout faux. C'est un dieu inconnu à mon Panthéon, Kakabos (la fée Carabosse ?) en pleine chevauchée sur ce bas-relief votif.

Quelques superbes sculptures ensuite. Un splendide petit Asclépios, parfaitement conservé.

Sa fille Hygieia (à l'origine du mot hygiène) tient un serpent.

Cette tête nous parle des techniques de l'Antiquité. Pour augmenter la production et réduire les coûts, il arrivait que les corps fussent sculptés "à la chaîne" dans de gros ateliers, alors qu'on chargeait les artistes plus habiles des têtes, prévues pour s'insérer ensuite dans le corps.

L'Aphrodite de Rhodes, star du musée, représente la déesse de l'amour ébouriffant sa coiffure. Le marbre est de toute beauté et le sculpteur a su exprimer toute la féminité. Statue du Ier siècle, célèbre à juste titre.


Voilà la tête d'Helios dont j'ai vu une copie hier, dans le musée du Palais des Grands Maîtres. Avec l'original, on a l'avantage de la couleur. Le cartel m'apprend que cette tête ressemble à celle d'Alexandre, et que cela serait révélateur de l'atelier de Lysippe.

Je présume que cela ne signifie pas pour autant que Lysippe soit l'auteur de celle-ci, mais que ce serait une diffusion artistique d'un canon de beauté.

Quelques statues dans les cours à l'arrière du bâtiment...

Mais aussi une construction funéraire et une magnifique mosaïque.

Malgré le soleil aveuglant, j'ai tenté de grimper pour avoir une meilleure vue sur celle-ci. Comme je l'écris souvent, la mosaïque est à peu près le seul témoin vraiment fiable des coloris de l'Antiquité.

Comme on le dit familièrement, ça devait en jeter !


4 commentaires:

  1. Très riche visite, géniale avec vos commentaires !
    Super article.
    Ernesto

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    Réponses
    1. Un très sincère merci, Ernesto ! Vos compliments font chaud au cœur.

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  2. Ca donne envie d'y aller ! Merci pour cet article très détaillé.
    France

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