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samedi 14 août 2021

Nauplie : le Musée Archéologique

 

Le petit musée de Nauplie présente, avec une efficace muséographie, les remarquables pièces découvertes dans la région, notamment sur les sites d'Asinè et de Tirynthe.

Une remarque tout d'abord ; je ne peux visiter la totalité du musée. Un quart environ, la partie consacrée  la période classique (avec apparemment de splendides poteries), est fermée aujourd'hui. En fait, les nouvelles vitrines sont arrivées et encore entourées de plastique, même si les œuvres y sont déjà installées. J'espère que ce sont les bouleversements du Covid qui expliquent ces travaux au cœur de la saison touristique, sinon ce ne serait guère pertinent...


 

J'ai regroupé moi-même par lieu ce qui est présenté chronologiquement dans le musée. Comme je l'écris plus haut, le musée est modeste avec ses deux longues salles (une par étage), mais il présente quelques pièces vraiment exceptionnelles et la muséographie est de qualité : éclairage et exposition efficaces, légendes claires, panneaux explicatifs bilingues... Après la bonne surprise du musée d'Argos, c'est un bon point pour les institutions culturelles d'Argolide.

Asinè

Je déplore que le site si méconnu d'Asinè, visité hier, soit présenté à travers une carte, certes bien claire, et non une maquette qui aurait permis de mieux s'imaginer à quoi pouvait bien ressembler cette citadelle. Le musée en expose bien une pour Tirynthe.

Le panonceau explique que la faible densité du peuplement révèle une population essentiellement agricole, mais aisée. Les céramiques retrouvées proviennent de diverses origines, parfois lointaines, comme la Crète ou la mer Egée. Asinè entretenait donc des contacts commerciaux avec les grands centre de l'époque. J'apprends que proche du site, un tumulus s'élevait (je n'ai pas le souvenir d'avoir lu quoi que ce soit durant ma visite à ce sujet) qui a révélé un riche matériel archéologique.


Les poteries les plus anciennes remontent à 2100 avant notre ère et sont tout de même remarquablement préservées. Rien ne vaut de les enterrer !

Sur cette hydrie (un vase à eau) de 1250 avant notre ère, on a représenté un chariot avec cocher et passager. Signe extérieur de richesse à n'en pas douter, la Ferrari de l'époque. Le style un peu gauche prête à sourire, mais je trouve la stylisation très efficace (la tête représentée avec l’œil pour tout signe distinctif), une vraie sûreté de trait et un bonheur décoratif qui m'enchantent.

 



 Un objet bien pensé avec son trépied fourni ! Et l'artiste a un vrai style. Ses chevaux élancés (il me semble qu'on en reverra chez les Etrusques, sans que je sache si ma remarque a la moindre pertinence) sont bien différents de la bestiole à la croupe généreuse qui tirait le chariot.


Le brûle-parfum est de ces articles qui ont très peu évolué. On plaçait un peu de résine parfumée, comme l'encens mais pas seulement, on le faisait se consumer lentement et la fumée odorante s'échappait par les orifices. Rien n'a changé, et il date de 1500 avant notre ère.



 La poitrine a permis d'identifier une silhouette féminine. C'est une bien curieuse statuette, avec une position peu courante et un visage  la fois anonyme et expressif. J'ai pensé à certains visages d'extraterrestres dans nos mythologies modernes. On voit aussi combien cette période a inspiré nos sculpteurs récents. Bien belle œuvre.

Tirynthe

 

Cette fois, la maquette fournit un support pour se représenter la formidable forteresse aux murs si épais. Tyrinthe, que j'ai également visité hier, n'est pas seulement le royaume légendaire d'Eurysthée, mais un palais réputé pour son luxe. Ce qu'on a plus de mal à s'imaginer durant la visite.

 

Comme dans les palais de Mycènes, les murs étaient revêtus de fresques raffinées. Il faudra se contenter de cette représentation de deux dauphins pour s'imaginer l'ensemble.


Egalement un peu semblables à ceux de Mycènes, des personnages étonnants et expressifs furent découverts dans les tombes. Selon les informations prodiguées, ils accompagnaient le passage dans l'autre monde.

Un canard en ivoire, travaillé sur place, mais avec un matériau importé à grand prix.

Scène belliqueuse. Le guerrier dans son armure brandit deux lances menaçantes tout en tenant ses deux destriers, entouré de deux oiseaux plus mystérieux. Je me demande quel rôle ils jouent. Au fait, dans la geste herculéenne, les oiseaux du lac Stymphale étaient de sales bestioles, non ? Hypothèse qui ne m'engage guère... 

Le commentaire officiel, lui, associe ces animaux à des figures de renaissance et de fertilité.


A Tirynthe on avait construit un bothros, une sorte de temple d'après ce que j'ai compris, initialement dédié à Héra. On a également retrouvé d'autres vestiges qui attestent d'un culte d'Athéna.

C'est là que ces figurines furent découvertes, mais elles ne représentent pas pour autant Athéna ! Le cartel parle de "statues féminines", "statues de guerrier", etc.

J'aimerais donc bien savoir comment on a pu déterminer la dédicace à Athéna. Je suppose que les statues retrouvées seraient alors des adorateurs, des victimes symboliquement sacrifiées, que sais-je. A éclaircir en tout cas.


Etat remarquable de ces masques décoratifs ! Je leur trouve un air bien oriental. Curieusement ils m'évoquent à la fois certaines représentations perses et des démons inquiétants des temples d'Angkor. Cela dit, les mondes artistiques étaient bien plus perméables qu'on ne le pense, et la route de la Soie faisait aussi voyager les cultes et les représentations.

Je crois que c'est le plus ancien système de chauffage connu, un pot couvert d'un bol percé dans lequel on versait des braises. J'en ai vu de presque semblables au Tibet, qu'on place sous le lit.


 

 

Dendra, Nauplie

Hormis les sites fameux de la civilisation mycénienne que j'ai cités, la région recelait de nombreuses citadelles et nécropoles qui ont livré leur lot de chefs-d'oeuvre. A Nauplie même, tout près de la forteresse de Palamidi, la colline d'Evangelistria a livré une cinquantaine de tombes avec toute une série d'objets de culte.

Datés de -1500, ces vases reposaient dans une tholos à Kazarma.

Cet objet mystérieux revêtait le dessus d'une poterie. Quel objet de luxe !

La pièce maîtresse du musée, c'est cette armure vraiment unique provenant de la nécropole de Dendra. Fin du XVe siècle avant notre ère ! Je n'en ai jamais vu de si ancienne en Europe.

Même le casque ! C'est très impressionnant.

Silhouettes attachantes de maladresse et malgré tout d'expressivité. Le personnage central, sans doute un roi ou une divinité dans un trône, me fait irrésistiblement penser à un individu dans un transat.


L'effet est peut-être involontaire, mais je le trouve diablement attachant, perdu dans son trône trop grand pour lui. Ses pieds ne touchent pas le sol, il semble enfoui dans son siège. 

Je me demande si la peinture sur l'arête nasale ne représenterait pas un casque... 

Bijoux en or et, ci-dessous, plaques décoratives en verre. Les fameuses verroteries.



2 commentaires:

  1. Merci d'avoir attiré mon attention sur ces pièces rares.
    Un passionnant article.
    Gervais

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