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lundi 2 août 2021

Athènes, le Musée Archéologique : Chefs-d'oeuvre de la sculpture (1)

 

Après les trésors des Cyclades et de Mycènes, voici de grands chefs-d’œuvre, grands par la qualité artistique et souvent par la taille. Et beaucoup de pièces archi-connues, mais aussi de superbes premières rencontres...


Autour du VIe siècle avant notre ère, la tendance du moment est d'offrir à des temples des statues de jeune homme, le kouros, ou de jeune fille, la korê.

Le kouros est toujours nu, représenté frontalement, avec une jambe en avant, les bras généralement le long du corps.

Même si les attributs génitaux sont plutôt sous-dimensionnés (on est loin du priapisme, il ne faut pas confondre), on parle de "nudité héroïque" : exaltation de la jeunesse, de son rayonnement, de la beauté adolescente.


Pendant cent trente ans, dans la période qu'on nomme archaïque sans que l'appellation soit péjorative, cette sculpture prédomine largement et offre aux artistes la possibilité de s'investir dans la sculpture du corps et d'en creuser les possibilités. L'âge du symbolisme de la sculpture pré-cycladique est terminé, nous voici dans la conquête du réalisme. Comme je l'ai déjà écrit, je trouve que l'histoire de l'art est un balancier entre ces deux tendances, qui vont d'un extrême à l'autre (et toujours plus loin dans chaque extrême) au fil de l'histoire.


La mythologie grecque est friande de créatures hybrides ; homme-taureau, homme-cheval, homme-dauphin, femme-oiseau... Ces monstres qui peuplent le monde du conte et celui de la religion, parfois intimement liés, sont également l'occasion de fulgurantes créations sculptées ; et la conquête du réalisme arrive à point nommé pour donner de la vérité à ces êtres rêvés.



La femme, la korê, suit l'essentiel des mêmes règles, avec notamment la jambe en avant (il y a des exceptions, c'est le cas de la précédente). Cependant l'ère n'est pas encore venue de la beauté nue, façon Aphrodite. Ces demoiselles-là portent le peplos, le chiton ou un fin manteau, en tout cas des vêtements collants et minces qui ne cachent rien de leur corps. Certains conservent des traces de couleur.

Un signe de beauté pour l'un comme pour l'autre semble la chevelure, particulièrement apprêtée. Les coiffeurs de l'Antiquité avaient dû suivre des master-classes !

Ce kouros-ci fut volé et emporté en France, mais fut restitué en 1937. Il n'était pas, à l'origine, exposé dans un temple, mais sur une tombe, comme l'indique l'inscription à la base.

Rare vase : c'est la seule représentation connue de la garde de Pisitrate, le fameux tyran. Ces sbires à la mine patibulaire défilent, menaçante massue bien en évidence.



Deux scènes mythologiques sur ce kylix : Thésée combat Procruste tandis qu'Herakles-Hercule se charge d'Antée, le géant qu'il doit soulever du sol pour obtenir la victoire.

Le Poséidon aux lèvres peintes fut trouvé dans la mer, dans le golfe de Béotie. Les yeux, d'un matériau différent, n'ont pas été retrouvés. Bien belle statue de 480.

Canthares (vases à boire à deux anses), oenéchoés (vases à vin) ou aryballes (flacons de parfum) prennent parfois aussi des formes humaines. Celui en bas en gauche représenterait Héraklès.

Zeus lançant la foudre ou Poséidon son trident ? L'absence d'accessoire laisse le débat vain. Une merveille de sculpture, sortie des eaux il y a quelques années, montrant à la fois assurance et vigueur.

L'impression de confiance en soi, de foi dans la réussite est sidérante.

Comme on la montre toujours de face, je mets deux photos de dos. Je n'avais encore jamais vu que ce dieu était si savamment coiffé (toujours les brillants coiffeurs de l'Antiquité, vous suivez ?) !


Statue de jeune homme, trouvée dans l'Olympieion. On voit que le standard de la beauté n'est plus celui du kouros !

Si le Thésée est vraiment lacunaire, son adversaire le Minotaure est suffisamment bien conservé... il s'agit de la copie romaine d'une œuvre de Myron qui suscita l'admiration.

Polyxene est représentée après sa mort, vêtue d'un chiton, grenade à la main.

Ce monsieur porte un chapeau du nom de "petasos". J'espère qu'après l'avoir noté, je retiendrai ce nom-là ! C'est généralement l'indice qui me permet d'identifier Hermès. 

Représentation des mystères d'Eleusis : Demeter, à gauche, offre une gerbe de blé à Triptolemos, le fils du roi  d'Eleusis Keleos. A droite, Perséphone le bénit avec sa torche. Ce bas-relief original fut copié de nombreuses fois.

Sur la stèle de gauche, un chien attend sagement aux pieds de son maître. Avec sa musculature et le strigile dans sa main, c'est à coup sûr un athlète (le maître, pas le chien, hein).

Mme Amphotto (ce n'est pas très évident de voir sa féminité) tient une fleur.

Scène émouvante sur cette stèle de 420 ; la femme ouvre une boîte contenant les effets personnels de la défunte. La mélancolie est exprimée avec justesse.

On retrouve la symbolique de la poignée de main, mais interfère un enfant qui essaie d'attirer l'attention. Chercherait-il à empêcher son aïeul d'aller vers la mort ?

L'inscription assure que la stèle fut offerte par les parents aux jumeaux décédés, Mnesagora et Minochares. L'oiseau offert par la maman est un symbole funéraire.

 

Beaucoup de monde sur cette stèle où on énumère les symboles funéraires : la torche, la grenade, l'aryballe pour l'huile parfumée.

Le théâtre lié au sanctuaire de Dionysos marqua les débuts du genre : ici Dionysos est allongé sur le divan, et les deux acteurs à gauche tiennent des masques. Il s'agit sans doute de ceux qui ont commandé ce bas-relief votif.


Hermès avec son "petasos" (ça y est, ça rentre !).

La déesse Hera n'a pas toujours droit à une si charmante physionomie...

De même que la Gorgone : une tête plus séduisante que l'habituel monstre grimaçant, mais les serpents dans les cheveux sont bien là.

L'Apollon de Sparte, copie en marbre d'une statue de bronze conçue par Phidias. La jambe gauche me laisse un sentiment désagréable de chair à nu.

L'Athéna du Pnyx, copie d'une statue de Phidias. Je pense toujours que c'est ce type de statue qui inspira Canova.

Dite l'Athena Lenormand, celle-ci est une version très réduite de l'Athena Parthenos, toujours de Phidias. C'est ce qui est écrit, mais je trouve tous ces exemplaires de l'Athena Parthenos très différents les uns des autres !

L'Athena d'Epidaure, en plein mouvement. La statuette n'est pas extrêmement détaillée mais j'aime aussi ce côté rapide dans la sculpture. Très efficace à  mon sens.

Autre Athéna d'Epidaure, avec les mêmes indications. Peut-être un peu plus de fini, cette fois, et un beau rendu de l'exaltation de la victoire.

Aphrodite à la pomme, reprise d'un modèle de Kallimachos. Cela pourrait être un attribut de fertilité, mais je préfère la seconde hypothèse, qui la voit durant le jugement de Pâris (l'homme à la pomme, ô ciel !).

La mère défunte se lamente de devoir quitter son bébé chéri. Sans exagération ni artifice trop visible, une stèle poignante du IVe siècle trouvée à Psychiko (mais c'est où, ça ?).

Une stèle provenant du Kerameikos (le Céramique) ; Mika serre la main de Dion (Céline ???), et le miroir insisterait sur le jeune âge de la défunte.

Autre scène de déchirants adieux familiaux ; le jeune garçon jouait à la balle, qu'il tient encore dans sa main droite.

Egalement du Kerameikos, une belle stèle où deux femmes se disent adieu sous le regard attristé du barbu.

4 commentaires:

  1. Wonders of human being. I have. o words.
    Thanks for your clear and sensitive texts!
    Annie

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  2. Tu as peur de ne pas retenir un mot. Mais moi, ce sont des dizaines de mots inconnus que je lis dans tes articles, dont je vais vite voir la définition et bien sûr, que j'oublie aussitôt. Mais quelle délectation !!!
    Bises.
    Mjo

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    Réponses
    1. J'espère bien que le petasos restera dans les mémoires ! Je pense à "chapeau de péteux", ça devrait aider !
      Merci.
      Gros bisous, en direct du Sahara athénien.

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