Ne serait-ce que pour les merveilleux Caravage que ces collections abritent, il faut venir voir ces collections... Un bon panorama des grandes écoles de peinture italienne nous y attend.
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Cola dell'Amatrice, Mort et Assomption de la Vierge |
Un tableau qui superpose deux scènes directement liées par un peintre du XVIe siècle un peu oublié.
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Francesco Francia, La Présentation au Temple |
Voilà un artiste plus connu ! Belle série de portraits de saints dans une architecture soignée.
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Peintre florentin, Le Couronnement de la Vierge |
Cette lumière et ces couleurs rappellent Fra Angelico, ce que le trait n'évoque pas. Le thème du Couronnement de la Vierge est une invention de l'art gothique français, appelée à un grand succès international.
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Maître de la Dormition de Terni, Saint Barthélémy |
XIVe-XVe siècle, propose le cartel : c'est donc la toute fin du fond doré, indice divin par excellence, dans l'art européen ; dans
l'icône orthodoxe, cela durera évidemment plus longtemps.
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Agostino Marti, Vierge à l'Enfant et saints |
Le peintre de Lucca est connu pour sa synthèse entre les écoles florentine et bolognaise. On voit ici un bon coloriste qui a le sens de l'effet, avec cette croix immense.
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Bartolomeo Bulgarini, Saint Barthélémy et Sainte Marie Madeleine |
Je suis toujours ravi quand les peintres nous laissent les indices pour jouer à retrouver les personnages ; ici, c'est facile : Barthélémy fut écorché vif avec un couteau et le vase d'onguent signale toujours le rôle de Marie-Madeleine dans les scènes de la Passion / Résurrection.
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Giovanni Antonio Sogliani, Vierge à l'Enfant et anges |
Le
tondo, c'est une peinture ronde, une invention florentine qui fit fureur. Sogliani, au début du XVIe siècle, fut l'élève de Lorenzo di Credi et ça se voit ici. Il me semble que nous ne sommes pas loin de Pontormo avec ces tissus amples, presque maniéristes.
Les peintres de Ferrara
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Peintre ferrarais, Portrait de jeune fille |
Autrement dit, on ne connaît ni le modèle ni le peintre, mais cette expression rêveuse (qu'on pourrait voir sur un portrait romantique) est réussie !
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Peintre ferrarais, Le Christ parmi les docteurs |
La magnifique ville de Ferrare produisit une riche école de peinture. Visiblement, tous ses émules n'ont pas laissé leur nom, et c'est dommage car cette scène agitée et colorée est très réussie. La composition solide, appuyée sur des lignes géométriques, met en valeur les ondes de mouvement.
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Il Garofalo, Vierge à l'Enfant en gloire |
Le grand maître ferrarais, c'est lui, avec souvent une patine un peu argentée dans sa palette.
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Il Garofalo, L'Annonciation |
Pas d'émoi ; tout est bien sage ici, presque figé. Mais quelle qualité plastique ! La maîtrise de la lumière est stupéfiante.
La présence des instruments de la Passion, en haut en gauche, n'est pas si fréquente dans l'Annonciation, mais ils sont souvent représentés dans les églises romaines (à
Santa Maria del Popolo ou à
Santa Pudenziana par exemple).
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Il Garofalo, La Sainte Conversation |
Deux conversations qui se font écho, Jésus et Jean Baptiste en version bout de chou et deux théologiens à gauche. Le paysage est peint dans le plus pur style vénitien. Les courants ne cessaient de circuler, déjà à ces époques prolifiques.
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Niccolo Pisano, Vierge à l'Enfant et saints |
Une composition d'expressifs visages mélancoliques, avec une peinture adoucie et légère.
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Dosso Dossi, La Sainte Famille |
Le peintre de Ferrare manifeste clairement ses liens avec la peinture vénitienne. Les similitudes avec la peinture de Veronese, par exemple, sautent aux yeux.
Et justement...
Les peintres à Venise
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Veronese, L'Enlèvement d'Europe |
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Veronese, L'Enlèvement d'Europe (détail) |
Je présume que Veronese entretenait une relation suivie avec cette dame présente dans tant de ses tableaux sous de diverses identités. Une belle blonde à la chair laiteuse...
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Veronese, L'Ascension |
Personnellement, je peine davantage à identifier le peintre ici. Mais il sait rendre très efficacement le dramatisme de la scène.
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Veronese, Allégorie du Bon Gouvernement |
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Veronese, Allégorie de la Paix |
La Renaissance permet aux artistes de sortir du champ religieux en élargissant les thématiques, et pas qu'avec la mythologie. Ici la Paix s'emploie à détruire les armes.
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Giovanni Girolamo Savoldo, Portrait de dame |
Peintre de Brescia, c'est à Venise que Savoldo développa son art en trouvant une clientèle aisée. Il y rencontra sans doute d'autre peintres, l'influence de Lotto est sans doute bien visible.
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Lorenzo Lotto, Portrait d'un arbalétrier |
J'avais le souvenir qu'autrefois on voyait davantage de Lotto ici mais ça ne fait rien, je me contente de ce magnifique portrait de la part de ce peintre que j'aime tellement. La douceur des expressions me donne toujours le sentiment d'entrer dans l'intimité des personnages. Et tout est parfait, de nouveau, ici, y compris la minutie des détails de l'arbalète.
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Le Titien, Le Baptême |
Un Titien de jeunesse avec une palette très fraîche, lumineuse, et une excellente composition ; le portrait de donateur est là, mais presque naturellement, comme s'il cherchait à voir la scène. La délicieuse guirlande d'anges est à croquer !
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Palma Vecchio, Le Christ et la femme adultère |
Les deux Palma sont d'excellents peintres vénitiens, qui souvent nous surprennent au tournant, comme cette étonnante version avec un Christ qui nous regarde avec une expression un peu énigmatique, comme s'il cherchait à communiquer ses pensées par rapport à la scène.
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Le Tintoret, Le Baptême |
Le petit Tintoretto fut un enfant prodige et devint un peintre archi-prolifique ; c'est d'ailleurs à lui qu'on doit la toile la plus grande du monde, au Palazzo Ducale vénitien, et je crois qu'on ajoute sans cesse des numéros à son catalogue.
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Le Tintoret, La Flagellation |
Ce n'est pas le peintre du détail, mais un maître de la peinture rapide, qui sait utiliser les ressources du clair-obscur pour produire des effets saisissants.
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Le Tintoret, Le Couronnement d'épines |
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Atelier des Bassano, L'Adoration des Mages |
Famille prodigue issue de Bassano del Grappa (la ville de l'alcool en question), les Bassano poussèrent jusqu'au bout le clair-obscur, proche des expérimentations du dernier Titien. Souvent plus obscur que clair, chez eux.
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Giovanni Lanfranco, Herminie et les bergers |
Scène de la
Jérusalem Délivrée, le best-seller du Tasse, où Herminie est à la recherche de son cher Tancrède et tombe sur un berger qui lui présente les avantages de la vie saine à la campagne ;
slow food et compagnie. Lanfranco est un infatigable peintre des églises romaines,
Santa Maria della Consolazione par exemple.
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François Perrier, Le Frappement du Rocher |
Le voyage à Rome fut une étape décisive pour nombre de peintres européens, et notamment de français. Poussin et Le Lorrain, par exemple, sont restés plus célèbres que ce Perrier, qui réussit une superbe luminosité dans cette scène de
l'Exode. Moïse frappe le rocher de son bâton et fait jaillir une source qui désaltère son peuple assoiffé par la marche dans le désert. Chacun réagit différemment au miracle, mais les manifestations les plus spectaculaires se détachent particulièrement sur le fond.
Cette scène fut également illustrée dans
un plafond célèbre de la Villa d'Este à Tivoli.
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Pier Francesco Mola, Diane et Endymion |
Endymion reçoit la jeunesse éternelle mais ne peut en profiter car il dort éternellement. Diane, pour le contempler, se métamorphose en Lune.
Je n'affectionne pas toujours Mola, mais le tableau est impeccable. La composition des deux dormeurs me plaît beaucoup.
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Giovanni Francesco Romanelli, David |
Très présent dans les églises de la ville, Romanelli me semble également un peu inégal ; ce David n'est guère viril mais la majesté de la cape rouge suffit à dynamiser le tableau. On reste cependant loin de l
a réussite du Caravage !
Pietro da Cortona
Pietro da Cortona, comme je le rappelais dans mes articles sur
l'exposition Luca Giordano, domina la scène romaine dans la première moitié du XVIIe siècle. C'est un des grands peintres du baroque, qui propose des solutions ingénieuses et son influence fut considérable, également sur les peintres français. La ville en a conservé beaucoup (plus que le musée de Cortona, et je parle d'expérience !) et particulièrement ce musée-ci, qui les présente dans une salle apparemment utilisée pour les réunions municipales.
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Pietro da Cortona, L'Enlèvement des Sabines |
Traitement très baroque dans l'expression des passions, souffrance subie. Je renvoie à mon article sur
l'exposition Caravage / Bernin où j'avais un peu plus développé le thème.
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Pietro da Cortona, Vierge à l'Enfant et saints |
Une bonne copie par Cortona d'un fameux tableau du Titien.
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Pietro da Cortona, Le pape Urbain VIII |
Impeccable portrait, qui ne renie pas la virtuosité attendue dans les étoffes. Rome doit beaucoup à Urbain VIII, un pape Barberini qui transforma les églises de la ville.
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Pietro da Cortona, Le Triomphe de Bacchus |
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Pietro da Cortona, Le Sacrifice de Polyxène |
Ces histoires de sacrifice étaient très appréciées à l'époque baroque, puisqu'on pouvait y donner cours à l'expression des sentiments les plus tragiques. Je trouve que Cortona s'est plutôt retenu comparativement à certains de ses suiveurs !
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Pietro da Cortona, Vierge à l'Enfant et anges |
Délicate peinture pleine de douceur.
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Pietro da Cortona, Les Allumiere de Tolfa |
Le paysage s'insinue progressivement dans la peinture ; ces
allumiere sont des mines d'alun, exploité alors dans la tannerie. Cortona a peint le tableau pour les Sacchetti, propriétaires des mines.
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Simon Vouet, Allégorie |
Un Français au talent fou, ici aussi romain que les Romains !
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Bartolomeo Manfredi, David |
Peut-être le plus beau tableau que j'aie vu de Manfredi. Dramatisme de l'expression, excellence du contraste, somptuosité de la cape rouge. Le tableau m'a fait beaucoup d'effet !
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Peter Paul Rubens, Romulus et Remus |
Les influences picturales n'ont cessé de circuler et on voit bien que Rubens, même dans sa veine "sauvage" (animaux et forêts, chasse au lion et compagnie) n'est pas étranger aux écoles de peinture italiennes.
Le Dominiquin et Le Guerchin
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Le Dominiquin, La Sibylle de Cumes |
Peintre formé chez les Carrache, dont le talent explose à Rome, qui finira sa carrière à Naples. Le brillant Dominiquin est un artiste toujours passionnant.
Cette toile forme un duo avec
une autre Sibylle exposée à la Galleria Borghese.
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Le Guerchin, La Sibylle de Perse |
Un autre peintre que j'aime beaucoup ; je le reconnais souvent avec son utilisation d'un bleu lapis-lazuli, fréquemment employé avec des couleurs sombres (très sombres parfois) où il ressort pourtant.
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Le Guerchin, L'Inhumation de Sainte Pétronille |
Immense retable nocturne, très dramatique.
Pétronille fut la patronne du royaume de France et Napoléon emporta le tableau au Louvre, où c'est Canova qui organisa sa récupération.
Pour une fois, on voit le dos du retable !
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Le Guerchin, Saint Matthieu et l'Ange |
Scène classique également nommée l'
Inspiration de Saint Matthieu. Le Guerchin n'hésite pas à montrer un saint fatigué, qui se redresse avec peine (la
version du Caravage avec l'ange qui guidait la main de Matthieu, exténué, lui fut pourtant refusée !)
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Le Guerchin, Saint Jean Baptiste |
Extraordinaire de simplicité.
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Le Guerchin, Saint Jean Baptiste / La Sainte Famille |
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Diego Velazquez, Don Juan de Cordoba |
Célèbre portrait par un des plus grands maîtres espagnols.
Les peintres de Bologne
Une belle série d'Albani, pour commencer, expressifs et soignés.
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Francesco Albani, La Naissance de la Vierge |
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Francesco Albani, Vierge à l'Enfant et saints |
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Francesco Albani, Madeleine pénitente |
Curieux portrait mais belle expression tourmentée.
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Guido Reni, Saint Sébastien |
Les Guido Reni surprennent tant ils diffèrent de ce qui a rendu le Bolonais célèbre. Reni peint un traditionnel
Saint Sébastien dans l'épisode de la sagittation.
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Guido Reni, Allégorie de la Charité / Sainte Cécile |
La
Sainte Cécile reprend le clair-obscur sans être pour autant le moins du monde caravagesque. La
patronne de la musique, une Romaine de l'Antiquité, est une des saintes les plus représentées.
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Carlo Maratta, Judith |
C'est en fait une copie d'un tableau de Reni. Une Judith très martiale qui quête l'inspiration divine avant de trancher la tête d'Holopherne. Je ne vois pas la servante, protagoniste habituelle de la scène, comme chez
Le Caravage. Maratta, excellent peintre, œuvra abondamment dans Rome, à
Santa Maria del Popolo ou à
Sant'Andrea al Quirinale par exemple.
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Guido Reni, Anima Beata |
Je pensais à Correggio. Peut-être à Parmiginanino. Mais à Guido Reni, jamais de la vie !
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Guido Reni, Saint Jérôme |
Peut-être le tableau le plus identifiable de la série... Le savant grammairien à vu sa biographie très modifiée par l'hagiographie, et on le voit bien plus souvent en pénitent qu'en érudit dans son bureau.
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Gabriel Metsu, La Crucifixion |
Un peu d'école du Nord. Metsu, grand peintre du siècle d'or hollandais, est bien plus réputé pour ses scènes d'intérieur que pour ses tableaux religieux. Mais quelle réussite ! Une
Crucifixion immobile, seulement traversée par l'élan de Marie-Madeleine. Contraste très dramatique qui montre l'influence caravagesque dans les contrées nordiques...
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Carlo Maratta, La Sainte Famille |
Un adorable enfant souriant !
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Bartolomeo Passarotti, Gentilhomme au chien |
Je ne crois pas connaître d'autre exemple d'un chien manifestant son affection dans la peinture de cette époque. Je pense que son maître lui était tout aussi attaché, pour avoir commandé ce portrait.
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Pompeo Batoni, La Sainte Famille |
Quelle tendresse dans les gestes et le regard de Joseph ! Et quel bleu intense ! Avec Batoni, on passe à l'art du XVIIIe siècle, et l'évolution stylistique se perçoit jusque dans le trait.
Le Caravage
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Le Caravage, Saint Jean Baptiste |
Tableau archi-connu, et à juste titre. La maîtrise du clair-obscur, la franchise du regard, la sensualité des chairs... Quelle merveille.
Saint Jean Baptiste fut un sujet récurrent dans la carrière du Caravage, et le sujet de
son dernier tableau. On peut admirer encore une autre version à la
Galerie Corsini.
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Le Caravage, La Diseuse de bonne aventure |
Le thème des diseurs de bonne aventure, tricheurs, voleurs, est un des grands éléments caravesques, repris notamment chez Valentin de Boulogne ou Georges de la Tour.
Ici pas de caravagisme en clair-obscur, c'est un tableau en pleine lumière.
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Le Caravage, La Diseuse de bonne aventure (détail) |
La Bohémienne semble lire la bonne aventure dans la main du gentilhomme, un élégant jeune homme au regard un peu benêt, mais en fait elle lui retire l'anneau du doigt. Le contraste des mains est éloquent.
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Le Caravage, La Diseuse de bonne aventure (détail) |
Les mains sont toujours éloquentes chez le Caravage, et son choix de modèles pris dans le peuple l'amène souvent à représenter des pognes calleuses, comme avec les ouvriers du
Crucifiement de Pierre. Celle-ci, soigneusement manucurée, offre, pour une fois, des ongles propres. Autant que l'épée, elle renseigne sur la condition du personnage.
Nombreux sont les peintres venus de plusieurs villes célèbres et d’autres.
RépondreSupprimerTous montrent un vrai talent : harmonie des couleurs, beaux portraits comme celui de Jérôme et celui dune jeune fille…des scènes comme l’enlèvement d’Europe.
J’ai tout apprécié car toutes les œuvres sont magnifiques, mais je ne connaissais pas tous les peintres, même célèbres.
Je reconnais le Caravage comme étant un de mes peintres préférés. J’ai eu un grand plaisir à découvrir toutes ces œuvres.
Merci Fred, sans toi je ne les aurai jamais connues.
Bisous. Mam.
Merci beaucoup pour tous ces détails ! Il y a tellement à découvrir dans la peinture italienne, et même dans ceux de second rang (ce n'est qu'affaire de popularité souvent) on découvre des merveilles. Moi aussi je me suis régalé !
SupprimerBisous derechef.
Your posts about paintings are still exceptional! Clever, well documented, easy to read, I love them.
RépondreSupprimerThis one is just outstanding.
Annie