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jeudi 27 août 2020

Le village médiéval d'Ostie


Bien sûr, on vient avant tout à Ostie pour voir la ville antiques et ses vestiges étendus. Mais pourquoi ne pas découvrir ce village plein de charme ?




Venir à Ostie est particulièrement facile et peu coûteux ; le métro y file directement et, avec le ticket à 1,50 €, on se rend du centre de Rome à la station Ostia Antica.


Le Covid a vraiment vidé Rome de ses touristes. C'est tout de même la ligne qui va au Lido di Ostia, la principale station balnéaire de la capitale ! Je l'imaginais bondée.


Ce n'est pas la gare d'Ostia Antica qui offre le charme attendu, hélas !


On voit, lorsqu'on se rend aux vestiges d'Ostie, cette belle forteresse, et je ne suis jamais allé au-delà. Je m'étais promis d'en voir un peu plus aujourd'hui.

Ostie, un ancien village de sauniers (qui récoltaient le sel), devint le principal port de Rome à l'embouchure du Tibre, essentiel à l'économie de la capitale ; les spécialités de tout l'empire arrivaient ici avant d'être transportées jusqu'au port fluvial de l'Emporium. Dès l'Antiquité, celui-ci ne suffisant plus, les empereurs Claude, puis Trajan, en firent réaliser de nouveaux.

Malheureusement, le Tibre charrie une grande quantité d'alluvions et la mer fut progressivement écartée du port. Phénomène connu à Brouage ou à Aigues-Mortes.

 
Les Della Rovere possédaient des terres ici et Giuliano, le futur pape Jules II qui commanda son tombeau à Michel-Ange, fit édifier cette forteresse, achevée en 1486.

C'était un véritable ouvrage militaire, malgré sa taille réduite ; il comportait un chemin de ronde et l'inclinaison des murs était calculée pour limiter l'impact des balles. Les orifices permettaient de tirer tout en restant protégé et la tour servait de donjon.

Les douves sont à sec depuis que le Tibre ne les alimente plus.


Et voilà un autre monument que le Covid tient clos actuellement ! Dommage, j'aime beaucoup cet aspect de forteresse en miniature.


Il ne me reste qu'à me promener dans la muraille du château, restaurée avec soin.




Les propriétaires ont créé un agréable jardin de pots devant leur maison, comme on voit beaucoup au Japon. Mais ce n'est pas ce qui m'intrigue.


Cette structure à degrés est vraiment curieuse.


Ce sont les voisines qui me renseignent : c'est une rampe pour que le chat puisse sortir sur le toit !



La basilique Sainte Aurea (Sant'Aurea)



Aurea (= dorée), la vierge martyre locale, eut droit rapidement à une basilique mais l'actuelle fut commandée par Guillaume d'Estouteville et achevée par Giuliano della Rovere dans le cadre de ses constructions.


La façade, simple et sans relief, est rythmée par l'opposition entre les briques rouges et le travertin des pilastres engagés ; mais ce sont les deux fenêtres géminées et la rosace qui lui donnent son charme.


L'intérieur confine au dépouillement ; quel changement après le baroque romain ! Nef unique, murs presque nus.


Pourtant le plafond a conservé sa poutraison décorée. Et on a fait venir de Rome quelques artistes célèbres.

Pietro da Cortona, L'Extase de Sainte Monique
 
Pietro da Cortona, la star du XVIIe siècle, a peint cette curieuse Extase de Sainte Monique avec un ciel rouge dramatique. Les supposées reliques de la mère de Saint Augustin étaient autrefois abritées ici, avant d'être transférées à Rome, et finalement dans la basilique Sant Agostino. Je suppose que la vieille mère assise (Cortona ne l'a pas gâtée !) est subjuguée ici par l'inspiration de son fils.

Andrea Sacchi, Le Martyre de Sainte Aurea

Sacchi, infatigable auteur de retables d'église (comme La Vierge et Saint Bonaventure aux Capucins) est l'auteur de ce Martyre de Sainte Aurea où la sainte a reçu un licol comme une vache. J'ignore tout de l'iconographie d'Aurea ; l'étrangle-t-on ? la ligote-t-on pour la conduire vers d'horribles supplices ?

C'est très rare de voir un tableau ovale à l'autel. Sans doute Sacchi a-t-il retenu ce format pour insérer le tableau sous l'arcature de la chapelle. Sur ses côtés demeurent quelques vestiges des fresques programmées par d'Estouteville.


L'inscription Card. Ginnasius m'intrigue : je me demande si ce n'est pas d'Estouteville mais non, Guillaume est généralement traduit par Gulielmus. Il pourrait s'agir du cardinal Domenico Ginnasi, doyen du Collège vers 1630.

De délicates portes de bois peints ferment l'armoire, et l'ensemble crée un collage assez étonnant.






Déjeuner



Je m'arrête sur une place du vieux village pour boire d'abord de l'eau pétillante fraîche, et finalement pour déjeuner avec un quartino de Colli Romani blanc. Sur les conseils de Carmine, un voisin qui semble avoir ses habitudes ici, j'opte pour les bucatini alla carbonara. Des vrais, sans crème bien sûr.

Le volubile Carmine a passé cinquante ans aux fourneaux d'un restaurant de cuisine romaine "authentique". Il ne veut pas que je le photographie, il n'est pas bien rasé !

Mais il tient à me livrer ses secrets de cuisine. Pour la carbonara, monter le jaune d’œuf avec la graisse et ajouter de l'eau de cuisson. La pancetta ne vient qu'après ! Il la préfère au guanciale, la joue de porc, qu'il réserve pour l'amatriciana. Sa zuppa inglese impose une couche de chocolat, et le cédrat confit y est obligatoire.


J'accompagne mes scaloppine al marsala de salade verte, les crudités me manquent toujours en voyage. Pendant ce temps, Carmine m'abreuve de ses conseils pour réussir la stracciatella (le bouillon à la queue de bœuf est le meilleur), les suppli (réfrigérer les croquettes à l'avance), la saltimbocca  ou la ricotta alla romana, que je ne connaissais pas et que j'essaierai tant ça paraît délicieux.

En douce, il me déconseille de prendre les desserts ("tous industriels !") et je me contente d'un café, avec le vain espoir de trouver une gelateria dans la journée.


Je me dirige vers la vestige par la partie extérieure à l'enceinte fortifiée, aux couleurs pimpantes. On sent la différence, même s'il ne s'agit pas des immeubles mussoliniens qui défigurent le Lido.

Il est temps de me rendre dans la ville antique d'Ostie !

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