Le Bernin assurait que cette Sant'Andrea était sa plus grande réussite architecturale. Une singulière église qui suscita une foule de reproductions.
On avait offert à l'ordre des Jésuites une petite maison de campagne, avec une chapelle romane dédiée à Saint André, sur le Quirinal, alors que cette colline, la plus élevée des sept, ne comportait pas encore le palais papal, futur siège de la Présidence Italienne. Après la mort du fondateur de l'ordre Ignace de Loyola, le supérieur Francisco Borja décida d'y créer un noviciat pour les futurs frères, en 1566. Les Jésuites connaissaient alors un succès fulgurant et le bâtiment dut être agrandi à plusieurs reprises. De soixante à l'origine, les novices venus de l'Europe entière étaient plus d'un millier au moment du projet de l'église.
Le cardinal Pamphili promit son appui et Giovanni Paolo Oliva, général des Jésuites et ami proche du Bernin, facilita les transactions. Le grand architecte était alors une star de soixante ans et il s'agit d'une de ses dernières réalisations architecturales (la dernière d'importance). Le Bernin choisit lui-même les artisans et l'église put être inaugurée après vingt ans de travaux, en 1678.
La façade
La façade est extrêmement simple : un porche en demi-cercle, deux colonnes corinthiennes, le blason des Pamphili s'avérant la seule décoration. Vu les relations compliquées des Jésuites avec le Saint-Siège, qui autorisa ou limita leurs activités selon le pape du moment, il se peut que leur blason ait autrefois figuré autrement que sur la porte.
L'intérieur
On peut lire à droite et à gauche que Borromini s'inspira de cette Sant'Andrea pour sa San Carlino alle Quattro Fontane, mais c'est totalement impossible puisque le projet du Bernin débuta bien après que l'église de son rival fût achevée. Il me semble certain que Le Bernin ait visité San Carlino, à deux cents mètres dans la même rue, et sans doute le plan elliptique de Borromini a dû lui donner des idées.
Pour autant on ne saurait parler de plagiat.
Le point commun aux deux est de retenir l'ellipse et un plafond à coupole. Mais ici l'ellipse est creusée de véritables chapelles ; la coupole est ouverte également par une lanterne, mais aussi par une série de fenêtres sur le tambour.
Chaque chapelle est une sorte de temple miniature, avec ses colonnes et son fronton, et le marbre rose domine dans la décoration. L'ouverture originale à l'arrière apporte un peu de lumière, mais on ne saurait parler de scénographie comme à Santa Maria della Vittoria ou à San Francesco a Ripa.
La réussite du Bernin fera l'admiration générale et son plan sera maintes fois repris dans les églises romaines.
La coupole
La coupole est un peu aplatie, surtout en comparaison de celle du Panthéon, le modèle éternel à Rome. Pour compenser, Le Bernin a repris le système des caissons, et l'adjonction des statues tout autour attire le regard et brouille les perspectives. Dessinées aussi par le maître, elles sont d'excellente facture.
Le Bernin emploie ce même principe de statues en équilibre sur la corniche dans la nef de Santa Maria del Popolo.
Sur l'idée du Bernin, on retrouve les fidèles élèves à la réalisation. Ercole Antonio Raggi travailla notamment à Santa Maria dei Miracoli, Santa Maria del Popolo, San Carlino, et sculpta le Danube dans la Fontaine des Fleuves de la Piazza Navona.
Son Saint André qui écarte les bras évoque-t-il, par son mouvement, sa crucifixion ?
Rome, église Sant'Andrea al Quirinale : Giuseppe Chiari, Anges en gloire |
Rome, église Sant'Andrea al Quirinale : Jean Regnaud, Allégories de la Renommée exaltant le Cardinal Pamphilj |
Les anges trompettent la renommée, le phylactère affiche la liste ; Saint André figure en bonne place, immédiatement suivi du Cardinal Pamphili et du pape Innocent X, un autre membre de la famille Pamphili (son portrait par Velazquez est très connu). Une œuvre du champenois Jean Regnaud.
Les chapelles et leurs retables
Rome, église Sant'Andrea al Quirinale : Baciccia, La Mort de Saint François Xavier |
La chapelle San Francesco Saverio, consacrée à un compagnon d'Ignace de Loyola, est ornée de trois toiles de Baciccia (le peintre du plafond du Gesù).
Rome, église Sant'Andrea al Quirinale : Giacinto Brandi, La Déposition |
Dans celle de la Passion, Giacinto Brandi, le copain de Mattia Preti, a peint les scènes attendues ; en face une Déposition assez théâtrale.
Rome, église Sant'Andrea al Quirinale : Il Borgognone, Le Martyre de Saint André |
La chapelle Saint André est consacrée au martyre avec la croix en X. C'est une œuvre de Guillaume Courtois, un peintre français qui accomplit toute sa carrière à Rome sous le surnom d'Il Borgognone, Le Bourguignon. On retrouve Jean Regnaud pour la réalisation, très opulente, des stucs dorés.
Rome, église Sant'Andrea al Quirinale : Il Borgognone, Le Martyre de Saint André |
André est un peu tassé mais le travail sur la foule est très vivant. J'aime bien cet enfant qui tend le bras, sur la femme en bas à gauche superbement toilettée (robe bleue, coiffure savante).
Rome, église Sant'Andrea al Quirinale : Crucifix |
Je n'ai aucune indication sur ce beau crucifix, expressif et sobre, saisissant de réalisme. Les textures sont parfaites !
Rome, église Sant'Andrea al Quirinale : Carlo Maratta, L'Apparition de la Vierge à Saint Stanislas |
La chapelle de Saint Stanislas Kostka est dédiée à un Polonais qui marcha de Vienne à Rome pour devenir jésuite. Il fut donc sanctifié ; c'est Carlo Maratta, grand peintre du baroque romain, qui illustra dans ce retable L'Apparition de la Vierge à Saint Stanislas.
L'autel en bronze et en lapis-lazuli fut dessiné par Le Bernin lui-même.
L'Extase de Saint Stanislas, de Ludovico Mazzanti, date du XVIIIe siècle et me semble d'une qualité inférieure. Je trouve la composition un peu brouillonne et la posture du saint trop théâtrale.
Dans la chapelle des Saints Fondateurs, on retrouve les personnalités célèbres jésuites, Ignace de Loyola, Luigi Gonzaga et Francisco Borja autour de la Vierge, autre tableau de Mazzanti.
La sacristie est aujourd'hui inaccessible, hélas !
Rome, église Sant'Andrea al Quirinale : Ludovico Mazzanti, L'Extase de Saint Stanislas |
L'Extase de Saint Stanislas, de Ludovico Mazzanti, date du XVIIIe siècle et me semble d'une qualité inférieure. Je trouve la composition un peu brouillonne et la posture du saint trop théâtrale.
Rome, église Sant'Andrea al Quirinale : chapelle des Saints Fondateurs |
Dans la chapelle des Saints Fondateurs, on retrouve les personnalités célèbres jésuites, Ignace de Loyola, Luigi Gonzaga et Francisco Borja autour de la Vierge, autre tableau de Mazzanti.
La sacristie est aujourd'hui inaccessible, hélas !
Great guided tour, fascinating church. 🏆
RépondreSupprimerThanks.
Annie
Thank you so much!
RépondreSupprimerMerci pour votre article. J'ai fait la visite avec lui, ça m'a bien aidé.
RépondreSupprimerSuper travail !
Mathis
Merci beaucoup, Mathis ! Tant mieux si j'ai pu vous aider.
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