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lundi 17 août 2020

Rome : Capucins et Pincio



Une journée autour de ma visite de la Galerie Borghese, donc centrée autour du Pincio, avec l'église et la crypte des Capucins, et quelques autres...




Je pars du Viminal en empruntant la Via Vittorio Veneto, nom présent dans toutes les villes car il désigne une ville de Vénétie où se déroula une grande bataille de la guerre de 14-18, débouchant sur l'armistice.

Les Capucins : musée et crypte



C'est là que s'élève le couvent des Capucins, avec l'église, le musée et une crypte célèbre. Malheureusement les photos sont interdites dans ces deux derniers et je n'ai pas trouvé grand-chose concernant le musée.


Je le regrette bien car il est fort bien fait ; il retrace à la fois l'histoire de l'ordre des Capucins, sous-ordre de celui des Franciscains. Leur vêtement ressemble d'ailleurs beaucoup et leur nom provient du capuchon qu'il porte. On y voit beaucoup d'objets liés à la vie des moines, et même une discipline, cette sorte de fouet citée dans Tartuffe ("Laurent, serrez ma haire avec ma discipline"). Beaucoup de livres anciens magnifiques, des objets de culte évidemment, des peintures...




Je ne crois pas que ce soit très connu, mais on peut aussi y admirer un des Saint François du Caravage. C'est une version en prière, où la robe déchirée du moine contraste avec l'intense concentration et la douceur avec laquelle il tient le crâne, invention du peintre promise à un grand succès.

Admirable tableau réduit à l'essentiel grâce à la maîtrise du clair-obscur. Très différent du Saint François exposé à Hartford, pas moins exceptionnel. La Galerie Nationale, installée dans le Palazzo Barberini, en présente une variante.


La crypte est un ossuaire composé de chapelles successives le long d'un couloir. Comme à l'Ossuaire de Sedlec en République Tchèque, les ossements y sont utilisés comme éléments décoratifs.




Quand je ressors, l'église est fermée. Pas de souci, je reviendrai en sortant de la Galleria Borghese. En attendant, je cherche à déjeuner.

Ce n'est pas commode. Nous sommes Ferragosto, le 15 août, et je vois encore davantage de restaurants fermés que les jours précédents. Il vaut mieux que je m'en occupe avant de visiter la Galleria, je sais que je ne trouverai rien dans le parc.


Je finis par trouver un restaurant ouvert qui ne réclame pas 40 € pour un repas. La moitié des plats sur la carte ne sont pas disponibles. Je finis par demander ce qu'il y a : bruschetta (qui s'avère tartinée de tapenade) avec une salade verte et des mini-tomates (un peu plus grandes que nos tomates cerises). Je la mange volontiers, je suis un peu à court de légumes actuellement.


La côte de porc arrive avec une autre bruschetta en accompagnement. Bizarre ! Même si elle est arrosée d'huile d'olive, c'est un peu sec. Dessert ? Il ne reste que du tiramisu surgelé. Très peu pour moi !

Avec la bière et le cappuccino, je m'en tire pour 20 €, ce qui est tout de même assez onéreux pour ce repas.


L'église de Sant'Isidoro est fermée, comme toujours. C'est une de celles qui me résistent !

Via Vittorio Veneto

 

La Via Vittorio Veneto, c'est une avenue bordée de platanes mais réputés pour ses hôtels de luxe,  historiques, où descendaient autrefois toutes les stars.
 

Autrefois s'étendait l'immense propriété du prince Ludovisi. Il la vendit en 1883, plus exactement la lotit ; c'est sur ces lots que les palaces furent construits, tous à la même époque, ce qui explique l'unité architecturale du quartier.







Je retrouve l'impressionnante muraille d'Aurélien, déjà traversée sur le Latran avec la Porta Asinaria et sur la Via Appia avec la Porta San Sebastiano.  Cette fois, voici la Porta Pinciana.


La muraille du IIIe siècle fut fortifiée par Belisarius, un général de Justinien qui mena un coup d'état en 517 ; un nationaliste qui cherchait à rétablir la puissance et la pureté de l'Empire Romain. Il expulsa les Barbares (ça a dû faire beaucoup de monde !) et chassa le pape Silvère pour rétablir les "vraies valeurs". L'histoire ne cesse de se répéter partout dans le monde.
 

Les murailles romaines ne sont que rarement citées quand on parle de cette ville et pourtant, je trouve que ce sont une de ses principales caractéristiques, tellement elles sont impressionnantes de hauteur, de largeur. Sans doute bien restaurées, mais elles restituent bien l'idée de cette muraille ancienne.




La Galleria Borghese est un musée où il faut impérativement réserver, et longtemps à l'avance. On n'a aucune chance de s'y pointer innocemment et d'acheter un billet. Même aujourd'hui, où le Covid a vidé Rome de nombre de ses touristes, la billetterie affiche qu'il n'y a pas de disponibilité jusqu'à fin août.

La réservation se fait en ligne, très facilement. Il faut ensuite faire la queue au guichet pour échanger son billet, aller déposer son sac, reprendre une autre queue ; c'est que les entrées se font par créneau de deux heures, donc à chaque fois une série de visiteurs pénètrent en même temps.

Troisième file pour se faire prendre la température et enfin, me voici dans la place !


J'ai divisé ma visite en deux parties : voici le deuxième étage par lequel débute la visite, avec l'essentiel des peintures (Lotto, Raphaël, Botticelli, les grands Romains, etc...).


 Et enfin le premier étage, avec les six peintures du Caravage, les chefs-d’œuvre du Bernin, les trésors antiques...


Cette fois, je reviens vers la Porta Pinciana par l'intérieur, en traversant le Parc du Pincio.


Je longe tout d'abord les jardins de la villa, avec leur orangerie.


Et je traverse le vaste parc, desséché par la canicule, mais où les grands pins offrent toujours leur ombre si appréciée.





A l'entrée, Lord Byron semble méditer. L'écrivain romantique voyagea longuement en Italie ; incessant défenseur des opprimés, il prit part à la révolte des Carbonari. Un personnage plein de contradictions, à la vie mouvementée et romanesque (et sulfureuse, sa bissexualité fit scandale), héros national de la Grèce grâce à sa participation à l'indépendance... Il mérite d'être mieux connu.



L'église Santa Maria della Concezione

 Je retente le coup, et cette fois je la trouve ouverte, cette église attenante au couvent des Capucins.


Elle fut construite au début du XVIIe siècle, une commande du cardinal Antonio Barberini dont le palais s'élevait aux alentours (le siège d'une autre fameuse Galerie aujourd'hui).  Michele da Bergamo, architecte du Saint-Siège, conçut les plans, et Barberini y ramena les ossements des Capucins provenant d'un ancien cimetière. Ceci explique cela.



Guido Reni, Saint Michel foudroyant le dragon

Première chapelle, un éblouissant Saint Michel à l'écharpe tourbillonnante de Guido Reni. On voit que l'éclairage artificiel n'est pas le seul à apporter la lumière dans le retable !

Gerrit van Honthorst, La Dérision du Christ

La magnifique Dérision du Christ (aussi appelée Le Christ aux outrages) est une splendeur en clair-obscur, composée avec beaucoup de maîtrise. Le corps du Christ, dévoilé par la torche, est remarquable. La semi-obscurité des jambes, aussi.

Gerrit van Honthorst, La Dérision du Christ

Rien d'étonnant car ce retable est signé d'un des plus grands maîtres en la matière, Gerrit (ou Gerard) von Honthorst. J'en ai souvent montré sur le blog, ne serait-ce que dans le premier article sur la Galleria Borghese. L'exposition de Vienne en présentait aussi. Et je n'oublie pas le formidable Esaü venu à la Caixaforum de Barcelone !


Mario Balassi, La Transfiguration

La Transfiguration fut peinte par Mario Balassi, un peintre baroque florentin ; très bien exécutée, avec la lumière et le mouvement nécessaires.

Giovanni Lanfranco, La Nativité

Splendide Nativité de Lanfranco, un habitué des églises romaines, où la lumière semble jaillir de l'Enfant pour illuminer la grotte.

Le Dominiquin, L'Extase de Saint François

La présence d'une fresque de Saint François n'a rien de surprenant ; dans les églises de l'ordre des Capucins, il est souvent représenté. Cette fresque du Dominiquin provient de l'ancien couvent, détruit pour construire le ministère de l'industrie.

Baccio Carpi, La Prière dans le Jardin de Gethsemani

Baccio Carpi peignit cette Prière dans le Jardin de Gethsemani. On sent l'influence du Caravage mais aussi davantage de maladresse d'exécution et de raideur.

Frère capucin anonyme, Sainte Véronique

 Le tableau de Sainte Véronique date de 1839, peint par un frère capucin. La composition conserve le modèle ancien, mais solennité compassée et raideur se sont emparées du retable.

Le Dominiquin, Saint François recevant les stigmates

Saint François recevant les stigmates est sans doute la scène principale de l'iconographie du Saint. Avec le Dominiquin, un ange le soutient car il est prêt à s'effondrer. Je trouve la posture un peu trop dramatique, et ce n'est pas dans les habitudes du peintre, mais les commanditaires imposaient souvent leur choix dans les contrats.

Giacomo Bombelli, L'Immaculée Conception

Le maître autel, extrêmement élevé, consiste en un retable encadré de colonnes, flanqué de deux armoires-reliquaires. L'Immaculée Conception occupe le maître-autel ; on s'attend à y voir une scène de la vie de la Vierge puisque l'église lui est dédiée.


Andrea Sacchi, L'Apparition de la Vierge à Saint Bonaventure

L'Apparition de la Vierge à Saint Bonaventure, d'Andrea Sacchi, est traitée avec théâtralité, et encore une grande maîtrise de la lumière. Comme Lanfranco, Sacchi est un nom qu'on rencontre souvent dans les églises romaines.

Andrea Camassei, La Déposition

Andrea Camassei fut élève du Dominiquin, d'Andrea Sacchi, et il travailla même avec Pietro da Cortona. Peintre et graveur actif, il fut employé dans les églises comme dans les palais. Sa Déposition manque peut-être de drame, elle, mais elle est remarquablement peinte. Et encore une fois, la lumière y est parfaite.

Girolamo Muziano, Saint François recevant les stigmates

Girolamo Muziano, excellent peintre et mosaïste de la Renaissance, donne sa version des Stigmates de Saint François. C'est intéressant de comparer les deux pour mesurer le calme de ce retable comparé au mouvement et à l'émotion manifestés dans l'autre. Le paysage en teintes froides est ici très frais.
 
L'Orbetto, La Vierge remet l'Enfant à San Felice da Cantalice

San Felice da Cantalice fut le premier capucin à être béatifié et il a souvent droit à un retable dans les églises de l'ordre. Beau tableau de L'Orbetto (Alessandro Turchi), un peintre véronais.

Frère Luigi da Crema, San Felice da Cantalice rend la vue à un enfant

Deux guérisons miraculeuses se suivent ; dans la première, du Frère Luigi da Crema, le même San Felice redonne la vue à un enfant.

Pietro da Cortona, Ananie rend la vue à Saint Paul

 L'histoire d'Ananie apparaît dans les Actes des Apôtres. Selon ce texte, il est converti au christianisme mais conserve le respect de la communauté juive. Lorsqu'arrive Paul à Jerusalem, il est aveugle mais Ananie, par imposition, lui fait recouvrer la vue.

Pietro da Cortona a peint ici un tableau très lisible, plus minutieux que certains de ses retables. Couleur et lumière, encore.


J'ai mérité une pause ! The Gelatist, une chaîne répandue dans Rome, me tend les bras.


La dégustation du jour : mangue, chocolat fondant, figue et noix. Ce dernier a ma préférence, aujourd'hui !

L'Oratoire de l'Ange Gardien (Oratorio dell'Angelo Custode)



Requinqué, je peux tenter encore une ou deux visites. Cet Ange Gardien n'a plus grand chose de l'édifice Renaissance qu'on édifia au XVIe siècle, puisqu'il fut complètement reconstruit en 1730. Ce pourrait être une façade viennoise, avec ce mouvement dans la ligne. Les deux statues sur les corniches représentent Foi et Espoir, deux allégories courantes.


Le plan de l'intérieur est un rectangle aux angles arrondis en chanfrein.


Luigi Martinori a proposé un ensemble de fresques lumineuses.


C'est également lui qui s'est chargé des Évangélistes sur les côtés.


Trevisani, La Sainte Famille

Au maître-autel, un retable très XVIIIe de Trevisani ; je vois une Sainte Famille bien entourée, mais où se dissimule l'Ange Gardien ?
 

L'église des Saints Claude et André des Bourguignons (Santi  Claudio e Andrea dei Borgognoni)



Une église française, cette fois. Les Francs-Comtois, venus nombreux à Rome, établirent une communauté, et elle sera donnée ensuite aux Bourguignons. Drôle d'histoire ! Il a dû s'en passer de belles.


 Détruite ensuite, comme souvent, elle fut reconstruite au début XVIIIe par un architecte français, Antoine Derizet, l'auteur du plafond de Saint Louis des Français. Les deux statues sur la façade, des deux saints à qui l'église est dédiée, sont également de la main d'un Français, un certain Grandjacquet.




A l'intérieur, la messe a commencé. Je n'ose trop m'avancer.


Je remonte doucement le Viminal... Je passe devant ce spectaculaire palais, un de mes points de repère.


Je dîne ? Ou pas ?

Eh bien oui, finalement. Spaghetti carbonara, les vrais, sans crème fraîche.


Et saltimbocca alla romana, malheureusement avec des frites. Mais tout cela rachète mon repas de midi !

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