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jeudi 6 août 2020

Rome : sur l'Esquilin et au-delà


Une journée de promenade avec quelques vestiges antiques et plusieurs églises : je suis bien à Rome !




Petit déjeuner en temps de Covid-19 : tout est sous vide ! Pas de jambon, de fromage ou de fruits. Il reste des viennoiseries industrielles, du pain et des biscottes, des yaourts et des céréales, plus les boissons. Bon, je trouve tout de même de quoi me sustenter.


C'est un plaisir de profiter de la terrasse ! Santa Maria Maggiore est tout à côté. D'ailleurs, elle figure sur mon programme du jour : un itinéraire vagabond sur le Mont Esquilin, donc celui où je me trouve, en poursuivant jusqu'à San  Lorenzo fuori le Mura, une des églises qui me tente depuis longtemps et que je n'ai jamais visitée.




Visiter Rome sans inclure des églises me semble une aberration. C'est même un des éléments fondamentaux de la ville. Mais il faut jongler avec les horaires d'ouverture et essayer de regrouper par zone pour éviter de parcourir sans cesse la ville dans tous les sens !


Avant Santa Maria Maggiore, je tenterai bien l'église dédiée à Santa Pudenziana, la soeur de Santa Prassede (guère plus connue aujourd'hui, mais je suis familier de la basilique depuis vingt-cinq ans). Elle garde porte close, qu'elle n'ouvrira qu'à 16:00. Je reviendrai.


Santa Maria Maggiore serait-elle victime de son succès ? Alors qu'il y a vraiment peu de monde dans les rues, voici qu'une longue file fait le tour de la place. J'abandonne. Je retenterai de retour.



A la place, je visite une de mes préférées  dans toute la ville, une basilique superbement ornée. Je suis toujours heureux de revenir à Santa Prassede !




Petite promenade en serpentant dans les rues vers ma destination. Rome intercale les monuments de toutes les époques, et les vestiges antiques ne manquent pas. Ici c'est l'arc de Gallien qui a conservé sa partie centrale.



La Piazza Vittorio Emanuele a toujours ses arcades et ses vestiges dans le jardin central. Mais ce sont maintenant des commerces asiatiques qui en ont pris possession : vêtements, électronique, vente en demi-gros.



Le transport de l'eau a toujours été un enjeu majeur, résolu par les Romains de l'Antiquité à grands coups d'aqueducs. Aussi n'est-il pas rare d'en trouver des fragments dans toute la ville.


J'ignore encore le rôle de cette ziggourat aux abords des rails de la Gare, mais elle constitue un efficace point de repère.

Le temple de Minerva Medica



Un peu délaissés, les murs du temple permettent de bien reconstituer une salle circulaire, même si la coupole manque aujourd'hui.




Pas un hôtel ouvert sur la série alignée dans la rue. Une vraie catastrophe.

La Porta Maggiore 



Cette porte de marbre est une démonstration de l'ingéniosité des architectes antiques. Elle s'insère dans  la muraille de briques, à la fois élément protecteur et aqueduc double. A cet effet, le haut de la porte a été évidé pour que le conduit ne s'interrompe pas. Aujourd'hui c'est lui qui a le mieux résisté. 








J'ai visité une fois cette basilique souterraine, très impressionnante. Elle reste apparemment accessible sur réservation. Encore une visite à recommander.


Déjeuner : Da Silvano


Trouver à déjeuner dans ce quartier excentré, où beaucoup de restaurants sont fermés, c'est un défi.


Mais je tombe bien. Silvio, le patron, chouchoute ses clients.


Je suis ses recommandations : les gnocchi di patate, tomate et basilic frais, sont excellents.


La saltimbocca, à base de poulet cette fois, a bien le goût caractéristique.


Je connais la gremolata que j'ajoute à l'osso buco, mais pas le dessert homonyme, des fruits mixés à de la glace pilée.


Silvio m'offre le café, il me reste vingt euros tout rond à payer.

Je me remets en route.




Un euro le kilo de pêches ! Je devrais faire mes courses ici !


Cimitero di Verano



C'est un des plus grands et des plus célèbres de Rome,et il tire son nom du sénateur qui y possédait une immense villa il y a deux mille ans. La voie, la Tiburtina, était évidemment bordée de tombeaux.


Ici on mesure particulièrement combien le style antique, dans ses divrrses formes, a durablement influencé l'art funéraire.



Je poursuis ma balade pendant que trois enterrements se succèdent dans la basilique.


Cette fois est la bonne : je visite enfin San Lorenzo fuori le mura !


Je regagne le centre, opération perturbée par un orage aussi saisissant que subit.





Je repasse à Santa Maria Maggiore. Rien n'a changé. J'abandonne pour aujourd'hui. Je tiendrai bon, je prévois déjà ma visite !


Sainte Pudentienne (Santa Pudenziana)



J'ai davantage de chance avec celle-ci. Elle est construite à l'emplacement du palais du sénateur Pudens, le père des saintes Pudentienne et Praxède, et elle serait une des plus anciennes de la ville. 
 
 
 Chose difficile à percevoir aujourd'hui tant elle a subi de transformations. 

 
Le porche fut construit au XVIe siècle, mais il englobe une frise romane du XIe siècle ; aux portraits de famille (Praxède, Pudentienne et le papa Pudens) s'ajoute celui d'un mystérieux saint présenté comme un berger.

 
Sur la façade demeurent quelques fresques de Pietro Gagliardi du XIXe siècle, sans grand intérêt !
 

 


Les fondations du palais remontent au IIe siècle ; une partie des thermes de la villa fut transformée en chapelle au IVe siècle. C'est là que ce serait déroulé le miracle de l'eucharistie durant la messe du père de l'église Grégoire le Grand, élément important de l'iconographie de ce dernier.

L'intérieur



L'intérieur a été fortement modifié au XVIe siècle, ramené de trois nefs à une seule. Sobre mais assez sombre, la lumière provenant essentiellement de la coupole. L'ensemble est l'œuvre de l'architecte Francesco Capriani, le "Volterra".


 
Ajouter une légende

Francesco da Volterra tenta ici une toute nouvelle forme, avec cette coupole à plan ovale. La première de Rome donc. On confia les fresques du Paradis à Pomarancio, artiste réputé pour ses peintures à l'Aracoeli ou à Saint Jean de Latran.

 


Pomarancio présenta dans les pendentifs des anges avec les symboles de la Passion. Celui-ci tient dans chaque main une couronne d'épines.



Malgré les transformations du XVIe siècle qui ont irréversiblement massacré le bas, on a la chance de voir la plus ancienne mosaïque monumentale de toute la Chrétienté, dans un superbe état de conservation. Elle date de 390, c'est à dire de l'époque de l'empereur Honorius.
 

Malgré les transformations du XVIe siècle qui ont irréversiblement massacré le bas, on a la chance de voir la plus ancienne mosaïque monumentale de toute la Chrétienté, dans un superbe état de conservation. La qualité des portraits est exceptionnelle ; les deux personnages féminins pourraient être l'Eglise et la Synagogue, ou les sœurs Prassede et Pudenziana.


Je goûte la qualité des détails : la ville, encore antique, avec ses frontons et ses coupoles.


La qualité de la représentation du tétramorphe (les quatre symboles des évangélistes), qu'on sent encore impulsé par l'art antique.



 
Bernardino Nocchi a représenté en 1803 une Gloire de Sainte Pudentienne au centre, en feignant d'oublier que l'histoire de l'art ne s'était pas arrêtée à l'époque baroque. Il l'a flanquée des saints Novato et Timothée de chaque côté.

La chapelle Caetani


 
Cette chapelle occupe l'emplacement exact de la première église du IVe siècle, mais elle fut évidemment refaite par Volterra pour Onorato Capriani, le chef des troupes du pape lors de la bataille de Lépante. A la mort de Volterra, le chantier fut repris par Carlo Maderno, le célèbre architecte de Santa Maria della Vittoria.


Maderno conçut également les deux monuments funéraires pour le cardinal Enrico Caetani à gauche et le duc Filippo Caetani à droite.

Surmontant le sarcophage, le buste a encore fière allure.





Je reprends mon cours dans ce quartier très agréable, avec de fréquentes ruelles qui s'insinuent entre les voies importantes.




San Lorenzo in fonte 



Décidément Saint Laurent est très populaire ! Son nom, saint Laurent en Fontaine, vient d'un événement cité dans son iconographie : à cet endroit s'étendait la domus du centurion Hippolyte, et Laurent aurait fait surgir une fontaine pour le baptiser. Il aurait également été incarcéré dans le sous-sol, qui se diviserait en de nombreuses cellules. Le lieu était connu au XIVe siècle comme oratoire de Saint Laurent, mais il fut transformé au XVIIe siècle pour le pape Urbain VII, un Barberini qui lança de multiples rénovations d'églises dans toute la ville. L'architecte Domenico Castelli se chargea des rénovations.

Andrea Camassei, Saint Laurent baptisant Hippolyte

C'est l'épisode du baptême d'Hippolyte qui est logiquement représenté sur le principal retable. Camassei, un élève du Dominiquin, était protégé par la famille Barberini. On peut voir son Assomption à Santa Maria in via lata et une superbe Déposition à Santa Maria della Concezione, l'église des Capucins.


Hippolyte, le centurion, aurait été également martyrisé. L'inscription sur la façade du XIXe siècle fait référence aux deux.




L'image que je garde toujours en mémoire des rues de Rome, c'est celle de rues aux façades jaunes, pavées, avec de la végétation qui a pris d'assaut les verticales. Ce n'est pas le cas partout mais c'est un élément caractéristique.




Le palazzo Faletti, du XVIIIe siècle, se targue de posséder une cour ravissante et un superbe sarcophage antique.






Santa Maria ai Monti



Monti, c'est le nom du rione, c'est à dire du quartier médiéval. Au XVe siècle, on découvrit dans les ruines d'un couvent une peinture de la Vierge avec des saints, vite montée en grade pour devenir une image miraculeuse. Il fallut donc, bien sûr, une église toute nouvelle pour la présenter.


On demanda rien de moins que l'architecte della Porta, le maître de la Contre-Réforme, la star du moment. Celui-ci venait de terminer le Gesù, fastueuse réalisation qui lui valait l'admiration générale, et il en reprit le principe dans cette église infiniment plus petite.


C'est donc une débauche d'or, de statues, de peintures, de vrais et faux marbres, qui ne laissent aucune surface libre et font virevolter la tête.


Quel contraste avec la sobriété médiévale de la peinture découverte !



En dépit de la surcharge, on constate facilement la qualité des peintures. Non que leurs auteurs soient des stars (l'inconnu Buinvixini, mais tout de même Cesare Nebbia et Girolamo Muziano, notamment réputés pour les fresques de la Villa d'Este) mais tout simplement par la fraîcheur des palettes et la sûreté des compositions.

 


Les pères de l'église sont des habitués des décorations à Rome. Avec le livre et la colombe, voici Saint Grégoire. Il transforma à Rome sa villa en église.

 
Avec le lion, on a le choix entre Saint Marc, l'évangéliste, ou Saint Jérôme. Si on a déjà Saint Grégoire, Saint Ambroise et Saint Augustin, pas de doute, c'est du second qu'il s'agit. Ce personnage historique était un intellectuel de haute volée, mais on préféra le transformer en personnage de conte avec un lion apprivoisé pour le mettre à la portée du peuple.

 
Le chapeau oriental était un attribut iconographique traditionnel pour des prêtres juifs ; à gauche, on identifie sans peine le mariage de la Vierge.

 
Dans les pendentifs de la coupole, des femmes tentent d'emplir l'espace exigu ; ce sont sans doute aucun des sibylles. Ces devineresses païennes ont droit de cité dans une église à cause de l'une d'entre elles, celle de Tibur, qui aurait prédit à l'empereur Auguste la venue du Christ.

 
L'ange brandit en phylactère le psaume LXVII, appelé le Psaume du Cantique.




Benoît-Joseph Labre, un "fou de dieu itinérant" est un saint picard, patron des SDF et des scouts. Sa dépouille est visiblement très visitée. Un mince interstice fait office de fente de boîte aux lettres et on lui adresse de nombreux billets, dont seuls certains sont de banque !


Je cherchais un café mais je ne trouve qu'une pizzeria. Inutile de me faire excessivement prier. La burrina, pizza traditionnelle aux champignons et à la saucisse romaine, est vraiment excellente. Avec la chaleur, l'eau pétillante fait parfaitement mon affaire !

1 commentaire:

  1. You are very lucky ; outstanding memories from the past and fantastic pizzas!
    Your post is just perfect.
    Annie

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