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lundi 10 août 2020

Rome : la basilique de Sainte Marie Majeure (Santa Maria Maggiore)



 La basilique de Sainte Marie-Majeure est, selon moi, une des plus impressionnantes de la ville. Un énorme bâtiment sur une place très vaste, et ses coupoles et son campanile sont un bon point de repère car on les voit de loin ! Le campanile, avec ses 75m, reste d'ailleurs le plus haut de Rome.



La façade est insérée dans celles de deux palais jumeaux. C'est assez réussi car les palais alignent la sévérité de l'art classique alors que le rythme est apporté par les ruptures de la façade de la basilique, avec les verticales des colonnes et les brisures des frontons.
Cette façade est l’œuvre de Ferdinando Fuga, un architecte du XVIIIe siècle. Il travailla à Palerme, à Naples où il s'occupa notamment du Théâtre San Carlo. A Rome, on lui doit aussi le Palais Corsini, la façade de Sainte Cécile, une chapelle à Saint Jean-Baptiste des Florentins... On le retrouvera à l'intérieur pour le grand baldaquin.


On pénètre d'abord sous un portique assez strict, principe éprouvé dans l'architecture religieuse romaine...


 A une extrémité se dresse Philippe IV d'Espagne, personnage assez inattendu, qui tend un bras droit péremptoire. Ces statues dans les portiques ne sont pas rares à Rome ; pensez à la fameuse de Constantin à Saint Jean de Latran !

La nef



L'entrée dans la basilique est toujours un saisissement, d'abord par la taille ; c'est qu'il s'agit d'une des quatre basiliques majeures de Rome (avec Saint Jean de Latran, Saint Paul hors les murs et évidemment Saint Pierre), elle appartient d'ailleurs au Vatican et non à Rome. Cette histoire de basilique majeure vient du pape Boniface VIII qui promulgua une bulle (une sorte de décret) où il instituait l'année sainte. Ainsi chacune d'elle possède une porte sainte, solennellement ouverte au début de l'année sainte.


Celle-ci demeure la plus grande et la plus ancienne de toutes les églises romaines consacrées à Marie, même si elle a beaucoup changé depuis ses origines. Le spectaculaire plafond à caissons fut offert par les souverains d'Espagne Ferdinand et Isabelle, avec l'or rapporté du Pérou.


Quant au sol, c'est, une fois de plus, une démonstration de l'art des Cosmates, ces marbriers qui faisaient des merveilles au Moyen-Age.


Le baldaquin énorme ruisselle d'or aussi sur les colonnes de porphyre. Ferdinando Fuga le conçut au XVIIIe siècle pour abriter une relique, les fragments du berceau du Christ. Je pense que la relique fut ramenée de Terre Sainte comme véritable, mais j’ai des doutes quant à son authenticité ! , 



La nef réussit, malgré les modifications successives, à maintenir le concept de la basilique chrétienne primitive, avec ses alignements de colonnes ioniques. On ajouta un programme de fresques mais, ô miracle, en conservant les merveilleuses mosaïques du Ve siècle.




Ce sont d'ailleurs parmi les plus anciennes mosaïques chrétiennes de Rome, avec celles de Santa Pudenziana (Sainte Pudentienne), celles du baptistère de Saint Jean de Latran et celles de Sainte Constance.




 Apparemment il n'y a pas de rapport entre les fresques et les mosaïques ; c'est clair avec ces Noces de Cana ("Vinum non habent", ils n'ont pas de vin) et l'œuvre du dessous. 
 

 A gauche, tandis que le combat contre les Amalécites fait rage, Moïse se retire pour prier sur la montagne, tout en haut.

A droite, les deux prospecteurs partis explorer la terre promise sont de retour; on tente de lancer des pierres sur Moïse, Josué et Caleb (lapidation) mais ils sont miraculeusement protégés par une nuée. Un vrai super héros avec une protection magique !


A gauche, Josué reçoit la vision d'un ange ; au-dessous, la courtisane Rabaj apporte son aide aux prospecteurs pour qu'ils descendent des murailles de Jericho sans se casser un membre, et ceux-ci reviennent sains et saufs.

A droite, Jericho, entourée de murailles, est complètement encerclée par les armées. Au registre inférieur, on transporte victorieusement l'arche ; on sonne même de la trompette !



En haut, Josué combat les Amoréens ; en bas, l'Eternel donne un coup de pouce en faisant pleuvoir des pierres sur ces ennemis des Hébreux.


A gauche, l'Eternel commande à  Jacob de partir ; il explique ensuite aux femmes son futur départ.

A droite, Jacob réclame à Laban les agneaux tachetés, et le troupeau est ensuite divisé.



Au-dessous d'un dramatique Portement de Croix,  deux scènes toujours : en haut, Sichem et son père Hemor demandent à Jacob la main de sa fille, Dina. En dessous, les frères de Dina refusent cette union et s'irritent soudain.


La mosaïque de l'arc est également une splendeur du Ve siècle ; celle de l'abside utilise des éléments de la même période, mais elle fut abondamment transformée au XIIIe siècle par Jacopo Torriti.
 

Il est clair que le vocabulaire (notamment les architectures) nous parle encore d'Antiquité. Dans la scène du milieu, l'Enfant Jésus est assis sur un magnifique trône gemmé. On voit des toges, comme de bien entendu, mais aussi des pantalons !


Les scènes s'étagent en registres bien délimités ; selon la tradition du moment, les deux villes saintes sont décrites en bas ; à droite, c'est Bethléem, enserrée dans ses remparts, avec un troupeau de brebis assemblé devant.


Dans le cercle nimbé apparaît un trône décoré de pierreries, encadré par deux saints (Pierre et Paul) et les évangélistes.


Changement de style avec la mosaïque de Torriti, un Couronnement de la Vierge solennel ; les éléments d'origine se repèrent au-dessus, les rinceaux et les oiseaux.

Les chapelles



Se répète ici le principe ordinaire de proposer des chapelles  de grandes familles qui pourront profiter du prestige du lieu et y réaliser leurs propres cérémonies religieuses, en échange de dons généreux qui financent les travaux de l'église.


La prestigieuse basilique a droit à toute la gamme des tombeaux, y compris la pyramide.

 
Carlo Rainaldi, l'architecte, conçut en 1671 le monument funéraire de Clément IX. La statue du pape fut sculptée par Domenico Guidi ; deux élèves du Bernin se chargèrent des allégories, Ercole Ferrata de la Charité à gauche et Cosimo Fancelli de la Foi à droite.


Le baptistère



La chapelle du baptistère  est la première à droite en entrant dans la basilique ; cette position était retenue pour éviter que les non-baptisés ne s'avancent trop loin à l'intérieur et souillent sa pureté (ce qu'on retrouve aujourd'hui dans certaines religions, je pense notamment aux Hindous qui refusent parfois l'entrée aux consommateurs de bœuf).


Voilà une chapelle mirifique  avec ors et marbre à foison, construite par un architecte baroque, Flaminio Ponzio, l'auteur de la Villa Borghese.


Le haut-relief avec l'Assomption porte un nom célèbre ; dans la famille Bernin, c'est le père, Pietro Bernini. Les Bernin ont d'ailleurs une pierre tombale dans la basilique.



La chapelle de Sixte Quint



Sixte Quint est un des grands transformateurs de Rome ; en seulement cinq ans d'activité, il lança des chantiers dans toute la ville, à la fin du XVIe siècle. Son architecte de prédilection était Domenico Fontana, qui a dressé des obélisques, rénové les colonnes trajane et aurélienne, construit Saint Louis des Français... Et donc réalisé aussi cette chapelle.


C'est une vraie église, en croix grecque, à l'intérieur de la basilique.



Sa taille gigantesque a même permis à Fontana d'y édifier une coupole respectable.


Deux papes y ont leur tombeau, Sixte Quint sans surprise et Pie V ; c'est le premier qu'on voit, à droite sur ma photo.


Quelques dernières vues rapides ; je suis obligé de fuir, la messe commence !


 C'est une messe en temps de Covid, aux fidèles très espacés...

4 commentaires:

  1. Wonderful great church! Amazing post with still your unique texts! Just perfect.
    Annie

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    1. Welcome back, dear Annie ! Thanks for your kind comment !

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  2. Visite très intéressante et très riche en informations !
    Anna

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