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vendredi 25 octobre 2019

Vienne : Il Barbiere di Siviglia (Wiener Staatsoper)


Avec Die Fledermaus, (La Chauve-Souris), Il Barbiere di Siviglia (Le Barbier de Séville) est l'oeuvre que j'ai vue le plus souvent au Staatsoper. Toujours dans la même production, signée Günter Rennert, avec depuis des années le même principe : essentiellement des membres de la troupe, sauf l'Almaviva qui est toujours un artiste invité.

Une production ancienne



La production de Rennert date ds années 1960  et elle est reprise sans cesse, plusieurs fois au cours d'une même saison, toujours en faisant le plein. Ce soir, on donne la 432e représentation dans cette mise en scène !


C'est une production à l'ancienne, avec un célèbre décor de maison de poupée qui me semble bien avoir été rafistolé depuis la dernière fois que je l'ai vue, en 2015. On a un peu modifié les gags, même si certains semblent inébranlables. Grâce à des chanteurs-acteurs talentueux, cela fonctionne toujours bien et on n'a pas l'impression d'une mise en scène poussiéreuse. Cela dit, un des chanteurs me confie qu'il est question de la remplacer par une nouvelle dans les saisons à venir. J'espère que ce sera aussi le cas de la Tosca de Margarita Wallmann qui a vraiment fait son temps !


La distribution du jour



Je retrouve les inébranlables Uffiziale de Wolfram Igor Derntl et Fiorello de Hans Peter Kammerer, que j'entends dans ces rôles depuis 2008 ! Ils connaissent leur partie, c'est sûr.


 Berta est tenue par Simina Ivan, qui doit bien avoisiner la trentaine de représentations dans le rôle. Loin est l'époque où elle chantait Eudoxie dans La Juive et elle doit composer avec une voix indéniablement plus mûre, mais le personnage est bien là.



Basilio est le non moins fidèle Sorin Coliban, toujours excellent acteur et un chanteur dont la voix ronde et puissante apporte bien des plaisirs. Après, lui aussi, une trentaine de Basilio ici, il a décidé que ce soir serait sa dernière apparition dans le rôle et c'est bien dommage.


Paolo Rumetz n'a chanté qu'une vingtaine de Bartolo ici, mais il compose un personnage irrésistible et est toujours à l'aise dans le sillabando qui pose tant de problèmes à certains interprètes. Il ne se laisse pas démonter par le décalage dans Bricconi, birbanti et, en grand professionnel, rattrape le coup sans l'air d'y toucher. Impeccable.


L'invité du jour, c'est René Barbera qui est remarquable en Almaviva : voix puissante et timbrée, c'est un Almaviva sans mièvrerie qui maîtrise toute la technique requise pour le rôle, avec un registre aigu solide. La facilité de ses vocalises fait regretter l'absence, encore une fois, de Cessa di piu resistere, hélas toujours omis dans ces représentations viennoises. Comme il joue, de plus, avec un naturel confondant, c'est un plaisir.


La jeune Bulgare Svetlina Stoyanova (aucun rapport avec la célèbre Krassimira, je lui ai posé la question) est entrée dans la troupe depuis la saison dernière ; elle y chante beaucoup de seconds rôles (Javotte, Rossweise, Dryade), mais, fidèle au principe de l'ensemble, le Staatsoper l'a aussi programmée en Cherubino. Pour ses premières Rosina, elle montre de solides qualités, et d'abord un tempérament volcanique qui irradie sur scène. La voix est très égale, solide d'un bout à l'autre, même si les aigus sont encore un peu ouverts, sans que ce soit gênant dans ce rôle. C'est une belle interprète, qui m'enchante bien plus que la dernière Rosina que j'avais entendue ici.

Quant au Figaro, c'est Samuel Hasselhorn qui s'y colle ; j'ai découvert ce jeune baryton allemand au printemps dans le Freischütz  à Aix ; le Staatsoper l'a programmé notamment en Harlekin, Ping et Belcore, mais il chante son premier Figaro. C'est impressionnant de maîtrise, avec la solidité d'une émission franche et puissante (une grande voix à  venir), une extrême aisance scénique, nécessaire pour le personnage. Il me rappelle beaucoup le jeune Mattei dans ce rôle. Il est déjà magnifique et, lorsqu'il se sentira assez à l'aise pour varier encore davantage les couleurs, il sera vraiment splendide. En tout cas, un artiste aussi intéressant que prometteur à suivre, et qui m'a apporté bien du plaisir cette soirée.


 Je ne sais s'il faut imputer au manque de répétitions les quelques décalages de ce soir et parfois les problèmes de tempo (Zitti zitti piano piano pris à un tempo  différent par le chef et les chanteurs), sans compter que le souffleur a aussi son rôle à jouer. Graeme Jenkins a beaucoup de métier et garde le cap, en insufflant beaucoup de vie à la partition, notamment en faisant ressortir les contrechants à l'orchestre, les pizzicati de contrebasse par exemple.
L'orchestre pourrait jouer cet opéra les yeux fermés, j'en suis certain !


C'est donc une excellente soirée, une fois de plus !

Graeme Jenkins

avec René Barbera

Samuel Hasselhorn

Svetlina Stoyanova



avec Paolo Rumetz

Simina Ivan

avec Sorin Coliban

2 commentaires:

  1. I love Barber of Seville !
    I would have been in the theater !
    Thanks for this beautiful review.
    Annie

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    Réponses
    1. Vienna is a very easy town, not expensive, you should think to it !
      All my best.

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