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mercredi 30 octobre 2019

Vienne : Eglise des Piaristes (Piaristenkirche)


Je profite de ma promenade dans ce quartier si agréable de Josefstadt pour mettre le pied dans l'église des Piaristes, un très vieux souvenir de voyage.




Je pense que les Piaristes, ça ne dit pas grand-chose aujourd'hui. il s'agit d'un ordre monastique espagnol, fondé en 1557 par Calasanz (rassurez-vous, j'ai révisé), et destiné à assurer l'école gratuite pour les pauvres. Une première sans doute. L'ordre essaima un peu partout ; en Autriche, il est également représenté à Krems. Beaucoup d'écoles piaristes sont aujourd'hui implantées en Afrique, mais celle qui jouxte cette église demeure en activité. Parmi les élèves célèbres de cette école-ci, on trouve notamment le jeune Mozart.

La façade




On doit le bâtiment à Johann Lukas von Hildebrandt, l'architecte du Belvedere. J'ai vu sur une notice qu'il l'avait achevé en 1777, ce qui est impossible compte tenu qu'il est mort en 1745 !
Ce qui est sûr, c'est qu'il ne réalisa pas les deux clochers, qui datent de 1860.




Telle quelle, c'est une façade harmonieuse, pas trop chargée de sculptures. Les fenêtres se chargent du rythme et le léger galbe crée une douce ondulation. D'ailleurs, je trouve une bonne idée de l'avoir inversée sur les clochers, car cela suggère réellement une vague.


En 1713 se propagea une épidémie de peste. Il était de tradition d'élever des colonnes lors de la fin de ces catastrophes, celle de Graben est sans doute la plus célèbre. Celle-ci est une colonne mariale.

L'intérieur




Josefstadt n'est jamais bourrée de touristes et je suis quasiment seul dans l'église ; malgré tout, la grille habituelle restreint ma visite et je suis contraint de prendre quelques photos à travers les espaces libres. Je me contorsionne mais il m'est évidemment impossible de photographier la tribune d'orgue, sur laquelle Anton Bruckner passa son examen de composition. Liszt fut conquis par l'acoustique du lieu et c'est là aussi que fut créée la magnifique Pauken-Messe de Haydn. Hans Gillesberger, également chef de chœur des Wiener Sängerknaben, les Petits Chanteurs de Vienne, fut responsable ici de la musique religieuse.


On voit un plan assez complexe. Après le vestibule, l'intérieur forme un ovale très évasé, échancré de plusieurs chapelles. Les verrière multiples, en hauteur mais aussi, c'est plus rare, derrière les retables, assurent une très appréciable luminosité.



Plus que la débauche d'or qui accompagne souvent le baroque viennois, je trouve les couleurs générales très réussies, une association de vert d'eau et de rose pastel.



Difficile de faire une bonne photo sans m'approcher davantage. C'est tout ce que j'obtiens depuis la grille. Dommage, la Crucifixion semble intéressante, avec les larrons en l'arrière-plan.


La chaire, c'est toujours un grand moment dans les églises baroques. Ici on ne s'est pas privé : or généreusement étalé, sculptures pleines de mouvement, bas-reliefs. La totale.


En revanche, les fresques du plafond, quoiqu'assez chargées aussi, sont d'excellente facture. Leur auteur est un des grands maîtres du moment, Franz Anton Maulbertsch. Ce spécialiste des grands formats et des fresques a beaucoup œuvré au centre de l'empire, dans des palais et des églises. Cette fresque de 1752 est considérée comme sa première grande réussite, qui lui vaudra de décorer ensuite le Belvedere. Sa dernière, ce sera la voûte de la célèbre bibliothèque dans le monastère de Strahov, à Prague.



C'est un peintre doué (on voit ici un trompe-l'œil impeccable), capable de trouver des solutions plastiques originales, et son style manie puissance et délicatesse. Rien que cette coupole vaut bien de faire un tour à Josefstadt.


Je repasse le vestibule pour me diriger vers la Chapelle de douleur.


La Chapelle de souffrance (Schmerzenskapelle)



Cette petite salle ne fait en fait pas partie de l'église proprement dite. C'était autrefois celle du monastère-école, et on la relia au grand édifice lorsque celui-ci fut construit.

Les touches dorées y sont plus parcimonieuses et l'ensemble a un petit air d'église de village. Elle me rappelle beaucoup celles de Franconie, notamment.


En 1713, lors de l'épidémie de peste, Josef Herz réalisa cette statue nommée Maria Treu, ce qui a donné à l'église son patronage.


Sur la photo de la chapelle, on voit une sorte de tableau, au niveau de la fenêtre tout à droite. C'est, étonnamment, une crèche à la Napolitaine. J'ai fait de mon mieux pour la présenter mais le reflet est vraiment trop puissant !


Le buffet d'orgue est coincé contre le plafond ! La tribune est évidemment à la taille de la chapelle. On peut y ranger quelques choristes, pas plus.


Au-dessous, les fonts baptismaux me plaisent bien, avec des sculptures très honnêtes. Curieusement, les putti au pied allègent la cuve. Je n'ai rien trouvé sur cet ensemble, ni sculpteur, ni date, mais le XVIIIe me paraît tout à fait plausible.


A l'arrière, la petite cour formée par l'école et le flanc de l'église sert de garage. Et, malgré cet emploi plutôt trivial, je lui trouve beaucoup de charme. Le soleil dans les arbres y est sans doute pour beaucoup !

10 commentaires:

  1. Really informative article about a delightful baroque church !
    Annie

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  2. Just amazing..Very informative article. It will help us a lot whenever we’ll had a plan to go to Vienna and visit many churches.
    Cameron

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  3. Quelle belle représentation de ces chefs-d‘oeuvre présents au Kunstmuseum de Vienne!J‘y étais fin décembre et de les revoir maintenant avec toutes ces fines descriptions observées par Vous-meme;cela m‘a rappele que j‘avais vu une expo exceptionnelle! Merci pour tout votre travail d‘analyse fait avec votre grande sensibilité ,votre coeur et toutes vos connaissances. Jacqueline

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    1. Merci beaucoup, Jacqueline, pour ce commentaire aussi chaleureux que détaillé ! Cela me fait extrêmement plaisir.

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  4. Magnifique église inconnue que j'apprécie grâce à votre érudition. Très bel article, merci beaucoup.
    Jean-Claude

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    1. Un grand merci, Jean-Claude, pour ce chaleureux message !

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  5. Belle église, article très intéressant !

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    1. Merci beaucoup, cher Anonyme, pour ce chaleureux commentaire !

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