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samedi 23 février 2019

Washington : la Bibliothèque du Congrès


La Bibliothèque du Congrès (The Library of Congress)


La Bibliothèque du Congrès, c'est un des bâtiments fameux sur la Colline du Capitole. Le principal bâtiment, baptisé Thomas Jefferson, est une construction raffinée qui, sans surprise, affiche fièrement ses références à l'Antiquité, à travers le prisme de la Renaissance. Je ne visiterai pas les autres : le John Adams Building, le James Madison Memorial Building et le Packard Campus.




Il s'agit tout de même d'une édification tardive par rapport au Capitole puisque ce bâtiment ouvrit ses portes en 1897. Sa décoration clame bien fort la nécessité d'apprentissage, de littérature et de savoir. Eduquer un peuple, c'est en faire une nation de citoyens. Je ne suis malheureusement pas certain que ces nobles idéaux soient complètement réalisés de nos jours.

Le Grand Hall et les galeries



Les galeries sont décorées avec grand luxe. Pour mettre en avant le savoir, on n'a rien négligé et j'ai davantage le sentiment de visiter un palais. Colonnes de marbre, fresques, mosaïques, l'ensemble est prévu pour impressionner par la majesté. Un Versailles du livre, en quelque sorte.



Les fresques me semblent évoquer l'Arcadie heureuse.




Je pense que l'idée générale est une référence à un palais romain idéalisé, peut-être même plus précisément une bibliothèque romaine. Celle d'Ephèse dont la façade demeure présente effectivement ce même ensemble de colonnes et de caissons.


Cependant il s'agit d'Antiquité revue et corrigée par la Renaissance italienne, avec des motifs et une organisation générale inconnue auparavant.


Au sol les signes du zodiaque entourent une boussole en cuivre.


Le plafond se découpe en caissons garnis de vitraux.


Cette fois, les vitraux renvoient bien à l'art du moment.


Autour des arcs sont représentés avec soin des végétaux bien identifiables.





La référence se poursuit avec des mosaïques à l'antique.


Chaque médaillon surmonte un cartouche contenant une citation sur la nécessité du livre, de la culture et de la science.


L'escalier est décoré d'une mosaïque d'Elihu Vedder à la feuille d'or. Une imposante Minerve y défend l'accès à la salle de lecture. Elle expose noblement un parchemin énumérant les domaines nécessaires à la civilisation.



Les références couvrent vraiment des sujets divers. Ici, dans la série "grands lieux de l'humanité", on peut évidemment lire Athènes et Rome, mais aussi Gizeh (les pyramides d'Egypte) ou Agra (le Fort Rouge et le Taj Mahal).



Et, cocorico ! La France n'est pas oubliée dans la liste des grands auteurs.


Des allégories, comme celle de la justice, s'animent sur les fresques à la pompéienne.

La bibliothèque de Thomas Jefferson



La Bibliothèque fut fondée en 1800, donc au début de la Nation, quand le gouvernement fut transféré à Washington par John Adams. Mais les troupes britanniques incendièrent l'édifice et la bibliothèque partit en fumée.


Le président Thomas Jefferson, retraité à Monticello, proposa alors sa propre bibliothèque. Pas gratuitement, il  ne fallait pas exagérer. Il vendit donc 6487 livres pour 23 950 $.


Cela reflète tout de même la bibliothèque d'un "honnête homme" au siècle des Lumières, nourri de l'esprit de l'encyclopédie, et la diversité des rayons évoque bien une bibliothèque actuelle : sciences multiples, arts, poésie, littérature, philosophie, on voit les traces d'une formation équilibrée.


Dans ces bibliothèques anciennes, c'est toujours une fierté nationale de vérifier la place des ouvrages en français, et justement dans tous ces domaines variés.





 La salle de lecture


Je pense que c'est la partie la plus connue de la bibliothèque ; en tout cas, c'est celle que je connaissais avant de venir, je pense essentiellement grâce au cinéma.


La coupole culmine à cinquante mètres de haut et met en avant toute une série d'éléments symboliques.


Au-dessus de la dernière galerie de livres, des statues en bronze présentent des génies qui ont apporté des contributions majeures à l'humanité.


Même dans une construction rendant un hommage aussi évident à l'antique, je trouve frappant que les citations dans les cartouches soient rédigées en anglais et non en latin.


Les verrières portent les sceaux des états et des territoires de l'époque. Il y manque l'Alaska et Hawaii, qui n'en faisaient pas encore partie.


Côte à côte, le compositeur Beethoven et le géographe-historien Hérodote illustrent des domaines différents. C'est assez rare pour être souligné.



Evidemment tout n'est pas présenté ici. Les bibliothèques aujourd'hui, ce sont des mastodontes à l'expansion permanente, confrontés sans cesse au manque de place. Celle-ci, avec ses cent cinquante millions de documents, s'affiche comme le plus grand fonds mondial.


Les livres en constituent la base solide et toujours la partie principale.


Mais, comme toute bibliothèque, le fonds s'est élargi avec des documents iconographiques (gravures, peintures, dessins, photographies…), des cartes, des partitions…


Cette bibliothèque est également réputée pour sa collection de manuscrits.




 Les collections




On ne s'attend pas à une présentation exhaustive du fonds. Quelques expositions thématiques, quelques vitrines en donnent un très bref aperçu destiné avant tout à frapper le touriste de passage en lui suggérant l'immensité et la valeur de ce qui lui reste à découvrir.


La Constitution des Etats-Unis fut rédigée en 1787 à Philadelphie. C'est une des plus anciennes du monde à être toujours appliquée (celle de San Marino demeurant à la première place).


Les enregistrements sonores constituent aussi une large partie des collections.



Les collections couvrent des domaines insoupçonnés. Les comics sont également bien représentés.




Un Captain America original !


La section cartographique figure toujours en bonne place dans les collections des bibliothèques. Ecrire l'espace a toujours correspondu à une nécessité.



Exposition : les origines



Groupés par vitrines thématiques, de rarissimes objets et livres témoignent du passé de l'Amérique et le confrontent avec celui des conquérants.



Les artistes méso-américains ont souvent montré ces jaguars à la gueule effrayante qui devaient terroriser les populations.


Les codex sont des livres artisanaux où on relie ensemble des pages manuscrites. Chez nous, le codex remplaça le rouleau de papyrus, de tissu ou de parchemin. Dans cette Amérique des origines, l'écriture, le papier et le livre se sont développés indépendamment des progressions européennes. Encore un exemple troublant des inventions similaires qui naissent à des endroits différents.




Cet objet Maya, en forme de citrouille, est peint pour représenter l'univers tout entier. Les glyphes représentent Vénus, qui accompagne le soleil dans les mythes de ce peuple.


Sphaera Mundi, l'ouvrage de Johannes Scaro Bosco, est le premier livre d'astronomie imprimé et les universitaires l'utilisaient encore au XVIIe siècle. C'est un précieux témoignage de la vision de l'univers avant la révolution copernicienne.


Tlaloc, le dieu mexicain de la pluie, tient un masque dans la main gauche. Son visage est dessiné avec deux crotales qui s'entrecroisent pour former les yeux, le nez et la bouche.


Pietro Martire d'Anghiera exerça ses talents d'historien, diplomate, universitaire à la cour espagnole des Rois Catholiques. Il a bénéficié d'un accès direct aux sources en interrogeant les premiers découvreurs, en consultant les documents de Christophe Colomb. Son ouvrage De Orbe Novo (Le Nouveau Monde) est le premier livre à parler de l'Amérique, et on le considère encore comme un document fiable.


Une série de tableaux du XVIIe siècle relate la conquête du Mexique par les Espagnols, centrée autour de Hernan Cortes et de la défaite de l'empereur Moctezuma.


Ancien Conquistador devenu Dominicain, Bartolomé de las Casas a écrit ce livre pour témoigner à la Cour d'Espagne des cruautés infligées aux populations locales par les conquérants. Son livre eut un retentissement énorme et engagea un débat idéologique passionné pour déterminer si on pouvait considérer ces peuples comme des êtres humains. Cela poussa l'empereur Charles V à instaurer les Nouvelles Lois des Indes.

Cet ouvrage capital pour l'histoire de l'humanité fut immédiatement traduit en plusieurs langues, comme on peut le voir ici.



Les Bibles de Gutenberg sont des documents rares de l'histoire du livre. C'est en 1455 que Gutenberg a achevé l'impression de la Bible à quarante-deux colonnes, premier ouvrage européen imprimé avec des caractères mobiles et non des plaques gravées. On sait maintenant que l'imprimerie sur ce principe existait en Chine au IXe siècle, mais cela n'ôte rien à l'invention de Gutenberg qui n'en avait vraisemblablement pas connaissance.

Les Etats-Unis et l'Allemagne sont les deux pays qui en possèdent le plus grand nombre, douze exemplaires chacun. La France en conserve quatre et trois bibliothèques en préservent quelques pages.

Déjeuner à Union Station



Je quitte cette zone du Capitole, après deux bien intéressantes visites.


Mon itinéraire me vaut de passer devant un autre lieu emblématique, la Cour Suprême des Etats-Unis. On en a beaucoup parlé avec l'équilibre Démocrates / Républicains ces derniers mois.


Je ne suis pas très éloigné de la gare d'Union Station, celle où je suis arrivé hier. En ce jour férié et dans un quartier où je ne vois aucun restaurant, ça me paraît  le meilleur choix pour le déjeuner.


Du riz, du poulet, des oignons, des pois chiches, du chou kale, du potiron, des carottes, du pesto, un petit pain… Neuf dollars et quelques. Me voici calé (comme le chou) pour un moment.

18 commentaires:

  1. A palace of books and knowledge !
    That's incredible : I discover America with you.

    Congrats, again and again !
    Annie

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    1. A very sweet feedback, once more !
      Thank you, Annie, my fastest reviewer.

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    1. Vraiment un endroit exceptionnel. J'ai adoré Washington !
      Un grand merci. Gros bisous à tous.

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  3. Awesome post. Fascinating. Captivating.
    Another gem on your wonderful, outstanding, superlative blog.
    Congrats

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    1. Such a sweet feedback! It is a great honor and a great pleasure to read so many compliments.
      Thanks, dear Anonymous!

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  4. Je sui pas trot livre mes j’est adore cet article ces si beau et tout et bien détailler et bien présenter sur votre blogue continuer comme ça
    Enzo

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    1. Merci beaucoup Enzo, c'est très gentil de votre part et vos compliments me touchent beaucoup !

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  5. Ce lieu extraordinaire mérite autant la visite pour ce bâtiment extraordinaire que pour les trésors qu'il renferme.
    Le Versailles du livre, comme vous l'écrivez justement.
    Un article passionnant!
    Pierre

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    1. Merci infiniment, Pierre. Ce fut un grand plaisir de pénétrer dans ce lieu légendaire.

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  6. Passionnant reportage sur un lieu emblématique. Le plus détaillé que j'ai trouvé !
    Ivan

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  7. The best post upon this world-famous library, and it is written by a French guy!
    Sarah

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    1. Thanks a lot, Sarah! I appreciate your kindest compliment!

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  8. Les bibliothèques permettent aux villes de dispenser le savoir aux populations. Le lieu de ce savoir est, presque toujours, imposant, majestueux, et l’intérieur montre un grand soin apporté au décor. Il est certainement très agréable de travailler dans un tel lieu où se trouvent à portée de main toutes les références que l’on recherche.
    Une journée sans doute épuisante pour toi, mais pour notre plus grand plaisir.
    Grâce à toi j’accrois mon savoir. Merci beaucoup. Bisous. Mam.

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    1. Il s'agit même d'une bibliothèque fédérale, d'où son importance dès l'origine, et sans doute le choix de ce décor somptueux n'y est pas étranger C'est un lieu dont on connaît le nom, mais finalement rarement montré.
      Un grand merci pour cet affectueux commentaire!

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  9. Hi I would just like to thank you for this wonderful post, I learn so much here, you make my day.
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    Thumbs up!

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    1. Wow! I am very proud to receive your kind feedback Thank you very much Ronaldo!

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