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mardi 19 février 2019

New York : Rigoletto (Metropolitan Opera)


J'ai eu la chance de voir cette production quand elle fut créée, avec une excellente distribution (Zeljko Lucic, Piotr Beczala, Diana Damrau) ; Rigoletto est un classique du répertoire et le reprend chaque année, comme Carmen, La Boheme ou Aida. Je devais fatalement retomber dessus lors d'un voyage.



La production de Michael Mayer



Cette production place l'action à Las Vegas. Rigoletto est un opéra facile à localiser dans une autre époque ou un autre lieu, on sait que l'action n'est située à la cour de Mantoue seulement à cause de la censure, et que ce n'est pas le choix verdien original. D'ailleurs, une des plus réussies que j'aie vues était celle du Komische Oper de Berlin qui commençait sur un yacht dans la jet-set et s'achevait dans le bouge d'un port bien glauque.


La société décadente dépeinte autour du duc de Mantoue peut recouvrir bien d'autres, pourquoi pas celle du Las Vegas des années 1960. Le final, dans le désert, où le sac de Gilda est devenu le coffre d'une Cadillac, reste une image forte.


 Tout ne fonctionne pas à merveille mais le premier acte avec ses néons et son clinquant factice est très évocateur, et l'arrivée de Monterone, devenu un Sheikh avec ses sbires, fait froid dans le dos comme c'est rarement le cas.


La distribution du soir

Le nombre de seconds rôles convient à merveille aux opéras qui disposent d'une troupe, mais, sans en avoir une, le Met réussit toujours ses distributions : Jennifer Roderer, Jongcheol Cha, Paul Corona, Samantha Hankey assurent, et j'ai remarqué particulièrement un Scott Scully bien sonore. Robert Pomakov, le spécialiste de Monterone, "fait le job" avec une Maledizione impressionnante.

Ramona Zaharia, Štefan Kocán

Ramona Zaharia pare Maddalena d'un timbre chaud et son physique avantageux convient bien au rôle, mais la salle est sans doute un peu vaste pour une voix qui n'est pas si grande. Ce qui n'est pas le cas de Štefan Kocán, déjà Sparafucile à l'origine, aussi efficace qu'en Commendatore il y a trois jours.

Vittorio Grigolo

Je retrouve Vittorio Grigolo en Duca di Mantova, comme à Paris. Je reste partagé : voix magnifique, supérieurement projetée (mais des aigus qui bougent un peu, ce soir), grande maîtrise du souffle, et cependant un personnage surjoué et une interprétation centrée sur la note davantage que sur la phrase. Je sens cependant la poigne du chef, qui le pousse à phraser davantage et globalement son interprétation s'en trouve améliorée.

Nadine Sierra

Sa partenaire est aussi celle de Paris, une Nadine Sierra qui promène partout sa Gilda de luxe, assurée de bout en bout. Elle, elle soigne son phrasé, et on n'en profite que davantage du large palette de couleurs, de suraigus filés sans gratuité et d'un médium généreux et parfaitement articulé. Toujours une splendide interprétation.

Nadine Sierra, Vittorio Grigolo

Roberto Frontali

J'ai déjà entendu à plusieurs reprises le bon Rigoletto de Roberto Frontali, le récent Renato de 
Vienne. C'est du travail bien fait : personnage qui existe et qui montre son émotion, airs bien gérés avec les nuances attendues, voix qui a la longueur nécessaire dans ce rôle.

Il lui manque seulement une palette plus large pour être vraiment exceptionnel.

Nicola Luisotti

Nicola Luisotti est un de ces chefs italiens régulièrement invités au Met, un professionnel qui connaît bien son métier et tient l'attelage sans faiblir toute la soirée, en obtenant beaucoup d'expressivité de l'orchestre et en gérant l'équilibre avec le plateau. Je ne vois vraiment pas ce qu'on pourrait lui reprocher tant sa direction montre de probité.

Vittorio Grigolo

avec Roberto Frontali

Nicola Luisotti


avec Nadine Sierra

Ramona Zaharia


Cette semaine, j'ai retrouvé tous les soirs presque toute la troupe des fidèles du Met, qui viennent tous les jours et attendent les artistes à la Stage Door. Richard, Harriet, Linda, Anthony… Il en manque quelques-uns mais j'ai pensé à faire cette photo avec l'adorable Sophia, une fidèle parmi les fidèles !

6 commentaires:

  1. Certes ce n'est pas la première fois que tu vois Rigoletto, mais cette distribution est soignée jusqu'aux plus petits rôles, dans une mise en scène pleine d'intérêt qui fait réfléchir sur le livret. Enfin l'orchestre parachève la qualité de cette soirée, et du coup, Rigoletto est un bel opéra.
    Je t'envie. Bisous. Mam.

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    1. Un grand merci pour cet affectueux commentaire.
      Effectivement, on réfléchit toujours sur le livret avec une production qui casse les codes.
      Gros bisous !

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  2. So great! An amazing show at the Met! I saw it last year in our theatre.
    Thanks for this post
    Annie

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  3. Je commence à comprendre que ce n'est pas votre ténor préféré ! La production me semble... Surprenante.
    En tout cas, cette très intéressante critique donne un bon aperçu de votre soirée.
    Pierre

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    Réponses
    1. Vous avez tout compris...
      Avoir des surprises dans une mise en scène, remettre en question les certitudes, c'est toujours matière à réfléchir.
      Un grand merci, Pierre!

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