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jeudi 14 février 2019

New York : Don Giovanni au Met

Ma série de quatre représentations au Met commence avec l'opéra que j'ai le plus vu ici, Don Giovanni.


C'est toujours un plaisir de revenir dans cette grande maison, un des lieux de la planète les plus emblématiques pour les amateurs de l'art lyrique.




C'est certain que je ne viens pas pour les productions, assez souvent sur le mode spectaculaire, plus soucieuses de maintenir une tradition que de renouveler la vision d'une œuvre. Il y a eu pourtant d'intéressantes exceptions, avec des productions de Chéreau ou de Lepage par exemple, ou le passionnant Parsifal de Girard.



Version Michael Grandage



Ici, j'ai toujours vu celle-ci, avec un décor un peu semblable à des arènes, mais qui me rappelle surtout des HLM.

Une avant-scène représente l'extérieur et coulisse pour dévoiler l'intérieur  Ce dispositif a le mérite d'occuper l'espace en trois dimensions et de permettre des changements de lieu rapides, mais ce n'est pas très différent du palais à volonté qui était toujours présenté dans les Don Giovanni de mes débuts de spectateur.
En outre, la volonté d'occuper cette grande scène amène à la remplir inutilement : danseurs qui interviennent à plusieurs reprises, inutiles figurants partout (à croire qu'Elvira ne peut se déplacer seule).

Tradition dans les costumes et les déplacements  heureusement rachetée par une bonne direction d'acteurs.

Admirable distribution 


Le Met peut s'enorgueillir de ses plateaux remarquables, et ce soir encore, la distribution est parfaite.

Brandon Cedel apporte beaucoup de voix et un timbre assez sombre à Masetto,qui n'est pas toujours si bien servi. Un accent encore peu italien à améliorer toutefois.


Stefan Kočan réitère son Commendatore noir (costume de même), impeccable de couleur et d'intensité.

C'est une joie de retrouver ici Stanislas de Barbeyrac, un Français ténor mozartien au Met, c'est rare !

Sa voix de plus en plus charnue lui permet d'imposer un Ottavio mâle et assuré, avec un phrasé extrêmement soigné.


Les trois femmes offrent une palette de timbres bien différenciés ; Aida Garifullina campe une Zerlina charmeuse avec sa voix fruitée,  Federica Lombardi apporte beaucoup de lyrisme à une Elvira particulièrement incarnée, et Rachel Willis-Sorensen est une Donna Anna noble, tragique, à la fois glaciale et passionnée, avec un chant de grande classe.
Parfaites sur toute la ligne.


Les deux principales clefs de fa connaissent bien l'opéra. J'ai entendu Ildar en Don Giovanni et Luca en Leporello !

Ce soir, rôles intervertis.

A Ildar Abdrazakov revient un Leporello remarquable, de couleurs, d'expressivité, de vérité théâtrale.

Et pour son premier Giovanni, Luca Pisaroni convainc avec sa voix chaude, sa sensualité de séducteur.


Cornelius Meister mène tout ce monde à la baguettr, fermement et rapidement. J'ai l'impression d'une course à l'abîme qui conduit inéluctablement à la catastrophe.

A ce tempo, quelques décalages surviennent dans les ensembles, rattrapés comme si de rien n'était.


Une soirée sans immenses stars de couvertures de magazines, mais extrêmement équilibrée et vraiment très réussie.








4 commentaires:

  1. I love this opera!
    Brilliant post from the connoisseur.
    Annie

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    Réponses
    1. Wow! It'd a pleasure to receive such a compliment! Thanks Annie.

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  2. Magnifique opéra Je me rappelle très bien le splendide film de Losey.
    Une fort belle distribution apparemment. Voix colorées, non ?
    Bien à vous
    Pierre

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    Réponses
    1. Le fill de Losey a beaucoup fait pour la diffusion de cet opéra.
      Quant aux voix colorées, c'est exactement cela !
      Bien à vous également.

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