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mardi 21 août 2018

Japon, Yokohama : Musée préfectoral, Minato-Mirai, Landmark Tower


Une grande journée pleine de variété !




En yukata du matin, juste avant les préparatifs.

Kyoto- Yokohama 



 Le JR Pass chauffe encore pour mon dernier trajet en Shinkansen, au départ de l'immense (trente-deux quais, à ma connaissance) et spectaculaire gare de Kyoto.



J'arrive à Shinagawa, ville inconnue dotée d'une belle gare, comme toujours pour les parties réservées aux Shinkansen.
Ensuite, je grimpe dans le train de banlieue, étrangement bondé à la mi-journée.

J'ai réservé au même Best Western que l'an dernier. Très bon rapport qualité prix  position idéale pour moi, au croisement de la ligne vers le centre-ville et celle pour l'aéroport. Le check-in est possible dans une heure.


 Je retourne au Ringer Hut où j'avais bien mangé l'an dernier. Cette année, je sais repérer le chanpon sur la carte ! C'est le plat principal de cette chaîne de restaurants.


 Deuxième expérience avec ce plat de Nagasaki, accompagné de leurs délicieux gyoza (chou et porc). J'ai appris depuis que les bandes roses et blanches sont du kamaboko, la variante japonaise du surimi.
A peine 745 ¥ ! Moins de six euros ! Et quand les gens croient que voyager au Japon est hors de prix !


Après un café glacé au Caffè Veloce voisin, je peux récupérer ma chambre, me connecter en Wi-Fi pour récupérer le plan. Car, je vous le donne en mille, ma carte Sim d'il y a deux jours est épuisée!



 Je reprends le train, toujours aussi silencieux. Les gens se parlent à voix basse quand ils voyagent ensemble, mais les deux occupations principales sont dormir et utiliser son téléphone. Jamais pour appeler ! Et tout le monde le met en silencieux avant de monter en voiture.


Je sors à Sakuragicho, du côté le moins touristique. La gare a forcément changé depuis le début du siècle dernier. Mais la région fut la première à s'équiper de voies ferrées.



 Une église, ce n'est pas si courant. Mais j'en ai davantage vu que dans mes voyages précédents. Ça indique toujours une ville avec une colonie occidentale.


 Le Musée Préfectoral 



L'entrée de ce beau musée reste très économique, 300 ¥, 2,40 €. Des objets de qualité, une muséographie soignée, mais que des étiquettes en japonais. C'est certain, je suis le seul occidental aujourd'hui dans ses salles, mais c'est un frein indéniable.
Les responsables se sont contentés de mettre un panonceau de quatre ou cinq lignes par période, c'est trop peu. Moi, je veux savoir ce que je vois ! Les ukiyo-e étaient peut-être des estampes de Hiroshige ou de Hokusai et je n'ai pas pu m'en assurer. Quand il n'y a que des hiraganas, je déchiffre, mais avec les kanjis, je suis noyé tout de suite. Une parenthèse à ce propos : à chaque ville  j'ai regardé les plaques des automobiles où figure le nom en kanjis. Le soir, je faisais mon exercice d'écriture pour le recopier. Tout à l'heure, en buvant mon café, j'ai essayé de retrouver les villes précédentes. Il ne me restait rien de correct.

Désespérant !

Revenons à nos moutons. Le musée présente l'histoire du Japon, et logiquement plus précisément de la région.


On commence par l'ère Jomon, avec ces célèbres poteries aussi reconnaissables qu'énigmatiques.


Et souvent très expressives, comme ce personnage bouche bée, rang du milieu à gauche.



 Une civilisation du cheval, qui prouve la présence bien ancienne du quadrupède sur l'archipel.


De Chine arrive le Bouddhisme, qui va se propager avec l'activité industrieuse de Kobo Daishi.


Bouddhas et Boddhisattvas sont sculptés pour être vénérés dans les temples qui se construisent partout. Les dignitaires, abbés et prêtres  sont représentés à leur tour.




Les premiers monastères sont édifiés, d'abord de taille modeste, pour devenir de vrais villages. On connaît cela aussi en Europe à la même époque.



Le système féodal fonctionne à plein régime  avec une organisation seigneur-vassal fortement ancrée dans le découpage géographique. Les samouraïs assurent la défense de ces fiefs.




 La maîtrise technique progresse pendant la période Heian, et, tout en gardant une similitude dans le plan, on assiste à des transformations. Les progrès des charpentiers permettent de plus vastes édifices.



L'ère d'Edo est abondamment documentée par les gravures, technique d'origine chinoise qui explose soudain grâce à la maîtrise de l'encrage.





Le voyage se développe dans tout le pays.



Le nécessaire de voyage : avec les pièces percées, nul besoin de portefeuille !


L'ancêtre du bento.


Contrairement à l'Europe, où il est apparu à la Renaissance tardive, sous l'influence des Flamands et Hollandais, le Japon a peint le paysage dès les débuts de la peinture.


La gravure, c'est la multiplication, la possession de l'image à la portée d'un plus grand nombre. D'où sa popularité  qui crée une forte demande. Là encore, exact parallèle avec l'histoire de l'art européen.



Les vagues de cette gravure sont traitées exactement pareillement que la fameuse Grande vague de Hokusai.


Le Japon connaît alors un régime isolationniste et demeure un pays médiéval avec une forte ruralité. La paysannerie est fortement taxée, comme dans cette scène de collecte des impôts.




La baie de Yokohama, bénéficiant d'un terroir volcanique fertile (le Fuji n'est pas loin), produit à tout-va.


La présence des Européens, notamment des Hollandais confinés à Dejima, apporte un souffle nouveau.




 Au début, on trouve à ces étrangers un drôle d'air, et leur représentation frôle la caricature.


 Mais avec l'arrivée à Yokohama du navire du commandant Perry, venu négocier (de force) des accords commerciaux, on passe aux choses sérieuses.


 La période de la Restauration de Meiji n'y change rien. Les étrangers sont installés, fermement, et pour longtemps.


Comme à Nagasaki, se construit une colonie, objet d'ostracisme et d'envie.



 Le port de Yokohama ne cesse de se développer. La balance est l'outil indispensable au calcul des taxes douanières.



La photographie, d'abord diablerie occidentale, se généralise.



Figurer en présence d'étrangers est un honneur et une obligation pour les dignitaires locaux. On passe de l'étranger maudit à l'étranger prestigieux. L'isolationnisme a complètement cédé. De mon point de vue, ça n'a conduit qu'à des catastrophes, ce repli sur soi et la quête de l'identité.


 On veut produire pour l'étranger : les marques doivent s'écrire en romaji, nos caractères latins. C'est d'ailleurs une pratique qui a perduré, toutes les enseignes et toutes les marques sont lisibles par les occidentaux aujourd'hui. Ce qui oblige, par conséquent, les petits Japonais à intégrer ce quatrième système d'écriture.


Comme en Europe, on organise fêtes, foires commerciales. Cette image rappelle fortement nos Expositions Universelles, et m'a encore plus fait penser au fameux Crystal Palace londonien.




Même pénétration dans l'art. Si le Japon influence nos Impressionnistes (Van Gogh et Monet collectionnaient les gravures) avant de favoriser la poussée de l'art nouveau,  les artistes nippons acquièrent les techniques européennes. On cherche le volume... Vive la 3D après la 2D !


Yoshimatsu Fumida travaille donc à la manière européenne, avec un dessin au crayon avant la mise en couleurs.




Même ses vues du Japon rappellent les aquarelles de voyage des Européens.


Yokohama au début du XXe siècle : une ville florissante, et déjà une des plus modernes du Japon.


La guerre met le pays à ras de terre. Seize années de conflit, depuis celui contre la Mandchourie jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale. Et il ne faut pas oublier qu'avant les deux bombes atomiques, celle d'Hiroshima immédiatement suivie par celle sur Nagasaki, le pays est l'ennemi numéro 1 des États-Unis, qui le bombardent méthodiquement. En 1945, le Japon n'est plus qu'un champ de ruines. C'est un miracle si des édifices anciens sont encore debout.

On sait que Kyoto a été volontairement épargnée (mais serait-ce le cas encore aujourd'hui ?), cependant combien de ces châteaux médiévaux ont été détruits, Nagoya, Hiroshima, Osaka, Okayama...


 Époque de la reconstruction, nécessité de pratiquer les langues étrangères pour vendre à l'étranger les produits d'une industrie réinventée. Reconversion aussi des secteurs : les tissages Toyota passent à l'automobile, le coutelier Kyocera deviendra le nom d'une marque de composants en céramique avant de se diversifier, Mitsubishi, compagnie de bateaux de Nagasaki, se transforme en conglomérat de trois cents sociétés. On est arrivé au Japon moderne.



Je ne pense pas que les étiquettes racontaient exactement cela, mais faute de mieux, je ne peux qu'apporter mes maigres connaissances pour soutenir les images. Une exposition intéressante sur l'ère Meiji complète les collections permanentes.

Minato-Mirai 21



Dès la sortie du musée, il est facile de constater combien il subsiste peu du passé de la ville.



Yokohama a offert aux architectes un vaste terrain libre pour les rêves les plus grandioses, et la démesure de Minato-Mirai (port du futur), prévu depuis les années 1960 mais officiellement lancé au début des années 1980, le prouve tangiblement.


C'est le quartier des affaires, proche du port ancien, tandis que le véritable port commercial, lui, s'est éloigné. Encore un phénomène mondial, comme la zone des Docks à Londres.



Le port est loin, si loin...


Les entrepôts de briques, la zone d'Aka Renga Soko,  sont devenus un centre commercial très prisé.



Cet été, on y a ouvert un Biergarten qui fait fureur.


Et mieux encore : un Sand-Biergarten !


L'an dernier, j'avais déjà été frappé par ce parc d'attractions en plein centre-ville. Pas seulement la grande roue, on en trouve partout ici, mais un vrai parc, avec montagnes russes et tout et tout.


La grande tour de gauche, c'est la Landmark Tower, symbole du nouveau Yokohama. C'est mon objectif !



Le symbole des voiles. Un vague rappel de l'Opéra de Sydney peut-être ?


Landmark Tower 



Me voici dans le premier centre commercial, le Queen's Mall. Décidément, je ne parviens toujours pas à photographier correctement la longue citation en allemand.


 Pour le français, on n'a que l'embarras du choix. Je compte plus de vingt noms en cinq minutes, y compris un restaurant Cocorico !


 La passerelle avec la sculpture géante permet de se rendre dans la Landmark Tower, dont on aperçoit la partie inférieure.


Même genre que Tokyo Midtown : on cherche à tout prix à donner une impression de luxe et d'immensité.




Le franponais a encore frappé !

Dîner 


Avec plus de cent restaurants, on n'a que l'embarras du choix. Je tourne un moment.


C'est au deuxième sous-sol que je trouve mon bonheur.


 Pas avec le cocktail, même si c'est mon premier High Ball au Shochu (alcool de patate douce) à la place du whisky/bourbon.


Mais avec les huîtres panées, plat dont je cherche en vain à retrouver la saveur de mes premières, à Hiroshima. Celles-ci sont très goûteuses, mais pas aussi merveilleuses !


 Je sors de la tour et regagne la gare, en bénéficiant des illuminations de Minato-Mirai, où on ne lésine pas sur le nombre d'ampoules.





 Voici l'autre côté de la gare, rempli de boutiques élégantes.


Le fleuriste a réussi sa composition, non ? 

Déjà un grand merci à tous les lecteurs pour leur fidélité (mes statistiques ont fait un bond) et particulièrement à ceux qui ont pris la peine de laisser des commentaires. 
Special thanks to Annie, daily reviewer! 

10 commentaires:

  1. Your short story of Japan is really great, certainly better than the original labels! Yokohama Skyline deserves a visit. Wonderful pics with sunset.
    Annie

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    1. Oh, this is a great and undeserved compliment!
      Thanks a lot Annie!

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  2. Un beau sourire pour commencer et un repérage pas très aisé dans une immense gare inconnue. La langue japonaise ne se laisse pas facilement maîtriser, et pourtant, une très claire visite de l’histoire de cette région et de son évolution, ainsi que des nombreux changements qui lui ont permis de parvenir à la modernité… une performance. On est admiratif devant ces progrès qui lui ont permis d‘être à la pointe des technologies.
    Un article remarquable. Merci, bises. Mam

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    1. C'est effectivement une histoire saisissante par la rapidité avec laquelle ce pays est passé d'une nation féodale et fermée à toute influence étrangère à un pays ravagé, puis à une économie dynamique.
      Merci beaucoup pour ces éloges !
      Bisous

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  3. Claire, concise, ta leçon d'histoire japonaise est un modèle, monsieur le professeur !
    Merci.
    Bises
    Michèle

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    1. Merci beaucoup ! Que voilà un considérable compliment !
      Bisous, chère docteure (j'imagine que c'est ce qu'il faut employer).
      Bisous

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    2. Docteure, j'ai horreur de ce mot ! Je garde docteur, ça ne me gêne nullement. Je dis que c'est un terme mixte !
      Michèle

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    3. Je trouve aussi un peu bizarre ces suffixes en-eure. Mais auteure s'impose doucement.

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  4. J'ai bien aimé votre visite improvisée de ce musée !
    Mickael

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