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mercredi 8 août 2018

Japon, Uwajima : Château, Musée Date, sanctuaire du sexe

Je vais visiter une ville un peu étrange mais son adorable château d'origine vaut le détour ! 


Les trajets matinaux 


Je pars à pied vers la gare de Matsuyama sous le même ciel bleu qu'à l'ordinaire et évidemment sous un soleil de plomb.




Je suis en avance et je patiente dans une salle d'attente à l'ancienne avec des bancs en bois.


 Les caractères romaji facilitent largement le repérage du voyageur. Je prends place dans le Uwakai 9.


 Le contrôleur qui vérifie les réservations de place me semble bien jeune.


 La ligne était directe jusqu'à Uwajima mais je traverse à nouveau des régions touchées par les inondations ; donc mon trajet ferroviaire s'arrêtera à Yawatahama.



Yawatahama, un des grands ports de Shikoku. Mais où se trouve donc la mer ? On croirait un village de montagne.


Changement de transport, soigneusement organisé. Un contrôleur grimpe à bord pour annoncer l'arrêt intermédiaire.


Les régions traversées sont verdoyantes, avec une majorité de cultures dès que le terrain peut être aplani. Les espaliers ne paraissent pas particulièrement entretenus.



Mais comment ces pachydermes se sont-ils retrouvés là ? Hommage à de lointains mammouths ?


Les forêts de bambous recouvrent les pentes escarpées.


Et revoilà le véhicule si répandu !


On pourrait se trouver dans les Alpes.

Arrivée à Uwajima



 Ici, changement radical. Des palmiers, des vélos partout, des trottoirs protégés. Aucune construction vraiment élevée. C'est un autre Japon.

Je vais poser mon sac à l'hôtel, sachant pertinemment qu'il est trop tôt pour m'enregistrer.


Plusieurs modèles de plaques d'égout. Le combat de taureaux, où chacun cherche à faire plier les genoux de son adversaire, est la grande spécialité locale.



Cette plaque avec le camion de pompiers indique une bouche à incendie.


Déjeuner à Hozumi-tei



Le Lonely Planet conseille vivement cette ancienne auberge au bord de l'eau, réputée pour sa fiable cuisine régionale.



L'établissement se divise en multiples petits cabinets. J'opte, comme souvent, pour le comptoir.


 Le chef, très avenant, fait le maximum pour que nous nous comprenions bien. Il s'informe sur mes goûts et m'oriente sur un assortiment de spécialités.



Le tempura, d'une légèreté incroyable, se compose de légumes et crevette.


La grande affaire, c'est le plateau, qui présente le poisson local, le tai, la dorade japonaise, sous différentes formes.

Crue, vinaigrée, en crêpe. En haut à droite, elle est plongée à la minute dans un bouillon juste tiède au gingembre, dans lequel on vient de casser un œuf, c'est délicieux. La soupe, logiquement, se révèle un consommé de poisson.

Différentes algues dans les plats, dont une un peu sucrée. Des herbes inconnues aussi.

La découverte  d'une authentique gastronomie. 2276 ¥, 17 € environ. C'est donné…



 Sur le chemin du château, je longe une de ces entreprises de mariage  qui se chargent de tout organiser dans leurs locaux. J'en avais vu à Osaka et à Kyoto.


Le parc Shiroyama 


Même nom que celui de Matsuyama, tout aussi bizarre pour un monticule arboré : shiro = blanc, yama = montagne.


La porte au bas du parc serait la plus ancienne de ce type de tout le Japon.


C'est donc parti pour l'escalade. Agréable et sans difficulté (mais il faut bien veiller où on pose le pied), c'est seulement regrettable que je m'en occupe aux heures chaudes du jour.


Dans des stridulations assourdissantes, je progresse en repérant çà et là des pans fortifiés, exactement comme à Matsuyama.


En revanche, aucune porte fortifiée ne vient protéger le chemin.




 Inconnu! Vu le nombre de fruits sur l'arbre, vraisemblablement toxique !



 Blanches ou roses, ces fleurs poussent partout dans les forêts japonaises.

Le château



 J'atteins le plateau. Le château se dresse au bout d'un verger.


Il ne joue pas dans la même cour que la forteresse de Matsuyama, ni que les donjons élevés de Matsumoto ou d'Himeji. Mais il est très élégant  et bien proportionné.


Malgré sa taille modeste, il a tout d'un grand. Et surtout, il est authentique : il fait partie du club très fermé des douze originaux demeurant en terre nippone.


 Le premier fut édifié en 1601 par le clan Date. Mais l'actuel remonte à 1666, une réfection entreprise par Date Munetoshi. Avant de devenir bien national, il demeura propriété du même clan.


 L'emblème est fièrement exhibé sur la porte.


 Je n'en crois pas mes yeux ! Voici un téléphone public. Rose, et à cadran. Il fonctionne avec des pièces de 10 ¥. Jamais vu, de toute mon existence !


 La maquette, un classique des châteaux japonais, permet toujours de mesurer la complexité de la charpente. Un puzzle où les pièces s'emboîtent, sans clou ni vis.


 Autre spécificité de celui-ci, c'est la pièce centrale, répétée sur les trois niveaux, et close par des fusuma. Cela apporte nettement plus de luminosité.

Le premier bâtiment, en style shigata, fut transformé en takatada (avec les deux toits sur l'avant du premier niveau) lors de la réfection. Mais les galeries furent conservées.





 Armures, paravents, plans ; en version minimale, voilà toute la panoplie.




 Grâce au plan, on comprend la raison d'être du château. Il est bâti dans l'axe de la baie d'Uwajima, une sorte de long fjord. Or cette ville, construite à l'embouchure de la rivière, est le verrou entre une région de productions montagneuses et la mer. Un poste stratégique de première importance, si bien que la taille modeste me surprend finalement.


On retrouve le symbole des Date sur les faîtières.


Vue imparable toujours.




Autre classique, les ruines d'édifices précédents (serait-ce la première construction ?) sur le même plateau.


A proximité, un petit musée propose une exposition sur de grandes figures, Nobushige Kozomi et Kojima Korekata.


J'ai compris qu'il s'agissait d'hommes politiques importants, nés dans la région. Le second exerça la profession de juge avec une réputation gagnée à son habileté pour résoudre les cas difficiles.





Un journal de 1950 avait inséré un article sur les combats de taureaux.

 Je redescends du monticule. Prochaine étape, ce musée consacré au clan qui régna exclusivement sur le château.

Le Musée Date



Un bâtiment moderne, avec un jardin ombragé devant.


Le jardinet est comme toujours soigné, avec une glycine séculaire.


 Quant au musée... C'est très étrange. Le guide parle d'une entrée à 500 ¥. Sans chercher le moins du monde à resquiller, je n'ai rien payé. En fait, je n'ai vu aucun guichet. Je n'ai croisé absolument personne. Ni visiteur, ni gardien.


Pourtant, la collection est tout à fait respectable, bien exposée et bien éclairée, avec des informations en anglais... Je n'y comprends rien.


 Habit de cérémonie du XIXème siècle de Date Munemari (l'autre, c'était Munetoshi ; ah, ces noms faits pour tromper le touriste) , et sa tenue honorifique de samouraï.



Des objets laqués de facture soignée.




Les Date entretenaient des relations avec les Pays-Bas : des commerçants, en même temps que daimyo, à la fois le pouvoir économique et financier. On comprend l'origine de leur prospérité.

 Assiette de Delft et dictionnaire japonais-néerlandais pour l'attester.





Les katana de la famille.



 Voilà pour me consoler des splendides kimonos que je n'ai pu photographier la semaine dernière.


 La salle des peintures expose des merveilles !



 Un portrait, sans doute bien tardif, du fameux Toyotomi Hideyoshi, unificateur du Japon.





 Je pense n'en avoir jamais vu : un œuf véritable, pas en céramique, métamorphosé en objet précieux par l'application de feuille d'or.


 Une salle montre l'intérêt des Date pour la cause animale. Ci-dessus, l'original d'un texte de loi interdisant la cruauté envers les animaux.



Enfin la dernière partie rappelle le grand pèlerinage bouddhique des quatre-vingt-huit temples avec une intéressante série.

Dans les rues d'Uwajima



Il faut que je traverse toute la ville pour gagner ma prochaine étape.



J'ai une impression bizarre.  La ville ne semble pas très florissante, et les gens que je croise sont surtout des personnes âgées.


Le shotengai, accessoirement garage à vélos, n'est guère animé. Beaucoup de commerces fermés, dont la  Boulangerie Riz (en français) qui prépare ses pâtes avec la farine de cette céréale. Peut-être est-ce Obon, cette fête religieuse où tout le monde se déplace, l'équivalent de la Toussaint.



Les boutiques de mode du shotengai. Je ne risquerais pas d'acheter cela pour ma mère !


Deuxième cours d'eau franchi, quelques difficultés de repérage. Un passant plein de sollicitude rebrousse chemin pour m'accompagner jusqu'à l'entrée.

Taga-jinja (Le sanctuaire du sexe)



Autrefois, dans de nombreux sanctuaires shintoïstes, on entretenait un culte à la fertilité. Beaucoup ont disparu et ce Taga-jinja serait un des plus connus parmi les rares encore existant.


Datant de l'impératrice Jingu, il s' agit du plus ancien sanctuaire d'Uwajima.


On s'y rend pour les soucis de fertilité, aussi bien féminine que masculine, et plus largement pour des soucis de santé.


C'est un lieu assez bizarre, avec des temples bien différents de leurs cousins.


On présente ici des robes, peut-être de moines.




Mais c'est Inari, la renarde déesse du commerce ! On trouve de tout par ici.


Ici, ce sont des poupées alignées qui dévisagent les fidèles.


Les statues ont des silhouettes phalliques…


Quand ce  n'est pas plus clair.


Celui-ci est porté en procession. Pas de doute sur les bénéfices espérés.


Pour 800 ¥, je peux visiter le petit musée du sexe attenant au sanctuaire. Beaucoup de scènes érotiques, d'objets liés aux pratiques sexuelles, du Japon mais aussi d'un peu partout dans le monde.Vu le tarif exorbitant du permis photo (20 000 ¥), je ne me suis pas risqué à en prendre une seule.

Outre cela, malgré des objets peu courants, le musée est assez foutraque, pas immense et sombre.


Je ressors pour me diriger vers le port. Au passage, quelques villas bien entretenues, révélant la volonté de planter des arbres même si le jardin a un mètre de profondeur.



Au passage, une araignée aux belles couleurs veille.


Mais quel animal veut-on empêcher de grimper au poteau ? Un neko, un chat ?


Pisciculture minimaliste. Une coupe d'eau, une plante pour l'oxygénation, et voilà!


Le "grand" magasin Takashimaya. Un sacré contraste avec celui de la veille.


Le port s'avère essentiellement industriel. Les réservoirs sphériques sont décorés du combat de taureaux.


Je m'attendais à une zone un peu plus aménagée. L'embarquement des ferries semble vétuste. Pas de café ni de restaurant, une boutique de perles (hors de prix !) et un supermarché famélique. Cette ville me laissera une curieuse impression... Très peu de touristes en tout cas, hormis les deux familles japonaises croisées au château.
Je rentre à l'hôtel.

Oriental Hotel



Aspect de HLM, chambres de taille réduite comme c'est presque toujours le cas, mais un business hotel bien entretenu et confortable.

J'ai acheté au supermarché une barquette de cinq tomates cerises (700 yens les cinq), une mandarine (250 yens) et un yaourt (300 yens). Je me régale avec ces produits de luxe, plus chers que la moyenne des repas !



On peut utiliser gratuitement ce téléphone prêté par l'hôtel. On peut le paramétrer, télécharger des applications, entrer ses contacts, et même téléphoner à l'étranger. Formidable ! Je ne connais pas d'autre exemple au monde. 

14 commentaires:

  1. A very different day. The shrine is really unusual, but I guess it is a hot spot for tourists.
    Great post!
    Annie

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    1. Thanks Annie ! This town was really an unusual experience.

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  2. Ce château est très mignon. Effectivement la ville fait une drôle d'impression.Mais ton article reste super vivant ! Chaque jour on a hâte de connaître la suite du feuilleton.
    Bises
    Michèle

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    1. Je fais de mon mieux pour livrer chaque épisode dans les délais !

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  3. Je savais que ça existait en Inde mais pas au Japon. Bel article,très vivant.
    Bruno

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  4. Quelle bonne idée de créer des fanfares scolaires, surtout mises en compétition avec la présence de la télévision. Aussi travaillent-ils sérieusement.
    Tu nous montres un parc très vert qui invite à la promenade ce qui, par ces chaleurs paraît être un luxe hors d’atteinte.
    Au musée, de très anciennes pièces de vaisselle cassée paraissent tout à fait contemporaines par leurs formes et leurs couleurs.
    Le bon moyen de se relaxer après toutes ces pérégrinations et visites est le bon bain thermal dans un onsen.
    Merci de nous faire partager toutes ces belles découvertes.
    Groses bises.
    Mam

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    1. Merci beaucoup pour ce long commentaire, mais je crains qu'il ne corresponde pas au bon article !

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  5. Wow! jam packed Uwajima day, fantastic that you got to go on a self-guided tour.
    Joe

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  6. Ville surprenante. Tout est inattendu ici.
    Anne

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  7. Bel article. Vivant et intéressant. Un Japon inconnu.
    Paul-Rémy

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    1. Merci beaucoup pour ce commentaire chaleureux, Paul-Rémy.

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