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samedi 4 août 2018

Japon, Kurashiki : visites (musées Ohara et Kurabo, maison Ohashi)


La nuit a été plutôt satisfaisante, je dois cependant me lever  à 8:00 pour arriver  à temps au petit déjeuner du ryokan.





C'est un petit déjeuner en version uniquement salée. J'ai droit à du poisson que je dois faire griller, à un œuf poché dans du miso, à des légumes au vinaigre, à des algues craquantes, parmi d'autres surprises. C'est copieux ; je devrais tenir une bonne partie de la journée.


Me voici en yukata du matin, d'un beau bleu outremer, sans doute l'indigo de la région.



Je laisse mes bagages que je reviendrai chercher ce soir. Pour le moment, j'ai un programme de visite prévu ; je dois affronter une chaleur déjà accablante. Dans mon sac, mon thermomètre indiquera 49°C dans la journée…




La balade sur une barque où les touristes doivent se coiffer d'un chapeau conique fait partie des spécialités locales. Je ne suis pas particulièrement tenté.

Le Musée d'art Ohara



Ohara Magosaburo, un riche industriel du textile, se piquait d'art européen. Avec l'aide d'un peintre local, artiste respectable, il réunit une collection d'art européen où figurent de grands noms, XIXème- XXème. Hormis un Greco (je demeure définitivement imperméable à son charme), on commence avec Corot et on achève avec Picasso. Cézanne, Utrillo, Monet, Gauguin sont représentés. Le tableau des Nymphéas a été acquis dans l'atelier de Monet.


On peut voir une quantité non négligeable de Rodin sur l'archipel.


Plusieurs sont exposés ici, dont ce Bourgeois de Calais.


Malheureusement, toute photo est interdite dans ce bâtiment,  je me contente de photographier cartes postales et reproductions dans la boutique.



Calendrier orné de l'Utrillo, avec une palette harmonieuse.


Le Cézanne, sans doute une esquisse. J'apprécie beaucoup ses travaux inachevés, avec une vision fulgurante de la couleur.


La version locale des Nymphéas. Pas la plus abstraite, pas la plus grande, mais une que je n'ai encore jamais vue.



Un Picasso et un Signac, aisément identifiables l'un et l'autre. Quant au tableau du dessus, je sèche... Peut-être Kojima Torajiro.


Un Douanier Rousseau, facile! A droite, un tableau de Kojima Torajiro, le peintre japonais qui conseilla Ohara.


Je ne trouve pas toutes les pièces qui m'ont marqué, notamment celles d'après-guerre (la collection s'est évidemment poursuivie après la mort de Ohara). Un Klee narquois, un Jackson Pollock créatif, et surtout un immense Sam Francis éblouissant.


Un jardin bien tenu nous attend à la sortie.



Il conduit à une autre partie du musée, une structure basse consacrée à des œuvres plus récentes. La sculpture juste devant l'entrée est due à Henry Moore.






Malgré le panonceau, on trouve une salle de peintres japonais du début XXème. C'est amusant de repérer l'influence européenne, qui va jusqu'à la signature en caractères romains. Dans son autoportrait, le peintre de droite a effacé tout trait oriental.




C'est au sous-sol que sont exposés les travaux plus contemporains. La sculpture de gauche, représentant une pile de journaux, s'avère une céramique couverte de fibres de soie.



Je guette l'ombre dans ces venelles où le bardage carbonisé continue à surprendre.



Cette demeure vénérable, dotée d'un jardinet charmant, est devenue un centre municipal d'informations touristiques.




Résolument contemporain, ce bâtiment dont les lignes m'évoquent Le Corbusier abrite le musée d'art municipal.


Placette garnie de pots de fleurs.

La maison Ohashi



Prospère négociant en riz, financier à l'occasion, Ohashi fit édifier en 1793 cette vaste habitation. 


L'entrée qu'on emprunte était réservée aux hôtes de marque. La plèbe devait se contenter de la terre battue de l'arrière.


Je suis très surpris par l'organisation de la maison. L'entrepôt et la partie habitable ne sont pas séparés.



Cette dernière est garnie de tatamis, et légèrement surélevée.


Le bureau de la compta.


Et le nécessaire pour la pause-thé !


Indispensable mobilier pour la paperasserie. Déjà.



Ce grand fourneau, supposé héberger un kami, une divinité, ne servait que pour les occasions spéciales. On parle de naissance, j'espère qu'on ne marquait pas les nouveau-nés au fer rouge !


Ces fourneaux-là étaient quotidiennement en service.


Petit pressoir de cuisine, avec bec verseur.



Salle à manger. Le mobilier, comme dans l'Occident médiéval, est aisément transportable (d'où le nom de mobilier, précisément).


Toute bonne maison japonaise se doit d'être percée de jardins, ici minuscules.




Un petit coin lecture.



Au moment où les samouraïs perdent de leur importance, les marchands s'enhardissent. Même phénomène chez nous, exactement contemporain, avec la bourgeoisie qui marche sur les terres de la noblesse.

Ils demandent, et obtiennent, le privilège de posséder des katana, ces épées précieuses et armes redoutables  autrefois le seul apanage des samouraïs. Ce râtelier permettait un accès immédiat.


Modèle d'horloge inconnu. C'est la combustion de la poudre d'encens dans les stries qui mesure le temps.



Les boutons des fusuma sont toujours très soignés.


Mini-temple domestique.


Le fameux escalier-meuble de rangement, une riche invention.


Tout le confort moderne... J'avais vu ces mêmes urinoirs à Takayama.


On trouve même une Clock Tower dans cette ville !

Le musée Kurabo




Ohara Magosaburo, le collectionneur d'art, prospéra grâce à la compagnie Kurabo, importante fabrique de textiles. L'Ivy Square, traversé hier, était le plus ancien bâtiment de l'entreprise, aujourd'hui aménagé en musée.


Une gravure montre l'usine au XIXème siècle, alors alimentée au charbon.



Au tout début, l'équipement restait artisanal. Curieux de vérifier la mondialisation de l'outil, déjà !


Véhicule des pompiers. Indispensable d'avoir accès à un moyen de lutte contre les incendies.


Pour l'exportation fut créée la marque Three Horses.


Machine anglaise, importée au début du XIXème siècle, permettant de trier le coton.



Métier à tisser, à pédales. Encore un outil mondial.


Les dirigeants successifs.


Pour un anniversaire de la marque, on créa cette veste commémorative, teinte à l'indigo local.


Je rappelle que Yokohama était une des deux fenêtres du Japon sur le monde, d'où ces chèques rédigés en anglais.


Amélioration des conditions de vie des ouvriers : on construit des dortoirs. Mais où dormaient-ils auparavant ?


Tout cela servait à tester les compétences des futurs employés. Le test des haricots mesurait la dextérité.



Pas d'information intelligible sur cette mélodie. Bien martiale, après l'avoir sommairement déchiffrée.


Salon de la compagnie avant la seconde guerre mondiale.




La firme aujourd'hui sous-traite en Asie (ô stupeur !) mais exporte en France... Sans doute représente-t-elle toute l'Europe.

La poterie de Bizen



Je flâne dans quelques boutiques qui commercialisent cette poterie de Bizen, une ville de la région. Les terres cuites, apparemment simples, se caractérisent par des teintes de grès et des traces d'oxyde. Le prix est renversant.


Le musée du jouet rural


Sympathique collection de jouets artisanaux, cerfs-volants, toupies surtout. Presque toutes mes photos sont floues, je ne poste que les moins exécrables.



On nomme daruma ces figurines vaguement sphériques, donc sans membres, modelées à l'image de Boddidharma. On les utilise pour formuler des vœux en les écrivant sur une des joues.


Boutiques


Jamais vu ! Ce magasin vend des bordures de tatami.



L'indigo est mis à toutes les sauces. J'ai même vu de la bière à l'indigo !




Magasin d'obi.


Et même une boulangerie française. 600 ¥ le pain, tout de même.


Je finis  par sentir un petit creux. Le petit déjeuner, même copieux, est loin ! Justement voilà une adresse spécialisée dans les soba (nouilles de sarrasin, froides) et les tempura (brûlants). Excellents, mais pas au niveau de ceux de Kyoto !


Une belle échoppe d'éventails, aux motifs variés  Assez coûteux.


Quelques édifices officiels me font penser à l'architecture coloniale française en Indochine.



Une dernière promenade le long des canaux ; la luminosité de fin d'après-midi est bien plus flatteuse.







Je déménage du ryokan pour l'hôtel Union Station, à côté de la gare. Un business hotel comme on trouve des centaines au Japon. Chambre petite mais très correcte. Je repasse au couchage occidental !



La salle de bain, un module de plastique. 

12 commentaires:

  1. I love this Ohashi house. Luxury and purity ...
    Wonderful pics of the trees along the river.
    A pleasure to read this post! Congrats.
    Annie

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  2. C'est dommage pour les photos du musée d'art. Essaie d'en télécharger quand tu auras le temps. J'ai beaucoup aimé la maison du XVIIIe et tes commentaires donnent à réfléchir. C'est toujours intéressant quand tu livres tes réflexions, comme le parallèle avec l'histoire européenne. Bref, je me suis régalée avec ton article.
    Ici aussi il fait atrocement chaud. Tu dois avoir des nouvelles de France, je suppose.
    Bises
    Michèle

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    1. 1. Pour les photos : quand je pourrai...
      2. Pour mes réflexions personnelles : difficile de savoir à quel moment on risque de saouler le lecteur.
      3. Concernant la chaleur : hélas ! j'en suis informé !
      Merci poue ton commentaire, bisous

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  3. Super reportage sur une ville japonaise peu connue. Magnifiques photos.
    Clair

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  4. Un passionnant article avec de magnifiques photos !
    Bravo pour votre travail.
    Solann

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  5. Très différent des musées japonais que je connais ! Article sympa.
    Mickael

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    1. Un commentaire d'un connaisseur ! Merci beaucoup Mickael.

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  6. 旅行のこの日はエキサイティングです。

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