Départ en vélo
J'ai passé une nuit très reposante dans le ryokan. Ce matin, j’ai accepté l’offre de Mme Courbettes de prendre le vélo : le village d’Hida no Sato est à quelques kilomètres, voilà qui devrait me faire gagner un peu de temps. C’est sans compter que je me trompe entre deux routes parallèles, que ça grimpe, et que je n’ai pas fait de vélo depuis des lustres. C’est un plaisir quand même de se promener dans ces zones rurales et presque forestières.Je me gare au village des ours en peluche (je ne le visiterai pas), qui a un parking vélo. Hida no Sato n’est qu’à quelques centaines de mètres.
Hida no Sato
Les habitants tiraient leur ressource soit du bois (production et travail), soit de la sériciculture ; les vers à soie étaient élevés sur des plateaux avec des structures tressées, entreposés sous le grenier en été, descendus en hiver. L’élevage semble avoir été, sinon important, du moins répandu, à voir le nombre d’étables dans les fermes.
Les activités de tissage et filage utilisaient les mêmes instruments que les nôtres.
Les toitures sont souvent spectaculaires.
On employait une sorte d'aiguille géante pour insérer la paille. Les bardeaux étaient stockés bien à l'avance pour le séchage. Et un système complexe de ligatures assurait la solidité des toitures.
Les vers à soie faisaient l'objet de soins méticuleux.
Dans les temples, les images de chevaux jouaient un rôle lors des festivals religieux.
Certaines maisons avaient leur propre cloche. Évidemment, ce n'est pas la sonnette de l'entrée !
Le village donne vraiment une idée des activités de l'époque, parfois avec des présentations par des artisans.
Un morceau d'arbre à laque, griffé pour laisser s'écouler la précieuse résine.
Les différents stades de couleur de la laque, au fur et à mesure qu'on passe des couches.
Il fait un peu plus frais ici, et cette visite en forêt est très agréable.
A la sortie, je prends la soupe de ramen (le seul plat proposé) avec des Espagnols, et nous échangeons conseils de voyage.
Retour à Takayama
Je retourne en vélo vers Takayama en passant encore par des rues séduisantes.Boutique de bonsais |
Le musée municipal
La maison historique Matsumoto est fermée, je remonte donc vers le musée municipal. C’est d’un intérêt inégal, d’autant que presque tout est écrit en japonais. J’apprécie cependant le beau travail de modernisation à partir de demeures traditionnelles malgré tout préservées.Je reconnais les œuvres d'Eisen, un moine qui avait promis de sculpter 120000 statues ! Évidemment, peu de détails, par conséquent ses œuvres ont une modernité et une force peu communes...
J’y apprends aussi que la laque rousse est une spécialité locale. Innovée aux temps médiévaux, elle a été employée pour des pièces offertes au Shogun, ce qui a développé sa renommée. Aujourd’hui encore de nombreux magasins en proposent en ville, mais cela reste onéreux.
Nouvelle balade dans Takayama
Je visite quelques boutiques d'antiquaires et suis surpris de voir des alevins qui croissent dans de simples jarres, sur le pas de la porte.Takayama intra-muros a développé deux productions qui tirent parti de la pureté de son eau : tout d’abord le miso, ce soja fermenté, essentiel à la soupe (partout en ville on en propose la dégustation, et il est particulièrement bon).
Ensuite le saké, un alcool de riz, produit comme la bière par fermentation répétée. Six kura, des distilleries dans Takayama se signalent par une sugidama, une balle de genévrier suspendue à l’entrée, bien décorative. Je veux conduire mon vélo droit et je n’entre que dans deux, ce qui me permet tout de même de tester une quinzaine de sakés. La variété des goûts m’étonne. Certains sont assez bruts, d’autres ronds, plusieurs très doux. On trouve des parfums de pomme, de pêche, de cerise assez souvent. Celui aromatisé au yuzu est extraordinaire !
Je déambule avec plaisir dans ces rues pleines de charme, où pins et érables ornementent ces demeures en bois noirci.
Le bâtiment du trésor
Je monte jusqu’au bâtiment du trésor, temple détaché de Takayama (c’est ce que dit le plan de l’office de tourisme). Je n’en saurai pas plus.De nouveaux canaux, ponts et ruelles apparaissent quand je sillonne l’ouest de la ville, tous plus pittoresques les uns que les autres.
Le Jinya
Le gouvernement militaire du Shogun, le bakufu, a tenu son bureau à Takayama du XVIIe au XIXe, qui a donc vu passer quinze générations de shoguns (les Tokugawa). Soixante provinces majeures étaient gérées depuis ce centre névralgique. Les daikan administraient évidemment les impôts, réprimaient les révoltes, tenaient tribunal… C’est vraiment un bâtiment essentiel, dont l’énormité laisse deviner la fourmilière de fonctionnaires qui devaient l’emplir. Cela reste une très joli bâtisse en cyprès, à la fois élégante et fonctionnelle (avec des urinoirs par exemple).Urinoir en bois, mais le principe n'a guère changé ! |
Nouveaux délices : bœuf de Hida, deuxième !
Je termine ma journée au restaurant recommandé par les Espagnols. J’étais tenté par le shabu shabu, une spécialité entre fondue chinoise et pot au feu, mais je ne résiste pas aux odeurs de viande grillée. L’assortiment diffère de celui de la veille : salade, riz et glace aux myrtilles en prime, morceaux de viande moins variés mais plus larges et plus épais. Je ne saurais les départager. Mais le bœuf de Hida a droit à toutes mes faveurs.Retour à vélo.
Douche, onsen, blog. La routine, quoi.
Très passionnant article, très varié. On apprend énormément de choses !
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour cet élogieux compliment. Cet encouragement me fait très plaisir !
SupprimerNous préparons notre voyage et decouvrons votre blog tres riche. L'article sur Hida no Sato depasse de loin tous ceux que nous avons trouve.
RépondreSupprimerEst ce que nous pouvons vous contactez en MP pour des informations precises ?
Carilia et Ethan
Merci beaucoup pour ce commentaire élogieux, Carilia et Ethan !
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