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samedi 11 août 2018

Japon, Tokushima : Tokushima-jo, Awa-Odori (danse), Mont Bizen

La grande ville de l'awa-odori, un fameux festival, n'attend que moi ! Je vais y faire beaucoup de découvertes... 


Le train du matin 


 Encore un matin où je dois me lever tôt pour être au départ du train. Dommage, j'aurais bien profité davantage de cette literie extrêmement confortable.


Cette fois, l'itinéraire est direct : je prends le train de 8:23 à la gare juste devant l'hôtel, à Takamatsu, et j'arrive dans l'ancienne région d'Awa, à Tokushima, sans changement. Au passage, les fenêtres montrent les vues coutumières. Mais, en regardant de plus près, je remarque du riz haut et mûr qui alterne avec des pousses plus jeunes, preuve de récoltes multiples dans l'année.


Le train s'arrête aussi dans des gares qui en sont à peine.


La culture du lotus, dont les Japonais consomment les racines, se voit fréquemment sur l'île de Shikoku.

Arrivée à Tokushima


Dès que j'arrive à Tokushima, la boîte à lettres donne la couleur. La célébrité de la ville vient de son matsuri, un festival nommé Awa-Odori, où toute la population est prise d'une frénésie de danse. J'ai tenté de le programmer dans mon voyage, mais je m'y suis pris trop tard. En novembre, toutes les chambres pour ces dates-là étaient déjà réservées. Donc je me suis résolu à faire une étape ici, mais quelques jours avant le début. Le matsuri débute dans quatre jours et plus d'un million de visiteurs sont attendus.


Un passage dans la gare pour chercher les toilettes, et voilà l'habituelle galerie.



Sans avoir la démesure des grandes gares japonaises (Kanazawa ou Kyoto me viennent à l'esprit), celle-ci est déjà impressionnante pour une ville de 250 000 habitants.



Je me précipite pour aller déposer mon bagage à l'hôtel, toujours choisi dans les environs immédiats.


Le Subarado Yoshino, selon les commentaires, s'inscrit dans la catégorie de l'hôtellerie traditionnelle nippone, mais la taille du hall d'entrée,  le lobby comme disent les Américains, me surprend. Un peu démodé toutefois.

Château, Musée, jardin

Les vestiges du château



Du château, il ne reste quasiment rien, quelques mètres de douves et guère plus de mur d'enceinte.


A l'emplacement de l'édifice, on a construit un musée.



Les vestiges d'un puits ont été préservés.


Un héron peu farouche patrouille pour assurer la surveillance.


Je règle mon entrée, 300 ¥ (2,35 €) , qui vaut pour le musée ET le jardin, et on me remet en prime une magnifique brochure, en français, qui vaudrait quatre fois plus. Les musées, au Japon, sont vraiment très bon marché.

Le musée

Sans être très vaste, celui-ci montre beaucoup de soin de présentation. Pièces de qualité, bien exposées, bien éclairées, bien commentées.


L'histoire de Tokushima est étroitement liée au clan Hachisuka, propriétaire de la région d'Awa au XVIe siècle. A la mort de Toyotomi Hideyoshi, le célèbre unificateur, tout le monde voulait diriger le Japon.


L'armée de l'est, menée par Tokukawa Ieyasu, une autre vieille connaissance,  remporta la bataille de Sekigahara, ce qui porta son chef au statut de shogun.


Pendant ce temps, le clan Hachisuka demeura prudemment neutre et en profita pour faire une retraite spirituelle à Koyasan. Le territoire d'Awa lui fut cependant confisqué.


Finalement, le clan se rangea du côté des vainqueurs, les Tokugawa, et put récupérer son domaine.


Les Hachisuka contribuèrent au maintien de la puissance des Tokugawa en leur fournissant une armée  lors des batailles et se virent gratifiés de nouvelles terres. La dimension de ce territoire permit à Tadateru, le quatrième chef de clan, d'accéder au titre de daimyo.


Les Hachisuka étaient des collectionneurs d'art et ces kimonos aux délicates broderies en témoignent.



On ne voit cependant pas des milliers d'objets ici. Curieux pour un clan séculaire, qui perdura jusqu'au bout.


En fait, le clan résista difficilement aux changements, au passage à l'économie financière du XVIIIe siècle. Incapable d'évoluer dans un système globalisé après des décennies d'autarcie, il s’appauvrit peu à peu et tenta d'y remédier en vendant ses collections et en augmentant les impôts.


Mauvais calcul. Le peuple paysan, accablé de taxes, se révolta et précipita la chute du clan, dans la dernière période troublée de l'ère Meiji.

Quelques témoignages de la splendeur du clan cependant.


La barque impériale du clan, construite en 1857, est une des rares conservées. Ce Gozabune symbolisait la paix.


La flotte disposait d'environ cent cinquante bateaux, à l'ancre dans les ports d'Awa, d'Osaka ou d'Edo, l'ancienne Tokyo.


L'entrée du château a été reconstituée avec ses échoppes traditionnelles.


Objet international. La mondialisation, ça ne date pas d'hier. Les balances étaient indispensables au commerce mais aussi pour le calcul des taxes, particulièrement des droits de douane.


L'activité éditoriale était florissante. Ces ouvrages, imprimés à la planche, datent du début du XIXe siècle.





Remarquable ouvrage par sa taille, ce pont franchissait la large rivière Terashima.


Les élèves d'un lycée technique ont réalisé cette minutieuse maquette, assez précise pour se faire une bonne idée de la répartition du château.


La partie des femmes équivalait au harem du sultan, au gynécée... Le daimyo était le seul homme à y entrer.



La svastika, le symbole du clan. Rien à voir avec sa signification bouddhique, à moins que ce soit du réemploi, ni avec le détournement du régime nazi.



Le daimyo, en tant que préservateur des traditions, se devait de participer au théâtre . Cette salle complète l'expo de Tokyo visitée la semaine dernière.







Incontournable secteur des armes, avec des katana au tranchant spectaculaire, et l'armure de samouraï.



Les rouleaux décrivent un quotidien prospère, et je me demande toujours s'ils ne participent pas à la propagande.








Cortège du daimyo, dans lequel on repère les palanquins.




A côté, à l'occasion du prochain Awa-Odori, on a organisé une exposition de calligraphie et de bouquets (ikebana). Elle n'est pas ouverte au public mais on m'y invite chaleureusement.


Et, puisque je ne connais rien à ces affaires-là, on me fait une démonstration de danse.

Le jardin


Le jardin se divise en deux parties, le sec (Karesantui-tei), sable et rochers, et l'humide (Tsukiyama sensui-tei), bassins et collines plantées.



Le pont en granit a dû poser de sérieux problèmes de transport.





C'est un jardin tout à fait charmant, très agréable à visiter.

Déjeuner : viande ! 



Voilà qui va me convenir parfaitement,un restaurant spécialisé dans la viande d'Angus dont l'élevage est ici très développé.


Oignons et ail l'accompagnent. Et, hélas, encore une fois, du maïs (frais, heureusement, c'est bien meilleur que celui en boîte).

A mon premier voyage, les pommes de terre accompagnaient généralement ce type de plat. Mais la culture locale du tubercule a connu de sérieux soucis et c'est devenu un produit importé, de luxe. Les chips, autrefois snack favori, sont maintenant vendues en sachets aussi minuscules qu'onéreux.
250g de steak pour 1188 ¥, plus que raisonnable.

Awa-Odori Kaikan

Spectacle


Je vais pouvoir me faire une idée de cette fameuse danse locale dans cet immeuble qui lui est consacré. Salle de spectacle, musée et même, gare du téléphérique pour gravir le mont Bizen.
Un billet forfaitaire permet tout cela pour 1800 ¥. Avec un spectacle compris, ce n'est pas bien cher. Je suis sur les rangs pour celui de 14:00.


Une foule de bambins s'est aussi déplacée avec des institutrices qui ont fort à faire.


Six musiciens, onze danseurs, un spectacle explicatif, avec des informations traduites en anglais sur le panneau au fond.


On apprend donc à distinguer les éléments de la musique et de la danse. 

Ensuite, passons à la pratique. Les danseurs expliquent les pas, font répéter tout le public et viennent chercher une vingtaine de spectateurs. Danse coachée par les professionnels. Puis mini-concours où quatre spectateurs sont primés. 

Je gagne le troisième prix et on m'offre une écharpe dont on me ceint le front. 

Ceux qui me connaissent personnellement saisiront tout le sel de la chose. Je pense que ma condition de touriste, le seul parmi le public, me vaut cette récompense bien plus que d'hypothétiques dons chorégraphiques, malgré ma concentration et mon application ! 

Quelques vidéos pour se faire une idée. Évidemment, je suis derrière l'objectif, jamais devant ! 







































Musée



Les peintures joyeuses démontrent l'ancienneté de ce Matsuri et sa diffusion dans tous les milieux.




Dans le monastère aussi…


L'awa-odori a même été adapté pour la chorégraphie de natation synchronisée aux Jeux Olympiques.


Photos, articles de journaux (ci-dessous, 1920) racontent le succès phénoménal du festival.





Les publicités montrent toujours l'évolution du goût.



Me voici, prêt à embarquer, avec mon nouveau serre-tête. 

Le mont Bizen



Le téléphérique n'est pas vraiment mon moyen de transport favori mais, pour une fois…


Sans être très élevé, le sommet offre une vue bien dégagée. La largeur de la "rivière" (ou fleuve, non ?) se confirme.


On distingue le musée du château : les toits verts à droite de la tour rouge et blanche, devant la colline arborée.



Tokushima, c'était vraiment un emplacement de choix pour un territoire seigneurial.


Des panneaux invitent à une petite randonnée autour du sommet, avec gazebo et bird watching. C'est parti !



Hortensias sauvages. Ils poussaient sur des mètres carrés sous le téléphérique mais je n'ai pas pu faire de photo correcte.


Ah bien voilà le kiosque, le gazebo promis.



Un certain Moraes. Statue avec toutou, nettement moins courue que la fameuse Hachiko.


En guise de bird watching, j'ai dû me contenter d'un gros rapace noir qui tournait dans le ciel. De beaux insectes, libellules rayées, bestioles inconnues. Araignées de taille respectable. Et une vue depuis l'arrière du mont.


C'est la région de l'indigo. Je pense en avoir vu des champs proches des voies ferrées.



Les agrumes, une autre spécialité locale. 250 ¥ pour ce remarquable sorbet au... eh bien, un agrume vert, peut-être le lime.

Un shotengai



J'ai repéré un shotengai sur le chemin  Je poursuis mon étude comparative.


La règle de l'apostrophe n'est pas bien maîtrisée en franponais !

I
ci l'indigo teinte aussi les noren, ces panneaux à l'entrée.

La ville, aux couleurs de l'Awa-Odori



Ce qui saute aux yeux, c'est que la ville est prête pour le grand événement. Des kilomètres de lanternes, mandarine et citron, sont tendus dans les rues.


Et les gradins pour suivre l'événement sont déjà montés.







Dîner sur les hauteurs 



Un restaurant au sixième étage (c'est très courant) m'offre une petite vue sur le mont Bizen.


Tonkatsu, karaage, un genre de kefta. La soupe, avec beaucoup d'algues, est préparée au miso blanc.

Suite japonaise



Je rentre à l'hôtel pour m'installer. J'ai la surprise d'une chambre traditionnelle, en fait une véritable suite.


Les différentes pièces sont divisées par des fusuma.


L'espace collation est séparé.


La salle de bains est divisée en plusieurs espaces.


Produits Shiseido sur la tablette.


Et même un mini-onsen pour moi. Parfait !

L'hôtel n'est pas récent, on croirait un témoignage de l'ère Showa. Une bonne rénovation ne serait pas superflue, mais il est bien entretenu et offre un confort très appréciable.

Et un onsen préparé dans la chambre, c'est une première pour moi !


Hélas, la Wi-Fi, très instable (il faut se reconnecter, et entrer les informations sur un site spécifique) rend mon blog irréalisable ce soir. C'est pourquoi je termine cet article le lendemain.


En yukata du soir. Pas vraiment mes couleurs favorites.


Et en kimono du matin. Je préfère cette version !

10 commentaires:

  1. Very different from your last post about a local dance,but captivating as usual. Congrats,you are a winner !
    Annie

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    1. Do not imagine I am the lord of the dance ! All my friends know I am an AWFUL dancer. That's why this prize is so funny !

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  2. J'aurais tellement aimé te voir danser !!! J'espère que tu as quand même une vidéo personnelle.

    Te suivre est toujours tellement agréable !
    Bises
    Mjo

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    1. Eh bien non, pas de vidéo. J'ai été filmé par plein de téléphones, mais je ne saurais où chercher. Je répète, c'était vraiment facile. On ne nous a appris que le pas de base. Les danses folk, c'est plus costaud !
      Merci pour ton enthousiasme.
      Gros bisous

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  3. Un vrai plaisir de te suivre dans tes expériences, tes visites. L’histoire de cette région, illustrée par des peintures, est rendue intéressante par tes commentaires. En prime, un très agréable jardin et toujours, côté cuisine, des mets différents.
    Quelle surprise ! Te voilà danseur primé… je n’aurai pas pensé que cela arriverait un jour.
    Une fois encore un blog très riche qui ne nous donne que du plaisir.
    Grosses bises. Mam.

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    1. Franchement je ne le pensais pas non plus ! Mais je crains qu'il y ait une bonne partie de sollicitude dans le prix !
      Merci pour ce commentaire détaillé. Gros bisous derechef.

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  4. Une bonne idée d'avoir mis ces vidéos ! Chouette article.
    Mickael

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  5. J'arrive sur cet article en cherchant des renseignements sur l'awa-odori. C'est absolument passionnant, très complet, et les nombreuses photos donnent le sentiment de voyager à vos côtés.
    Excellent Blog avec un magnifique design !

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    1. Merci beaucoup, cher Anonyme ! Vos compliments me touchent sincèrement.

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