Un jardin magnifique sera le clou de ma journée...
D'Uwajima à Takamatsu
Il me faut me lever aux aurores pour pouvoir être à l'heure du bus qui remplace le train pour Yawatahama.
Je suis un peu à l'avance ; j'en profite pour tirer le portrait de cette gare d'Uwajima qui célèbre évidemment l'animal local.
Je dors quasiment tout le long du trajet. A Yawatahama, le train ne part que dans trois quarts d'heure, ils ont prévu large en cas de retard du bus. C'est parfait, je vais demander s'il n'ont pas trouvé le chapeau que j'ai étourdiment laissé la veille dans le train. Il m'attend avec une petite étiquette. Je savais pouvoir compter sur les cheminots japonais !
Un premier train me ramène à Matsuyama, dont la gare semble spécialement décorée pour le jeune public.
Je monte à bord de l'Ishizuchi 14, un train extrêmement confortable.
Avant que je ne sombre à nouveau dans le sommeil, j'ai le temps d'apercevoir une cathédrale inattendue.
Je suis toujours frappé par l'étendue des rizières qui occupent la moindre place disponible : elles s'étendent même dans les zones commerciales ou industrielles, s'arrêtant au pied des bâtiments.
Je retrouve le littoral longé à l'aller.
Le train Ampenman, hommage à un héros de dessin animé ?
Les toilettes du train, juste avant mon arrivée. Quoique parti très tôt, je n'atteins Takamatsu qu'à 14:00. Au moins ai-je bien dormi durant ces différents transports ! On m'a même réveillé pour le changement à Matsuyama.
La gare de Takamatsu semble plus imposante que celle de Matsuyama, pourtant il s'agit de villes de taille comparable, autour de 450 000 habitants.
JR Clement Hotel
J'ai réservé cet hôtel pour sa proximité immédiate de la gare. Un peu plus cher qu'à l'ordinaire, 84 €. Mais franchement, c'est donné pour le luxe et le confort de l'établissement, qui appartient à la compagnie Japan Rail (le JR du nom, aucun rapport avec Dallas, ton univers impitoya-a-able).
C'est un hôtel-boutique, qui possède sa propre galerie marchande.
Le hall, les couloirs, les ascenseurs, les équipements, tout ici respire le luxe.
Compte tenu de la moyenne japonaise, la chambre est plutôt grande et les bois clairs choisis pour le mobilier la rendent très agréable.
Toutefois la salle de bain demeure équipée selon les standards locaux et c'est le plastique qui y domine.
Je ne vais cependant pas y passer la journée ! J'ai un programme à tenir, en dépit d'une météo décevante : le ciel est couvert, peut-être en liaison avec le typhon qui s'est abattu un peu plus au nord et a déjà causé des ravages. L'atmosphère me paraît lourde et l'air poisseux.
Takamatsu-jo
Le château n'est qu'à une centaine de mètres de l'hôtel. Je me contente d'un tour rapide, il est largement ruiné et seules des tourelles extérieures ont été préservées, m'assure le Lonely.
Cette fortification fut construite en 1588 et le pouvoir militaire régional s'y établit jusqu'à la fin de l'ère Meiji.
Sa principale particularité réside dans ses douves ; comme le château devait surveiller la mer, il est en communication directe et donc les douves sont remplies d'eau de mer.
Un poste avancé permet une vue dégagée sur l'ensemble de la baie.
C'est ce passé féodal qui a été retenu pour la décoration des plaques d'égout.
Vu l'heure, il serait temps de déjeuner. Je vais tenter une adresse que le guide recommande chaleureusement et, pour cela je dois me diriger vers un shotengai.
Rien de commun avec la galerie désolée d'Uwajima ! celle-ci en paraît une version luxueuse, comme l'hôtel.
Hélas, impossible de trouver un restaurant ouvert. Ici le service cesse à 14:30.
Déjeuner sur le pouce
Deux échoppes vont me dépanner et même faire mon bonheur. La première vend de délicieuses brioches chaudes, sans doute chinoises, fourrées de viande et de légumes.
La seconde est spécialisée dans le melonpan, un sensationnel gâteau typique, léger comme un biscuit de Savoie, vendu chaud et croustillant. Une exquise gourmandise.
Je poursuis mon chemin le long de l'interminable boulevard Chuo-dori, comme on en trouve dans presque toutes les villes. La tour hérissée d'antennes reste un autre classique.
Et encore une constante : ces immeubles qui semblent inhabités (on ne met rien sur son balcon, ici), d'une couleur déprimante. Et de hauteur différente ! Les règles d'urbanisation gagneraient à quelques progrès.
Ritsurin-koen
Si j'ai posé mes valises à Takamatsu, c'est surtout pour visiter ce jardin, un parc de soixante-quinze hectares aménagé au XVIIème siècle.
Bardé de prix divers, il a intégré depuis soixante ans la liste des trésors nationaux. Je ne pouvais le manquer dans ce passage express sur l'île de Shikoku.
Je paie 410 ¥ pour mon billet, qui comprend l'entrée au musée.
Le musée d'art populaire de Sanuki
Je commence cependant par le musée, qui ferme plus tôt. Dans quelques édifices traditionnels, on a réparti objets divers. Sanuki désigne une ancienne province, créée au VIIème siècle, qui correspond à l'actuelle préfecture de Kagawa.
Que serait un musée japonais sans son palanquin ?
Ces plateaux de vannerie servaient de coussins.
Ce n'est pas si fréquent de voir des objets tressés recouverts de laque.
Les structures faîtières en terre cuite présentent quelque originalité.
Plusieurs représentent des têtes d'ogre et d'ogresse.
On nous explique comment différencier l'homme de la femme avant de conclure que, de toute façon, les tuiles combinent presque toujours les deux caractères !
Comme à Kurashiki, je retrouve une collection de sympathiques jouets traditionnels.
La poterie locale joue avec les effets de coulures. Le musée expose des pièces d'une réelle maîtrise et d'une belle qualité artistique.
Ces paniers de terre cuite non vernissée serviraient à la cueillette des fruits. Le resserrement évite de perdre la récolte, je suppose !
Le déménagement était facile, tous les meubles sont munis de poignées.
Exceptionnels, ces animaux en fil tressé. J'ai déjà vu des fleurs dans ce genre (je pense notamment à l'expo Jardins du Grand Palais) mais encore jamais de bêbêtes.
Marionnettes et cerfs-volants.
Un encrier de charpentier. Quelques informations supplémentaires auraient été bienvenues.
Le petit jardin du musée est charmant, mais c'est le grand que je veux voir !
Le jardin
Conçu vers 1650, il fallut un siècle de travaux pour creuser les six bassins et réaliser treize collines artificielles avec la terre récupérée.
Le site fut retenu par la présence du mont Shiun qui offrait un avantageux arrière-plan.
Longtemps ce fut un jardin privé pour l'agrément et l'entraînement du daimyo et de sa suite.
Enfin des lotus qui s'épanouissent !
L'eau affirme ici sa présence, presque partout, élément essentiel de la beauté du jardin.
Cette fois, j'ai droit à de véritables feuilles rouges avec cet érable.
Les points de vue furent prévus dès l'origine sur ces collines artificielles.
Toute une série de maisons de thé, l'occasion d'un moment de sérénité. Pas aujourd'hui. En dépit des allégations du guide, et des promesses d'un matcha à 710 ¥, je les trouve toutes fermées.
Les ponts caractéristiques font partie du paysage. Je crois que le modèle original est celui de Nikko.
Ces palmiers luxuriants sont des cycas. Oui, ceux que nos jardineries vendent en pots !
Sur ce terrain dégagé, la suite du daimyo s'entraînait à l'arc et aux arts martiaux.
Je tente le selfie…
Outre les ponts japonais figurant dans notre imaginaire, on peut aussi emprunter ceux en zigzag. J'ai toujours le souvenir de mon premier, à Shanghai. C'est peut-être en Chine qu'il faut en chercher la référence.
Une cascade, un rien chétive, dévale le mont Shiun.
J'ai passé une grande partie de mon après-midi dans ce jardin, mais quel plaisir ! Je l'ai vraiment adoré. Sans doute je le classe ex-æquo avec le Kenroku-en de Kanazawa.
Je repars vers mon domicile temporaire. Dans cette ville envahie de bicyclettes, la moitié du trottoir leur est réservée.
On en voit peu sur le dos des dames, mais on trouve des boutiques de somptueux kimonos dans toutes les villes.
Kawafuku
La seconde tentative est la bonne ! Ce restaurant ancien serait le plus réputé de Takamatsu pour y goûter la spécialité locale, les Sanuki udon.
Les udon, ce sont ces gros spaghetti, sans doute le plus gros calibre dans la galaxie des pâtes japonaises.
Mais la particularité locale est qu'elles sont faites à la main.
Pour être franc, je dois écrire que j'en ai également dégusté, des faites main, dans d'autres parties du Japon. J'aurais bien aimé assister au spectacle de la fabrication, aux nouilles volantes. Apparemment cela a eu lieu avant mon arrivée.
Udon froides dans un bouillon à la sauce soja, avec du gingembre et de l'omelette en fines tranches, une large quantité d'algues wakame, des morceaux de citron, du tempura dessus, une généreuse portion de ciboules. Vraiment délectable et très rafraîchissant.
Retour à l'hôtel ; ma fenêtre donne sur le port illuminé.
Douche et thé pour se donner du courage avant les travaux du soir.
Pas de yukata mais une sorte de pyjama, ici.
A paradise garden ! Amazing and so inspiring ! I love this post.
RépondreSupprimerAnnie
Thank you for your kind words. A garden is a proof of civilization!
SupprimerWonderful garden! As Annie wrote, an authentic paradise!
RépondreSupprimerThanks for your greatest post.
Ruth
Thanks Ruth for your kind words ! It is a pleasure to see you lived this garden.
SupprimerQuel magnifique jardin ! C'est un bonheur, même de se contenter de suivre ton reportage avec ses splendides photos. Dommage que tu n'aies pas eu un meilleur temps !
RépondreSupprimerToujours un grand merci pour ton formidable blog.
Bruno
Je suis heureux que mon enthousiasme soit partagé.
SupprimerMerci Bruno !
Chapeau oublié mais récupéré par les cheminots japonais. Un bon somme pendant le voyage permet de retrouver des forces pour affronter la journée. Le château endommagé a encore très fière allure. Le musée présente bien des curiosités et de magnifiques poteries. Enfin j’adore le jardin, nature façonnée, mais quelle beauté, avec l’eau miroir magique.
RépondreSupprimerUne belle journée formidable que je déguste à la petite cuiller.
Merci. Grosses bises. Mam.
Merci beaucoup pour ce long commentaire ! Quels progrès dans la frappe !
SupprimerGros bisous
Malgré le mauvais temps, quel magnifique jardin !
RépondreSupprimerAnne
Merci, Anne, pour votre commentaire et votre fidélité !
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