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mercredi 17 août 2016

Japon : Hiroshima, le lieu du souvenir

 

Et un voyage en train...

La journée commence avec quelques déboires. Mon réveil sonne bien à 6.20, je suis à la gare à l'heure, j'ai le temps de manger un super croissant (c'est rare d'en avoir de si bons chez nous).



 Je montre mon jr pass au contrôleur (c'est vérifié comme en Grande-Bretagne, quand on entre dans la gare et quand on en sort). Mon train est un Shinkansen, le TGV japonais avec plein de place.

Mais quand je vérifie tout dans le train, je constate qu'il me manque mes billets de places réservées pour la suite du voyage (ici, on a deux billets, un pour le trajet, l'autre pour la réservation le cas échéant). J'ai dû les perdre en passant au contrôle...
Le train circule dans une région très urbanisée. Et je n'ai toujours pas vu la mer !



En arrivant, je file au bureau de réservation de la gare pour expliquer mon problème. La demoiselle tente de retrouver mes places en fonction de celle qui reste en ma possession, puis n'y parvenant pas, elle me propose gentiment de m'en réserver de nouvelles gratuitement !

Hiroshima

Je sors à la recherche de mon hôtel, téléphone activé sur Google Maps en main. C'est la galère habituelle, je commence à m'y faire. Quand j'accède au Tenryu Ryokan, je tombe sur le patron qui ne connaît que deux mots d'anglais, "no", et "shower". Et surtout qui n'a pas trace de ma réservation ! Mes maigres notions de japonais ne sont pas à la hauteur. Je mets à profit Google Translate pour essayer de m'en sortir. Lui cherche de temps en temps sur son ordinateur... Au bout de trois quarts d'heure, situation résolue ! Je laisse mes bagages et pars dans Hiroshima.
C'est encore une grande ville, de plus d'un million d'habitants, pleine de buildings et de larges avenues. L'une d'elles fait carrément penser à New York !






Mazda est la grosse entreprise d'Hiroshima (je l'ignorais, merci au Lonely).


Je cherche en vain une adresse du Lonely, et me rabats sur une que tous semblent connaître, l'Okonomi-mura. C'est un immeuble où tous les étages sont occupés par de micro-restaurants qui préparent la spécialité du coin, l'okonomiyaki. Je goûterai ça demain.
Pour l'instant j'en ai repéré un qui sert un autre plat local, le kakiyaki. Kaki, ce n'est pas le fruit, ni la couleur, c'est l'huître ! On passe les huîtres en question dans un mélange de chapelure et d'une sorte de parmesan râpé, on fait griller à la plancha avec une goutte d'huile. Pendant ce temps on fait étuver du chou avec des aromates sur une feuille d'aluminium. On sert les huîtres sur le chou, on recouvre d'une colline de ciboule émincée, un trait de shoyou, et voilà !
C'est divin. Le croquant de la panure s'associe au fondant de l'huître cuite, sans être desséchée. Et le chou est parfait avec tout ça. L'huître locale n'est pas très iodée, mais quelle longueur de goût ! Extraordinaire.









De la haute gastronomie pour 864 yens, un peu plus de huit euros.


Le parc de la paix

Si je suis venu à Hiroshima, c'est bien sûr, comme pour tous les touristes, parce que le nom reste irrémédiablement lié à la première explosion atomique de l'histoire, le 6 août 1945.
Le parc de la paix a été créé à partir du bâtiment rescapé de l'explosion, une construction préfectorale qui datait du début du siècle, due à un architecte tchèque. C'est pour moi l'image la plus connue de la ville.



Une sculpture est dédiée à Sadako Sasaki, la petite fille atteinte de leucémie qui espéra conjurer le sort en pliant mille grues en origami. Elle décéda auparavant et ses camarades de classe complétèrent son œuvre, avant que le Japon tout entier ne se lance dans une frénésie de pliage de grues. Autour de la sculpture, des guirlandes de grues sont protégées dans des vitrines.
Le parc abrite aussi un tertre protégeant les cendres des disparus, un monument aux victimes coréennes (les Coréens avaient été enrôlés de force pour travailler dans la ville en guerre), une flamme qui ne cessera de brûler que lorsque les armes atomiques auront été éliminées, une arche au-dessus des listes de noms des victimes.







Le Mémorial permet de voir, sous terre, un panorama de la ville après l'explosion. La salle suivante fait défiler sur des écrans noms et photos de victimes.





Le musée de la bombe

Mais c'est le musée qui s'avère finalement le plus indispensable, par l'émotion qu'il suscite et les informations qu'il délivre. Si on regrette de ne pas en avoir en amont (la prise de décision, la réalisation de la bombe), c'est finalement logique car le musée se concentre sur ce qui s'est passé sur place. On mesure l'intensité de l'explosion avec ces dures photos de corps brûlés, tous ces éléments carbonisés, fondus : vêtements déchiquetés, pin dont il ne reste que l'écorce, murs dont les pierres ont changé de structure, et même des billets de banque brûlés à des kilomètres du point d'impact.
J'apprends beaucoup d'éléments que j'ignorais : le phénomène d'inversion du souffle, les dégâts infligés selon la quantité de millisieverts reçus. Le processus de la pluie noire radioactive est clairement exposé et montré avec d'inquiétantes traînées sur un mur.

Images de l'explosion





La bombe

Ne reste que l'écorce...

Boîte à bento avec son contenu carbonisé


Billets de banque carbonisés

Flacons fondus




Coulées de pluie noire



Un des atouts de cet excellent musée est de toujours relier les éléments à l'humain. Chaque fois que c'est possible, l'objet exposé est mis en situation avec la personne concernée. J'apprends ainsi que beaucoup d'enfants étaient en train de démolir des bâtiments dans le cadre de la guerre au moment de l'explosion.
Et une série de vitrines est consacrée à Sadako Sasaki, avec les minuscules grues originales.

Je sors un peu remué par tout cela et fais une pause-café avant de continuer. Je passe par des galeries couvertes et entrevois même une salle de pachinko (les machines à sous).



Le Hiroshima-jo

Le  château, le Hiroshima-jo, n'est évidemment pas celui d'origine. En 1945, il ne brûla pas mais s'effondra totalement.









Contrairement aux châteaux de Matsumoto et de Himeji, celui-ci a été reconstruit en 1958 en béton, et l'intérieur s'apparente plus à un musée. Quelques éléments d'origine, armes, armures, reconstitution des pièces de l'époque...













Du sommet, je n'aperçois toujours pas la mer, mais je vérifie l'urbanisation de cette ville toute hérissée de gratte-ciel et immeubles.




En redescendant, je profite bien sûr de l'occasion d'enfiler le déguisement de samouraï.

Je rentre par le Jonan-dori, dénué de restaurants. Une enseigne brille dans une rue perpendiculaire : c'est un izakaya, un bistrot où on vient surtout boire un coup (bière, saké, alcool de prune, et autres) mais qui cuisine aussi de petits plats.
 L'ambiance ici est chaleureuse et les serveurs qui crient la commande au cuisinier fort sympathiques.
En testant la douce bière brassée sur place, je mange un ragoût de langue de bœuf, une salade avec de minuscules tempuras de poulpe, et le "chocolate parfait " : corn flakes, glace chocolat, sauce soja sucrée. Étrange de prime abord, vraiment pas mauvais ensuite. 1260 yens pour tout ça.




Il ne me reste plus qu'à l'installer à l'hôtel. Il y a un mini-onsen !


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