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dimanche 21 août 2016

Japon : Koyasan, la montagne magique

 

Périple

Alex, le propriétaire de A la maison, a gentiment accepté de garder mes bagages. C'est donc plus léger que je commence mon périple aux multiples étapes.
Alors, dans l'ordre : à pied jusqu'à la station Matsuyamachi, changement à Sensaibashi, arrivée à la gare de Namba (recherche de la billetterie, car c'est une ligne privée où le JR pass ne fonctionne pas). 180 yens le billet, ce n'est pas ruineux...



Premier train jusqu'à Hashimoto. Beaucoup de paysages maraîchers, des serres, puis une alternance régulière de rizières et de vergers.




Changement, second train jusqu'à Gokurakubashi. Paysages de plus en plus montagneux. Voiture presque exclusivement japonaise. Une mamie fait sa couture.






Funiculaire jusqu'à Koyasan. J'ai toujours l'impression que le câble va lâcher ! (1260 yens)


Recherche du bon bus, vraiment pas évidente. Heureusement, j'ai le nom de mon shukubo en kanjis (caractères de type chinois), ce qui me permet de le chercher sur le plan des bus. 390 yens cette fois.


A pied jusqu'à mon shukubo : c'est un temple qui héberge des voyageurs.


Il y en a plusieurs au Japon, mais c'est presque une spécialité locale: 52 à Koyasan ! Le mien, c'est Hoon-in, à un jet de pierre de l'arrêt Otogo-mae. Sur le mail reçu, il est précisé qu'on peut laisser les bagages quand on veut. Et même mieux, ma chambre est prête.
Le moine très professionnel me fait la visite. Tout me plaît, je suis ravi de dormir dans un temple bouddhiste. Je l'ai fait en Chine et au Népal, et ça m'a toujours enthousiasmé.
Le Hoon-in se révèle le dédale ordinaire des maisons japonaises, avec de petits jardins. Et, pour un temple, les toilettes sont ultramodernes ! Et il y a même un onsen ! Ma chambre est une suite, espace pour dormir + salon de thé. Ouaouh !








L'onsen est tout petit mais il y a tout : les douches, les tabourets, les bassines... et surtout le bain chaud où l'eau circule !

J'en profite, puisque j'ai reçu trois nouvelles demandes d'explications, pour rappeler qu'un onsen est un bassin de taille variable, alimenté en eau chaude, qui sert à se reposer et à profiter des bienfaits du thermalisme. On se lave avant, sur les petits tabourets, avec une petite serviette qui sert de gant de toilette. Et on n'y va pas en maillot de bain ! Les onsens ne sont donc pas mixtes.
Si Koyasan est si célèbre, c'est ce que le moine Kobo Daishi a fondé ici une école de bouddhisme ésotérique, le Shingon, appelée à un énorme succès. C'était une pointure : voyageur au long cours, doté d'une intelligence visionnaire, mais aussi calligraphe doué, érudit, inventeur d'un des trois systèmes d'écriture japonais (les kanas). Et il serait toujours en train de méditer dans sa tombe, à Koyasan.
Par conséquent, tous les bouddhistes japonais ont voulu se faire enterrer là (plus de 50000 tombes éparses dans la forêt) et les temples se sont multipliés tout autour. Aujourd'hui 117 fonctionnent. Tout ça fait penser à Kyoto, mais ça n'a rien à voir. Une montagne au lieu d'une grande ville, des arbres gigantesques à la place de buildings. C'est un village-rue qui s'étend sur deux ou trois kilomètres, c'est tout.
Et quel calme ! A l'heure où j'écris, de la fenêtre ne parviennent que les stridulations des grillons.
Autre avantage, il fait nettement plus frais : 32 degrés, disait le thermomètre de la pharmacie ce matin. Bien cinq degrés de moins qu'à Osaka.

Le Danjo-Garan

Le Danjo-Garan est un des lieux les plus vénérés. On commence par la massive porte Chumon, et on se trouve face à une multitude de pavillons et de pagodes. Il s'agit souvent de reconstructions, plus ou moins récentes, les originaux du IXe siècle ayant eu des malheurs. Le site est autant fréquenté par les pèlerins, les moines, les touristes, que par les artistes en herbe !

















Je me dépêche d'aller déjeuner avant la cohue. La queue est déjà formée devant les premiers restaurants, je les dépasse. Un peu plus loin, deux centenaires me servent un étonnant donburi aux légumes (courge, haricots verts, et quelques inconnus). 750 yens.
Je complète en revenant vers une pâtisserie spécialisée dans les gâteaux aux algues, recommandée par Giulio et Flavia, un couple que je rencontre depuis Hiroshima. Deux délicieuses gourmandises, thé offert : 220 yens.


Quelques temples, histoire de changer


Les temples, on n'a pas besoin de les chercher dans ce village. Ils se côtoient tous le long de la route. On sort de l'un, on fait deux pas et on entre dans le suivant.


Le style est légèrement différent de ceux vus jusqu'à présent. Ils semblent aussi beaucoup plus récents.



Petits jardins, mofestes certes, mais la nature est juste derrière. Point n'est besoin de trop en faire.


Une allée de toriis, et on est tout de suite dans la forêt.


Cette verdure... Quel plaisir !


Dans la forêt mystique

Il est temps de m'insérer au flux de pèlerins, dans lequel les touristes sont assez nombreux. Sitôt quitté la rue principale, voici la vraie forêt, à la japonaise, arbres immenses de montagne avec une majorité de cèdres et de pins.




La réputation de l'endroit se vérifie. Des tombes partout. Je quitte le chemin principal et grimpe sur une centaine de mètres et c'est pareil.
Le monument funéraire connaît ici des variantes : stèle toute simple, stupa, souvent à cinq étages, statue soclée, petit temple...

Certaines portent des inscriptions que je suis bien en peine de déchiffrer.


Effigie de pèlerin avec le bâton de marche et le grand chapeau.





Beaucoup de jizô, cette fois-ci des statuettes parfois cocasses, d'autant plus qu'on les a accessoirisées avec chapeau ou bavoir du plus bel effet.


Le Boddhisattva jizo est très souvent représenté. Il aurait promis de protéger les âmes des enfants morts trop tôt pour avoir le temps de réaliser le nombre de bonnes actions nécessaire pour être réincarné. Il aurait également choisi de demeurer parmi les humains pour les accompagner sur la voie de la rédemption.


Il veillerait aussi sur les défunts dont la tombe est perdue et sur les voyageurs.


On l'habille de vêtements faits main, de couleur rouge qui symbolise la protection et la sécurité.


C'est cependant rare de trouver sa statue ainsi vêtue.


Le bavoir, accessoire d'enfant par excellence, est le plus souvent associé.


Par ailleurs, les bébés morts-nés et les noyés ont droit à des plaques de bois dans la rivière. D'autres étapes jalonnent l'itinéraire, comme ce puits où on espère voir son reflet sous peine de mourir dans trois ans (ouf, je l'ai vu), et une mystérieuse statue suintante (je ne l'ai pas trouvée, mais pas de pénalité dans ce cas).


Juste avant le sanctuaire, une hostellerie monastique offre, comme jadis, aux pèlerins du thé provenant de marmites qui ont dû en voir bien d'autres.



Des lanternes emplissent le sanctuaire (no photo no photo) du sol au plafond, depuis qu'un seigneur en offrit une à Kobo Daishi.






Beaucoup parlent de Koyasan comme d'une expérience mystique et je reconnais que c'est un endroit vraiment différent, où cette vénération silencieuse a quelque chose de prenant.
En revanche, je pousse jusqu'au cimetière moderne et le charme est rompu.

Quelques temples, histoire de changer

Je n'arriverai sûrement pas à visiter les 117 temples, mais, comme je ne suis pas encore saturé, j'en visite une bonne trentaine ; ce n'est pas un exploit, ils sont les uns à côté des autres.
A ma presque fin de voyage, je commence à en avoir vu une certaine quantité. J'ai dépassé le stade "c'est toujours pareil", j'apprécie davantage les différences. A Koyasan donc, les temples sont plus ornés, les porches se décorent de sculptures. On voit aussi une vraie vie dans les temples ; les moines ne sont pas des ermites qui se frappent le cœur avec une pierre, à la Saint Jérôme. J'ai vu il y a peu un documentaire sur Arte concernant une religieuse qui accomplissait un pèlerinage. Après l'avoir mené à bien, elle repartait en train retrouver son mari et son bébé et menait une vie de famille normale. Donc ici, les temples servent souvent de garage pour les religieux et on voit régulièrement des berlines stationnées. Plus le format SUV que la 2CV.










Ca faisait un moment que je n'en  avais pas revu, de ces statues dans une mandorle qui évoque le capuchon d'un cobra. Référence du continent asiatique, car à ma connaissance, pas de cobra au Japon.











Du sable ratissé comme dans les jardins zen de Kyoto.



Une rencontre inattendue : alors que je photographie un jardin, j'aperçois un mouvement du coin de l'œil. Je regarde. Diantre ! C'est, à un demi-mètre de moi, un serpent de 80 cm qui se faufile, tentant de passer inaperçu. Quand je montrerai la photo au moine de mon temple, le soir, il s'écriera : " Venomous snake !" Est-ce celui de la photo de Miyajima ?
Bon, le venomous en question n'était pas d'humeur belliqueuse...



Retour à bonne allure au temple. Il faut y être à l'heure pour le dîner à... 17.50.
C'est un grand moment. Nous sommes alignés comme les moines, avec le nom de la chambre à côté. Pas question de se placer où on veut !
La cuisine monastique de Koyasan, exclusivement végétarienne, est très réputée. C'est l'occasion de goûter à une quantité incroyable de plats. Le parallélépipède blanc dans le bol, c'est le plat le plus renommé, le "sesam silk tofu", un délice effectivement soyeux et fondant. Et dire que je croyais ne pas aimer le tofu !




Mon voisin de banquet, Giovanni, est un Italien vivant à Londres, où il enseigne l'économie dans une université. Il est venu donner plusieurs conférences à Kyoto et en profite pour visiter le pays.
Je profite du café pour faire connaissance avec mes colocataires d'une nuit. Le temple accueille seulement Français (trois chambres) et Italiens (six chambres). Je papote avec grand plaisir avec des Milanais, des Romains, un couple d'Arezzo...
Petite promenade avec Luca et Regina dans un Koyasan incroyablement désert, encore plus reposant. Et de retour, ô merveille ! Onsen !

6 commentaires:

  1. Bonjour
    J'aime bien votre blog qui est très détaillé et qui donne vraiment l'impression de vivre le voyage avec vous. Les photos sont dans l'ensemble trè belles mais quelques-unes ne sont pas très nettes...
    Merci d'avoir mis votrr blog en libre consultation !
    Florence

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    1. Bonjour Florence
      Merci pour vos compliments. Concernant la netteté des photos, il faut prendre en compte que la partie Japon a été saisie au jour le jour, presque uniquement avec le téléphone. L'application Blogger ne permettant pas de placer les images où on le souhaite, il m'a fallu tout faire avec le site internet, et les problèmes de port du téléphone m'ont conduit à n'insérer que les photos du téléphone. Ce n'est pas de mauvaise qualité, mais le bougé est plus délicat à éviter. Par ailleurs il est plus difficile avec un écran de 5,5 pouces de vérifier la netteté des images.
      J'ai effectivement constaté de retour un certain flou (je connaissais déjà les soucis de surexposition et de contre-jour, que j'avais essayé de limiter avec Snapseed) et je me suis demandé si je devais supprimer les images. Moins d'images mais de meilleure qualité. Je reçois tous les avis et j'attends donc le vôtre !
      Cordialement.

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  2. Je voi votre reponse longtemps apres. Je sui daccord avec vous il vaut mieux beaucoup dimages.

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  3. Jaurai peur avec le serpan

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