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lundi 8 août 2016

Japon : Matsumoto, un château noir

 

Départ de Tokyo

J’ai prévu large et ai mis le réveil à 6.30. Je prends vite le petit déjeuner dans la chambre, rends la clef et pars dans Asakusa. L’itinéraire m’est maintenant familier et j’y ai mes points de repère : la série de shotengai (galeries couvertes), Don Quijote, le volet peint, Orange Street




Don Quijote, une chaîne de magasins répandue dans le pays.

Orange Street tire son nom de la couleur de l'enrobé, évidemment.

Me voici à la station de métro Asakusa (prononcer Assaksa). J’ai regardé hier soir où le changement serait le plus facile et me suis décidé pour Akasaka-mitsuke : pas de longs trottoirs avec escaliers, le train part de l’autre côté du quai.

Je suis dans le métro vers 7.15 et, en ce début de matinée, les travailleurs se pressent dans les transports. Certains terminent leur nuit, d’autres lisent, quelques-uns tentent de résoudre leur sudoku, mais la grande majorité est absorbée par le smartphone. Et ce n’est pas que pour consulter les mails. Mon voisin, en pantalon noir et chemise blanche (l’uniforme aussi généralisé que les cheveux noirs pour les Japonais), dézingue des zombies à grands coups de lance-flammes, sur son appareil duquel pendouille un gri-gri. Après le changement, je rejoins rapidement Shinjuku, la plus grande gare du monde, où le fléchage en trois caractères (kanji, hiragana et romaji, notre alphabet) facilite bien la tâche du touriste.


Le flux des forçats du boulot est tel que le traverser est délicat. Le musicien avec lequel j’ai discuté hier m’a expliqué qu’arriver en retard au travail est quasiment une faute professionnelle. Chacun préfère arriver largement en avance ! Pour les mêmes raisons, certains travaillent alors qu’ils devraient être en vacances. Déjà qu’elles sont peu nombreuses !
Les ekiben, des plateaux-repas pour le train

Dans le train

Moi aussi je suis bien en avance sur le quai, et j’ai le temps de suivre les différentes opérations. Lorsqu’un train arrive, les demoiselles de ménage sont déjà au garde-à-vous à côté de la porte : cela leur permet de multiplier les courbettes à l’égard des arrivants. Sitôt tout le monde sorti, elles entrent dans le wagon. Efficacité maximale. L’une est chargée de vider les poubelles, l’autre nettoie les vitres, la troisième retourne les sièges : les blocs de deux sont rotatifs et, par conséquent, on est toujours assis dans le sens de la marche.

Quant à moi, j’ai pu repérer ma voiture sans difficulté. Le marquage au sol est très efficace et indique exactement où sera la porte d’entrée de chacune, avec le numéro afférent évidemment. Et, comme dans le métro, on se met en rang avec discipline.
J’assiste, sur le quai opposé, à une scène assez stupéfiante. Deux adultes accompagnent une classe, des petits d’une douzaine d’années, qui arrivent à peu près comme les nôtres, très vaguement en rang et en papotant (à voix basse cependant). Dès qu’ils ont atteint le professeur, ils s’assoient par terre (il faut dire que le sol est d’une méticuleuse propreté) en rang de cinq, aussi géométriquement que si on avait tracé un damier. Ça fait rêver !
La dame derrière moi est allée acheter un ekiben (un plateau-repas dans une boîte) et, pour ne pas perdre sa place, a posé son téléphone par terre. Je commence à m’y faire ; avant-hier, dans le métro, un téléphone a été trouvé et tout le monde s’agitait, apparemment pour savoir à qui il fallait le rendre ; je crois que c’est le bureau des objets trouvés qui a été élu. Et j’ai vu aussi que les gens laissent leur sac, parfois grand ouvert, sur leur chaise quand ils vont aux toilettes dans un café.
Comme me l’a dit un correspondant, au Japon, si quelqu’un vous vole, c’est un touriste !




Ma première expérience avec les trains japonais est un plaisir ; sièges larges, beaucoup de place pour les jambes, une tablette cachée dans l’accoudoir… Je ne tarde pas à m’endormir !


Quand je me réveille, nous sommes déjà dans les Alpes Japonaises : beaucoup de vert, notamment avec les forêts de pins, un habitat plus rural et de petites villes.

Matsumoto

Arrivé dans la gare de Matsumoto, je passe à l’office de tourisme où on me remet avec force courbettes un plan et une brochure en français ! J’ai retenu à l’Ace Inn, juste devant la gare, et je vais vite y poser mes bagages.




Le célèbre chef d'orchestre a monté depuis longtemps ce festival.

Déjeuner : Kohemoji, hiyamugi

Je pars vers la zone historique, pas très éloignée. Un Néo-Zélandais me recommande un restaurant dans Nawate, à droite du pont Sensai. J’y teste deux spécialités inconnues pour moi.

Un esquimau ? Non ! Du riz aromatisé et frit le long d'un bâtonnet, voilà le Kohemoji.
Ramen ? Soba ? Udon ? Non ! Ce sont des hiyamugi, d'autres pâtes de blé, proche des somen. Ici elles sont servies en soupe froide, à l’huile de sésame et au gingembre, agrémentées de légumes et de porc. Très agréablement rafraîchissant.

Le Matsumoto-jo

Le Matsumoto-jo (le japonais, c’est facile : -ji = temple, -jo = château), le Château Noir de Matsumoto, est un des quatre grands de l’archipel. C’est une place forte construite au XVIe siècle, tout en bois, et qui a appartenu à six clans différents ; essentiellement un donjon qui culmine à 22 m et qui permettait de surveiller la région. Il est encore entouré de ses douves d’origine. C'est un des douze châteaux japonais d'origine, c'est à dire qu'on n'a pas dû entièrement reconstruire après qu'ils ont été bombardés pendant la seconde guerre mondiale. L'armée américaine a méticuleusement pilonné le Japon pendant trois ans et beaucoup de bâtiments historiques n'ont pas résisté aux bombes incendiaires.



Mes copines les carpes, de vraies gloutonnes !
Évidemment mes amies les carpes ont sans doute identifié en moi l’aquariophile !

Un édifice historique

La construction a tout du château féodal : en bas, la version locale du mâchicoulis, puis, au fur et à mesure qu’on monte, des meurtrières pour tirer à l’arc et, dès qu’elles furent importées d’Europe, avec des armes à feu.






L'intérieur, presque vide







Grâce aux dons d’un couple de collectionneurs, on peut admirer une belle série d’armes (certaines totalement inconnues pour moi).







Une salle servait apparemment de conseil de guerre.





Du sommet du donjon, la vue sur la ville et sur les Alpes qui l’entourent complètement récompense de la longue queue et surtout des marches de 50 cm, inclinées à 80 degrés, qui donnent tout son prix à l’ascension.




La pièce avec des cloisons légères servait de chambre à coucher au seigneur du clan.

On utilisait la dernière salle, avec sa fenêtre en bouton de rose, comme lieu d’observation astronomique.


Le musée municipal

Les guides le précisent bien, et pourtant peu de touristes semblent savoir que la visite du musée municipal, juste à la sortie du château, est comprise dans le billet de ce dernier  : celui-ci est quasiment vide.

Le passé de la ville

Le sous-sol expose tout d’abord des objets archéologiques tels que les fameuses jarres ouvragées.

Tout le nécessaire pour qu’une dame puisse voyager confortablement : un palanquin et une malle de voyage !

A l’étage, une exposition sur Matsumoto et la guerre (explications seulement en japonais, hélas) et des vitrines sur la période Meiji.

Folklore et traditions

Le plus intéressant m’a semblé la salle folklorique, qui montre des coutumes pittoresques ; un bateau avec des statuettes porté en procession religieuse, des balles en fil (spécialité de la ville) qui étaient données aux très jeunes enfants, un animal de paille, tressé par toute une congrégation, auquel on mettra le feu, des poupées de plusieurs sortes. Les unes sont en bois ou en papier et les autres en tissu rembourré.






Nakamachi

Je sors quasiment à la fermeture et pars à la découverte de Nakamachi, la deuxième rue historique. Quelques boutiques à l’architecture traditionnelle montrent de beaux objets hors de prix. Plusieurs puits invitent à la dégustation : l’eau de Matsumoto est réputée extrêmement pure et sa fraîcheur est revigorante. D’ailleurs, le thermalisme abonde dans ce coin célèbre pour ses onsens et je regrette de ne pas avoir le temps d’essayer ces bains d’eau chaude en pleine nature, avec un panorama grandiose devant les yeux.
Notre gâteau à la broche aveyronnais a un cousin au Japon !






Dîner : otsuyake, taiyaki, vin blanc et matcha

Je m’arrête devant un mini wine-bar : dégustation de Chardonnay et de Sauvignon de Nagoya (bien gouleyants l’un et l’autre, rappelant les vins d’Afrique du Sud) avec une des spécialités locales, l’otsuyake, une crêpe épaisse découpée en morceaux.

Je termine mon repas un peu plus tard avec le taiyaki, une gaufre fourrée aux haricots sucrés, accompagné d’un lait de soja au matcha. Je suis repu !

Il ne me reste qu’à rentrer à l’hôtel pour travailler... En yukata quand même !





4 commentaires:

  1. Bonjour
    Votre blog est très intéressant et très vivant et on y voit beaucou0p de photos introuvables ailleurs. Je suis en train de préparer mon voyage et j'aurais beaucoup de questions à vous poser. Puis-je vous recontacter en privé par téléphone ou par mail ?
    Sébastien. (Bordeaux)

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    1. Bonjour Sébastien
      Merci pour vos compliments.
      Je ne vous promets pas de pouvoir répondre à toutes vos questions mais je ferai de mon mieux !
      N'hésitez pas à me contacter avec Google+ ou Gmail. Vous pouvez aussi utiliser ces commentaires si vous pensez que la réponse peut intéresser tout le monde.
      Cordialement

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  2. Je découvre cet article déjà ancien en cherchant des infos sur Matsumoto.
    Merci pour les conseils concernant le musée et les spécialités locales !
    J'y serai en mai et je compte bien les mettre à profit.
    Très beau blog, riche, avec une magnifique présentation.
    Kristian

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    1. Merci beaucoup Kristian ! Bon voyage à Matsumoto et n'hésitez pas à rechercher le vin de Nagano.

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