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lundi 29 juillet 2019

Tokyo : Exposition Keiichi Tanaami (Ginza Graphic Gallery)



La Ginza Graphic Gallery, où j'ai vu des expositions les années précédentes (Harumi Yamaguchi et Yoshirotten l'an dernier) ouvre actuellement ses salles à une rétrospective Keiichi Tanaami.




Cet artiste né en 1936 fut largement marqué par la guerre et les bombes qui pleuvaient sur Tokyo, devenant un motif récurrent d'explosions, de feu, de projecteurs dans son œuvre.


Pendant ses études, il débuta comme designer et fut immédiatement célèbre.


Dans les années 1960, la culture pop l'adouba comme un de ses représentants et il côtoya Andy Warhol. Si je n'ai rien vu qui le confirme, je pense qu'il fut également au contact de Roy Lichtenstein, certaines peintures me paraissent le citer directement.


Il se développa encore dans le mouvement psychédélique. J'avais vu l'an dernier à la Public Library de New York l'exposition Revolution qui m'avait remis en mémoire des images des années 1970, et le parallèle me semble pertinent.


Quelques principes sautent aux yeux dès les premières peintures : emploi de couleurs vives, avec une large place accordée aux couleurs primaires, composition vue comme un collage de matériaux composites.


La tête de mort, motif majeur du psychédélisme (avec une large thématique symbolique charriée en même temps), revient fréquemment.


Comme chez Lichtenstein, la référence aux comics est mise en avant.


Il me semble que plusieurs peintures sont construites selon une symétrie, mais qui n'est pas stricte et autorise des décalages.



Dans un univers violemment occidentalisé, les citations d'artistes japonais classiques (Hokusai et Hiroshige pour ne citer que les plus célèbres) me paraissent tout aussi évidentes. Il paraît que le petit Keiichi était fasciné par le poisson rouge de son père.




Le thème japonais est parfois dissimulé dans un coin de la toile.





Une référence tout aussi claire aux anime japonais, ces dessins animés qui déferlèrent à partir des années 1970.



Une curieuse variation sur le motif... On n'est pas loin des collages avant-gardistes du début du XXe siècle.



Dans cette toile, la citation de Lichtenstein me paraît évidente.


Et, tout en bas, ce ne serait pas Betty Boop ? On finit par jouer à chercher les citations...



Et ici, c'est notre peinture classique qui est convoquée. Avez-vous reconnu le personnage qui court, en haut ?



Les produits dérivés



Comme je l'ai signalé, Keiichi s'était fait remarquer très jeune comme designer. C'était logique qu'il s'investisse dans les produits dérivés, pratique quasiment automatique chez les artistes du Pop Art.
Ici une série de vêtements pour la marque Adidas. La célébrité mondiale du créateur lui ouvrit les portes de l'Occident !





Et, comme cela peut arriver dans le Pop Art, tout n'est pas du meilleur goût !







Le tee-shirt de designer, un nouveau produit-phare !







A la fin de l'exposition, un film montre l'artiste au travail. On le voit dessiner à main levée ; un sacré coup de crayon !

Je ne peux dire que j'ai été absolument séduit par cet ensemble d'œuvres (ni par le psychédélisme en général) , mais je trouve qu'il y a ici beaucoup de dynamisme et d'expression, et que se développe un univers personnel. En outre,  j'ai découvert une personnalité dont j'ignorais tout.

Et, au fait, c'est le 500e article que je publie sur ce blog !

4 commentaires:

  1. Cette peinture n’est pas celle que je préfère, cependant l’utilisation des couleurs est extraordinaire ; on sent qu’il jongle avec une grande aisance avec la palette.
    Ce n’est pas qu’un jeu de couleurs, ainsi les destructions, les violences, les explosions, les soucoupes meurtrières parlent de la guerre.
    Sur toutes les toiles, l’œil ou les yeux nous fixent comme « l’œil était dans la tombe et regardait Caïn ». Le poisson et les poissons me fascinent aussi.
    Ce côté touffu me fait penser à Jérôme Bosh dans un style moderne. Dans l’œuvre citée je vois l’enlèvement d’Europe.
    Je dois dire que sans toi je n’aurais jamais vu ces peintures qui méritent la visite, et je suis ravie de les avoir découvertes.
    Merci encore et gros bisous. Mam.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'y serais pas allé de mon propre chef ! Mais c'est l'intéressante découverte d'un artiste singulier. Il y a du Jerome Bosch, c'est vrai.

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  2. Real pop art with fantasy worlds and light colors. I don't really love those paintings but your post is very detailed and well written as usual.
    Annie

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