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dimanche 28 juillet 2019

Tokyo : le Musée Edo-Tokyo, la création d'une capitale



Je n'avais pas encore visité ce célèbre musée, pourtant très fréquenté par les Japonais comme par les touristes. Il était temps de réparer cette erreur.




Et je ne le regretterai pas, tant ce musée est plaisant et instructif. Il mêle objets historiques et maquettes, reconstitutions grandeur nature, plus quelques jeux, à la manière de celui d'Osaka. J'y ai passé un excellent après-midi !


Après s'être élevé dans les étages et avoir acquis mon billet (600 yens, un peu plus de cinq euros), je suis accueilli par cette réplique de la moitié du pont de Nihonbashi, l'ancienne version en bois.


On voit aussi la façade d'un théâtre de kabuki, où je pénètrerai plus tard.


Et même une maison d'édition de l'autre côté, mais ce sera pour un autre article.


Edo, un château et une ville



La maquette montre le château d'Edo avec ses palais Honmaru et Ninomaru. Semblable à beaucoup de forteresses japonaises, celui-ci n'est plus visible aujourd'hui.







L'intérieur ressemble étonnamment au merveilleux palais de Nagoya.



A l'origine, le Japon féodal était divisé en terres appartenant à des samouraïs (qui vivaient dans de belles résidences), et le petit village au bord de la rivière Sumida n'était qu'un de ces éléments.

Les Tokugawa


Lettre de nomination de Tokugawa Ieyasu

Tokugawa Ieyasu, tout juste nommé shogun, obligea les daimyo, des seigneurs vassaux de l'empereur, à construire ici une véritable ville. Pour se faire bien voir, chacun se lança dans une compétition effrénée. Ces travaux au début du XVIe siècle étaient de grande envergure. Il fallut niveler la colline Kanda (là où se trouve aujourd'hui un temple réputé, le Kanda-Myojin) et remblayer la baie. Cependant la ville fut détruite à cause d'incendies déclarés en chaîne. La reconstruction fut rapide et draina toujours plus de population vers la ville. Au XVIIIe siècle, elle dépassait un million d'habitants.

Tokugawa Ieyasu

C'est cette statue qui se trouvait dans le temple Zozo-ji, étroitement lié au clan Tokugawa.

Procession funéraire du clan Tokugawa

Le château d'Edo par Kano Tan'yu

Concert au château d'Edo pour les cérémonies du Nouvel An

Procession du Daimyo pour honorer le Shogun

Dans son livre, Engelbert Kaempfer, présent sur la gravure, raconte sa réception au château d'Edo, en 1691. 

Beaucoup plus tard... L'arrivée du Commodore Perry, signant la fin de l'autarcie japonaise. 

Coffret en laque

Lutrin pour la cérémonie des mariages

Support pour épées

Tous ces objets portent le blason circulaire des Tokugawa.

L'épée Mihara fut offerte en 1745 par le Shogun Tokugawa.

Tenue de samouraï


Un vestige de l'histoire : un éventail offert par Toyotomi Hideyoshi en remerciement pour une victoire militaire.


Avant le téléphone, la cloche servait à transmettre heures et nouvelles.

La vie quotidienne



La ville suivait le plan universel, avec des rues formées par les alignements de maison. Derrière les constructions, on trouvait puits, latrines et fosses pour les déchets. Mais n'oublions pas que ces époques en produisaient infiniment moins que les nôtres !



Machigakami, règlement municipal

Pour se prémunir des émeutes, le gouvernement prit la "mesure des 70 %" : cette quantité devait être prélevée sur les économies annuelles des comptes du quartier pour constituer des réserves de céréales en cas de disette.

La lutte contre le feu
 Pour éviter les incendies encore répétés, on créa une brigade de pompiers sous autorité municipale ; la police était également présente, et gardait les portes de la ville, fermées de nuit.


Registre des habitants d'un immeuble 
 Beaucoup de locataires dans cette ville. Les propriétaires tenaient à jour des règlements de propriété.

Stèle pour les enfants perdus

Un genre de jeu de l'oie décrivant la vie quotidienne

Gravure des événements annuels dans la capitale de l'Est

La cuisine


Deux stands de nourriture

Ici convergeaient les produits de tout l'empire. La cuisine d'Edo était déjà célèbre !

Vie quotidienne à l'arrière de la maison

Vues célèbres de Edo : l'attente de la Lune


Livre de cuisine, comment préparer le tofu ?

La lessive

Le soin du linge était méticuleux. Les étoffes étaient chères et un dicton prétendait qu'on portait les vêtements tant qu'un fil tenait ! Le réemploi était monnaie courante. Chez nous aussi, d'ailleurs.

Les membres de la famille

 Les enfants étaient éduqués très jeunes. La bonne santé du commerce réclamait de savoir lire, écrire et manier le boulier. L'enseignement était assuré dans les temples. Il paraît que si on compare le Japon avec le reste du monde, sa population de l'époque était largement plus alphabétisée.

Carnet consignant le nombre de décès durant une épidémie

La médecine était répandue, mais basée sur l'acupuncture et la moxologie (principe de cônes qu'on fait brûler sur la personne) et les épidémies restaient fréquentes.



Un enfant amené à l'école

Ca ne semble pas le réjouir outre mesure !

Reconstitution d'un quartier



Le puits, indispensable.



Les premiers soins à la naissance d'un enfant.




La salle de classe.

Le livre


Dans cette ville largement lettrée, dans un pays qui aurait inventé le roman (le Dit de Ganji), le livre était extrêmement diffusé. Les ateliers d'imprimerie étaient plus nombreux que dans le reste du pays.

Les étapes de la fabrication d'un livre

Une gravure (ukiyo-e)
 Les estampes étaient fabriquées par les mêmes imprimeurs, puisque les procédés étaient identiques.


Les planches ayant servi à la gravure précédente.

La première planche sert pour le trait.

Une boutique d'estampes


L'imprimerie, comme partout dans le monde, fit le succès de la diffusion du livre. Il ne s'agissait pas encore de caractères mobiles, chaque page nécessitait une gravure différente.


L'imprimeur était éditeur, comme en Europe, et empochait la majeure partie de la somme, surtout s'il était vendeur. L'auteur était payé par un repas !


Le best-seller se développa avec le roman à épisodes, dont on attendait avec impatience chaque nouveau volume.


La liste des livres les plus vendus pendant l'année. Déjà !


La censure gouvernementale gardait ses crocs acérés, et interdisait tout ouvrage avec un peu de critique ou même une allusion au Shogun. Evidemment, on continuait à publier sous le manteau. Voltaire a vu la majeure partie de son œuvre circuler ainsi.


La presse existait, sous forme de prospectus, des feuilles volantes contenant un seul article. Celui ci-dessus parle de la récolte du riz et le suivant d'une histoire d'honneur réglée au détour d'un pont. Nouvelles agricoles et faits divers.



Les marchands



L'échoppe, la vraie, demandait des investissements considérables. On trouvait donc toutes nos variantes, l'étal sur le marché ou la vente ambulante.



La monnaie était compliquée, avec trois devises différentes et le cours du riz qui menait la danse. Les tentatives permanentes de dévaluation et de réévaluation illustrent ces difficultés.

Les opérations de la monnaie à Hachiba

Les coutumes d'Edo au long de l'année

Les marchands se regroupèrent, à la fois pour des raisons pratiques pour  gérer l'achat en gros et à la demande de l'administration qui simplifiait ainsi l'établissement des taxes.

Le marché au poisson près du pont de Nihonbashi

Publicité pour un médecin

Toutes les branches du commerce étaient de bons clients pour les imprimeurs, entre les papiers officiels et la publicité. Je revois ici la même histoire que chez nous, comme le Musée de l'Imprimerie à Lyon la raconte.





L'adduction d'eau, le problème de toute ville. Vu l'instabilité des terrains, on utilisait aussi un système de tuyaux en bois.


Les villages alentour vivaient de pêche et de culture pour alimenter la vaste cité.

 Les fêtes


Structure monumentale pour la procession du Kanda Myojin

Le Japon moderne a gardé la tradition de ces festivals, souvent religieux, où de monumentales structures se promènent dans de longues processions.

La parade du festival du sanctuaire de Sanno


Maquette de la procession du Kanda Myojin

 

Le Pont de Ryogoku


C'est le pont juste voisin ! Cette minutieuse maquette permet de le voir au XIXe siècle.




Nouvelles attractions



Le spectacle se développe en même temps que la ville s'embourgeoise, et comme chez nous, on montre des animaux exotiques. C'est la Chine qui s'occupe de tout cela à l'époque où le Japon est encore un pays fermé.


Nouveaux plaisirs :  le pélerinage se double maintenant de voyage touristique. On édite des guides pour l'ascension du Fuji-san.

Tenue de religieux sur le Fuji

 Le théâtre



La grande reconstitution d'un théâtre de kabuki rend hommage à un art original, inventif, qui passionna les foules. Il subsiste aujourd'hui mais a cédé le pas devant d'autres "divertissements".




Les mannequins sont vêtus de fastueux costumes. Lorsque j'avais assisté à une représentation, je n'avais pu prendre de photo et je me rattrape aujourd'hui !



Image d'une représentation de Tokaido Yotsuya Kaidan

Jeu de backgammon ave des scènes du quartier des spectacles 
Je n'ai pas terminé avec ce musée mais ce sera tout pour aujourd'hui...

4 commentaires:

  1. A must-see museum in Tokyo! I would love to see it. Thanks for your short and necessary history of Japan.
    Great article.
    Annie

    RépondreSupprimer
  2. Pouvoir visualiser le développement d’une aussi grande ville, avec ses particularités et en même temps des œuvres d’art magnifiques est vraiment fascinant. L’invention de codes de communication pour indiquer l’heure ou transmettre des messages au moyen de cloches est très astucieuse. Il est aussi très intéressant de connaître la vie quotidienne des habitants à cette époque qui laisse à penser que le pays est très en avance sur la plupart de beaucoup de ses contemporains. Le commerce est régi par des règles bien précises, et tout est très organisé, ne laissant pas ou peu de place à la fantaisie. On apprend une quantité d’informations et on comprend que ce musée soit fréquenté autant par des touristes étrangers que par les autochtones. Un article très didactique, mais aussi très agréable à parcourir.
    Merci pour toutes les explications complémentaires qui permettent d’en profiter.
    Grosses bises. Mam.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et c'est finalement assez étonnant, car toute cette période concerne l'autarcie japonaise !
      Je me suis vraiment régalé dans ce musée extrêmement bien conçu.
      Infiniment merci.
      Gros bisous !

      Supprimer

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