La troisième exposition du Caixaforum est montée autour des collections de l'IVAM, l'
Instituto Valenciano de Arte Moderno. Elle est centrée sur la période entre les deux guerres et fait une large part aux surréalistes, aux affichistes russes, en présentant de nombreux papiers mais aussi quelques peintures et sculptures. L'occasion de découvrir des documents rares sur une période très féconde.
Expériences fragmentaires
Plusieurs collages présentés dans cette première partie, un mode artistique extrêmement fructueux dont les Surréalistes naissants vont rapidement s'emparer. Les fragments de réalité sont assemblés pour recomposer de nouvelles œuvres en se chargeant de poésie. La vieille culture est oubliée, remisée, et le collage devient une expérience de résistance créative.
Avec le collage, c'est la métaphore qui s'impose dans l'art visuel, dans un processus qui se renouvelle sans cesse. On connaît des précédents (les Anglais victoriens l'ont expérimenté dans de réjouissantes réalisations, je me rappelle une sidérante exposition du musée d'Orsay) mais la technique explose soudain, avant de toucher d'autres formes artistiques.
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George Grosz, Lächle weiter, 1932 |
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Paul Joostens, Sans titre, 1917 |
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Ella Bergmann-Michel, Sans titre, 1925 |
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Kurt Schwitters, Freia Taifun, 1939 |
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Nicolas de Lekuona, Sans titre, 1934 |
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Kurt Schwitters, Alla, 1941 |
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Couvertures de Broom, par Natalia Gontcharova, Juan Gris, Edward Nagle,
Alice Halicka, Enrico Prampolini, El Lissitzky, Man Ray
(de gauche à droite et de bas en haut)
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Un groupe d'Américains publie en Italie la revue Broom qui paraîtra de 1921 à 1924. D'abord voulue comme une vitrine de la littérature et de l'art contemporains américains, elle s'intéresse rapidement aux expériences européennes. Les grands noms de l'époque rivalisent d'inventivité dans ses couvertures.
Le dynamisme spatial
La nouvelle appréhension de l'espace va modifier durablement notre perception du monde. Marcel Duchamp propose ses readymades, des objets industriels détournés, et se lance dans des expériences optiques qui posent un jalon entre les recherches coloristes de Turner et l'Op-Art ultérieur, à la
Vasarely. Man Ray explore la photographie et tente d'y révéler des rêves intérieurs. Les futuristes italiens réunis à Paris sont vite éclipsés par le bouillonnement iconoclaste du dadaïsme, dont l'explosion fulgurante déferle jusqu'à New York.
Le titre de dynamisme spatial choisi par les commissaires pour cette partie désigne peut-être autant les choix artistiques que cette diaspora d'artistes, donc, mais il me semble que c'est davantage la confluence de domaines artistiques qui apparaît ici.
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Marcel Duchamp, Piste de circulation d'air, 1914 |
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Photographies de Man Ray, autour de 1920 |
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Marcel Duchamp, Disques optiques, 1935 |
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Max Bill, Quinze variations sur un même thème, 1938 |
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Olga Rozanova, Livre transrationnel, 1916 |
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El Lissitzky, couverture de Pour la voix de Maïakovsky, 1923 |
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Filippo Tommaso Marinetti, Les Paroles en liberté futuristes, 1919 |
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Gino Giuseppe Soggetti, Rue, 1921 |
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Hans Richter, Tête Dada, 1917 |
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Tristan Tzara, Dada soulève tout, 1921 |
Fameux pamphlet, souvent reproduit, dont on voit rarement des exemplaires.
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Tristan Tzara, Dada soulève tout, 1921 |
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Kurt Schwitters, L'Epouvantail, 1925 |
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Juan Miro, Il était une petite pie, 1928 |
Le premier livre illustré par Miro est composé de délicieuses chansons de Lise Deharme et publié, à tout petit tirage (300 exemplaires), par la galerie Jeanne Bucher. Il est dédié à Georges Auric qui composera ultérieurement des musiques pour justifier leur titre.
Miro orne cet ouvrage d'une série de pochoirs dans lequel se repère déjà son goût pour la couleur et pour la forme primitive. Il affirmera plus tard qu'il cherche à retrouver dans ces symboles l'art pariétal qu'il a découvert dans les grottes d'Altamira.
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Juan Miro, Il était une petite pie (détail), 1928 |
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Juan Miro, Il était une petite pie (détail), 1928 |
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Juan Miro, Il était une petite pie (détail), 1928 |
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Juan Miro, Il était une petite pie (détail), 1928 |
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Juan Miro, Il était une petite pie (détail), 1928 |
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Juan Miro, Il était une petite pie (détail), 1928 |
La transformation du quotidien
Dès 1919, le groupe allemand
Die Bauhaus impulse un élan novateur ; il s'agit de modifier le quotidien, l'espace de vie, en le rationnalisant et en le démocratisant. L'art ne doit pas être destiné à une élite mais chacun doit pouvoir en profiter. C'est une véritable révolution dont nous connaissons toujours les effets, dans le mobilier IKEA par exemple.
Parallèlement, les artistes qui s'expriment dans la revue néerlandaise
De Stijl dont ils prendront le nom militent pour l'intégration des arts dans l'espace de vie et s'insinuent dans l'industrie.
Mais le grand élan créatif, c'est l'affiche qui le produit. Certes, les artistes se sont déjà illustrés dans cet art, et l'exposition
Toulouse-Lautrec et Montmartre, ici même, le montrait clairement. Les Russes exploitent les contraintes de cadre et de couleur pour définir de nouvelles règles dans lesquelles texte et image ont un statut équivalent, où l'écriture est transformée par la typographie, et enfin où la construction dynamise systématiquement l'affiche.
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Theo van Doesburg, Etiquette pour un fromage, 1910 |
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El Lisstitzky, L'Oiseau sans nom, 1922 |
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Walter Dexell, Avec un M rouge, 1929 |
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Affiches de Paul Schuitema, Natalia Pinus-Butcharova,
Gustav Klucis et Valentina Kulagina
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Vladimir Maiakovsky, Rosta n°583 |
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José Espert, affiche |
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John Heartfield, huit gravures |
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George Grosz, Affiche pour le Parti Communiste, 1923 |
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Documents de El Lissitzky, Laszlo Moholy-Nagy, Liubov Popova |
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Lampe de Pietro Chiesa, 1933 |
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Juli Gonzalez, L'Homme-Cactus II, 1939 |
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Francis Picabia, Hachoir, 1922 |
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Alexandr Rodtchenko, Affiche pour Bronenossets Potiomkin (Le Cuirassé Potemkine) d'Eisenstein |
Bronenossets Potiomkin est un des films majeurs de l'histoire du cinéma. Eisenstein y exploite les possibilités du montage parallèle, découvre le travelling avant, et la scène du landau va influencer (jusqu'à nos jours) les cinéastes. Pour ce film révolutionnaire, c'est un des artistes les plus révolutionnaires qui fait l'affiche. Rodtchenko est un incroyable expérimentateur, minimaliste, tenant de l'anti-art, constructiviste, un artiste majeur.
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Gustav Klucis, Transport, 1929 |
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Alexandr Rodtchenko, Couverture de L'Art décoratif, 1923 / Affiche rouge, 1925 |
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Joan Miro, Aviat l'instant, 1919 |
Corps de rêve
Les recherches de Siegmund Freud ont ouvert la voie à l'onirisme, traçant des chemins esquissés par les poètes du XIXe siècle. André Breton y marche avec délectation, prônant la "nouvelle alliance" de l'art et de l'inconscient. Comme Victor Hugo l'avait brillamment affirmé, l'artiste doit assumer la double fonction de montrer le monde et de révéler l'invisible.
Cette recherche recoupe soudain l'abstraction et cette rencontre enrichit l'une et l'autre tendances.
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Georges Hugnet, Collage, 1935 |
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Jos Leonard, Sans titre, 1925 |
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Grete Stern, Rêve #4, La Sirène d'eau douce, 1949 |
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Jacques Lipchitz, Homme à la mandoline, 1925 |
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Juli gonzalez, Le sommeil, 1934 |
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Juli Gonzalez, Masque Ombre et Lumière, 1930 |
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Adolph Gottlieb, L'Alchimiste, 1945 |
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Bart van der Leck, Les Trois Grâces, 1933 |
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Joaquin Torres-Garcia, Masque noir, 1928 |
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Frantisek Kupka, Composition géométrique, vers 1927 |
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Luigi Veronesi, Diagonale 5, 1939 |
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Friedrich Vordemberge-Gildewart, Composition #127, 1941 |
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Robert Delaunay, Relief : Rythme, 1931 |
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Cesar Domela, Relief #15, 1938 |
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Josef Albers, Alfa, 1939 |
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Sonia Delaunay et Blaise Cendrars, Prose du Transsibérien, 1913 |
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Arshile Gorky, Abstraction, 1936 |
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Jean Arp, Coquille-nuage, 1932 |
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Laszlo Moholy-Nagy, Peinture de lumière, 1937 |
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Laszlo Moholy-Nagy, Construction AL6, 1933 |
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Paul Klee, Abondance festive en P, 1930 |
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Alexander Calder, Abstraction, 1936 |
Great exhibition with fine pieces scarcely shown. Thanks for your captivating article !
RépondreSupprimerAnnie
I appreciate your enthusiastic comment. Thanks, Annie !
SupprimerRemarquable exposition sur une collection apparemment très riche. Quelle passionnante période !
RépondreSupprimerMerci pour ce stimulant article.
Pierre
Passionnante exposition en effet.
SupprimerMerci infiniment, Pierre!