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mercredi 19 février 2020

Moscou : Sadko au Bolchoï


Je retourne au Bolchoï pour une superbe représentation de Sadko, un opéra de Rimsky-Korsakov rarement donné chez nous.

Au Bolchoï





 C'est d'abord le plaisir de retrouver ce magnifique théâtre !



C'est mon étage ! Je suis placé au premier rang d'une loge. L'avantage d'avoir pris ma place en novembre. Je guettais l'ouverture des locations chaque jour.



Et c'est impeccable, je vois toute la scène.



Nouvelle production de Dmitry Tcherniakov

Sadko fait partie de ces contes traditionnels russes qui ont fourni plusieurs livrets à Rimsky-Korsakov et à ses copains, comme Snegourochka ou Tsar Saltan, que je verrai dimanche. L'histoire raconte le voyage d'un marin musicien au fond de la mer, où il tombe sous le charme de la fille du tsar des mers. Un beau conte, mais pas facile à mettre en scène si on veut éviter les oripeaux.


Tcherniakov relève le défi en parvenant à re-contextualiser l'œuvre. Au début, il montre l'interview d'un employé dont l'univers des contes constitue le rêve. Il se rend dans un parc d'attractions dont les employés vont tenter de réaliser le rêve.


C'est habile car cela satisfait à la fois les amateurs de modernité : Sadko ne quitte jamais sa tenue grisâtre du XXIe siècle et la direction d'acteurs est extrêmement fine ;et de tradition car l'univers dans lequel il est plongé tourne les pages d'un beau livre d'images.


Je prends le terme au sens propre car les décors proviennent directement de peintures, où on retrouve notamment Vasnetsov et Roerich. Elles sont parfois présentées sur une toile peinte ou recréées en trois dimensions.



L'acte au fond de la mer bascule dans le merveilleux, avec des costumes extraordinairement créatifs où les choristes sont transformés en divers animaux marins. C'est fabuleux. Je n'ai pu trouver d'image de ce tableau, hélas.

A la fin, retour à la réalité. La fille du tsar redevient une jeune fille qui part en tirant sa valise, laissant Sadko à son épouse, à qui il déclare sa flamme. Mais les employés du parc envahissent la scène, et on reconnaît bientôt tous les protagonistes. Ce sont ensuite tous les décors qui arrivent au milieu du plateau.


C'est habile, proprement mené, et cela réussit à traiter tous les aspects de l'œuvre. Chapeau.

 La distribution

Sadko, c'est avant tout une œuvre de troupe, vu la grande distribution nécessaire, mais qui réclame plusieurs interprètes hors pair. Le Bolchoï dispose de tout cela.



On a donc foule d'artistes valeureux dans de petits rôles : Maria Barakova, Piotr Migunov, Evgenia Segenuk, Sergey Radchenko, tous excellents.


Les trois marchands viennent chacun chanter un seul air, mais ce sont trois magnifiques arias, au pinacle de l'opéra russe. Pas question de les laisser  des seconds couteaux. Le Varangien a droit au magnifique legato et aux couleurs cuivrées de Stanislav Trofimov, l'Indien (un des plus beaux airs de ténor pour lui)  au velours d'Alexey Neklyudov et  le Vénédète au baryton d'Andrey Kymach, voix concentrée chargée d'harmoniques. Trois splendeurs.



Du luxe aussi pour les compères Andrey Popov et Mikhail Petrenko dans des compositions impayables. Mention spéciale à Andrey Popov, dont la voix percutante est toujours remarquable dans ce type d'emploi.
Le contre-ténor Vadim Volkov interprète Nezhata avec une voix très projetée qui lui permet de passer largement dans cette grande salle.
Le tsar des mers, c'est Nikolai Didenko, entendu il y a quelques années à Montpellier aux côtés de Sonya Yoncheva. Il montre beaucoup de noblesse et de présence royale, tout en soignant particulièrement l'articulation.


Sergey Murzaev, si souvent entendu en France (Paris, Marseille, Montpellier, Toulon...) est un Vieux Guerrier de luxe, à la voix encore puissante.


Ksenia Dudnikova offre l'or liquide de sa voix à Lyubava, l'épouse, et c'est une pure merveille.



Nadezhda Pavlova incarne Volkhova, la fille du tsar des mers, avec une voix très pure, en apportant beaucoup de féminité au personnage.


Sadko est un rôle écrasant, en scène tout le long, qui chante sans cesse. Malgré un peu de fatigue dans la seconde partie, Ivan Gyngazov s'en tire avec les honneurs, en faisant rutiler son registre aigu, et en offrant une composition très minutieuse et caractérisée. Un travail admirable.







Le jeune Timur Zangiev dirige avec une grande maîtrise, en veillant sans cesse aux climats. On sent la mer enfler, les vagues refluer, et les instruments solistes sont valorisés avec délicatesse. Il veille constamment à l'équilibre et phrase avec précision. Il bénéficie d'un magnifique orchestre, et de chœurs grandioses, aux voix puissamment timbrées, extrêmement engagés. Ce sont les choristes qui assurent le ballet de la mer, et c'est parfaitement réussi !




Andrey Popov

Nikolay Didenko

Andrei Kymach

Sergei Radchenko


avec Alexei Neklyudov


avec Ksenia Dudnikova

avec Sergei Murzaev

Nadezhda Pavlova

avec Timur Zangiev

1 commentaire:

  1. A great performance for sure! Thanks for your live report, I believe to be there, watching the opera!
    Thank you for this outstanding post.
    Annie

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