Le couvent des saintes Marthe et Marie date du début du XIXe siècle, et c'est l'art déco qu'on y retrouve !
En 1905, le grand-duc Serge fut assassiné par un anarchiste. Sa veuve, Elisabeth de Russie, vendit tous ses biens ainsi que sa cassette pour acheter un terrain et y construire un couvent. Il n'y avait aucun couvent de religieuses hospitalières dans Moscou, et elle souhaitait créer une "maison" qui rassemblerait des femmes de toute condition dévouées aux pauvres.
Elle utilisa le terrain pour édifier une église, évidemment, mais aussi un orphelinat, un hôpital et des bâtiments conventuels, bien que les religieuses ne fussent pas cloîtrées.
Aujourd'hui, une école d'infirmières tout à fait officielle a pris place dans ses murs.
Les bâtiments
C'est à Alexeï Chtchoussev qu'Elisabeth passa commande et ce fut un des premiers chantiers prestigieux du jeune architecte, passionné d'histoire de l'architecture. Il se fonda sur les églises de Novgorod pour établir les plans et la décoration de celle-ci.
Pour les puristes, c'est le bulbe qui fait la différence ; le bulbe est plus large que le tambour (la tour, pour faire simple) alors que c'est le contraire dans le modèle originaire de Kiev, le plus courant. Cela donne l'impression de coupoles plus trapues.
Alexeï Chtchoussev est très connu, même si on ne le sait pas ! Certains des bâtiments emblématiques de Moscou sont son œuvre, comme le mausolée de Lenine, la Loubianka, l'hôtel Moskva...
La décoration extérieure présente un Moyen-Age réinterprété. Rien à voir avec nos églises néo-gothiques de Lassus ! C'est plutôt un ensemble de références au Moyen-Âge russe, avec des allusions précises à certaines églises.
Ce type de bas-relief rappelle fortement la cathédrale Saint Dimitri de Vladimir, que je visiterai mardi.
Mon idée est peut-être hérétique, mais je me demande si on ne pourrait pas y voir aussi des traces de néo-primitivisme, ce courant esthétique né au début du XXe siècle qui voulait réintroduire thèmes anciens et art populaire. On connaît particulièrement Le Sacre du Printemps de Stravinsky et les peintures de Natalia Goncharova dans ce registre.
L'intérieur
Dès qu'on pénètre dans l'église, on est frappé par la sobriété de la grande salle et le plafond blanc. Elle semble particulièrement vaste, de ce fait.
L'iconostase est relativement sobre, et c'est la version basse qui est représentée ici. Les icônes semblent plutôt traditionnelles.
Avec les fresques des côtés, on voit tout de suite un autre style à l'oeuvre. C'est Nesterov, le grand peintre bien représenté à la galerie Tretyakov (Les Travaux de Saint Serge, la Conversation de philosophes, par exemple), qui en fut chargé.
Les fresques sont de toute beauté, avec la palette de couleurs froides que le peintre sait si bien manier. Malheureusement, très difficiles à photographier. Des religieuses prient et je ne veux pas les déranger.
Le jardin
Le jardin s'accorde aux sculptures de l'église, qu'on retrouvait aussi sur l'intrados des arcs à l'intérieur.
Et même la fontaine...
Voilà une visite fort intéressante, et qui change vraiment de tous les monastères et couvents qu'on peut visiter. Rien que pour les grands artistes qui y sont représentés, cela vaut bien qu'on y jette un oeil. Et, comme c'est fort commodément placé pas loin de la Galerie Tretyakov, on peut faire un ricochet dans la visite...
Pure, inspiring, a great piece of art.
RépondreSupprimerA great discovery!
Annie
C est Toujours un bonheur de voir tes photos
RépondreSupprimerBonne fin de vacances
Cathy
Merci beaucoup Cathy pour ce chaleureux message !
SupprimerGros bisous.
Après des photos d’églises dont les murs sont recouverts de fresques, il est agréable d’arriver dans un couvent dont l’architecte a voulu une bâtisse sobre mais élégante, dont les salles sont très grandes, avec peu de décorations, mais de magnifiques sculptures et quelques fresques.
RépondreSupprimerMerci de nous faire profiter de la visite de ce couvent si paisible, parfait pour la prière et dont la construction a été très réussie.
Merci pour son histoire très passionnante. J’ai beaucoup aimé cet article. Bises. Mam.
Tu as raison, il diffère vraiment des autres. C'est une visite qui m'avait beaucoup plu !
SupprimerUn grand merci pour cet affectueux message.
Gros bisous !