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vendredi 2 mars 2018

New York City : Elektra, Metropolitan Opera



Voir Elektra, c'est toujours la promesse d'une soirée forte en émotions. Heureusement c'est un opéra régulièrement programmé : après la production historique de Ruth Berghaus à Lyon, je retrouve la remarquable version testamentaire de Chéreau, que j'ai beaucoup vue, et la dernière fois au Liceu de Barcelona. Ici, c'est la seconde fois qu'elle est programmée, après la performance saisissante de Nina Stemme en 2016.



Ce qui frappe ici, c'est déjà la dimension du décor, particulièrement sa hauteur. Un certain nombre de différences dans les déplacements, notamment quant au personnage d'Elektra.

Rien de surprenant : l'interprétation, c'est du vivant et surtout pas un clonage. Chaque soirée est l'occasion de changements... Ce n'est pas un film qu'on repasse.



Je ne vais pas détailler à nouveau la production de Patrice Chéreau, que j'ai déjà chroniquée ici.

Cependant j'ai vu jusqu'à présent toujours plus ou moins la même équipe, jusqu'aux seconds rôles, et c'est intéressant de voir d'autres artistes dans les mêmes atours.

Solide distribution


Les seconds rôles, parfois très brefs, tiennent une réelle importance dans cet opéra et il faut soigner la distribution. Point des Bayreuthiens historiques ici (McIntyre, Mazura), mais tout de même James Courtney, un pilier du Met et Susan Neves, que j'ai vue en Amelia, Norma, Alice Ford...

Les servantes, qui ouvrent l'opéra, ont des voix solides : Andrea Hill, Tichina Vaughn, Maya Lahyani, Kelly Rae Hogan, Lisa Daltirus. Kevin Short, Scott Scully, sont également de bonnes recrues.



Jay Hunter Morris, autrefois un Siegfried fort respectable, campe un AEgisth très crédible, qui optimise sa scène pour créer rapidement le personnage.

Mikhail Petrenko était déjà Orest à la création du spectacle, au Festival d'Aix. Toujours la même voix de basse impressionnante, un personnage charismatique. Superbe Orest, même si ma préférence va toujours aux timbres plus barytonnants pour ce rôle.



Dans cette œuvre, on attend beaucoup du trio féminin. C'est une affaire de femmes et l'essentiel du drame se joue entre Elektra et sa mère. Krysothemis, je la vois davantage comme une anti-Elektra, une image de ce qu'elle pourrait être sans l'obsession de la vengeance, un miroir (inversé donc).

Je n'en ai jamais entendu de si jeune qu'aujourd'hui. C'est Elza van den Heever, superbe Elisabetta ici, qui l'incarne avec une voix aussi fraîche que solide, et une présence remarquable.


La Klytämnestra de Michaela Schuster restera aussi un grand souvenir. Interprète engagée, voix puissante et partout sonore, elle livre un portrait saisissant. Je dois dire que je n'ai jamais été déçu par cette dame.


C'est à Christine Goerke que revient Elektra. La dernière fois que je l'ai vue, elle chantait Vitellia. Pas vraiment le même répertoire...

Elle a plusieurs fois chanté ce rôle écrasant et on sent qu'elle sait le dompter. Rien à voir avec Evelyn Herlitzius : différence de voix (elle me ferait penser davantage à Eva Marton), de phrasé, et même de personnage. Elle remporte aux saluts le triomphe escompté.


J'ai gardé pour la fin l'extraordinaire travail de Yannick Nezet-Seguin à la tête d'un phénoménal orchestre du Met, qui concilie l'ivresse des sonorités et la transparence du tissu musical. Lecture théâtrale, aussi, qui fait de l'orchestre un protagoniste du drame. Deux jours après un Parsifal tout aussi exceptionnel, c'est un vrai challenge.

Chapeau bas.

 Scott Scully, Kevin Short et James Courtney
 
Michaela Schuster, à gauche
 Christine Goerke



 Susan Neves
 Scott Scully
 Maya Lahyani

Michaela Schuster
 Jay Hunter Morris
 Lisa Daltirus
 Kevin Short
 Yannick Nezet-Seguin

 Elza van den Heever
 Tichina Vaughn

4 commentaires:

  1. c'est tout pour aujourd'hui??

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    1. Comment ça ? J'ai pondu un énorme article sur la Morgan ! Tu l'aurais raté ?

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  2. The set looks like de Chirico's works. Very interesting post. I will listen to this opera on the radio!
    Annie

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    1. Sorry for my delayed answer ! Thanks for your review, it is very kind.

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