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samedi 10 mars 2018

Boston : Beacon Hill, et péripéties...


Après l'annulation de mon trajet en bus, j'ai donc acheté hier soir un billet pour un train qui part ce matin, à onze heures. Je suis forcé de remettre mes projets de visite de musée à un autre voyage. Je me lève tôt cependant pour avoir un peu de temps dans la ville malgré tout.



Je descends prendre le petit déjeuner. Il y a du choix. J'opte pour un jus d'orange, un chocolat chaud, une assiette de porridge. Je complète avec un bagel et un yaourt à la grenade. C'est copieux (il y a du choix au Boston College Club !) mais j'ignore quand sera mon prochain repas...

  

Beacon Hill

 


 Ce quartier de charme s'étend en gros derrière le Capitol, autour de Charles Street.


 Le nom de Beacon Hill, la colline au fanal, provient du petit phare que les Anglais y avaient construit en 1635.


C'est un quartier extrêmement homogène : maisons basses, façades de briques. Les maisons doivent y coûter une vie de salaire !


Au XIXe siècle, les riches bourgeois, incités par le maire Joshua Quincy, en firent leur lieu de résidence privilégiée. Le style varie, néoclassique ou fédéral ; on voit dans le quartier la patte de Charles Bulfinch, l'architecte du Capitol. On a peine à croire qu'au XVIIIe siècle, c'était North Slope, un quartier mal famé où les marins venaient s'enivrer et trouver des relations tarifées.



 Encore une église transformée. Cette Meeting House est devenue un immeuble de bureaux. Avocats et notaires y ont établi leur repaire.
Achevée en 1807, cette réalisation de l'architecte Asher Benjamin pour la Troisième Eglise Baptiste fut le théâtre d'activisme anti-esclavagiste. Tous les ténors de ce mouvement, Frederick Douglass, William Lloyd Garrison, Wendell Phillips, Harriet Tubman, vinrent y mobiliser l'assistance de leurs discours enflammés. En 1876, elle fut vendue à la Première Église Méthodiste Africaine, le tout premier mouvement de rassemblement des Noirs Américains. Le fameux William Hunter en fut notamment le pasteur.


 Très curieuse bâtisse. Couleurs inusitées, style indéfinissable, époque inconnue.


 C'est un quartier où les façades sont régulièrement rythmées par des avancées sur la rue. Les effets sont tout aussi intéressants que les alignements bien sages.


Church of the Advent

 


 Cette Église de l'Avent a connu  une histoire impétueuse. Elle fut construite au milieu du XIXe siècle par les membres du New Oxford Movement, des révolutionnaires qui voulaient mettre un terme à la location de bancs.


En effet, à l'époque, les riches familles louaient les meilleures places, souvent de génération en génération. A l'arrière et dans les galeries, étaient relégués les pauvres et les serviteurs. Ces rentes fournissaient évidemment un revenu aux églises, mais créaient une ségrégation plutôt contraire aux idéaux du christianisme.


 Les fondateurs écrivirent dans la charte de la paroisse leur intention " d'assurer à une partie de la ville de Boston l'administration de la sainte Église catholique, et plus particulièrement pour assurer la même chose pour les pauvres et les nécessiteux."


 L'intérieur de style néo-gothique peut effectivement rappeler certaines églises d'Oxford.


 Les fonts baptismaux sont une belle réalisation ouvragée. J'aime bien ces couvercles  pointus.



Il me reste encore un peu de temps pour continuer ma promenade.


Ces quelques rues qui clament leur opulence se signalent par le nombre des oriels (ou bow-windows), ces sortes de tourelles vitrées en surplomb.




 Ici le row a visiblement été un même projet immobilier. Les oriels créent une plaisante rythmique, à nouveau. Et les réverbères ajoutent bien du charme.


 Les escaliers de secours sont munis d'une échelle verticale. Cela change des zigzags new yorkais.


Il n'y a rien à faire, le moindre bout de ferronnerie ouvragée attire mon regard...



 Un petit coup d’œil sur la gauche. Je tente une photo au-dessus des automobiles en files serrées. Ça ne se voit guère mais, si on est attentif, on aperçoit la Charles River au-delà de la grille.



 Une boutique d'antiquités vend une jolie toile qui me rappelle beaucoup une contemplée au Musée Russe de Saint Petersbourg.



Certaines rues sont vraiment étroites. C'est bien rare dans les villes que je connais aux États-Unis.


Échoppe de fleuriste, version boutique de charme.


Grande façade un peu sévère. Mais tous ces volets ! Franchement, on n'est guère habitué, aux États-Unis !


 En outre, il s'agit de  volets à persiennes.


Plaque minéralogique locale. Outre sa blancheur (elles sont noires à New York), je suis surpris par la publicité sportive.



Boylston Street. Si je me rappelle bien, c'est là qu'avait eu lieu l'attentat (deux bombes dévastatrices) pendant le Marathon de Boston, il y a quelques années.


Bon, il est dix heures. Le froid qui s'accentue n'est pas d'excellent augure. Je file récupérer mes bagages à l'hôtel et me replie dans le métro pour pratiquer,  à l'inverse,  l'itinéraire de l'aller.

En train pour New York City


 Je n'ai pas souvent emprunté le train aux États-Unis. A Chicago, quelquefois à Newark pour rejoindre New York. C'est, en tout cas, mon plus long trajet dans ce pays.


 Sièges confortables, de la place pour les jambes. On se croirait presque dans un train japonais. Le trajet suit la côte, en traversant plusieurs états (Massachusetts donc, Rhode Island, Connecticut avant d'arriver au New York State). On passe par des villes au nom familier : Plymouth, Newport, Providence, New Haven, Stamford.






 Au fur et à mesure que le train avance, le snow storm, la tempête de neige annoncée, se déploie. De grandes bourrasques font voler les flocons. C'est très spectaculaire.






Je tente quelques photos de temps en temps. Il faut dire que tout le long du voyage, je fais conversation avec mon sympathique voisin, Y.K., un Singapourien qui vit à Düsseldorf.
C'est quelqu'un aux moyens très larges. Il possède des maisons un peu partout (dont une grande villa à Cannes et un appartement rue de Rome à Paris) et son grand plaisir est de voyager. Il passe une grande partie de l'année en croisière de luxe. Il me vante son dernier tour du monde (car il en a fait plusieurs), une vraie affaire : 80 000 € seulement pour quatre mois de voyage. Arrivé de croisière, il est passé chez des amis à Boston avant d'en retrouver d'autres à New York. Il repart pour la Floride car il part en croisière sur le Queen Mary pour Southampton.
Et il adore l'opéra ! Ça nous fournit un riche sujet de conversation. La différence est qu'il est tout le temps invité par des banques ou des fondations... D'ailleurs, il est tout le temps placé au premier rang.
Bref, je n'ai pas l'occasion tous les jours de côtoyer des gens avec ce mode de vie mais c'est quelqu'un de fort simple.Nous sommes illico amis sur Facebook, et il m'a déjà envoyé des messages extrêmement gentils.

Je regarde tout de même mon téléphone où est arrivé un message d'American Airlines me signalant que mon avion pourrait être annulé ce soir. Du coup, je scrute le paysage avec inquiétude, pour suivre la progression de la tempête.



 J'ai déjà connu la tempête de neige à New York, je ne suis pas surpris, mais les rafales de neige demeurent impressionnantes.

Arrivé à Penn Station, juste devant l'hôtel où je logeais il y a une dizaine d'années, je sors tout de même pour observer le ciel. Le temps est tout à fait désagréable avec des flocons qui tourbillonnent dans le vent rugissant.


 Tant pis. Je bats prudemment en retraite. Un sandwich au passage, charcoal grilled chicken, avec légumes, sans mayo.

Direction aéroport, le trajet habituel. Ligne E jusqu'au bout, puis Airtrain.
Après Federal Circle, la navette fait le tour des différents terminaux. Ce qu'on aperçoit des pistes n'est pas rassurant.

JFK Airport

 


Il me faut passer brièvement à l'extérieur, et c'est une épreuve. Le vent est tel que j'ai du mal à tenir debout ; la neige tourbillonne dans les airs.
Très spectaculaire.
A cette heure, le terminal est quasiment vide et je peux enregistrer mon bagage. J'attends mon reçu mais la préposée me dit qu'elle ne peut l'éditer et qu'on me le remettra à mon escale de Londres. Bizarre.
Le reste des formalités se passe rapidement. Pas de souci au contrôle des passeports mais l'attente est un peu plus longue au contrôle sécurité. Devant moi, un couple qui a oublié de quitter ses chaussures et une dame avec un Thermos immobilisent toute la file.
Enfin j'arrive dans la zone d'embarquement. Mon avion est toujours affiché. Et je suis très en avance. 17:00 pour un embarquement à 21:25. Si la Wi-Fi marchait correctement, j'aurais le temps de rattraper mes articles du blog en retard. Hélas, je suis bloqué par la sécurité du téléphone, qui me déconnecte à chaque fois de l'écran d'identification. Je bataille un moment pour tenter d'obtenir la Wi-Fi avant de rendre les armes et en profite pour lire un roman policier qui se passe à Boston, de Tess Gerritsen. C'est cette série de livres qui a inspiré les Rizzoli & Isles dont je parlais hier.
Sans être un chef-d’œuvre, ce n'est pas désagréable à lire, et je retrouve des lieux familiers. Je ne vois pas le temps passer.


 Je reçois soudain un nouveau message d'American Airlines, me signalant que mon vol est suspendu. On attend de voir si les conditions sont meilleures.

Finalement, au bout d'un moment, il est affiché. Pour 23:45.

Je fais le compte ; impossible d'avoir ma correspondance à Marseille. Précipitamment, je vais voir au guichet. Une dame sympathique se met en quatre et m'édite un nouvel itinéraire : New York - Londres - Madrid - Marseille.

Bon ! Ce problème résolu, je vais tout de même manger un morceau. Il est 21:00,le sandwich ne m'a pas calé.


 Rien n'est bon marché dans ces gargotes d'aéroport. Le prix est généralement inversement proportionnel à la saveur. J'opte pour une Caesar Salad à 10, 85 $. Ça me fait un peu de verdure, c'est là le seul atout du plat. Croûtons mous, sauce fade, on est loin du délice prévu.


 Finalement, nous embarquons avec un peu de retard. Et nous devons attendre presque une heure dans l'avion. Le commandant finit par expliquer que l'avion doit être déneigé avant le décollage.
Avec le peu de visibilité qu'il y a, c'est sans doute un as de la voltige. Depuis la fenêtre de la salle, on n'apercevait même pas les avions.


 Repas American Airlines, pas le sommet gastronomique du genre. Mais deux bonnes surprises : un verre de vin blanc chilien, correct,  et un poulet aux aubergines et ricotta pas mauvais du tout. Encore une recette à tenter à la maison.

A Londres, le nouveau retard par rapport à mon précédent changement ne permet plus le détour sur Madrid. Mais on s'occupe de moi. On m'attend à l'arrivée pour me tendre un nouvel itinéraire. J'ai même le choix entre plusieurs. J'opte pour Munich, le plus court. Et je connais bien cet aéroport, ça devrait faciliter mon transfert.


En revanche, impossible d'obtenir mon reçu de bagages. L'aimable préposée confirme mes craintes : c'est bien à JFK que j'aurais dû l'obtenir. 


Changement de terminal.


 En tout cas, la tempête n'a pas traversé l'Atlantique. A Londres, le soleil brille !


 Je dors pendant une bonne partie du trajet, en me réveillant juste pour le sandwich et une bière allemande fort bienvenue.
Le couloir à l'aéroport de Munich évoque un jardin.   Il ne s'agit que d'autocollants sur les parois vitrées, mais de loin, c'est réellement confondant.



Ici, c'est très étrange. L'aéroport est désert, les boutiques fermées. J'ai l'impression de revenir en 2010, quand mon retour de New York avait été perturbé par l'éruption de l'Eyjafjöll, le volcan islandais. J'avais passé la nuit dans cet aéroport qui se vidait petit à petit de ses employés, avec boutiques et bars fermés. Sensation perturbante de fin du monde.

Ce n'est que temporaire. Je change de partie d'aéroport et je retrouve quelques échoppes ouvertes et un peu plus d'animation. Plus que cinq heures à attendre avant mon prochain vol !
Tout se passe bien. A Marseille, mon bagage est délivré dix fois plus vite que d'habitude. Je redoutais un peu, je dois avouer, qu'il se fût égaré dans mes pérégrinations.
Youpi ! Vive les voyages !

22 commentaires:

  1. Quelle aventure!! A Boston, ces rues vides, aux façades de briques foncées et ce manque de lumière ne m'inspire pas beaucoup. Tu as du courage de faire des visites dans ces froids polaires!!!

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  2. Venant de New York ça fait un drôle d'effet, une ville dépeuplée effectivement. Je pense que ça doit être très différent (comme la lumière) à d'autres moments de l'année.

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  3. Pierre a préféré Boston 😁
    Il y est resté 15 jours aussi 😂
    Faudra peut être que tu y retournes .....

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    1. C'est sûr, mon séjour a été écourté. Pierre y était allé à Pâques, si je me rappelle bien. Ca change tout !

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  4. Incredible novel. Better than many travel books.
    I REALLY love your blog.
    Annie

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  5. Superbes maisons malgré le mauvais temps ambiant !
    Retour plein de péripéties.
    Michèle

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    1. Merci beaucoup pour ton commentaire, tous les encouragements font plaisir !

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  6. C'est un vrai roman-feuilleton que ton blog. Bien plus intéressant que le journal télévisé !

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  7. C'est dommage qu'il ne fasse pas plus beau sur vos photos.
    Très intéressante promenade dans un agréable quartier de Boston !
    Pierre

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    1. Merci beaucoup, Pierre, pour ce chaleureux commentaire !

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  8. Même avec un temps maussade, ce quartier est vraiment très photogénique. Ca donne envie de s'y ballader.
    Mais que d'aventures incroyables (et palpitantes!) !
    Isabelle

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    1. Ton aimable commentaire me rassure, Isabelle. Je trouvais mes photos vraiment pas formidables...
      Le voyage, c'est souvent une plongée dans l'inconnu. Les aventures sont toujours à portée de main.

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  9. Très intéressant tour commenté. Et quel récit palpitant !
    Lucas

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    1. Merci beaucoup, Lucas, de votre chaleureux commentaire comme de votre fidélité. J'ai quelques regrets concernant Boston, suite à mes déboires !

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  10. So until you're not a professional, do not chase kills.

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  11. Looking to take your sport to the following degree?

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  12. Palpitant récit aux rebondissements multiples !
    Quel talent de compteur !
    Ines

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    1. Au compteur, j'ai un certain nombre de péripéties dans mes voyages. Celles-là étaient faciles à conter ! 😊
      Merci beaucoup Inès !

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