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dimanche 28 octobre 2018

Vienne : églises Am Hof, Saint Pierre, Cathédrale, Saint Ruprecht

Visite de quatre églises de Vienne parmi les plus fameuses : Am Hof, Saint Pierre, la Cathédrale et la plus ancienne, Saint Ruprecht.


La journée déjoue mes plans. Tout d'abord, il pleut à verse tout le jour. Ensuite, je ne quitte le logis qu'en fin de matinée (blog + copies, encore).
Mon projet initial, c'est le Kunsthistorisches Museum et son exposition Brueghel.



 Autour de la Hofburg, les véhicules militaires de la fête nationale poursuivent leur démonstration.


 La place du Rathaus, cet imposant hôtel de ville néo-gothique, est envahie par les travaux. Tant pis, il faudra se contenter de cette photo-là.


Mais j'ai parcouru un kilomètre et demi que je constate que j'ai oublié mon téléphone à la maison. Premier retour donc, et pas le dernier ! Du coup, je décide de reporter mon programme à un autre jour.

On m'a réclamé plusieurs visites d'église ; voilà une liste de remplacement toute trouvée. Je vais parvenir à en visiter quatre sur les six réclamées. Je tenterai de m'occuper des deux autres (Michaeler et Augustiner) avant de partir ! Mais, je vous en prie, plus de demande, sinon je ne parviendrai pas à réaliser mon propre programme


Fischerstiege, les escaliers des pêcheurs.

 L'église Am Hof (Kirche am Hof)



 Am Hof, c'est le nom de cette spacieuse place carrée ; cela signifie "à la cour" car autrefois se dressait là le château fort des Babenberg (la grande dynastie qui fit de Vienne une place importante, avant qu'une famille inconnue de Suisse, les Habsburg, prenne la relève), aujourd'hui disparu. et l'église s'encastre pile entre les palais, effectivement habités.


 En fin d'année, la scène dressée pour les concerts en plein air du réveillon masque la colonne. Bon, aujourd'hui, ce n'est pas fameux non plus… Elle supporte une statue auréolée.


Je suis revenu faire la photo avant mon départ, pour obtenir une meilleure luminosité. Sur celle-ci, on voit beaucoup mieux la statue de la Vierge.

L'intérieur



 La Kirche am Hof, donc l'église à la cour, remonte au XIVe siècle, mais les modifications du XVIIe en ont fait une église baroque. C'est la plus ancienne église jésuite de la ville.


 Mais ça ne l'est plus aujourd'hui ! Elle est actuellement réservée au culte catholique croate, très actif. Chaque fois que j'y ai mis le pied (souvent !), j'y ai toujours vu des gens en prière, des bénédictions, etc...


Je n'ai jamais trouvé d'informations précises sur la décoration intérieure, mais c'est de bonne facture. Voilà une Crucifixion avec un dramatique effet de clair-obscur.



 Le maître-autel est surmonté d'un énorme retable, une Vierge à l'Enfant qui semble flotter dans les nuées au-dessus d'une foule de saints.


 J'imagine bien que cette peinture plus ancienne montre une vue de Vienne, avec une allusion assez claire au siège des Turcs. XVIe, peut-être.


L'association du noir et or a fait fureur à moment donné. Les meubles Boulle en sont souvent un témoignage.



La décoration est assez riche, mais demeure blanchie. Comme la nef dessinée par les colonnes est vide et assez large, on ne ressent pas d'effet de surcharge.


 Derrière se trouve une délicieuse placette où s'épanouit un arbre vénérable. Je crois toujours que c'est un paulownia, mais je n'ai pas vérifié depuis la dernière fois.


 Et, à l'arrière, un témoignage rarement conservé : les boutiques nichées dans le chevet, une pratique autrefois largement répandue.

Déjeuner à Krah-Krah



C'est la version allemande du croa-croa, le cri des corbeaux largement mis à l'honneur dans cette brasserie proche de la Rotentürmstrasse.


 J'opte pour des plats de saison : la même soupe qu'hier, mais plus épaisse et sans crème, courge avec graines de courge et huile du même légume. Un délice, à nouveau.



La côte de veau surmonte une poêlée de courge, généreusement garnie de pommes de terre.


Une calèche stationne près de Graben. Les chevaux ont sorti leur bonnet !


Graben, ce sont les fossés en allemand. Autrefois se trouvait là la fosse qui délimitait la ville. On le combla avec une prodigieuse somme, la rançon demandée à l'Angleterre pour libérer leur souverain retenu en captivité : deux années du budget de la couronne anglaise !

Peterskirche (L'église Saint Pierre)



 Une des plus fameuses églises baroques, dont la décoration fut recopiée sans cesse. Elle est bâtie sur un curieux plan ovoïde, calculé pile pour s'adapter au terrain reçu. Sa stricte façade, comme d'habitude, ne laisse pas deviner la profusion de l'intérieur.

L'intérieur



 L'intérieur est une leçon de style baroque. Mouvement, rejet de la droite (et le plan y participe), décoration qui noie les lignes dans un tourbillon doré… On a droit à tout !


 Le plafond semble être observé à travers un kaléidoscope. On a utilisé la clarté des couleurs pour renforcer l'impression de volume. Le point lumineux au centre correspond à la lanterne visible de l'extérieur.



 Saint Amadeus de Lausanne, un membre de la famille royale de Franconie, reçut une éducation soignée à Cluny avant de se faire cistercien à Clairvaux, puis abbé en Savoie avant de terminer sa carrière comme évêque de Lausanne. Sa représentation n'évoque rien de tout cela.



 Des têtes de putti sur les bancs, voilà qui est rare.


 Un Saint Michel vengeur qui s'abat, épée à la main. C'est tout de même celui de Raphaël qui garde ma préférence.



 La multitude de sculptures brouille sans cesse le regard. On veut fixer le retable mais l'œil est attiré par toutes les formes autour.


La chaire, sans escalier, est plus qu'ornementée. Son toit a servi de plate-forme d'atterrissage à une foule de personnages (qui ne me paraissent pas tous religieux, d'ailleurs).



 Le buffet d'orgues a une remarquable sonorité. C'est facile de l'entendre. Tous les jours, à 15:00, concert gratuit !


 La tribune impériale est vitrée. Les nobles ont droit à l'image mais pas au son !


Quand je sors de l'église, grande surprise. Je me demande si c'est bien elle. Mais oui ! J'ai droit à une photo avec Grace Bumbry, une des divas de ma jeunesse. Une des plus belles Eboli de mon existence, entre autres merveilles. Une voix unique. Youpi !


Pour aller à la cathédrale, c'est facile : c'est tout droit…

Stephansdom (la Cathédrale Saint-Etienne)


L'extérieur



Après cette frénésie baroque, place au gothique plus sage. Et même au roman, avec le portail central.


A gauche du portail subsistent deux barres de fer, utilisées jadis comme mesure officielle pour le commerce de la toile.


Un classique de la représentation romane, le Christ en majesté dans sa mandorle. Deux anges le mettent en valeur.


 Autour se détachent à peine de minces colonnes sculptées avec beaucoup de finesse.


 Je poursuis le tour avant de pénétrer. Une Crucifixion pas entièrement réussie voisine avec un  patchwork destiné aux spécialistes de la héraldique.


 La Singertor, pour moi la plus belle porte de toute la cathédrale, une merveille de délicatesse et de broderie de pierre.


Deux grands bas-reliefs, dans des styles complètement différents.


 Ma préférence va à ce Christ au jardin de Gethsémani, un peu maladroit mais bourré de détails réjouissants. Les autres personnages se sont endormis dans les positions les plus variées.


 Au chevet, des plaques de verre qui produisent de généreux reflets protègent des fresques en assez bon état. C'est incroyable, vu les malheurs d'une cathédrale sur laquelle Napoléon fit tirer les canons et qui fut incendiée pendant la seconde guerre mondiale.


Ce sont les scènes de la Passion qui sont représentées : un Christ aux outrages et une Flagellation, située dans un palais dont les fenêtres vitrées signalent l'opulence. On ne donnait généralement pas les fresques extérieures aux meilleurs artistes, et pourtant on voit sans peine la qualité d'exécution dans le mouvement comme dans les anatomies.


Sans doute pour que tout le monde en bénéficie, on avait placé ici une réplique du demi-Christ visible à l'intérieur, une statue fameuse.


Un peu de baroque tout de même, cela manquait ! Encore des affreux précipités dans les Enfers !

L'intérieur



Structure et chaire gothiques, c'est visible, mais aussi des ajouts baroques. La présence des autels adossés aux colonnes est une vraie rareté.





 Bas-relief polychrome (je pense aux Della Robbia qui ont souvent utilisé ce format dans leurs réalisations de céramique colorée), avec une demi-statue de Christ, comme sa célèbre voisine.


Une splendeur que cette statue d'un Christ émacié, à la fois dans la souffrance et l'attente concentrée, que j'ai toujours trouvé bouleversante.


Un retable de bois sculpté et doré, comme une boîte avec de petites scènes. Les rois mages, en bas à droite, se sont repérés à l'aide d'une étoile de mer !



 Des pierres tombales sont érigées tout au long de la nef latérale.



Une vue à la Piranèse avec ces escaliers multiples : outre celui de la chaire, on aperçoit celui au-dessus de la tribune, dans l'alignement de la rampe.


La chaire en grès est un chef-d'oeuvre de la fin du XVe siècle. Outre ses beaux portraits (dont celui du sculpteur), les arcatures buissonnantes sont une broderie de pierre.



 Le maître-autel des frères Pock, une réalisation du XVIIe siècle.






 Le baldaquin date des dernières années du gothique (1510).


 A l'intérieur, une Vierge qui fut invoquée pour battre les Turcs lors du siège. Elle prit du galon quand ce fut une affaire réglée.



 Encore une petite balade pour la dernière église au programme…

Rupretskirche (Saint Ruprecht)



 Cette fois-ci, sobriété totale pour la plus ancienne église visible à Vienne, un édifice roman du XIIe siècle. C'est reposant de voir ces lignes simples, ces arcatures sans chichis.

L'intérieur


 Et, pour une fois, l'intérieur est conforme  l'extérieur. Parois blanchies, absence de sculpture sur les murs. Seul un magnifique crucifix attire le regard.



Le seul cadre n'est pas immédiatement visible, presque dissimulé derrière l'escalier qui conduit à la tribune. Pour le sujet, je n'ai pas d'idée… Je chercherai quand j'aurai le temps !

12 commentaires:

  1. Wonderful other churches. I loved this Saint Peter Church! Great post again.
    Annie

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    1. Thanks Annie! Saint Peter is a top example of viennese baroque.

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  2. Très intéressant de comparer ainsi des styles extrêmement différents. Vienne, que je ne connais pas semble réellement une villr passionnante !
    Pierre

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    1. Je confirme. C'est une ville où je reviens toujours avec un immense plaisir

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  3. Les splendeurs viennoises, des faste à l'austérité Tu as signé un très intéressant article !
    Bises
    Michèle

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    1. Merci beaucoup ! En fait j'ai respecté les demandes qui m'avaient été faites, ce qui a composé un programme éclectique !

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  4. Passionnant article très complet. Sans équivalent sur le web.
    Michael

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  5. Quelle chance d'avoir rencontré Grace Bumbry !
    Elle est encore superbe.
    Rodolphe

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  6. Grandioses, inondées de lumière, éblouissantes avec leurs dorures éclatantes, leurs richesses. Toutes ces églises nous font aimer le baroque.
    Dans la cathédrale, on ne sait que regarder tant les splendeurs se succèdent. Parvient-on à tout voir ? Après la débauche d’ors, de marbres, des églises précédentes Saint Ruprecht effectivement repose par sa simplicité qui incite davantage au recueillement.
    Et quelle surprise ! Grace Bumbry sur ton chemin. Elle a du être aussi contente que toi de votre rencontre fortuite. Elle est toujours superbe.
    Un article riche, passionnant. Un vrai plaisir.
    Bisous. Mam

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    1. Je crois, effectivement, qu'elle était très contente d'être reconnue ! Merci pour ce commentaire aussi riche que chaleureux.
      Gros bisous !

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