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lundi 29 octobre 2018

Vienne : Crypte impériale (Kaisergruft), église des Capucins



Promenade et visite du Kaisergruft, la célèbre crypte des Habsbourg à Vienne.
Mon programme est limité, car je dois être à l'Opéra à 17:00. En outre, il pleut. Mais pas des trombes d'eau, cela ne devrait pas m'empêcher de réaliser mes prévisions et terminer les visites d'église qu'on m'a demandées. Ensuite mon service commandé s'arrête, si je veux avoir le temps de visiter les expositions qui m'intéressent.


 Je parcours le centre ville et parviens sur l'inévitable Graben.


Fichtre, les lustres de Noël sont déjà là !


 Léopold I fit construire cette colonne pour commémorer la fin de l'épidémie de peste, en 1679, qui avait fait autour de cent mille victimes.


En levant les yeux, on découvre toujours des façades de palais insolites.


Le palais Erdödy-Furstenberg, construit en 1724, est muni d'un beau portail dont la sculpture me semble d'une qualité supérieure à la plupart de ses rivaux.


 Si je passe là, c'est pour aller déjeuner !

Déjeuner à Der Bettelstudent


Une de mes adresses régulières que cet Etudiant Mendiant. Moi qui suis enclin à tester toute nouvelle proposition, j'y commande toujours la même chose : bière (de préférence la Dunkel, cette bière sombre et un peu caramélisée), Bauerngröstl (pommes de terre, oignons, lardons, œuf), et crêpe. Cela n'a rien de diététique ! Mais je m'en régale  chaque fois. Pour la crêpe, cette fois je choisis la version maison, la Bettel-Palatschinken.





 Le Savoysches Damenstift, un palais du début XVIIIe.

 

Kapuzinerkirche (Eglise des Capucins)



 Dans la famille des églises de Vienne, en voici une qui se démarque par la simplicité et la couleur de sa façade. Début XVIIe, elle fait partie d'un monastère attenant.

L'intérieur



Beaucoup de fenêtres, donc une église lumineuse, impression renforcée par la couleur blanche et la sobriété de la décoration.


Le retable ne me semble pas passionnant mais le groupe sculpté, d'un expressionnisme baroque assumé, me plaît bien dans son excès. Les plis de la pleureuse de droite tout particulièrement.


C'est assez rare ici de trouver du mobilier de chœur en bois. Un travail de belle facture, finalement plus intéressant que ls peintures, pas mauvaises mais on voit tellement mieux dans cette ville !




 Une Annonciation vraiment pas terrible. L'ange Gabriel est supposé marcher sur un nuage, aussi consistant qu'une plaque de marbre, et la foule massée dans les airs distrait l'attention.

Kaisergruft, la crypte impériale



La crypte est bien plus célèbre, car la presque totalité de la famille des Habsburg est enterrée là, jusqu'à Zita, la dernière représentante de la famille. Cent quarante cercueils, du XIIe au XXe siècle. Beaucoup me sont inconnus et je n'ai ni le temps ni l'envie pour savoir les hauts faits de Anna Maris Sophia dont je n'ai jamais entendu parler. Ce qui est plus intéressant est de voir l'évolution de l'art funéraire, qui suit évidemment des modes comme tout le reste.


A l'entrée, une sorte de columbarium pour des cercueils apparemment fort sobres. Tous les membres à l'intérieur sont décédés dans les années 1670.


 L'Empereur Mathias et sa femme, Anna du Tyrol, reposent dans des sarcophages jumeaux. La tête de lion est très présente depuis les Romains, et visiblement très prisée des Habsburg.


 Tombeau d'une Maria-Theresa morte en 1696. Très ornementé en style rococo, avec des crânes qui sont un motif récurrent de l'époque. Je pense aux nombreuses Vanité et aux Marie-Madeleine au crâne qu'on continue à produire à ce moment-là.


Forme à peu près similaire mais variété des motifs. Je pense que les armes de la famille étaient un élément retenu dans les représentations du cercueil, peut-être pour ces aigles, à gauche. On voit également  apparaître le monogramme (troisième en partant de la gauche).



Hyper-réaliste, cette tête de mort avec les tibias croisés. C'est vraiment le symbole stéréotypé du drapeau des pirates.


 Celle qui est dans ce cercueil-là, je la connais. Marie-Anne d'Autriche, l'épouse de Ferdinand III, devint reine d'Espagne. Elle était très jolie (Velázquez a fait son portrait), tout le temps de bonne humeur, s'est très bien entendue avec son mari qu'elle a conseillé utilement. Quand Chéri partait guerroyer ailleurs, elle tenait la Régence et tout le monde s'en portait très bien. Elle est morte d'une grossesse difficile et le bébé qui vécut moins d'un jour repose dans le même cercueil.


 Tombeau de Leopold Johann, aux pattes de lion. L'effet n'est pas très heureux.


 Maria Magdalena et Eleonora Magdalena ont des tombeaux très similaires. On peut jouer au jeu des différences !


Leopold Joseph a un cercueil très sobre, par rapport à ce qui va suivre.


 Incontestable talent des sculpteurs et fondeurs, mais démesure baroque.


 Le cadavre guerrier, une figure de film d'horreur. C'est bientôt Halloween !


 Hyper-réaliste. Une dame derrière moi s'exclame, en italien : " On croirait qu'il va parler !"


 Le bas-relief, sur cette surface en volume, témoigne d'une sacrée maîtrise. Celui-là, c'était Joseph I.


 Elisabeth Christine a droit a une réalisation similaire.


 A la place du crâne, une femme voilée d'une sidérante virtuosité.


 Belle représentation du port, en tout cas.





L'empereur Karl VI. Celui-là, il fait froid dans le dos !


Une vision de cauchemar...


 Je présume que c'est lui, sur la civière !


 A la guerre, on marche en rangs serrés.


Vraisemblablement Vienne, cette ville enserrée dans ses remparts. Je scrute les clochers. Les deux du milieu, ça pourrait être Saint Michel et les Augustins, à côté de la Hofburg. Ca tombe bien, ce sont des visites prévues pour aujourd'hui.


Toute une salle entoure l'énorme cercueil de Maria-Theresa et de Franz I (Marie-Thérèse et François de Lorraine), création funéraire de Moll. Les côtés sont supposés présenter des scènes de leur vie.


 Scènes de combat inévitables.


 Entrée glorieuse dans une ville, par la grande porte.


 Et même attaque du château. Quand on regarde de près, c'est bourré de détails. L'empereur porte sa couronne pour qu'on le reconnaisse bien, sous l'œil intéressé d'un évêque. Au balcon, un personnage s'essuie les yeux.



 Un peu d'expressivité, tout de même. Cette statue de pleureuse était fort célèbre. Je l'ai vue, reproduite sur une gravure.


 C'est clair, tout le monde manifeste son chagrin.


 On a vu grand. Le cercueil abrite les restes de Maria Karolina, morte à un an, ce qui ne correspond ni à la taille ni à la figure représentée.


 On passe au XIXe siècle avec Franz II, mort en 1835. Le baroque a laissé place à des lignes sévères, quelques motifs ornementaux assurent toute la décoration.



Ferdinand I, mort en 1875. Les lions sont très réalistes (je suis impressionné par le travail sur les crocs, notamment).


Je n'ai pas compris pourquoi, dans la salle suivante,  nous revenions en arrière, avec des membres décédés au XVIIe et au XVIIIe.






 D'Henriette de Nassau, on n'a conservé que le cœur, recueilli dans cette urne.



 Peut-être l'empereur le plus célèbre (plus proche de nous, et popularisé par la série de films Sissi), Franz-Joseph, mort en 1916. Un bourreau de travail, qui dormait dans son bureau, célèbre pour sa connaissance des dossiers, son humanité… et son amour inconditionnel pour son épouse.


Voici donc le cercueil de celle-ci, objet toujours d'une vénération. Une de mes amies est très intéressée par elle et s'est énormément documentée  son sujet.



 Un détail du crucifix sur son tombeau.


 Trois cercueils côte à côte.


 Car le troisième, c'est celui du Kronprinz (archiduc) Rudolph, suicidé à Mayerling avec sa maîtresse Maria Vestera. Ce drame porta un coup fatal à sa mère.


 Dans la dernière salle, un tombeau plus récent pour Zita de Bourbon-Parme, dont la mort, en 1989, tira un trait sur la dynastie. Je me rappelle très précisément les images de l'enterrement.


 Une Pietà à l'expression très inhabituelle, songeuse ou implorante plus qu'endolorie, avec des restes de polychromie.


 Quelques pièces témoignent du riche trésor des Capucins.

8 commentaires:

  1. Trois articles d'un coup ! Tu nous gâtes ! Et je suis la première taratata !
    Tombeaux incroyables. Je n'ai jamais rien vu de tel.
    Bravo pour ce passionnant article.
    Bisous
    Michèle

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    1. Un gros travail, cette fois, c'est vrai ! Merci, Michèle.
      Bisous

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  2. En voyant le titre, je m'attendais à quelque chose dans le genre de notre tombeau de Napoléon aux Invalides. C'est incroyablement morbide ! Presque dérangeant. Si j'ai trouvé, commcomme toujours, votre article passionnant, jamais je n'irai visiter un endroit pareil !
    Pierre

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    1. Effectivement, rien de commun avec le tombeau de Napoléon !
      Merci Pierre.

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  3. Great post! Perfect before Halloween!
    Annie

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  4. La visite la plus complète sur le net !
    Photos nombreuses, commentaires passionnants, et même une pointe d'humour qu'on n'espérait pas ici.
    Remarquable article. Magnifique design aussi.
    Lucie P.

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    1. C'est très gentil, Lucie P. !
      Je ne peux que remercier très sincèrement devant cette collection de compliments.

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