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samedi 20 octobre 2018

Barcelone ; I Puritani (Les Puritains) au Liceu (Yende, Camarena)


Je dois avouer avoir une faiblesse coupable pour les Puritani. Je suis le premier à reconnaître que le livret n'est pas de première qualité (d'ailleurs, on le résume aisément  quelques phrases), que l'orchestre de Bellini ne représente pas l'aboutissement du genre, que…
Oui mais, c'est un opéra rempli de mélodies enchanteresses, de celles qui occupent obstinément la tête pendant des jours et des jours. Pour peu que les chanteurs soient à la hauteur, on ressent le grand frisson pendant une soirée. Mais il faut bénéficier d'un plateau de choix pour que ça marche !
J'adore le bel canto, et c'est une de mes œuvres favorites du genre, que je préfère largement à Norma, c'est tout dire.


Mise en scène ?


 Le livret, je le disais, reste assez simple ; sur fond de combat politiques et religieux, plus une toile historique qu'un vrai sujet, une histoire d'amour qui tourne (provisoirement) mal. Une jeune fille voit une autre femme au bras de son promis et en perd la raison. Le chéri a agi ainsi pour sauver Henriette de France, mais tout le monde le prend pour un traître. Heureusement, les choses s'arrangent.
Ces femmes qui perdent la tête (Elvira, Lucia di Lammermoor, et je pourrais ajouter Amina de la Sonnambula) sont un vrai sujet d'intérêt au XIXe siècle, bien avant les recherches approfondies sur la folie, et c'est sans doute un point à travailler dans la mise en scène.
La metteure en scène irlandaise Annelise Miskimmon a préféré exploiter le point politique et religieux en rapprochant de l'histoire de son pays. Du coup, nous voici en Irlande du Nord, années 1970. Mélange de costumes comme si on cherchait une reconstitution costumée, une forme de mise en abyme.


 Ce n'est ni génial ni condamnable. Donner quelque substance moderne au conflit se tient, et on sent que la direction d'acteurs a fait l'objet de séances multiples de répétitions, mais on n'échappe cependant pas à une certaine convention.

 Magnifique distribution


Christopher Franklin tient à la cohésion des ensembles et dirige avec souplesse, très attentif à suivre la ligne de chant et à respirer avec les chanteurs. Il fait chanter son orchestre avec élégance, et les instruments solistes montrent toutes les qualités qu'on attend d'eux. C'est certain qu'on n'a pas la même demande qu'avec un opéra de Strauss ou de Wagner. Les choristes sont tout à leur affaire dans cette œuvre où ils interviennent régulièrement.


Le trio de seconds couteaux s'avère d'excellente qualité ; timbre fruité de Lydia Vinyes-Curtis, Enrichetta, noble Gianfranco Montrésor en Gualtiero et fraîche voix de ténor pour Emmanuel Faraldo, Bruno.
Marko Mimica est un chanteur régulier, doté d'une riche voix de basse chantante. Il s'applique à colorer toutes les notes et son Giorgio a de l'allure. Je préfère des timbres un peu plus sombres dans ce rôle mais je ne peux que reconnaître la qualité du chanteur.


Avec Mariusz Kwiecien, on tient un des meilleurs Riccardo possibles ; grande qualité d'un timbre bourré d'harmoniques, intense beauté de la ligne de chant, netteté de la colorature, grand style, qu'ajouter de plus ? Il est idéal dans ce rôle.


 De même Javier Camarena nous offre l'exception. Beauté de la voix dans les forte, caresse dans les piani, suraigus rayonnants, vocalises diaboliquement précises, présence… L'idéal, une fois encore.


Au mois d'avril, la Teresa de Pretty Yende m'avait inégalement convaincu. Je la préfère largement en Elvira, où elle expose avec intelligence et sûreté technique toute la gamme du bel canto, varie les couleurs à l'envi, nous gratifie de variantes fort plaisantes. Elle ne triche jamais et son timbre s'accorde à merveille avec celui du ténor. Je suis bien content de les retrouver l'an prochain dans la Fille du Régiment du Met !
Chose rare, les deux chanteurs nous bissent le duo, avec ses ébouriffants aigus dardés comme des flèches.




Mariusz Kwicien


Tous les chanteurs sont très largement applaudis, pendant une demi-heure. Le public du Liceu sait faire une vraie fête aux chanteurs d'exception et on revoit ces papier jetés des derniers étages, comme autrefois.
Toutes les représentations sont dédiées à Montserrat Caballé, récemment disparue, dont le Liceu était la vraie maison. C'est d'ailleurs ici que je l'ai entendue le plus souvent.

Marko Mimica

Christopher Franklin, Lydia Vinyes-Curtis

Emmanuel Faraldo

Gianfranco Montresor

Pretty Yende

Javier Camarena



12 commentaires:

  1. That's great! I will try to listen to this opera.
    Thanks for your awesome post!
    Annie

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  2. Opéra inconnu, mais ça semble super ! Chouette article.
    Michèle

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    1. Oui, j'ai vraiment beaucoup de plaisir à l'entendre.
      Bisous

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  3. C'est toujours génial de voir, grâce à vous les artistes en vrai ! Merci pour ce bel article.
    Pierre

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  4. Grande soirée avec un beau plateau. Vois avez bien de la chance !
    Merci pour votre article.
    Laura

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    Réponses
    1. Effectivement, une très belle représentation !
      Merci beaucoup Laura.

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  5. Ton article enthousiaste donne envie d'écouter et de voir cet opéra !
    Françoise P

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    Réponses
    1. C'est le but ! A ne pas rater si tu le vois programmé !

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  6. Merveilleux article, superbes photos. Comme si on y était.
    Marthe

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