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mercredi 1 septembre 2021

Santorin: Musée de la Thera Préhistorique (1, objets du quotidien)

 


 Fabuleux musée de la Thera Préhistorique, qui présente en fait fresques et pièces de l'Antiquité. Je commence par une série d'objets du quotidien.

Le Musée de la Thera Préhistorique me semble mal nommé. On s'attend à des séries de pointes de flèches et de bifaces, certes exceptionnelles, mais qui, si on ne détaille pas trop, semblent se répéter d'un musée à l'autre (je sais que c'est aussi faux qu'exagéré, inutile de m'adresser des commentaires enflammés).

Au contraire, il s'agit d'un musée largement consacré aux deux sites antiques de l'île, Thera et beaucoup plus largement Akrotiri, avec des collections absolument exceptionnelles qui montrent l’extrême sophistication et raffinement de la civilisation minoenne.

L'événement majeur de Santorin, c'est l'éruption de - 1613 qui chasse les habitants d'Akrotiri. Ces morceaux de lave ont emprisonné à cette occasion des fragments de végétaux divers.

Les maquettes présentent la partie d'Akrotiri qui a été fouillée, ville antique protégée par la couche de matériaux éruptifs. Une ville datant de presque quatre mille ans, un site formidable qui a livré de fabuleuses richesses.



Santorin fait partie des Cyclades, comme le rappellent ces statuettes toujours voisines qui présentent des personnages féminins, aux mains placées sur le ventre. Le Musée Archéologique d'Athènes en expose une large série.

Serait-ce un personnage androgyne ? Il me semble y voir des attributs tant féminins que masculins.

Ici, pas de doute, il s'agirait peut-être même d'une femme enceinte.

 

Les Minoens qui peuplaient Akrotiri étaient d'exceptionnels artistes, qui réalisaient fresques, poteries et tissus ornés de motifs créatifs et colorés. Les fouilles ont dégagé ces poteries avec des restes de pigments, l'ancêtre de notre boîte de peinture.

Comme à Pompéi, on a retrouvé des jarres avec leur contenant.

Un extraordinaire objet dont je n'ai jamais vu d'équivalent ; il s'agit d'une baignoire portative, avec ses anses pour pouvoir être facilement amenée d'un endroit à l'autre. On a même prévu une bonde pour l'écoulement, tout en bas.

L'habitat à Akrotiri jouissait d'un confort qu'on a peine à imaginer pour une ville aussi ancienne. Les habitations bénéficiaient d'installations sanitaires et la ville était traversée par un réseau d'égouts.

La pierre était taillée pour servir de moule.

Un certain nombre d'outils ont extrêmement peu évolué, parfois pas du tout, depuis leur lointaine invention. C'est le cas de la scie. Seule la lame a été conservée mais on distingue encore fort bien ses dents.

Outils de pêche. Les hameçons sont un autre objet immuable.

La batterie de cuisine de nos ancêtres.

La poêle n'était pas encore revêtue de téflon, mais hormis cela, qu'est-ce qui la différencie de celles dans ma cuisine ?

C'est le fameux brûle-parfum de l'Antiquité dans lequel se consumait de la résine odorante. L'artisan a recherché une forme élégante et n'a laissé aucune partie sans décoration.


Le panier est un objet fort rare, très courant dans l'Antiquité mais presque toujours disparu. La vannerie est une technique qui plonge loin dans l'histoire.

Utiles et décoratifs, ces chenets étaient le barbecue de l'époque.

Et voici le camping-gaz ! Un four portatif qui pouvait servir de plancha. Il semble totalement neuf.

La lumière à la maison est la condition pour pouvoir vivre en soirée. Toute une gamme de lampes, en argile ou en pierre, permettaient cette commodité.

Le mobilier en bois antique nous fait cruellement défaut, il n'a presque jamais résisté à la pourriture. Ici, il fut consumé durant l'éruption. En coulant du plâtre dans la cavité formée, on a pu le restituer, comme on l'a fait à Pompéi avec les corps des malheureux ensevelis sous la pierre ponce et les lapilli.


L'économie d'Akrotiri reposait largement sur le commerce, qui nécessite des instruments de mesure. Le trébuchet, une petite balance, resta en usage durant des millénaires. Il fallut que l'invention du matériel électronique pour le détrôner.

 Avec la balance, il faut des poids. On en a retrouvé un très large assortiment, allant de quelques grammes à quinze kilos. On ne connaît pas l'unité de longueur mais on sait que les habitants avaient adopté le système pondéral crétois, avec des multiples d'une seule unité (comme notre gramme donc).

Les sceaux, l'ancêtre du tampon, sont la plus ancienne forme de signature standardisée. A Akrotiri, on avait un faible pour les animaux.

Les potiers incisaient leur création avec une écriture crétoise que les archéologues ont baptisée linéaire A. Les textes concernent des livres de comptes et mentionnent d'abondantes quantités d'huile d'olive et de tissus. Les fresques confirment la magnificence des étoffes produites, et un grand nombre de maisons possédaient leur propre métier à tisser, dont on a retrouvé des poids.


 

Les citoyens d'Akrotiri ont pu s'enfuir avec leurs objets de valeur et on n'a retrouvé aucun bijou. Cette gazelle en or fut dégagée en 1999. Elle était protégée dans une boîte en bois, elle-même à l'intérieur d'un larnax (une boîte rectangulaire en terre cuite). L'artisan utilisa la technique de la cire perdue et souda les pattes : on voit nettement le trait de la soudure.

On a pensé à un objet de culte mais la fouille incomplète n'a permis aucune certitude. Une infime partie du site a été mise à jour, je le rappelle !

 

4 commentaires:

  1. Passionnant article qui nous montre que nous n'avons rien inventé !
    C'est captivant grâce à vos photos et à vos commentaires bien dosés. Ni trop, ni trop peu.
    Je suis ravi d'avoir découvert votre blog si riche. J'ai de la lecture pour plusieurs mois !
    Bravo et continuez avec le même enthousiasme à nous régaler.
    Philip

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    1. Merci Philip pour votre commentaire si chaleureux.
      Le hasard vous a guidé vers un article tout frais du jour !
      Bonne lecture, donc, si vous vous lancez dans une exploration exhaustive du blog, et bon courage !
      Tous mes remerciements.

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  2. Les commentaires sont clairs, captivants. Les photos complètent au mieux la connaissance des pièces exceptionnelles exposées dans ce merveilleux musée. Je suis sidérée par toutes les créations réalisées à cette époque que je découvre, grâce à toi, toujours érudit.
    C’est un beau cadeau que l’on ne peut pas oublier, et je t’en remercie. Grosses bises. Mam

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    1. Merci beaucoup ! C'est un commentaire extrêmement affectueux !
      Gros bisous.

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