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jeudi 23 septembre 2021

Athènes : Cathédrale métropolitaine

 

Visite de la Cathédrale Métropolitaine d'Athènes, également nommée Cathédrale de l'Annonciation.

 La construction de ce vaste édifice débuta en 1842 et s'acheva vingt ans après. Chose rare, on utilisa pour les murs de marbre le matériau de soixante-douze églises détruites ! Le chantier fut interrompu pour cause d'habituels problèmes financiers et vit se succéder les architectes : après Theophilos Hansen et Demetrios Zezos, c'est au français Florimond Boulanger qu'on confia la réalisation de la coupole et des deux clochers. Ce natif de Douai, ancien pensionnaire de la Villa Médicis, vécut trente ans à Athènes. Il diffusa les idées de Fourier, autour du phalanstère et du familistère, projets d'architecture sociale.

Boulanger souhaitait un tout autre plan, qui aurait notamment remplacé les clochers par un campanile à l'arrière, mais les travaux étaient déjà bien avancés, l'argent faisait défaut et il dut se résoudre à s'adapter aux nécessités.

La façade

Athènes, Cathédrale métropolitaine : la façade

La façade, sobre et claire, s'organise autour du petit portique, à seulement trois travées. Les petites verrières circulaires sont exploitées pour créer un motif rythmique dans l'énorme plaque de marbre découpé. 

La curiosité principale demeure ces parties décorées de bannières violettes qui raccordent la partie centrale aux clochers et qui s'écartent du plan basilical traditionnel. C'était apparemment une idée d'Hansen.

Athènes, Cathédrale métropolitaine : le pignon

Autre originalité, la décoration du pignon en vaguelettes hellénisantes et de véritables acrotères aux angles. Bien que surmonté de croix, c'est un hommage clair à l'architecture antique. Donc païenne !

Athènes, Cathédrale métropolitaine : la mosaïque de la façade

L'Annonciation est logiquement représentée sur la façade. Dans cette version XIXe siècle, on a abandonné les représentations dans les pièces d'un palais et la scène se déroule dans un jardin, comme jadis chez Léonard de Vinci.


L'intérieur

Athènes, Cathédrale métropolitaine : la nef

Le vaste intérieur surprend par l'amplitude de l'espace tridimensionnel autant que par la nef courte, rapidement interrompue par l'iconostase.

Ici abondent marbres et or. Cependant le nombre limité de peintures murales la rend finalement plus sobre que l'église Saint Constantin de la même époque. C'est Maximilian Seitz qui se chargea du décor intérieur ; le peintre germanique, proche d'Overbeck et de son mouvement nazaréen, peignit en Allemagne (cathédrale de Fribourg), à Rome, en Croatie. Un artiste voyageur au moment où ce style un peu figé était à la mode. Ici il fut assisté par Spiridon Giallinas, sans doute un enfant du pays à en juger par son nom.

La surprise est que, finalement, le néo-byzantin du décor est largement contrebalancé par une architecture bien plus européenne que byzantine.

Athènes, Cathédrale métropolitaine : la galerie

Divisée en trois nefs, et à deux niveaux pour les deux latérales, elle suit un plan qu'on retrouve fréquemment dans ces grands vaisseaux du XIXe siècle. La décoration alterne zones unies et décorées, avec des parties claires qui évitent relativement la surcharge, et cela met particulièrement en valeur les arcades géminées. On est clairement éloigné de l'écriture architecturale byzantine.

Athènes, Cathédrale métropolitaine : l'iconostase
 
L'iconostase s'organise autour de larges portes encadrées de colonnes, une partie centrale bien plus massive que dans la plupart de ces structures. 
Dans la partie inférieure, Saint Nicolas, la Vierge à l'Enfant (très admirée à l'époque), le Christ Pantocrator et Saint Jean Baptistes s'alignent dans les arcades. Chaque médaillon de l'étage intermédiaire présente un patriarche d'Athènes que je n'ai aucune chance d'identifier.
La partie supérieure est dédiée à la vie du Christ, autour, non pas d'une Crucifixion, mais d'une Cène ; ce n'est pas un cas isolé.
 
Athènes, Cathédrale métropolitaine : la coupole
 
La coupole qui s'élève à 24 m s'orne d'un Christ Pantocrator ; les arcades régulières du tambour (la partie cylindrique) alternent peintures et verrières qui, malgré leur étroitesse, dispensent la lumière souhaitée. Au-dessous, les Évangélistes de Seitz occupent les pendentifs.
 
Athènes, Cathédrale métropolitaine : le transept

Grâce aux verrières décoratives, une douce lumière baigne le transept. Il forme avec l'iconostase une continuité décorative, grâce à la poursuite de la frise des Patriarches dans leur médaillon et à la reprise de la porte encadrée de colonnes. 

Athènes, Cathédrale métropolitaine : la chaire

 

La chaire s'appuie sur une structure multiple : ange, chapiteau plus composite que corinthien, sur-développé en volutes multiples. C'est un peu lourd visuellement, même si cela contraste efficacement avec la délicate frise ciselée qui ceint son sommet.

De prestigieuses reliques


Athènes, Cathédrale métropolitaine : tombe de Grégoire V

Dès 1821, les Grecs se révoltèrent contre l'empire ottoman et combattirent pour leur indépendance. Les réactions du sultan Mahmoud II furent terribles. L'une d'elle est bien connue grâce à Delacroix, les massacres sur l'île de Chios. 

Grégoire V, né dans le Péloponnèse, avait étudié au fameux monastère de Saint Jean à Patmos avant de poursuivre sa carrière religieuse dans notre actuelle Turquie : métropolite de Smyrne, puis patriarche de Constantinople. Il fut destitué et exilé au mont Athos à la fin du XVIIIe siècle mais finalement réélu en 1818. Il tenta d'intercéder auprès de Mahmoud II pour réclamer sa clémence face aux insurgés et obtint l'effet contraire. Non seulement le sultan renforça ses sévices et le fit pendre aux portes du Patriarcat avant de le jeter dans le Bosphore.

Des marins grecs embauchés sur un bateau russe récupérèrent le corps et l'emportèrent à Odessa où il fut protégé dans l'église de la Sainte Trinité. Ce n'est qu'en 1871 que sa dépouille revint à Athènes, et il fut canonisé en 1921.

Il est donc très vénéré à double titre, à la fois comme martyr de la révolution grecque et comme le saint qu'il est devenu. C'est Yannoulis Halepas, un sculpteur formé à Munich, qui créa ce tombeau.
 

Athènes, Cathédrale métropolitaine : tombe de Sainte Philothée

 Sainte Philothée vécut au XVIe siècle ; elle avait reçu en héritage tout le quartier où est construite la présente cathédrale et l'offrit à l'évêché. Elle se signala aussi par ses nombreuses œuvres charitables et tenta de libérer (ou/et racheter, selon les versions) les jeunes Grecques jetées dans les harems ottomans. Elle fut arrêtée par les Turcs qui ne pouvaient supporter de semblables pratiques, jetée dans un cachot. Dès que les Grecs parvinrent à la faire libérer, elle fonda un second monastère. Devant sa ténacité, les troupes ottomanes envahirent le couvent et battirent Philothée à mort.

Cette patronne d'Athènes serait toujours très vénérée ; sa dépouille fut transférée dans cette châsse dorée surmontée d'une croix en perles et rubis.

2 commentaires:

  1. What a difference between exterior and interior ! Beautiful pictures, excellent informative text.
    Annie

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